mardi 27 mars 2012

Amateurs et demi


Salut à tous !

Je ne sais pas si vous allez me croire, mais figurez-vous qu'il n'y a pas que la Ligue 1, la Ligue des Champions et le challenge Téléfoot dans la vie. Rasseyez-vous, prenez un petit café, remettez vous de vos émotions, ça va aller. Moi, la première fois que j'ai vu ça, ça m'a fait le même effet.

En effet, sous ces strass et ces paillettes voletant à foison devant nos yeux émerveillés, existent des compétitions étranges, composées de noms de ville inconnues ou oubliées, comme Besançon, Luzenac ou Strasbourg. Ces compétitions se nomment le National (je ne vois pas ce qu'il a de plus national que la Ligue 1 et encore moins que la Coupe de France, mais passons), la CFA (oui, comme la monnaie dans certaines de nos anciennes colonies africaines), ou la CFA 2. Comme souvent au cinéma, la suite est moins bonne que l'original. Tout cela n'étant que la partie immergée d'une immense nébuleuse nommée le Football Amateur. Sans ce dernier, point de salut, pas de professionnels, pas de Canal Football Club, et donc pas de Grande Surface. A la réflexion...

Plus sérieusement, si on regarde le classement des meilleurs buteurs français en 2012, sur l'excellent site footballdatabase.eu, on constate qu'autour des cadors attendus, Benzema (12 buts), Gomis (9) et Giroud et Rémy (8), s'insèrent des noms complètement méconnus, issus de ces compétitions inférieures hiérarchiquement, mais plus propices pour que le talent de ces joueurs brille, car forcément moins relevé. Je ne vous ferais pas l'injure de vous préciser qu'il est plus aisé de marquer des buts en Liga qu'en CFA 2, même avec Higuain dans les pattes.

Ce qui est intéressant de voir, c'est le parcours de ces joueurs qui circulent sous le tapis rutilant du football professionnel, sans parfois jamais réussir à y faire son trou. Ainsi, Nicolas Belvito, 25 ans. Cet attaquant, aux faux-airs de Mickaël Madar (cheveux bruns mi longs, 1m89...), brille actuellement avec Besançon (11 buts). Formé à Bourg-Peronnas, il passe ensuite par Corte avant de continuer sa carrière dans la région lyonnaise, dont il est originaire (St-Priest, Lyon-Duchère). Il tente ensuite sa chance durant deux saisons en Ligue 2, à Dijon, où il ne parviendra pas à convaincre (9 matches, 2 titularisations, 1 but, plus deux en Coupe de France, à Hayange, battu 8-0). En janvier 2011, il rejoint Strasbourg, tombé en National l'été précédent, et qui lutte en milieu de tableau. En 10 matches, il ne marquera pas un but, ne permettant pas au Racing d'arracher in extremis la montée qui aurait peut-être pu le sauver de la CFA 2 où il nage aujourd'hui.

En attendant, Belvito part à l'ouest en aout dernier, direction Cherbourg, qui vient de monter au 3e niveau français. Si le promu se comporte honorablement en début de saison, son attaquant, pourtant régulièrement aligné en pointe, ne brille pas : aucun but avant la 8e journée, puis trois d'affilée, puis un nouveau en novembre, plus un doublé à Chauray, en Coupe de France (2-3). Mais c'est finalement mars qui le verra enfin briller à ce niveau : deux triplés à l'extérieur, à Rouen (3-3) puis au Paris FC (1-3), avant un penalty ce week-end, contre Epinal (1-0). Ce n'est sans doute pas l'attaquant du siècle, mais l'exemple même du bon joueur régional capable de briller occasionnellement à un niveau national correct, si on le met en confiance.

Tout l'inverse, en somme, de David Lédy. Lui en est carrément à 13 buts en 2012, ce qui fait de lui le meilleur attaquant français sur l'année civile. Sauf que lui n'a jamais quitté son club formateur, Strasbourg, ce qui fait finalement son bonheur. Il a débuté en pro avec le Racing en 2008-2009, en Ligue 2, se montrant moyennement efficace durant deux saisons (3 buts en 16 titularisations). Passé en National avec son club, le natif d'Altkirch, qui verra Belvito débarquer durant l'hiver, voit logiquement ses chiffres gonfler : 11 buts, c'est pas mal.

Du coup, forcément, quand le Racing descend de deux étages d'un coup l'été dernier, Lédy ne peut que se régaler : il en est à 16 buts en 17 matches, avec notamment trois triplés entre janvier et mars, plus six buts en Coupe. Là encore, il va falloir attendre avant de connaître son seuil de compétence, sachant qu'il n'a que 24 ans. Mais il peut à mon avis espérer briller à nouveau en Ligue 2 d'ici quelques années, avec Strasbourg, actuellement deuxième derrière l'équipe C d'Auxerre... ou ailleurs.

Ah tenez, voici un joueur au nom plus évocateur : Steven Papin, 24 ans, ancien attaquant de Auch ou de Saint-Malo, et très efficace de Plabennec, en CFA (16 buts). Aucun lien, a priori. Seuls quelques initiés mosellans doivent se rappeler de Stéphane Boulila, 37 ans, attaquant formé à Noisy-le-Sec, passé par les réserves de Guingamp, Nantes et Metz, avec qui il disputera deux bouts de matches de Ligue 1 en 96 et en 99, connaissant la Ligue 2 avec Le Mans (3 buts), le National avec le Racing de Paris et Angers (15 buts en 2 saisons) avant de finir sa longue carrière à Aubervilliers, avec qui il vient de marquer 27 buts en presque deux saisons, en CFA.

On devrait aussi bientôt découvrir Damien Mayenga en National, voire au-dessus. A 24 ans, il empile les buts avec Luçon, en CFA (11 buts), après ses 15 buts de l'année passée avec St-Pryvé, au même niveau. Même chose pour le jeune Julio Tavares, 23 ans, attaquant de Bourg-Peronnas (CFA), et auteur cette saison de 11 buts, plus un en Coupe à... Marseille, il y a quelques semaines (3-1). Il vient de marquer 33 buts en trois saisons de CFA, rien d'exceptionnel mais de quoi viser un peu plus haut dans quelques années.

Et enfin, il faut parler de Jérémy Perbet, 27 ans. Ça fait deux ans maintenant que le natif du Puy-en-Velay nargue les internationaux français (39 buts en 2011, déjà 9 cette année) en collectionnant les buts avec Mons, petit club belge promu cette saison. Formé à Clermont, passé par Moulins (avec qui il marquera 23 buts en National en 2005/2006), puis Strasbourg, il passe une première fois la frontière avec Charleroi (13 matches, 6 buts), avant de repasser par Angers, pour définitivement rejoindre la Belgique en 2008. Malgré la relégation, il brille avec Tubize (13 buts) avant de filer à Lokeren, où il fera banquette pendant un an et demi. En janvier 2011 il rejoint Mons, et inscrit 14 buts en autant de match de D2 Belge.

Lui et son club montent, mais son débit de buts ne faiblit pas, ou presque : Perbet, avec 22 buts en 29 matches, plus 12 buts en 10 matches de Coupe depuis 18 mois, est le meilleur buteur du championnat belge, et de loin. Son avenir ? Il rêve de Marseille, et l'OM pourrait lui offrir sa chance, comme il l'avait fait il y a 25 ans, avec un autre Français de Belgique, un peu plus jeune, certes (23 ans) et déjà international : Jean-Pierre Papin. Il ne fera pas pire que Gignac... Plus sûrement, on peut l'imaginer taquiner l'Europe avec Anderlecht, le Standard ou le FC Bruges, voire un bon club de Ligue 1, pourquoi pas ?

Après tout, Olivier Giroud, après avoir été anonymement formé à Grenoble, est passé par le National et Istres (14 buts) avant de mettre deux saisons de Ligue 2 pour intégrer la Ligue 1, à 23 ans. Un mauvais choix de carrière, une blessure, une mauvaise saison... et il intégrait durablement le football amateur et ses légions d'attaquants, souvent rejetés par le foot pro, ou émergeant du véritable foot amateur. A quoi ça tient ?

A plus tard !

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