mardi 8 janvier 2013

Ballon troué

Salut à tous,

Ça y est, on connait donc le nom du "nouveau" Ballon d'Or, Lionel Messi. Quelle surprise ! Ah ça, du suspense comme ça, on n'en a pas eu depuis le match truqué entre l'Autriche et la RFA, en 1982. J'imagine le calvaire de Ronaldo et Iniesta, se rendant par obligations à la cérémonie avec la certitude totale d'être déçu, de repartir bredouille, après celle d'être filmé pile au moment ou Messi était nommé Ballon d'Or... en même temps, ils ont eu le temps de se préparer, c'est pas comme aux Césars... les avantages et les inconvénients de l'absence de suspense.

Platini et Cruyff ont-ils été spoliés ?

Pour ma part, je suis extrêmement déçu, pour ne pas dire plus, que France Football ait cédé "son" trophée à la FIFA, un trophée mythique qui a récompensé les meilleurs joueurs européens de l'Histoire, mais aussi quelques joueurs inattendus mais qui auront su se distinguer autant par leurs performances que par leur palmarès sur l'année (Owen, Cannavaro, Belanov, Nedved...). Ce trophée appartenait à tout le monde, suffisait de savoir
briller dans un collectif. Bon, si vous étiez un défenseur ou un gardien, vos chances se réduisaient à quasiment zéro, mais ça ne me choque qu'à moitié : le foot, ce sont les buts, pas leur annihilation. Hormis Cannavaro, un stoppeur exclusif et presque caricatural, les deux autres défenseurs récompensés, les Allemands Beckenbauer et Sammer, étaient d'ailleurs d'anciens milieux, à la relance soignée et à la participation au jeu des plus actives, voire souvent décisive.

Lionel Messi a gagné quatre Ballons d'Or d'affilée, une sacrée perf, mais je suis à peu près sûr que si les nouveaux critères et modes de scrutins avaient toujours été appliqués, d'autres auraient pu gagner ce trophée plus de trois fois, l'ancien record, jusque là détenu par Cruyff, Platini et Van Basten. Les deux premiers nommés, notamment, sont dans ce cas. Le Néerlandais s'est vu devancer, durant sa carrière (64-84), par des joueurs comme Beckenbauer, mais surtout par Blokhine, Simonsen, Keegan... de bons joueurs, mais qui ne sont rien comparés à l'immense Batave. Simplement, sur une année, ils ont fait mieux que lui, que ce soit individuellement mais surtout en équipe : ils étaient les meilleurs joueurs de la meilleure équipe de l'année, tout simplement. Le palmarès, unique critère vraiment objectif qui soit. Il n'y a rien de choquant à admettre que le football reste avant tout un sport collectif, et ces joueurs, si doués soient-ils, restaient dépendants de la qualité de leurs équipes. Pour Platini, qui en a gagné trois d'affilée (83, 84, 85), c'est un peu différent : avant, il était un bon joueur de Nancy puis Saint-Étienne, qui ne faisait plus rien sur le plan européen, et après... il était moins performant, tout simplement. On oublie souvent que le président de l'UEFA a eu une carrière très courte, surtout pour un joueur de cet acabit (72-87, de 17 à 32 ans).

Mais quid de Zidane, par exemple ? Le Français n'en a gagné qu'un seul, une misère, autant que Papin et Kopa, sur une carrière qui a duré 18 ans, dont une bonne moitié (96-06) passée dans les meilleurs clubs du monde, à tout gagner avec ces derniers, comme avec les Bleus. Comment est-ce possible ? Déjà, l'arrivée dans les joueurs éligibles des non-européens a élargi la concurrence : Maradona ou Pelé ont été privé de récompenses qui leur auraient pendu aux nez. Ainsi, durant la grande période de Zidane, les Brésiliens Ronaldo (2), Rivaldo et Ronaldinho lui en ont "piqué" quatre. Y a eu aussi le cas Figo, qui fut élu l'année (2000) ou le Marseillais le méritait peut-être le plus, lui qui avait été immense pendant l'Euro, beaucoup plus que durant la Coupe du Monde 98, durant laquelle il ne fut bon qu'en finale. Mais il avait fait un mauvais geste lors d'un match de Ligue des Champions peu avant le vote, ce qui lui avait sans doute coûté le trophée... l'effet inverse que pour Van Basten, en 1992, qui avait subtilisé le Ballon d'Or à l'ultra favori Stoichkov à la faveur d'un quadruplé contre Göteborg en Ligue des Champions, avant la remise du trophée !

Moins de critères, moins de crédibilité

C'est aussi en cela que la différence est réelle entre l'ancien mode de scrutin et l'actuel, exclusivement tourné vers la performance individuelle. Avant, les critères étaient plusieurs : performance individuelle, bien sûr, mais aussi collective, avec l'importance cruciale du palmarès, peut-être à l'excès, comme pour Cannavaro (mais qui se détachait, en 2006 ?) et l'attitude générale, entre autres. En cela, on voyait aussi l'influence des journalistes, qui élisaient exclusivement le Ballon d'Or. Ces derniers aiment les histoires, les à-côté, on le voit à leur manie depuis plusieurs saisons de plus juger les joueurs sur leurs attitudes, voire leurs looks ou leur propension ou non à sourire, que sur ce en quoi ils sont vraiment célèbres et célébrés : footballeur, et non miss France ou ministre. Que les joueurs et les sélectionneurs
soient associés au vote n'est pas une mauvaise chose, au contraire, c'est quand même eux qui font le jeu. Mais l'abandon quasi total du critère objectif du palmarès, pour un trophée qui était déjà un peu critiqué sur le fait que ressortir un joueur d'un sport collectif était un contre-sens, c'est vraiment dommage. C'est ce qui a fait perdre, à mes yeux du moins, sa véritable crédibilité à ce trophée que je vénérais, jusque là. Je regardais ce que chaque journaliste, un par pays, avait voté, faisant des statistiques géographiques, avec des différences notables d'ailleurs. Et le suspense était rarement absent, même quand d'immenses joueurs se détachaient.

Et l'Espagne alors ?

Ne vous méprenez pas, je serais fou d'affirmer que Messi n'est pas le meilleur joueur du monde, il l'est. Mais qu'Iniesta ou Sergio Ramos, champions d'Europe à nouveau cette année, n'aient pas eu le Ballon d'Or, n'aurait rien changé à ce fait. Quand on y pense, c'est quand même dur, voire scandaleux, pour l'Espagne, peut-être la meilleure équipe nationale européenne de l'Histoire du football, qui n'a pas eu un Ballon d'Or ! Elle n'en a d'ailleurs eu que trois, tous à l'époque où le Real Madrid gagnait tout (Di Stefano, 57 et 59, puis Luis Suarez, Barcelone, en 1960), et qui, déjà, n'avait pas été récompensée d'un Ballon d'Or lorsqu'elle avait gagné l'Euro en 1964, puisque son meilleur joueur, Suarez encore, avait été devancé par l’Écossais de Manchester United, Denis Law... qui n'avait pourtant gagné cette année là. Comme quoi, déjà à l'époque... L'Espagne est maudite, mais en même temps, tant qu'elle gagne des titres collectifs... c'est finalement assez symbolique de son état d'esprit profond, l'équipe avant les individualités.

C'est dommage parce que j'aurais bien voulu savoir combien de Ballons d'Or Messi aurait remporté avec l'ancien mode de scrutin, sous lequel il était si difficile d'être élu, et qui obligeait non seulement à être le meilleur, mais aussi à évoluer dans la meilleure équipe, celle qui a le plus gagné. Histoire de voir à quel niveau il se situe par rapport à Cruyff ou Platini... là il en a quatre, mais j'ai le sentiment, tenace, qu'il les a gagné trop facilement. Si n'étaient ses 91 buts en 2012, ce qui est faramineux, Messi n'a gagné que la Coupe du Roi cette année, je le répète ! J'aurais pour ma part voté pour Sergio Ramos, hallucinant d'aisance à l'Euro et champion d'Espagne avec le Real. Mais on ne m'a pas demandé mon avis, dommage !

Je vous laisse, à plus tard !

mercredi 2 janvier 2013

Les buteurs de 2012

Salut à tous,

On est passé en 2013, je vous souhaite donc à tous, chers lecteurs, une très bonne année et mes meilleurs vœux !

Sur le plan de l'année civile, les comptes sont remis à zéro. Après l'intouchable Lionel Messi et ses 91 buts, record du monde (sauf erreur), d'autres joueurs se sont illustrés depuis un an. Voyons d'abord en détail le classement des buteurs sur l'année. A noter que les divisions inférieures des principaux championnats sont prises en compte, en plus des élites.

Tout d'abord, le classement général :



Derrière Vous-Savez-Qui, son principal concurrent, Cristiano Ronaldo, est logiquement à la peine : malgré une moyenne de 5 buts par mois en moyenne (!), il en a marqué plus de deux de moins que l'Argentin sur chaque mois (28 au total). En troisième position, Zlatan Ibrahimovic a finalement eu raison, d'une courte tête, de son principal adversaire Falcao (Atletico Madrid). Cavani suit à quatre longueurs, devant l'étonnant inconnu bolivien Carlos Saucedo, 33 ans, buteur prolifique au San José Ouro, lui qui n'a touché au football professionnel qu'à l'âge de 26 ans, et qui ne s'est vraiment imposé en sélection que très récemment, avec notamment un triplé contre l'Uruguay, en qualifs pour le prochain mondial, en octobre dernier (4-1).

D'autres inconnus trustent les premières places, comme le Lituanien Rimkevicius (Siaulai) ou le Coréen Lee Dong-gook, 33 ans, éphémère attaquant du Werder et de Middlesborough il y a quelques années. Avec les deux inséparables néerlandais Van Persie et Huntelaar et le co meilleur buteur de la Ligue des Champions Burak Yilmaz (Galatasaray), l'ancien raté Monégasque Dieumerci Mbokani, aujourd'hui intenable à Anderlecht, complète le tableau. Pas de Brésilien, pas d'Allemand, pas d'Italien, pas d'Espagnol... et pas de Français.

C'est une des spécificités françaises : hormis Henry, aucun Français ces dernières années n'a vraiment réussi une grande année prolifique, à part le buteur de Mons, Jérémy Perbet. Voyons un peu le classement français de cette année.



Du clinquant, mais aussi de l'inconnu complet. Il faut dire que pour ce classement on va carrément gratter en DH, pour le dernier d'entre eux, Ludovic Heidelberger, formé à Marseille jusqu'en 2001 et qui évolue actuellement à l'UGA Ardviz ! La première place de Karim Benzema est logique, malgré la difficulté à la fois de s'imposer au Real et dans un des meilleurs championnats du monde, même si quelques buts supplémentaires en sélection lui auraient peut-être permis d'intégrer le classement général, distant de 7 longueurs. La deuxième place revient logiquement à Bafé Gomis, plus constant que jamais, et auteur de 16 buts depuis août, excusez du peu. David Ledy, j'en ai déjà parlé, c'est le buteur strasbourgeois qui a connu la Ligue 2 avant de cartonner en CFA2 la saison dernière (20 buts). D'autres joueurs amateurs figurent dans ce classement, comme l'ancien réserviste messin Stéphane Boulila, Jérémy Bru et Heidelberger, sans parler de Romain Pastorelli, l'attaquant du CA Bastia, aujourd'hui en National. Les attaquants de Ligue 1 sont rares (Gomis et Gouffran), des joueurs comme Gameiro, Rémy ou Gignac n'ayant pas eu des années faciles à gérer. Enfin, notons les bons chiffres de Adamo Coulibaly, qui ne cesse de planter avec Debrecen, en Hongrie.

Suivant s'il vous plait, avec le Brésil.



On peut parler de catastrophe, pour un pays comme celui-ci, qui a fournit parmi les meilleurs attaquants de l'Histoire au football. Hormis Neymar, qui n'a pas vraiment de concurrence à son poste et qui a marqué 31 buts en seulement 43 matches cette année, on a droit à des attaquants évoluant en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis (2), au Qatar (3 !), en Roumanie, en D2 Portugaise, en Lituanie... mais aucun dans un grand championnat européen, et seulement trois au sein de l'élite brésilienne, dont les anciens Luis Fabiano et Fred ! Inutile de dire que le Brésil va devoir cravacher dur et prier pour qu'il n'arrive rien à Neymar pour présenter une sélection correcte dans un an et demi, pour SA Coupe du Monde, qu'il n'a évidemment pas le droit de perdre...

Voyons un peu le grand rival argentin...



Là encore, ça voyage beaucoup, c'est une tradition. Mais cette fois on a des joueurs évoluant en Liga (Messi, Higuain), en Italie (Milito, Palacio), en Angleterre (Agüero), en France (Lisandro, Herrera), etc. Rien dans le Golfe, rien en Lituanie... bref, l'Argentine a beaucoup plus de ressource que son voisin brésilien. Et les Uruguayens ?



Pas mal d'inconnus, mais tant que la Celeste, qui est redevenue depuis quelques années la puissance du football qu'elle n'était plus depuis 1970, peut encore compter sur des phénomènes comme Cavani ou Suarez... heureusement que ces deux là ne sont pas vieux, parce que derrière y a plus de mercenaires de championnats de seconde zone sud-américaine qu'autre chose.

Revenons en Europe, avec les Anglais.



Les cinq divisions professionnels remplissent un espace déserté pour une fois par Lampard, entre autres. Rooney est au rendez-vous, en compagnie du buteur du Celtic Gary Hooper, mais derrière, en dehors de Jermaine Defoe, Ricky Lambert et Theo Walcott, qui commence enfin à évoluer à un très bon niveau... les meilleures équipes anglaises comptent qu'à minima sur les joueurs locaux, ce qui n'arrange pas les affaires de la sélection.

Passons aux champions d'Europe espagnols.



Si aucun ne figure parmi les tous meilleurs, on a quand même du beau monde avec Soldado, Torres, Llorente, Michu, Mata, Negredo... que de la qualité, et à au moins 21 buts. Une variété de profils de buteurs appréciable pour Vicente Del Bosque, qui peut compter sur des attaquants puissants, rapides, techniques, des joueurs de surface ou plus polyvalents... une des clés, sans doute, des succès espagnols depuis cinq ans maintenant.

Au tour des Allemands !



Derrière le toujours efficace et méconnu Stefan Kiessling (Leverkusen) figure Mario Gomez, qui aurait sans doute fait mieux sans sa longue blessure d'après l'Euro. Les jeunes loups Reus, Müller ou Meier sont déjà bien placés, et accompagnés par notamment l'éternel Miroslav Klose, meilleur buteur, rappelons le, de la Coupe du Monde... 2002. Une liste de bonne qualité, avec en plus les bons chiffres de Mesut Özil avec le Real, malgré les critiques.

Et enfin, les Italiens.



Comme pour les Brésiliens, on peut sérieusement s'inquiéter sur la qualité des buteurs italiens de bons niveaux, rien qu'en Serie A. Ils ne sont que cinq, dont l'éternel Di Natale et le nouveau El Shaarawy. Mais ensuite ? Pas grand chose. Pas de Balotelli, pourtant excellent à l'Euro. Pas de Matri, Pazzini, Giovinco, Quagliarella... des joueurs de qualité, mais aucun à 17 buts sur l'année, c'est quand même très moyen. On l'a vu contre la France, l'Italie semble avoir perdu son flair en terme de buteurs.

Voilà, on se revoit dans un an pour les prochains chiffres ! A plus tard !