lundi 30 mai 2016

Les chiffres de la Ligue 1

Salut à tous,

Désolé du retard mais je vais pouvoir m'atteler au bilan de cette saison de Ligue 1 palpitante... à peu près à tous les niveaux. Et qui, comme souvent, s'est conclue lors de la dernière journée, voire les dernières minutes, notamment pour le sauvetage in extremis de Toulouse et la qualification de Lille en Ligue Europa, aux dépends de Stéphanois finalement punis de leur manque d'ambition dans le jeu. Ils devront donc cravacher très tôt cet été pour rejoindre les poules européennes...

Paris explose les chiffres

D'abord, honneur au champion, désormais détenteur d'une bonne dizaine de records, rien que sur cette saison : le nombre de points (96), à domicile comme à l'extérieur (48), de victoires (30), notamment à l'extérieur (15), de buts encaissés (19), dont à l'extérieur (7), du plus grand écart avec le deuxième (31), de la plus grande différence de buts (+83), dont à l'extérieur encore (+36), la plus longue invincibilité (36), le champion le plus précoce (à 8
journées de la fin), la plus large victoire à l'extérieur de l'histoire (0-9 à Troyes)... le PSG qui échoue à 16 buts du record du nombre de buts détenus par son prédécesseur parisien dans l'élite, le Racing, en 59-60 (118 contre 102). C'est d'ailleurs la dernière fois qu'un club avait atteint la barre des 100 buts... C'est la quatrième marque de l'Histoire en France, derrière donc le Racing, mais aussi Reims la même année (109), et Lille en 1949 (102 mais en 34 matches)...

Le PSG, leader depuis la deuxième journée, signe donc son 6e titre de champion, le 4e d'affilée, ce qui le place à la 6e place derrière l'ASSE (10), Marseille (9), Nantes (8), Monaco et Lyon (7), et à égalité avec Reims et Bordeaux. Il compte dans ses rangs le meilleur buteur (Ibrahimovic, 38 buts), mais aussi les deux meilleurs passeurs dans le jeu (Di Maria, 16, et Ibra, 13). Il a mené au score durant 1659 minutes, soit plus de 43 minutes par matches, et n'a été mené que durant 151 minutes, soit pas tout à fait 4 par matches... il n'a d'ailleurs été mené d'entrée que 5 fois cette saison, pour 2 défaites et un nul. A titre indicatif, l'an passé il avait concédé le 1er but à 9 reprises (5 succès, 2 défaites) et avait été mené 9 minutes par rencontres. Des chiffres déjà énormes, et multipliés par deux cette saison...

Le symbole le plus cruel sans doute pour cette Ligue 1 étant que Paris termine avec le double de points que son meilleur ennemi, Marseille, 13e avec 48 points... là encore, c'est évidemment inédit.

Trente-et-un points derrière, Lyon finit in extremis deuxième, à égalité avec Monaco qui a pourtant occupé cette place quasiment toute la deuxième partie de saison, et qui comptait 10 points d'avance sur l'OL au soir de la 27e journée... un échec pour les Monégasques, même si ces derniers auraient terminé deuxièmes avec la victoire à 2 points. Ce qui aurait suffit au PSG, puisqu'avec ce barème il aurait réuni 66 points ! Lyon qui conserve donc sa 2e place mais avec 65 points seulement, soit 10 de moins que l'année dernière (!), le plus faible total depuis Marseille en 2006/07 (64), ce qui explique aussi l'écart avec le champion parisien. Monaco, encore troisième, fait aussi moins bien que l'an passé (65 contre 71), soit le plus mauvais total pour un troisième depuis... Lyon, en 2010/11 (64). Cela démontre un championnat extrêmement ramassé entre le 2e et le 19e (28 points), contrairement à l'an passé (45 points) ou l'année d'avant (51). D'ailleurs, depuis 10 ans, cet écart était en moyenne de 39,6 points avant cette saison...

Le PSG n'est pas le seul à avoir signé des records cette saison. Troyes, bon dernier et donc relégué, est le premier club à atteindre la trêve sans le moindre succès, et obtient le plus petit nombre de victoires de l'histoire (3), à égalité avec Reims 79, Lens 89, Nîmes 93 et Arles-Avignon 2011, sans parler de la pire défaite à domicile... les Aubois seront accompagnés par le Gazelec, au parcours plus qu'honorable compte tenu des moyens des Corses (37 points), et de Reims, qui retourne en Ligue 2 quatre ans après l'avoir quittée, et qui n'a pourtant été relégable que durant 4 journées, dont les 3 dernières... la faute aux Toulousains, qui ont figuré dans la zone rouge de la 12e à la... 37e journée, grâce à l'arrivée de Pascal Dupraz, avec qui ils ont pris 18 points lors des 10 dernières journées, soit presque la moitié de leur total final (40). Le jour de l'arrivée du technicien savoyard, le TFC comptait 10 points de retard sur les Rémois, et 6 sur le Gazelec, alors 18e. Une remontada tout simplement historique.

Niveaux buts inscrits, on a plutôt eu droit à une bonne année... pour la Ligue 1. Avec 2,53 buts par match, grâce surtout à une très bonne phase retour (2,69, contre seulement 2,36 à la trêve), on fait un peu mieux que l'an passé (2,49, soit 13 buts de plus), moins bien qu'en 2013 (2,54) mais il s'agit du 2e meilleur score depuis les 2,57 de la saison 1999/00, sachant que depuis 20 ans la moyenne est de 2,36... mais c'est aussi dans la tendance des quatre dernières saisons, qui tournaient à 2,5. Une saison avec seulement 34 0-0 (8,9 %), comme l'an passé, et 95 matches à 4 buts ou plus (25 %), contre 91 il y a un an, 8 journées à 30 buts ou plus (7 en 2014/15) et 5 sous les 20 buts (contre 4 l'année dernière), satisfaisante donc... mais qui reste nettement en deçà des championnats voisins, comme toujours. La Serie A nous devance de peu (2,58, soit 19 buts de plus), mais la Premier League (2,7), la Liga (2,74) et bien sûr la Bundesliga (2,83), en revanche, font nettement mieux.

L'Empereur Zlatan

Qui est le meilleur buteur déjà ? Difficile d'échapper au grand suédois cette saison, lui qui a signé une saison digne d'une autre époque. Le recordman de buts pour le PSG (156 buts en 4 ans, contre 109 en 5 saisons pour Pauleta) a battu le record parisien sur un exercice, détenu par Carlos Bianchi depuis 38 ans (37). Surtout, il ne lui a fallu que 31 matches, et 2552 minutes, pour inscrire ses 38 buts, soit un toutes les 67 minutes ! A noter que le recordman sur une saison, Josip Skoblar, auteur de 44 buts en 36 matches en 1970/71, tournait à un but toutes les 74 minutes... Aucun joueur n'avait atteint les 30 buts en Ligue 1 depuis... lui-même, pour sa première saison, en 2012/13 (30), et avant lui depuis Papin, en 1989/90 (30), qui était lui-même le premier depuis Bianchi à réaliser cette performance. Ce n'est donc que la 4e fois que ça arrive depuis 40 ans !

Meilleur buteur à domicile (22), à l'extérieur (16, devant Cavani, 10), meilleur ouvreur de scores (10, devant Germain, 9), dans le dernier 1/4 d'heure (9, devant Lacazette, 7), il a inscrit 27 buts du droit, 6 du gauche (seuls 4 joueurs font mieux que lui), 4 de la tête et... un de la poitrine, contre Nantes lors de la dernière journée (4-0). Tout cela lui permet donc de mettre son poursuivant, et prédécesseur au palmarès, Lacazette, à 17 unités (21), ce dernier ayant signé une très grosse phase retour (15, contre 23 pour le Suédois). Là encore, un tel écart est historique, le précédent record étant pour Papin en 1990 (+12). Il paraît que c'est parce que la Ligue 1 est facile, mais il est le seul à y parvenir donc il n'y a peut-être pas que ça...

L'année des révélations

Derrière le Parisien et le Lyonnais, Cavani signe son meilleur score dans sa carrière parisienne (19). En trois saisons contrastées, où l'Uruguayen a enchaîné les périodes euphoriques avec d'autres beaucoup plus compliquées, et souvent montré une faiblesse technique assez inquiétante, il n'a certes jamais retrouvé son efficacité napolitaine (104 buts en 3 saisons toutes compétitions confondues) mais avec 81 buts, tout de même, il est devenu le 6e buteur parisien de l'Histoire. Il devance un trio à 17 buts composé de deux joueurs plutôt attendus à ce niveau, Ben Yedder, qui signe donc sa 4e saison consécutive à 14 buts minimum et qui en a profité pour devenir le meilleur buteur toulousain de l'Histoire (63 buts), et Batshuayi, déjà auteur de 9 buts l'an passé en jouant remplaçant derrière Gignac, et qui a confirmé cette saison en doublant son score. Ils accompagnent un 3e larron plus inattendu, Ben Arfa, qui lui n'avait jamais dépassé les 6 buts en championnat depuis le début de sa carrière, sans parler du fait qu'il ne jouait pas vraiment attaquant. Belle performance du meneur niçois, qui aurait peut-être pu l'emmener à l'Euro...

Derrière ces 6 joueurs, on a pu voir émerger plusieurs joueurs qu'on n'avait encore jamais vu à pareille fête : Germain (Nice, 14), Moukandjo (Lorient, 13), Delort (Caen, 12) et bien sûr le phénomène Dembelé (Rennes, 12). Sur les 25 dernières années, on n'avait pas vu un jeune débuter aussi fort en Ligue 1 depuis Trezeguet en 1997/98 (18)... si d'autres joueurs ont amélioré leurs stats habituelles (Braithwaite, 11, Rodelin et Di Maria, 10, Lucas et Grosicki, 9...) d'autres sont restés dans leurs standards habituels (Waris, 11, Diabaté, 10, Roux, 9, Briand, 7) quand d'autres se sont révélés également (Boufal, 11, Ndoye, 9, Cornet et Ghezzal, 8). Enfin, si certains ont déçu (Rolan et Sio, 7, Sala, 6, Benzia, 5, Sigthorsson, 3), d'autres, en peu de temps, ont montré de réelles qualités en vue de la prochaine saison (Eder, 6, Beric, 3).

Les tireurs de penalties en souffrance

A noter que les milieux brillent toujours autant (37,32 %) et ont quasiment marqué autant du gauche que du droit (45 contre 43 %). Le nombre de buts d'internationaux français chute, malgré les performances de Lacazette et Ben Arfa (7,9 % contre 9,6 l'an passé). Mais Gignac et Payet sont partis et Fekir a été blessé... le nombre de buts sur coup-francs était déjà faible, il baisse encore (2,9 % contre 3,19), avec quatre joueurs seulement à 2 unités (S.Diallo, Larbi, Salibur et Lemar). Le spécialiste cette saison du penalty se nomme Fabinho (6), qui n'a raté aucune de ses tentatives. On tournait à 79 % de réussite l'an passé dans cet exercice, 73,3 l'année d'avant, cette saison on fait pire (70,9 %), même si les chiffres se sont amélioré après un début de saison cataclysmique (13 sur 26 lors des 9 premières journées). Cinq équipes (contre 7 l'an passé) ont réussi tous leurs tirs (Lorient, Nice, Lille, Troyes et Bastia) mais quatre obtiennent tout juste la moyenne et une n'y parvient pas (Rennes, 42,8 %). Monaco et Paris ont tourné à 75 %, il s'agit par ailleurs des deux équipes qui en ont obtenu le plus, avec Toulouse, qui en a raté la moitié. Bordeaux et Bastia n'en ont obtenu que deux. A noter que Ben Yedder en a raté 3 sur 5 (!), ce qui aurait pu couter cher à son club...

Félicitations également à Claudio Beauvue, dont le passage à Lyon ne fera pas date mais qui aura réussi à marquer 3 de ses 5 buts contre ses anciens clubs, 2  fois contre Troyes, son club formateur, et un contre Guingamp. Cela reste malgré tout un exercice rare (3 %, 2,97 l'an passé), même si Reims a réussi à encaisser 4 buts de ses anciens pensionnaires, Monaco et Nantes, 3. Chez les buteurs venus du banc, le Rennais Grosicki a fait la loi (6 sur 9 buts), devant 6 joueurs à 3 buts (Benrahma, Batshuayi, Camara, Lucas, Siebatcheu et Roux). C'est Rennes qui a eu le banc le plus efficace (10) devant ceux de Lyon et Paris (9), puis ceux de Reims et Sainté (8). Celui de Nantes, en revanche, a sommeillé (1), derrière ceux de Caen, Guingamp, Lille et Troyes (2).

Comme toujours, les gauchers sont nettement moins ambidextres que les droitiers. Il faut ainsi chercher les 4 buts de Ben Arfa pour trouver le premier gaucher au classement des buts du pied droit, à la 27e place, tandis que des droitiers, quant à eux, côtoient les meilleurs gauchers en tête de leur classement (Ben Yedder, 9, Ibrahimovic, 6, Batshuayi, 5, avec Ben Arfa, 13, Di Maria, 10, Ghezzal, 7...). De la tête, l'Angevin Ndoye domine les débats (5) devant 7 joueurs à 4 (Ibrahimovic, Diabaté, Rodelin, Camara, Germain, Cavani et Moukandjo). A la moyenne de buts par minute, derrière le monstre Ibra, Cavani n'est pas en reste (1 but toutes les 121 minutes), devant Lacazette (141), Diabaté, qui aurait sûrement eu une meilleure carrière sans toutes ses blessures (144), Waris (150) et Dembelé (161). A noter que Delort, porté aux nues dans les médias avec ses 12 buts, fait un peu moins bien que Lucas, pourtant raillé pour son inefficacité (261,5 contre 258,7)...

En vrac

Enfin, chez les passeurs dans le jeu, derrière les deux leaders parisiens, notons la présence du Monégasque Dirar, qui n'a pourtant pas crevé l'écran cette saison (9). Il devance Batshuayi, beaucoup plus collectif qu'on ne le décrit (8), Briand et Boudebouz, (7) et 8 joueurs à 6 passes, dont Matuidi, les Niçois Séri et Germain, ou le Nantais Thomasson. Ce dernier représente l'équipe qui a le plus marqué sur une passe dans le jeu (83,3 %), devant Guingamp (71,7) et le PSG (69,3), qui lui a cumulé 70 passes dans le jeu, soit plus que le nombre total de buts des 19 autres équipes... la moyenne générale se situant à 61,3 %. Les mauvais élèves dans ce classement se nomment Angers, spécialiste des coups de pied arrêtés (42,5), Reims (48,8) et l'ASSE (51,3). Monaco, de son côté, fait à peine mieux (53,7).

Lyon remporte pour sa part le classement dans le dernier quart d'heure, avec 10 points récupérés. Il avait fini deuxième avec 9 points de plus l'an passé, derrière Reims (10). Cette année, l'OL devance Rennes (+7) et Reims encore (+6), tandis que Toulouse parvient à se maintenir malgré 13 points égarés en fin de matches. Monaco en a perdu 7 et Lille 5. C'est Lyon qui a le plus marqué à partir de la 76e minute (25 sur 67 !) devant le PSG (20), qui lui n'en a encaissé que 4 mais qui a tout de même perdu 2 points. Le Gazelec n'a marqué que 4 fois en fin de match, tandis que Troyes et le TFC ont encaissé 17 buts. L'ESTAC qui n'a mené que durant 265 minutes, soit 7 par matches, et a été mené durant plus de 40 minutes par rencontre...

Le nombre de buts étrangers reste le même (53,18 % contre 53,8 l'an passé), hors csc. Derrière la toute puissante Afrique, qui augmente encore ses chiffres (243 contre 209), L'Europe, qui devançait déjà l'Amérique du Sud de peu ses trois dernières saisons (138/130 l'an passé, 137/118 en 2014 et 102/99 en 2013), a cette fois considérablement augmenté son avance (143/102). Il s'agit de son meilleur chiffre depuis les 144 de 2004, qu'elle doit aux 39 buts de la Suède de qui-vous-savez, ainsi qu'aux 29 buts du Portugal de Bernardo Silva (7) et Eder (6), notamment. En face, le Brésil, qui avait du céder sa sempiternelle première place l'an passé à son voisin argentin (39 contre 38), juste devant l'Uruguay (33), a cette fois réussi à dompter un Sénégal qui lui a longtemps fait la nique (44 contre 39). L'Argentine a vu son capital fondre de 10 unités (29), l'Uruguay de 7 (26).

Parmi les 5 "grands" championnats, si on compte les csc, la Ligue 1 possède le plus faible ratio de buts étrangers (51 %), avec l'Espagne, derrière l'Italie (54), l'Allemagne (59) et l'Angleterre (66 !). C'était à peu près les mêmes chiffres l'an passé (52 contre 55 pour l'Espagne, 56 pour l'Italie, 57 pour l'Allemagne et 65 pour l'Angleterre). Mais la répartition par continent est toute autre : il n'y a qu'en France ou l'Afrique domine les débats. L'Europe est très nettement en tête chez nos voisins anglais et Allemands, certes devant l'Afrique, elle est en tête de peu en Italie, devant l'Amérique du Sud, et dominée par cette dernière en Espagne. Dans tous ces pays, les joueurs français sont d'ailleurs très bien représentés (1ers en Espagne et en Angleterre, 2es en Italie, 3es en Allemagne !). Si on additionne les buts étrangers de ces 5 ligues, la France est deuxième (215) derrière l'Argentine (249) et devant le Brésil (213). Même si l'Espagne, 4e avec 209 buts, est un exemple inverse, comment s'étonner ensuite de la faiblesse de la Ligue 1 ?

Allez, je vous laisse digérer tout ça ! A plus tard !

vendredi 13 mai 2016

L'importance d'être constant

Salut à tous,

Ca y est, elle est tombée. Bizarrement, je n'ai pas le souvenir d'une telle attente à propos d'une liste pour un grand tournoi en France, mais ma mémoire me fait peut-être défaut. Sans doute est-ce du à l'absence de certitudes - du moins chez les observateurs, les journalistes et les 67 millions de sélectionneurs en France - dans beaucoup de secteurs, notamment en défense et en attaque. Même chez les gardiens, le nom du troisième larron différait souvent suivant qu'on était fan de Costil ou d'Areola. En fait, au vu de la liste, un des rares Français à ne pas vraiment douter sur sa liste se nommait... Didier Deschamps, qui a renouvelé son groupe déjà appelé en mars contre les Pays-Bas et la Russie, et qui lui avait donné satisfaction. Et tant pis si sa liste de réservistes fait parfois plus envie que sa vraie liste...

Chez les gardiens, la tendance est presque toujours à la stabilité. On voit rarement un sélectionneur changer ses billes au moment d'annoncer sa liste alors qu'il se tenait aux trois mêmes noms auparavant, tout simplement parce que le poste de gardien, s'il reste important, n'influence pas vraiment le jeu d'une équipe, même si les fans de Kevin Trapp pensent réellement qu'un gardien bon aux pieds y parvient, ce qui ne m'a jamais sauté aux yeux. Et surtout, il faudrait un réel cataclysme pour qu'un troisième gardien joue un match durant un tournoi... ça arrive quand même TRES rarement. Limite, on devrait arrêter d'en prendre trois pour prendre un joueur de champs supplémentaire... la preuve, en 2014
Deschamps avait pris Landreau, quasi déjà à la retraite avec Bastia, beaucoup plus pour ses aptitudes à fédérer un groupe et faire le tampon entre les deux premiers gardiens, qu'à réellement récompenser le troisième meilleur portier du pays. Alphonse Aréola, sans parler de Stéphane Ruffier, est sans doute meilleur que Benoit Costil. Mais Deschamps doit considérer que Costil est le meilleur compromis entre un bon gardien de Ligue 1 et un bon coéquipier, qui ne l'embêtera pas pour jouer.

Une défense qui boite
La défense de ce groupe, déjà poreuse en mars contre les Pays-Bas (2-3) et la Russie (4-2) me fait très peur. Entre un Varane en difficulté cette saison à Madrid, un Koscielny selon moi un peu surcoté et qui a toujours provoqué beaucoup de penalties, un Evra qui va fêter ses 35 ans dans 2 jours, et un Sagna (33 ans) titulaire à City mais un peu juste pour le haut niveau selon moi, les titulaires n'apportent aucune garanties. Mais alors derrière... déjà il manque Mamadou Sakho, indispensable leader de ce groupe et toujours solide en Bleu. Pour moi, son absence est terrible, à tous les niveaux. Malgré ses états de service en Équipe de France il n'a pas la carte dans les médias, je ne sais pas trop pourquoi, mais son absence pèse lourd, que ce soit sur le terrain ou dans le vestiaire. On se retrouve dans l'axe avec deux gauchers exclusifs, un Mangala en grande difficulté à City et un Mathieu qui revient à peine de blessure. Si Varane se blesse, il ne faudrait pas que Koscielny prenne un de ses sempiternels cartons rouges ou on se retrouvera avec deux axiaux gauches en défense... Quant à Jallet, à peine titulaire à Lyon et qui n'est pas de la première jeunesse non plus (32 ans), et Digne, dont la seule perf a été de rester titulaire à Rome, il n'y a pas de quoi sauter au plafond non plus. Pourquoi ne pas prendre Sidibé, extrêmement performant avec Lille et qui peut couvrir les deux ailes, et Umtiti, à la place d'un Mathieu convalescent ? Je ne suis pas fan du défenseur lyonnais mais au moins il ne revient pas de blessure, lui... quitte à le priver de vacances, autant le prendre dans le groupe. La logique de groupe de Deschamps, encore.

Au milieu, même chose, pas la moindre surprise. Et là encore, les réservistes semblent plus solides que certains titulaires, comme Rabiot vis à vis de Sissoko ou Cabaye. Sissoko, l'éternel couteau suisse de Deschamps et avant lui, de Blanc... mais qui sort d'une saison cataclysmique avec Newcastle, relégué en Championship... Un but et six passes au compteur. Piouf ! La logique de groupe a du bon, mais y a des limites quand même. Sérieusement, avec tous les ailiers qu'il a pris, Sissoko ne sert plus à rien pour couvrir le côté droit, puisque trois joueurs offensifs peuvent y jouer (Payet, Martial, Coman). Et dans l'axe, il y a une demi douzaine de joueurs meilleurs que lui. Ce garçon doit vraiment être un formidable camarade dans ce groupe pour pouvoir perpétuellement compter sur sa place en Équipe de France, quelque soit ses performances. Les autres joueurs, en revanche, étaient incontournables. Pogba, Diarra, Matuidi : il s'agit selon moi du seul endroit sur le terrain où Deschamps possède de solides certitudes. Surtout avec Kanté pour faire le nombre au cas où.

Une attaque sans buteurs
Et l'attaque... ça ne sert à rien de revenir sur l'absence de Benzema, dramatique selon moi. Un buteur d'une telle classe, doublé d'un passeur remarquable... ses (nombreux) détracteurs affirmeront que l'Equipe de France joue mieux sans lui, ça reste à prouver puisqu'il n'était pas là en mars, mais ils ne peuvent sérieusement pas affirmer que s'il n'y avait pas eu l'affaire avec Valbuena, personne n'aurait trouvé scandaleux que Deschamps le prenne dans sa liste... soyons sérieux. Donc il avait sa place, 100 fois à la place de Gignac et Giroud, en échec cette année à Arsenal. Mais, non content de ne pas pouvoir prendre Benzema, Deschamps se prive en plus du deuxième meilleur attaquant français du meilleur championnat du monde, la Liga : Kevin Gameiro. Pas d'automatisme avec les autres joueurs : pourquoi, Gignac en avait avant de revenir à l'automne dernier ? Pas de passé réel en Bleu ? Et Coman, il en avait ? Il compte 8 sélections et un but, elles datent mais elles existent. Sérieusement, est-ce que ses performances en Liga (16 buts) ou en Ligue Europa (9), dont il disputera la finale prochainement, ne valent pas largement plus celles de Gignac au Mexique (24 dont 13 en 2016), championnat que je connais un peu, qui n'est pas mauvais mais est très loin de valoir la Liga ? Si vous me dites oui, alors d'accord, difficile de discuter dans ces conditions.

Les autres membres de la ligne d'attaque sont difficilement discutables, notamment Griezmann ou Martial, qui représentent beaucoup plus l'avenir que Payet, dont l'épanouissement très tardif m'interroge. Ce garçon a toujours eu du mal à s'imposer dans la difficulté, à Lille, dans l'ombre de Hazard, et à Marseille, dans celle de Valbuena. A chaque fois il s'y est imposé quand le titulaire qui le génait est parti, pas avant. Il lui a fallu aller à West Ham, club très moyen où il n'est pas gêné par la concurrence, pour se révéler. Reste à voir ce que ça donnera à un niveau supérieur... et on en vient à Ben Arfa. Je suis partagé, pour les mêmes raisons que Payet, à la différence que lui possède vraiment un bagage technique très au dessus du lot, et qu'à 17 ans on lui promettait déjà presque le Ballon d'Or, dont il ne s'est finalement jamais approché. Il réalise une immense saison avec Nice, mais ça reste Nice, où sa seule concurrence se nomme... Mathieu Bodmer, où il n'a pas joué de Coupe d'Europe et où on lui a donné des responsabilités qu'il n'avait jamais connu ailleurs. Qu'aurait-il apporté à ce groupe en tant que 6e ou 7e attaquant ? 10 minutes par ci par là ? Si Benzema et Gameiro avaient été là, on n'aurait peut-être jamais évoqué son nom. Ce n'est pas son absence qui affaiblit ce groupe, même si j'aurais aussi été favorable à sa présence, à la place d'un Coman encore très jeune et qui n'a du son temps de jeu exceptionnel au Bayern qu'aux blessures de Ribéry et Robben. Coman ne jouera sans doute pas non plus beaucoup, et il avait le temps d'être rappelé. Ben Arfa, plus tellement...

La Ligue 1 au piquet
Enfin, analysons un peu cette liste. Elle compte le plus grand nombre de joueurs évoluant à l'étranger (18 sur 23, soit 78,3 %) depuis 2002 (idem), un record pour une liste française pour un grand tournoi. Inutile de dire qu'on est loin des 50 % de joueurs de Ligue 1 souhaités par Frédéric Thiriez il y a quelques années, même si on y était dans les années 2000 (52,2 d'étrangers en 2006, 56,5 en 2008, 52,2 en 2010, 47,8 en 2012). Pour le Mondial 2014 déjà, le taux d'"étrangers" augmentait sérieusement (65,2). La Premier league compte 10 joueurs, comme en 2014, son meilleur total. Historiquement, l'Angleterre est largement au dessus des autres pays avec 74 représentants, soit presque la moitié du total des clubs étrangers (48,5 %). La Serie A, deuxième, est très loin (37), et ne compte que 3 joueurs cette année, un chiffre malgré tout en progrès puisqu'elle n'en comptait qu'un en 2014 et en 2012, et aucun en 2010. La Liga, elle, reste stable avec ses trois joueurs, un dans chacun de ses géants, comme en 2014, 2010 et 2008, et 2 en 2012.

Pas moins de 19 clubs sont représentés dans cette liste, contre 16 en 2014 et 17 en 2012. On est loin de l'hégémonie marseillaise de 92 (8 phocéens et seulement 9 clubs représentés) ou des 9 clubs représentés en 2010... un éparpillement qui s'explique notamment par la présence de 5 clubs qui n'avaient jamais figuré dans une liste jusque là : trois Anglais (Crystal Palace, Leicester, West Ham) plus l'Atletico Madrid et évidemment les Tigres de Gignac, premier club non européen jamais représenté en Bleu dans leur histoire. Par ailleurs, sur ces 19 clubs, 4 seulement comptent deux joueurs : Marseille, Arsenal, la Juve et Manchester City. Dans l'histoire de ces listes, depuis 1954, Bordeaux reste en tête avec 34 joueurs, devant un trio composé de Lyon, Marseille et Monaco (30). L'ASM qui n'a désormais plus été représentée dans une liste pour un grand tournoi depuis... 2006 ! Suivent ensuite Arsenal, premier club étranger, à égalité avec le PSG, qui ne compte qu'un représentant cette année, contre trois l'an passé. Mais les départs de Digne, Coman ou Cabaye font baisser ses chiffres. A moins que Rabiot...

Cette liste pourrait en effet changer, comme en 2014 puisque trois réservistes avaient été rappelés suite à des blessures. En tous cas vivement le 10 juin !

A plus tard !