vendredi 20 décembre 2013

Leverkusen, à surveiller

Salut à tous,

Quelques jours après le tirage au sort de la Ligue des Champions, penchons nous un peu plus sur le futur adversaire du PSG en huitièmes de finale : le Bayer Leverkusen.

Si facile que ça ?

Évidemment, du haut de leur grande connaissance du football, les experts de tous poils ont décidé qu'il s'agissait d'un tirage favorable - par rapport à City ou Arsenal, certes - et que le PSG était déjà en quarts de finale. Il est vrai que le football français a si peu souffert dans son histoire lors de ses nombreuses confrontations avec celui de son voisin qu'il est en droit de dénigrer ce dernier sans risque, et de le considérer comme négligeable...

En France, si vous n'êtes pas un club anglais, le Barça ou le Real, vous n'êtes rien. La Ligue des Champions a tellement phagocyté l'attention médiatique sur elle même que quiconque n'y brille pas régulièrement n'est que quantité négligeable. Comme pour tout le reste, dans les médias d'aujourd'hui, c'est tout ou rien. Soit vous êtes un cador, soit vous êtes nul. Il n'y a pas de bons clubs européens apparemment, juste des géniaux ou des médiocres. Et la
logique ne saurait être bousculée, surtout quand elle est soutenue par des esprits aussi brillants...

C'est comme ça que personne n'a vu venir Malaga et Dortmund l'an passé, Schalke en 2011, Lyon en 2010, Porto ou Monaco auparavant... autant de clubs de bon niveau capables, sur quelques semaines, de rivaliser avec les tous meilleurs et d'atteindre le dernier carré de la plus grande des compétitions de club au monde. Leverkusen a le profil pour les imiter.

Les "spécialistes" n'ont évidemment retenu que les deux branlées (0-5, 2-4) reçues contre Manchester pour juger l'équipe de Sami Hyypiä. Sans voir qu'en championnat, où Leverkusen est deuxième, à sept points du Bayern mais aussi avec cinq points d'avance sur Dortmund, le Bayer n'a perdu aucun match contre ces deux cadors du football européen, se payant même le luxe d'aller s'imposer récemment chez le second, qui comptait certes nombre d'absents (0-1). Mais la moyenne de points de Leverkusen peut également faire réfléchir : elle est de 2,31 par match. Celle du PSG, dans un championnat plus fermé mais sans doute plus facile, est de 2,39. L'écart n'est donc pas si énorme entre les deux formations.

Une ligne d'attaque redoutable

Penchons nous un peu plus sur le profil de cette équipe, qui semble être à la fois parfait et piégeux pour le PSG. Parfait, parce qu'il s'agit d'une équipe typique du championnat allemand, c'est-à-dire qui marque beaucoup (2 par match en championnat) mais qui encaisse aussi beaucoup de buts, puisqu'elle possède la deuxième pire défense des 16 qualifiés pour les 8es de finale (10 buts, contre 5 au PSG), à égalité avec Manchester City et devant Galatasaray (14). Mais elle possède aussi la deuxième défense d'Allemagne, derrière le Bayern, avec 15 buts en 16 matches. Mais c'est une équipe qui joue, et qui ne se retranchera pas en défense comme la plupart des adversaires des Parisiens. Il y aura donc sans doute de la place pour marquer.

Si le système à deux pointes est toujours en vogue en Allemagne, ce n'est pas le cas des cadors, que ce soit le Bayern, Dortmund, Schalke et donc Leverkusen. Le Bayer évolue en 4-3-3, avec deux ailiers extrêmement performants. Sa ligne d'attaque est peut-être son point fort, même si son milieu, qui compte dans ses rangs deux internationaux allemands, Lars Bender (surveillé de près par Manchester) et Simon Rolfes, son capitaine, très expérimenté (31 ans) et volontiers buteur (5 buts cette saison, dont trois en C1), n'est pas en reste.

En attaque, donc, le buteur se nomme Stefan Kiessling, et ce qualificatif n'est pas un vain mot. Parfois moqué pour sa silhouette dégingandée et sa grande taille (1m91), il a déjà marqué 13 fois cette saison (9 en championnat, 2 en C1 et 2 en coupe). Il fut le meilleur buteur du dernier championnat, avec 25 buts, lui qui était le dauphin de Dzeko en 2009/10, avec 21 buts. Buteur moyen lors de ses premières années dans l'élite, le joueur formé à Nuremberg a marqué 78 buts depuis 2009 rien qu'en championnat, et tourne à une moyenne de 0,56 but par match. Rarement sélectionné, compte tenu de la concurrence (Gomez, Klose...) il est pourtant un joueur complet, mais méconnu, malgré le buzz de son but fantôme accordé à Hoffenheim le 18 octobre dernier (1-2) : en plus de ses buts, il est un excellent passeur. Il compte trois "assists" cette année, 7 l'année dernière et quatre lors des deux saisons précédentes. Pas mal pour une grande tige soit-disant maladroite...

Le danger vient des côtés

S'il marque beaucoup, il n'est pas le seul dans son équipe. Sydney Sam, par exemple, son ailier gauche, a presque marqué autant que lui cette saison (11). Rapide, bon dribbleur, il est lui aussi international (5 sélections) et se montre également excellent passeur (5 en championnat). Le troisième "phénomène" de cette équipe se nomme Heung-min Son, un représentant extrêmement brillant de la colonie asiatique qui peuple les effectifs allemands, avec succès en général. Le jeune ailier (21 ans) n'a jamais joué en Asie, lui qui a été repéré très jeune par Hambourg, où il a débuté en pro, en octobre 2010. Huit matches plus tard, il était en sélection, un attaquant qu'il faudra surveiller lors de la prochaine Coupe du Monde.

Très bon l'an dernier avec Hambourg (12 buts, dont un doublé à Dortmund), il est transféré cet été pour 10 millions d'euros à Leverkusen, où, après un petit temps d'adaptation, il est sur le point de faire oublier André Schürle, parti à Cheslea. Sept fois buteur, notamment à Dortmund encore une fois (0-1), il sera un élément clé de cette confrontation. En effet, et
c'est pour ça que je parlais de piège, une des caractéristiques du PSG cette saison, c'est à la fois de maîtriser le cœur du jeu grâce à ses trois milieux de terrain, mais aussi d'évoluer avec des latéraux extrêmement offensifs, ce qui permet à ses ailiers, notamment Cavani, de pouvoir repiquer dans l'axe pour se comporter comme les véritables avant-centres du PSG, plus qu'Ibrahimovic. Il n'est ainsi pas rare de voir Van der Wiel évoluer plus haut que Verratti, même en phase défensive, histoire de récupérer le ballon le plus rapidement possible.

Hors, si le latéral néerlandais est performant offensivement, il l'est nettement moins défensivement, ce qui explique sa saison dernière assez médiocre, dans un système où le PSG évoluait souvent assez bas pour partir en contre. Si Leverkusen parvient à faire exister ses deux ailiers, et ainsi obliger Van der Wiel et Maxwell - ou Digne - à défendre, et donc à la fois s'exposer défensivement et ne pas apporter offensivement, le PSG sera en danger. J'attends sérieusement de voir Sam ou Son - ils permutent souvent - face au Néerlandais en un contre un. En tous cas il aura plus de travail qu'en Ligue 1 où, en dehors des Verts, peu d'équipes ne présente des ailiers suffisamment percutants pour l'empêcher de régner dans son couloir.

Mais si le PSG parvient à maîtriser le milieu et priver de ballon les deux ailiers du Bayer, il peut espérer faire mal à sa défense, où continue de sévir l'ancien Montpelliérain Emir Spahic, associé au Turc Omer Toprak, qui aime également marquer (deux buts en C1, notamment à Manchester), et passer ce tour. Mais imaginer que c'est gagné d'avance serait synonyme d'élimination à coup presque sûr. Attention donc !

A plus

jeudi 12 décembre 2013

Ligue des Champions, l'écart est grand

Salut à tous,

Après la fin du premier tour de la Ligue des Champions, penchons nous, si vous le voulez bien, sur le taux de qualifications des clubs et des pays en phase de poule. C'est intéressant, vous allez voir, même si les surprises sont rares.

L'Allemagne et l'Angleterre en tête

Cette saison, le rapport est le suivant : l'Allemagne et l'Angleterre font du quatre sur quatre, l'Espagne du trois sur quatre, l'Italie du un sur trois, la France et la Russie du un sur deux, la Grèce et la Turquie du un sur un, le Portugal du zéro sur deux, tandis que les Pays-Bas, la République Tchèque, l’Écosse, la Suisse, l'Ukraine, l'Autriche, le Danemark, la Belgique et la Roumanie ont échoué à qualifier leur unique représentant. Hormis la contre performance des Italiens et des Portugais, on est assez proche de ce qui se passe depuis la création des poules, en 1991, et surtout depuis l'instauration de la formule actuelle en 2003, à savoir cinq pays qui regroupent l'essentiel des participants et des qualifiés, et les autres qui ramassent les miettes. Quand il y en a. Sur 600 participations à une poule (de premier tour) depuis 1991, les cinq meilleurs pays du continent en cumulent 296. Et sur 288 qualifications à un second tour, ils en cumulent 219, soit 76 %... Les cinq se qualifient dans 73 % des cas.

Commençons par les clubs, si vous le voulez bien. Depuis 1991, 12 ont 100 % de réussite, mais 9 d'entre eux n'ont qu'une seule participation à leur actif... le FC Séville et... Nantes, eux, font du deux sur deux. Le seul club à plus de deux se nomme le Real Madrid, qui s'est
qualifié 18 fois sur 18 ! Une performance exceptionnelle, que seul le Bayern (16/17), Chelsea (11/12) et l'Inter Milan (10/11) sont tout près d'égaler. Et l'évolution du football, avec un écart grandissant entre les petits et les grands, ne favorise pas une chute éventuelle du Real. Ainsi, depuis 2003, ils sont deux à avoir fait du 11/11 (Arsenal et le Real), trois du 10/10 (Bayern, Barcelone et Milan AC), Lyon fait du 9/9, tandis que Chelsea (10/11) et Manchester (9/11) trainent un peu, sans plus. Depuis 2003, il n'y a eu que sept clubs à 100 % avec moins de quatre participations, dont Leverkusen (3/3), Monaco et Séville (2/2) ou Malaga et Tottenham (1/1). Aujourd'hui, il vaut mieux donc posséder une solide expérience de la compétition pour espérer y briller, rien qu'au premier tour... les "one shots" sont rares. D'ailleurs, avant Malaga l'an passé et Tottenham en 2010/11, les deux autres datent de 2003/2004 (Celta Vigo et Lokomotiv Moscou)...

Chez les clubs français, hormis la "performance" nantaise, il faut descendre aux 83,33 % de Lyon et aux 80 % de Monaco, qui font mieux notamment que la Juventus (78,57) ou Liverpool (75) ! Quant au PSG (66,7 %), il fait aussi bien que Dortmund, Valence ou Schalke, et mieux que Porto (61,1). Bordeaux est à 50 %, devant Marseille (44,4), Auxerre (33,3) et Lille (20). Lens et Montpellier sont à zéro.

Une lutte à trois

Regardons par pays à présent. La lutte est rude entre l'Angleterre et l'Espagne, cette dernière était devant avant cette année. Mais, en raison de l'élimination de la Real Sociedad, elle a été dépassée au classement général par les Anglais, auteurs de leur sixième 4/4, record d'Europe, et qui sont désormais premiers avec 80,95 % de réussite, contre 80,6 aux Espagnols, qui n'ont fait "que" quatre fois le 4/4... derrière ces deux là, l'Italie n'est pas très loin mais après trois années consécutives à 100 %, a lourdement chuté cette année (1/3), elle qui était à égalité avec l'Angleterre avant cette saison, et qui n'est qu'à 77,42 désormais. Comme quoi, les choses peuvent vite changer en tête, la lutte est féroce. L'Allemagne, qui vient d'enchainer un 7/7 sur les deux dernières saison, meilleur bilan d'Europe sur cette période, suit à la quatrième place avec 69,1 % de réussite. Elle paie notamment des années 2000 moyennes (58,62 %) alors qu'elle possède le meilleur bilan de la présente décennie (84,6), devant l'Italie (81,8), l'Espagne (80) et l'Angleterre (75).

Comme très souvent dès qu'on classe les pays en Ligue des Champions, la France est cinquième, avec 54,5 % de réussite. Un taux en continuelle baisse, elle qui dominait les débats dans les années 90 (80 %) devant l'Italie (78,6), l'Allemagne et l'Espagne (76,9), l'Angleterre ne stagnant qu'à 50 % à l'époque ! Dans les années 2000, le taux était à 50 %, et à 54,55 depuis 2010. Nos chiffres se sont donc stabilisés depuis une dizaine d'années à un qualifié sur deux en moyenne, mais attention quand même, seul le PSG s'est qualifié pour les seconds tours depuis deux saisons, sur cinq qualifiés au total. A ce rythme, on va vite passer sous les 50 %... à moins que Monaco... quant à Lyon et Marseille, malgré leurs difficultés, ils doivent faire partie des locomotives du football français. Six défaites sur six en phase de poule pour le second nommé, voilà qui est vraiment inquiétant. Sur les deux dernières saisons, Lille, Montpellier et Marseille ont cumulé une victoire (à Borisov, pour le LOSC...), deux nuls et 15 défaites !

Et les autres ? Des miettes, vous dis-je. Que ne fut pas mon étonnement de voir le chiffre des Pays-Bas de l'Ajax Amsterdam et du PSV Eindhoven : 27,3 % ! Soit autant que les Tchèques, qui ont certes un diviseur nettement moindre (11 contre 33)... la Pologne réussit l'exploit de faire 50 %... en deux participations. Le Portugal, qu'on annonce souvent meilleur que nous, est en-dessous des 50 % (43,24), beaucoup plus grâce aux chiffres de Porto (61,1) que de Benfica (30 !) d'ailleurs... la Russie n'est pas si mal que ça (29,6) ainsi que la Grèce (27,6). L’Écosse et la Suisse suivent (22,22) devant l'Ukraine (20,8) et la Turquie (20). Saluons la "performance" de la Belgique (5,3 % !) et surtout de la Roumanie, qui est à zéro sur... 12 tentatives. C'est l'autre facette de cette compétition qui brille et chatoie à nos yeux : des pays qui ont offert des vainqueurs à son ancêtre la Coupe des Champions sont aujourd'hui réduits à ramasser les restes que leurs laissent les gros.

Sur ce, je vous laisse !

lundi 9 décembre 2013

Un groupe piégeux

Salut à tous,

A y est, on est fixé, l'attente fut insoutenable mais pas vraiment à la hauteur du soulagement de certains et de la déception d'autres qui auraient espéré des affiches un peu plus affriolantes. On peut comprendre les deux sentiments, qui sont légitimes, mais discutables, comme toujours. Franchement, Danemark, Afrique du Sud et Arabie Saoudite, ça vous aurait dit plus ? Non parce que c'était le groupe de la France en 98. Personne ne viendra me dire après coup que ce groupe était "décevant"...

Le Honduras, pas si méconnu

Suisse, Équateur, Honduras, c'est un mélange de redite - pour la Suisse, que la France a affronté cinq fois entre aout 2003 et juin 2006 - deux succès français, trois nuls -, notamment lors du premier tour du Mondial 2006 (0-0), et 36 fois au total, avec à la clé 15 victoires françaises et 12 défaites, la dernière en 1992 - et de quasi totale découverte. Oh bien sûr, l’Équateur, que la France aura l'honneur et la chance d'affronter au Maracana de Rio le 25 juin - match auquel j'espère vivement vivre sur place, je vous en reparlerais - n'est pas un total inconnu : ce sera la deuxième édition de cette affiche, après le match amical de Grenoble, en mai 2008, juste avant l'Euro, qui avait permis au jeune stéphanois Bafé Gomis,
qui signait sa première sélection, de signer un doublé (2-0) et surtout de griller sur le fil le pauvre Djibrill Cissé, qu'il avait remplacé à la mi-temps, pour la troisième place d'avant-centre à l'Euro. Quant au Honduras, ce sera une première.

Il faut dire que les affrontements avec des ressortissants de la Concacaf peuvent se compter sur les doigts d'une main pour la France. Hormis ce match contre le Canada au premier tour du Mundial 86 (1-0, premier but de Papin en sélection) et de matches amicaux contre les États-Unis, à East Rutherford, en indoor, en 1979 (6-0, triplé de Lacombe) ou le Costa Rica, en 2005 à Fort-de-France (3-2 après avoir été mené 0-2, buts d'Anelka, Cissé et Henry), on notera cet étrange match amical contre une sélection d'Amérique Centrale, joué en 1972 à... Salvador de Bahia, où la France affrontera la Suisse, le 20 juin, et remporté 5-0, avec notamment un triplé signé Hervé Revelli. C'est dire si l'idée d'affronter le Honduras ne doit normalement pas effrayer une sélection française, quelle qu'elle soit.

Mais évidemment, il faut nuancer cet avis définitif basé sur une impression et une analyse simpliste de la situation. Certes, dans l'absolu et sur le papier, le Honduras n'a rien d'un danger. Mais il a réussi l'exploit peu commun pour une autre équipe autre que les États-Unis de finir devant le Mexique en éliminatoire, en allant s'imposer chez ces mêmes Mexicains (1-2), qui font par ailleurs figure d'outsider dans le groupe du Brésil, après avoir battu les Américains en février dernier (1-0). Le Honduras qui peut compter sur plusieurs joueurs qui brillent en Europe, comme le défenseur d'Hull City, en Premier League s'il vous plait, Maynor Figueroa, l'excellent latéral gauche du Celtic Glasgow Emilio Izaguirre (7 passes décisives toutes compétitions confondues cette saison), un autre joueur de Premier League, le milieu de Stoke City, Wilson Palacios, sans parler de Jerry Bengtson, qui joue aux New England Revolutions (9 buts en éliminatoires), l'imposant Carlos Costly, qui évolue en Chine mais qui a joué au Mexique, en Pologne, en Angleterre, en Roumanie ou en Grèce, ou d'Oscar Boniek Garcia, qui brille aux Houston Dynamo. Alors, quand on entends nos "spécialistes", genre Pierre Ménès, dire qu'ils ne connaissent "personne" dans l'équipe type hondurienne, c'est soit de la fainéantise, de la malhonnêteté intellectuelle, soit de l'ignorance ou de l'incompétence. Sûrement un bon mélange de tout ça, ajouté à du mépris pour ces petits pays qui osent se mesurer à nos grandes équipes occidentales... Rappelons que le Honduras était déjà dans le groupe de la Suisse, il y a quatre ans, et avait signé un nul (0-0) conte les Helvètes...

L'Amérique du Sud sera chez elle

Même chose pour l’Équateur. Certes, il vaut mieux tomber sur eux que sur l'Uruguay - qui a tout de même terminé derrière les hommes de Reinaldo Rueda en poule qualificative... - ou l'Argentine, on est d'accord. Certes, descendu de leurs montagnes, à l'image des Boliviens, les Équatoriens ne font pas trembler grand monde, eux qui n'ont pris que trois points à l'extérieur en qualifications, s'inclinant au Pérou, en Colombie ou au Chili, par exemple - tout en l'emportant en amical au Portugal (2-3), en février dernier... -. Certes, si on excepte le vétéran Edison Méndez (34 ans, LDU Quito), ancien du PSV Eindhoven, l'attaquant du Lokomotiv Moscou Felipe Caicedo, l'ailier du Vitesse Arnhem Renato Ibarra et surtout celui de Manchester United, Luis Antonio Valencia, officiellement le joueur le plus rapide du monde avec le ballon, il n'y a pas grand monde dans cette équipe pour faire trembler la France...

Mais je n'ai entendu nulle part cet argument implacable : ce Mondial se déroulera en Amérique du Sud. Et là-bas, les équipes de ce continent seront indiscutablement avantagées. Pour preuve, lors des quatre Coupes du Monde sud-américaines, et même en ajoutant les deux mexicaines et celle aux États-Unis, seules les équipes sud-américaines l'ont emporté, sans exception. L'Argentine l'a emporté chez elle en 78 et au Mexique en 86, l'Uruguay a gagné chez lui en 30 et au Brésil en 1950, et ce dernier l'a emporté en 62 au Chili, en 70 au Mexique et en 94 aux États-Unis. Les Européens ne brillent jamais dès qu'ils franchissent l'Atlantique, c'est comme ça. Des chiffres simples le prouvent : en Europe, les pays locaux glanent 1,14 points par matches, contre 1,02 pour les Sud-Américains. En Amérique du Sud,
le rapport s'inverse : les locaux prennent 1,23 points, contre... 0,95 pour les Européens, qui perdent donc plus de matches qu'ils n'en gagnent là-bas. Sur quatre Mondiaux sud-américains, combien d'Européens ont atteint la finale ? Deux, les Tchécoslovaques en 1962 et les Pays-Bas, en 1978.

Certes, la dernière Coupe du Monde en Amérique du Sud date de 1978... les stades, les joueurs, le jeu est différent, plus mondialisé, moins spécifique à chaque pays, une part importante de joueurs évoluant tous en Europe, leurs styles se mélangeant plus aisément. Mais quand même, ne négligeons pas l'Histoire, qui devrait être un peu plus souvent source d'inspiration pour analyser le présent et l'avenir, et ne pas répéter les mêmes erreurs. La France a disputé deux Mondiaux en Amérique du Sud (30 et 78) et n'a jamais passé le premier tour. Il ne faut pas négliger le fait que les Équatoriens seront forcément avantagés de jouer sur leur continent, leurs supporters viendront plus facilement, l'ambiance brésilienne leur sera plus familière, que ce soit pour ceux qui évoluent encore dans leur championnat ou ça qui y ont joué. Pour nous, ce sera nouveau. Cette remarque peut d'ailleurs également tenir aussi pour les Honduriens.

J'ai d'ailleurs très peur pour les Suisses, qui affronteront le 25 juin le Honduras à Manaus, en pleine Amazonie, dans la pire période de l'année... bon courage à eux. La France n'a pas eu seulement la chance d'échapper à un groupe trop difficile, elle est aussi tombée sur la place dans le groupe qui lui garantit le moins de déplacements, pas loin de leur camp de base et au sud, c'est-à-dire là où il fera le moins chaud. Porto Alegre, Salvador, Rio... de belles villes, de beaux stades... tout paraît parfait. Pourvu que ça dure !

A plus tard !