vendredi 6 avril 2012

Résultats à crédit

Salut à tous,

Ce qui s'est passé hier, mais aussi cette semaine et ce qui va peut-être se passer à la fin du mois, pourrait être historique. Pas besoin de vérifier, à mon avis, pour affirmer que quatre clubs d'un même pays squattant les deux finales européennes, c'est du jamais vu. Sur une compétition, oui, mais sur deux, non.

En effet, Barcelone et le Real n'iront certes pas en pantoufle pour aller affronter Chelsea et le Bayern, mais ça reste quand même dans leurs cordes, et ça nous promet un super Clasico, un vrai de vrai celui-là, avec les grandes oreilles au bout. Et en Ligue Europa, il suffira que Bilbao sorte le Sporting Lisbonne pour que les Basques rejoignent en finale le vainqueur du duel Atletico Madrid-Valence. Même si ce duel ibérique paraît équilibré, ce serait dommage que l'Athletic, qui a éliminé en chemin le PSG, Manchester United et Schalke, n'aille pas au bout de son rêve. Surtout avec une génération pareille (Muniain, Susaeta, Llorente, Ander, Javi Martinez...). Étrange que cette équipe ne soit que 11e en Liga...

Étrange, mais surtout très parlant sur le niveau de la Liga cette saison. Cinq clubs sur huit en demi-finales européennes, il fallait le faire. Malaga, qui est richissime cette année suite à l'arrivée des Qataris à sa tête, est certes quatrième, mais à... 25 points du deuxième, Barcelone. L'an dernier, trois clubs portugais figuraient en demi-finales de la Ligue Europa, et deux en finale, mais sans le Sporting. Cela montre également la vigueur du football lusitanien, qui vient, dois-je le rappeler, de passer devant le nôtre au classement UEFA, nous coûtant ainsi un tour préliminaire supplémentaire en Ligue des Champions. Deux bons tiers de la Superliga survivraient à peine dans notre Ligue 2, mais le tiers supérieur jouerait le titre en Ligue 1, sans problème. C'est ce qui s'appelle un championnat vertical, à opposer au nôtre, nettement plus horizontal.

Mais ces deux footballs sont aussi en crise. Une bonne moitié des clubs espagnols seraient relégués en deuxième division, voire seraient liquidés administrativement, s'ils évoluaient en France. Même chose pour le football portugais, qui vit une autre crise, plus inattendue : ils ont construit de très beaux stades pour l'Euro 2004, mais malgré les résultats de leurs clubs, ils sont très loin de les remplir. Lors de la dernière journée, Academica, qui recevait le quatrième du championnat, le Maritimo Funchal - qui devance d'un point le Sporting - a rempli son stade à... 12 % (3501 spectateurs). Même le choc Benfica-Braga, qui décidait de la place de leader, n'a rempli le légendaire Stadio da Luz qu'à 76 % (49078). Nacional Madeira contre Rio Ave ? 30 %. Gil Vicente contre Setubal ? 31 %. Guimaraes contre Paços Ferreira ? 33 %. Porto contre Olhanense ? 63 %. Seul Leiria, face au Sporting, a fait quasiment le plein (95 %). Résultat, ces stades vides sont des gouffres financiers pour des clubs déjà affaiblis par la crise qui frappe le pays, comme son voisin.

C'est d'ailleurs le paradoxe de voir ces footballs si fringants au niveau européens, provenir de pays qui font partie des plus touchés, pour l'instant, par la crise actuelle. Pourtant, la Grèce, elle, voit son football payer fortement l'effondrement de son économie, puisque de nombreux clubs sont en cessation de paiement, et sont exclus des championnats. Si l'Espagne et le Portugal ne sont pas encore au niveau grec, cela pourrait le devenir. Les clubs de ces pays, et notamment les Espagnols, vivent très largement au-dessus de leurs moyens, dépensent sans compter l'argent qu'ils n'ont pas, même quand ils n'ont pas l’État (!) pour éponger les dettes (comme pour le Real) ou un investisseur du proche-orient (Malaga), et payent les joueurs quand ils le peuvent. Forcément, ça ne durera pas. Si le fair-play financier instauré par Platini ne fonctionne pas, la logique économique finira logiquement par les rattraper. En début de saison les joueurs avaient déjà refusé de jouer la première journée en Espagne, comme en Italie, pour cause de salaires non payés... ils vont faire quoi l'année prochaine ? Faire des défilés ? Voter à gauche ?

C'est pour ça que dire que ces championnats sont florissants et supérieurs aux autres parce qu'ils ont les résultats que l'ont sait en Coupe d'Europe. Oui, ponctuellement, personne ne leurs résistent actuellement. Rappelons que le Sporting a sorti Manchester City, symbole des nouveaux riches européens actuels (1-0, 3-2), qui lui ne craint pas grand chose tant que son Emir éponge derrière, un peu comme pour le PSG et son Cheikh. Mais tout cela repose sur du sable, et tout pourrait s'effondrer dans les prochaines années. Et pas que en Espagne ou au Portugal, également en Italie ou en Angleterre. Au profit de qui ? Peut-être de la France, plus sûrement de l'Allemagne, qui est très solide financièrement et structurellement. Et qui aime le foot, elle.

A plus tard !

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