Et pourquoi pas, me rétorquerez-vous, et vous n'auriez pas tort non plus.
Oui, pourquoi Montpellier ? Non parce qu'il ne faut pas me raconter de blagues, cinq points à quatre journées de la fin, même si les Héraultais doivent encore aller à Rennes et recevoir Lille, c'est un écart qui n'est pas rattrapable. S'ils ont gagné à Toulouse, ils gagneront ailleurs. Pour moi, c'est plié, terminé, et ce n'est pas un mince exploit.
Alors, pourquoi Montpellier ? Essayons de sortir du simple "ils ont gagné plus que les autres, donc ils sont les plus forts", simpliste et symptomatique du journalisme d'aujourd'hui. Juger sur l'instant, analyser la surface, c'est le mieux qu'on puisse lire depuis notamment que le net domine désormais toute autre sorte de média, et les influencie en profondeur. Il faut faire court, simple, clair, et ne pas chercher à creuser ni chercher à comparer avec des précédents éventuels. Sinon, ça ennuie les gens. Dommage.
Une affaire française
Pourquoi Montpellier ? Comparons donc avec les précédents du même style. Depuis 15-20 ans, le championnat français s'est fait la spécialité de couronner des clubs improbables, et que rien n'avait préparé à un tel honneur. Difficile, aujourd'hui, d'imaginer un Hanovre, un Levante, un Parme ou un Aston Villa accrocher un titre à l'étranger, même si Wolfsburg, en 2009, fut une belle exception. Aujourd'hui, les Loups sont huitièmes, après avoir passé une bonne partie de la saison dans le bas du tableau... c'est aussi souvent le lot de ces clubs qui gagnent le titre presque par hasard, et qui n'ont pas vraiment les moyens ni la culture pour enchaîner derrière...
Donc en France, on aime ça, produire ces exceptions, ces incongruités, devant les présumés "gros". Ca colle parfaitement avec l'amour qu'on a en France depuis plus de deux siècles de faire rouler des têtes puissantes dans la sciure. On n'a pas trop aimé Hinault, Prost, Anquetil, Noah, Saint-Étienne, qui écrasaient les autres, on leur a préféré des Fignons (quoique), des Poulidors, des Alesi, des Leconte, des Nantes, ces losers magnifiques qui gagnaient de temps en temps, voire une fois ou deux, ce qui leur construisait une légende de revanchards et de battants magnifiques, du genre "vous voyez il est nul, mais il ne s'est jamais découragé, et il a été récompensé".
Qui sont ces prédécesseurs à Montpellier ? Ils furent sacrés lors de l'intermède entre la domination Marseillaise, conclue en 1993, et l'avènement de Lyon, en 2002. Durant ces 8 années, six équipes différentes furent sacrées, Nantes et Monaco remportant deux titres, mais jamais consécutivement, un peu comme maintenant, que Lyon a relâché sa domination. C'était la foire à celui qui était le moins nul, le plus opportuniste, celui qui terminait le mieux sa saison. Imaginez tout de même que la Ligue 1 a sacré en 2001 un FC Nantes qui alignait une attaque Vahirua-Moldovan, soutenue par des Da Rocha, Ziani, Carrière, Monterrubio... Dans les buts, Landreau, en défense, Armand, Gillet, Fabbri, Laspalles, au milieu, Berson ou Savinaud... tous de bons joueurs de Ligue 1, mais combien d'internationaux à plus de 10 sélections ? Cherchez pas, il y en avait un, Moldovan. Pour le reste, certains jouent encore, mais, hormis Landreau, aucun n'a réalisé la carrière qu'on attends d'un champion de France. Mais ils avaient dominé Lyon de 4 points, avant que ce dernier ne remporte ses 7 titres consécutifs. Lille était troisième, déjà, Paris 9e, Marseille 15e.
Durant cette période, rétrospectivement (parce que l'analyse en profondeur était déjà minimale à l'époque), on a l'impression que n'importe qui pouvait être champion. Et effectivement, n'importe qui l'était, ou presque. On a vu Nantes, qu'on peut cependant difficilement mettre dans la case des bizarrerie, puisqu'en 2001 les Canaris remportaient leur 8e titre de champion... mais c'était peut-être le plus mauvais champion nantais de l'histoire. En revanche, les titres d'Auxerre (96) et Lens (98) sont toujours aussi étonnant. Surtout quand on sait où ils en sont aujourd'hui, et ce qu'ils ont fait après ce titre...
Auxerre et Lens, presque normal
A l'époque, voir Auxerre remporter le titre était beaucoup moins étonnant que Montpellier aujourd'hui. Certes, c'était le premier titre de championnat de l'AJA, qui avait dominé en plus un PSG qui remportait cette année là la Coupe des Coupes, et qui alignait peut-être la meilleure équipe de son histoire (Raï, Loko, Dely Valdes, Djorkaeff en attaque). Un Auxerre qui réussissait l'exploit d'être champion en alignant dix défaites, un record absolu en Ligue 1, surtout dans un championnat à 18 clubs ! Soit une défaite tous les trois matches et demi... Dans ce domaine, les 4 poursuivants de l'AJA (le PSG, Monaco, Metz et Lens) avaient tous fait mieux, avec la palme pour Lens (7). Mais Auxerre, profitant déjà de la victoire à 3 points, n'avait fait que 6 matches nul, et gagné 22 fois...
Ce qui n'était pas étonnant dans cette affaire, c'est qu'Auxerre, en 1995/1996, était déjà une place forte du football français. Seize ans après son arrivée dans l'élite, l'AJA avait déjà remporté une Coupe de France, très récente (1994) et en gagnait une autre cette année là (1996) et elle avait surtout aligné 40 matches européens au moment du titre, au printemps 1996, dont une demi-finale de C3 en 1993. Sans parler des internationaux, confirmés eux, en tous cas qui ont aligné plus de 10 sélections, qui garnissaient son effectif (Blanc, Silvestre, West, Saïb, Lamouchi, Diomède, Guivarc'h, Laslandes...). Pas une équipe géniale, mais une équipe solide, très expérimentée et intelligente. Ce titre, après des années de construction minutieuse, était donc arrivé presque naturellement pour ce club, qui n'a cependant quasiment plus eu de génération équivalente, même si celle de Mexès, Boumsong et Cissé fut également prometteuse. Mais ce fut la dernière, et elle ne fut pas championne.
L'autre, c'est Lens, donc. Des Lensois qui, cette année là, dominaient... Metz, d'un cheveu (5 buts). Aujourd'hui, ces deux clubs illuminent le bas du tableau de Ligue 2 de leur nullité abyssale. A noter que si la victoire à 2 points avait été appliquée, c'était Metz qui était champion, les Lorrains ayant perdu 2 matches de mois que les Nordistes. Dur dur !
Comment Lens avait pu être champion cette année-là ? Comme en 1996, et cette année aussi, en profitant d'abord de l'échec des gros : Monaco, Marseille et Bordeaux 3e, 4e et 5e, mais à 9, 11 et 12 points ; le PSG 8e et Nantes, 11e. Ensuite, malgré peu d'internationaux confirmés (Smicer, Vairelles, Oruma, Drobnjak...), un effectif solide. Surtout, Lens avait un public exceptionnel et des infrastructures peut-être parmi les meilleures en France, déjà. Certes, tout cela est toujours là, alors que le Racing a du mal à assurer son maintien en Ligue 2... Mais Lens, hormis la saison précédente (13e) avait terminé 5e les deux années d'avant, et fréquentait l'Europe, à défaut d'y briller (8 matches entre 1995 et 1997). Bref, ils faisaient partie du peloton de clubs habitués du haut de tableau, alors pourquoi pas eux ? C'était la mode, à l'époque.
Montpellier, par hasard ?
Et là, pourquoi Montpellier ? Et oui, j'y reviens, parce que ça me dépasse. Lille, l'an dernier, n'était pas une surprise, même si c'était son premier titre depuis les années 40. Le LOSC a construit un projet cohérent depuis sa remontée en 2000, en améliorant ses infrastructures, en garantissant la continuité du staff, en investissant intelligemment sur de jeunes espoirs français et étrangers. Et ça payait, avant même le titre de 2011, avec 24 matches de Ligue des Champions et 42 de C3 ! Un client, quoi.
A Montpellier, rien de tout ça. Un public assez classique, chaud car méridional et jeune, mais pas plus qu'à Nice, dans un stade qui n'a rien d'exceptionnel. Deux petits matches européens disputés en 13 ans, à savoir le tour préliminaire de Ligue Europa perdu en août 2010 contre les terribles Hongrois de Gyor (0-1, 0-1, 3-4 tab). Une quatorzième place l'an dernier qui ne présageait en rien que la 5e de l'année précédente, pour la remontée du club, allait déboucher sur un tel succès cette saison. Et les internationaux ? Estrada (Chili), Belhanda (Maroc) et Utaka (Nigeria) sont les seuls à dépasser les 10 sélections pour leur pays. Et les Français ? Giroud devrait les atteindre relativement facilement, et Yanga Mbiwa, s'il confirme ce qu'on pense de lui, également. Mais pour l'instant, le premier est une promesse, le second un espoir, qui attends toujours sa première sélection.
Ceux qui tentent d'expliquer le succès de Montpellier cette année parlent de la continuité technique du club. Si René Girard n'est pourtant là que depuis 3 ans, depuis la remontée, ce qui n'est pas mal dans le football moderne mais qui n'a rien d'extraordinaire. Son centre de formation, peut-être le meilleur de France avec Rennes et Sochaux ? Ben justement, pourquoi Montpellier et pas les Bretons, qui ont des moyens plus conséquents, ou les Lionceaux, qui jouaient l'Europe en début de saison après leur belle 5e place l'année dernière ? Eux aussi construisent patiemment, changent rarement d'entraîneur, du moins quand ça gagne (Antonetti est là depuis 3 ans également), mais les deux sont encore loin d'un titre. Si on m'avait dit en début de saison qu'un de ces trois clubs allait créer une énorme surprise en remportant le titre grâce à des jeunes époustouflants et quelques grognards intelligents, je n'aurais pas parlé de Montpellier, sorry. J'aurais plus vu Rennes ou Sochaux, justement, même si le départ de Gillot pouvait faire craindre le pire pour les Lionceaux.
Alors, pourquoi Montpellier, plutôt qu'un autre ? Je ne sais pas, il n'y a pas de raisons objectives pour expliquer ça, sinon que seul le football français, décentralisé, régionaliste, ouvert à la performance de tous, est le seul à faire ça en Europe, voire dans le monde. C'est son charme, indéniable. C'est aussi sa faiblesse : le manque de régularité des gros à son sommet, et donc en Coupe d'Europe, lui coûte régulièrement des points UEFA. La période où Auxerre et Lens ont été champion est aussi celle de l'arrêt Bosman, qui a aussitôt vu le football français baisser. La grosse période lyonnaise a vu ses résultats s'améliorer, du moins en C1, puisque Lyon, grâce à son expérience et à l'argent accumulé dans la compétition, atteignait régulièrement les quarts de finale. Des résultats qui ont de nouveau chuté cette saison, maintenant que les champions de Ligue 1 différents se succèdent depuis quatre ans. Lille, cette année en Ligue des Champions ? Éliminé au premier tour, derrière l'Inter, le CSKA et Trabzonspor, malgré son expérience dans la compétition. Je ne doute pas qu'ils feront mieux l'année prochaine...
Ce titre, là encore, c'est surtout l'échec des gros. Du PSG, bien sûr, incapable de gagner à Nice, Auxerre, Nancy ou contre Bordeaux, malgré une volonté toujours renouvelée d'attaquer et de faire du jeu. Mais sa défense, pourtant renforcée cet hiver, a failli, plus que son attaque, contrairement à ce qu'on pourrait croire en lisant la presse depuis quatre mois. Mais aussi de Lyon, sans parler de Bordeaux ou Marseille... Seul Lille confirme ses performances de l'an passé. Et le LOSC semble carrément capable de passer le PSG, et même de chatouiller Montpellier. Mais les Héraultais seront champions, et ce sera mérité, nul doute à cela. Pourquoi ? Là vraiment, je sèche. Ils n'étaient pas programmés pour ça, du tout. Espérons qu'ils confirmeront, que ce ne soit pas le coup d'une année, juste comme ça, avant une 12e place l'année suivante et une descente dans les cinq ans... si c'est ça, je ne vois pas l'intérêt. La continuité, c'est ce qui manque au football français, sa versatilité, son défaut majeur, même s'il est profondément sympathique.
A plus tard !
Oui, pourquoi Montpellier ? Non parce qu'il ne faut pas me raconter de blagues, cinq points à quatre journées de la fin, même si les Héraultais doivent encore aller à Rennes et recevoir Lille, c'est un écart qui n'est pas rattrapable. S'ils ont gagné à Toulouse, ils gagneront ailleurs. Pour moi, c'est plié, terminé, et ce n'est pas un mince exploit.
Alors, pourquoi Montpellier ? Essayons de sortir du simple "ils ont gagné plus que les autres, donc ils sont les plus forts", simpliste et symptomatique du journalisme d'aujourd'hui. Juger sur l'instant, analyser la surface, c'est le mieux qu'on puisse lire depuis notamment que le net domine désormais toute autre sorte de média, et les influencie en profondeur. Il faut faire court, simple, clair, et ne pas chercher à creuser ni chercher à comparer avec des précédents éventuels. Sinon, ça ennuie les gens. Dommage.
Une affaire française
Pourquoi Montpellier ? Comparons donc avec les précédents du même style. Depuis 15-20 ans, le championnat français s'est fait la spécialité de couronner des clubs improbables, et que rien n'avait préparé à un tel honneur. Difficile, aujourd'hui, d'imaginer un Hanovre, un Levante, un Parme ou un Aston Villa accrocher un titre à l'étranger, même si Wolfsburg, en 2009, fut une belle exception. Aujourd'hui, les Loups sont huitièmes, après avoir passé une bonne partie de la saison dans le bas du tableau... c'est aussi souvent le lot de ces clubs qui gagnent le titre presque par hasard, et qui n'ont pas vraiment les moyens ni la culture pour enchaîner derrière...
Donc en France, on aime ça, produire ces exceptions, ces incongruités, devant les présumés "gros". Ca colle parfaitement avec l'amour qu'on a en France depuis plus de deux siècles de faire rouler des têtes puissantes dans la sciure. On n'a pas trop aimé Hinault, Prost, Anquetil, Noah, Saint-Étienne, qui écrasaient les autres, on leur a préféré des Fignons (quoique), des Poulidors, des Alesi, des Leconte, des Nantes, ces losers magnifiques qui gagnaient de temps en temps, voire une fois ou deux, ce qui leur construisait une légende de revanchards et de battants magnifiques, du genre "vous voyez il est nul, mais il ne s'est jamais découragé, et il a été récompensé".
Qui sont ces prédécesseurs à Montpellier ? Ils furent sacrés lors de l'intermède entre la domination Marseillaise, conclue en 1993, et l'avènement de Lyon, en 2002. Durant ces 8 années, six équipes différentes furent sacrées, Nantes et Monaco remportant deux titres, mais jamais consécutivement, un peu comme maintenant, que Lyon a relâché sa domination. C'était la foire à celui qui était le moins nul, le plus opportuniste, celui qui terminait le mieux sa saison. Imaginez tout de même que la Ligue 1 a sacré en 2001 un FC Nantes qui alignait une attaque Vahirua-Moldovan, soutenue par des Da Rocha, Ziani, Carrière, Monterrubio... Dans les buts, Landreau, en défense, Armand, Gillet, Fabbri, Laspalles, au milieu, Berson ou Savinaud... tous de bons joueurs de Ligue 1, mais combien d'internationaux à plus de 10 sélections ? Cherchez pas, il y en avait un, Moldovan. Pour le reste, certains jouent encore, mais, hormis Landreau, aucun n'a réalisé la carrière qu'on attends d'un champion de France. Mais ils avaient dominé Lyon de 4 points, avant que ce dernier ne remporte ses 7 titres consécutifs. Lille était troisième, déjà, Paris 9e, Marseille 15e.
Durant cette période, rétrospectivement (parce que l'analyse en profondeur était déjà minimale à l'époque), on a l'impression que n'importe qui pouvait être champion. Et effectivement, n'importe qui l'était, ou presque. On a vu Nantes, qu'on peut cependant difficilement mettre dans la case des bizarrerie, puisqu'en 2001 les Canaris remportaient leur 8e titre de champion... mais c'était peut-être le plus mauvais champion nantais de l'histoire. En revanche, les titres d'Auxerre (96) et Lens (98) sont toujours aussi étonnant. Surtout quand on sait où ils en sont aujourd'hui, et ce qu'ils ont fait après ce titre...
Auxerre et Lens, presque normal
A l'époque, voir Auxerre remporter le titre était beaucoup moins étonnant que Montpellier aujourd'hui. Certes, c'était le premier titre de championnat de l'AJA, qui avait dominé en plus un PSG qui remportait cette année là la Coupe des Coupes, et qui alignait peut-être la meilleure équipe de son histoire (Raï, Loko, Dely Valdes, Djorkaeff en attaque). Un Auxerre qui réussissait l'exploit d'être champion en alignant dix défaites, un record absolu en Ligue 1, surtout dans un championnat à 18 clubs ! Soit une défaite tous les trois matches et demi... Dans ce domaine, les 4 poursuivants de l'AJA (le PSG, Monaco, Metz et Lens) avaient tous fait mieux, avec la palme pour Lens (7). Mais Auxerre, profitant déjà de la victoire à 3 points, n'avait fait que 6 matches nul, et gagné 22 fois...
Ce qui n'était pas étonnant dans cette affaire, c'est qu'Auxerre, en 1995/1996, était déjà une place forte du football français. Seize ans après son arrivée dans l'élite, l'AJA avait déjà remporté une Coupe de France, très récente (1994) et en gagnait une autre cette année là (1996) et elle avait surtout aligné 40 matches européens au moment du titre, au printemps 1996, dont une demi-finale de C3 en 1993. Sans parler des internationaux, confirmés eux, en tous cas qui ont aligné plus de 10 sélections, qui garnissaient son effectif (Blanc, Silvestre, West, Saïb, Lamouchi, Diomède, Guivarc'h, Laslandes...). Pas une équipe géniale, mais une équipe solide, très expérimentée et intelligente. Ce titre, après des années de construction minutieuse, était donc arrivé presque naturellement pour ce club, qui n'a cependant quasiment plus eu de génération équivalente, même si celle de Mexès, Boumsong et Cissé fut également prometteuse. Mais ce fut la dernière, et elle ne fut pas championne.
L'autre, c'est Lens, donc. Des Lensois qui, cette année là, dominaient... Metz, d'un cheveu (5 buts). Aujourd'hui, ces deux clubs illuminent le bas du tableau de Ligue 2 de leur nullité abyssale. A noter que si la victoire à 2 points avait été appliquée, c'était Metz qui était champion, les Lorrains ayant perdu 2 matches de mois que les Nordistes. Dur dur !
Comment Lens avait pu être champion cette année-là ? Comme en 1996, et cette année aussi, en profitant d'abord de l'échec des gros : Monaco, Marseille et Bordeaux 3e, 4e et 5e, mais à 9, 11 et 12 points ; le PSG 8e et Nantes, 11e. Ensuite, malgré peu d'internationaux confirmés (Smicer, Vairelles, Oruma, Drobnjak...), un effectif solide. Surtout, Lens avait un public exceptionnel et des infrastructures peut-être parmi les meilleures en France, déjà. Certes, tout cela est toujours là, alors que le Racing a du mal à assurer son maintien en Ligue 2... Mais Lens, hormis la saison précédente (13e) avait terminé 5e les deux années d'avant, et fréquentait l'Europe, à défaut d'y briller (8 matches entre 1995 et 1997). Bref, ils faisaient partie du peloton de clubs habitués du haut de tableau, alors pourquoi pas eux ? C'était la mode, à l'époque.
Montpellier, par hasard ?
Et là, pourquoi Montpellier ? Et oui, j'y reviens, parce que ça me dépasse. Lille, l'an dernier, n'était pas une surprise, même si c'était son premier titre depuis les années 40. Le LOSC a construit un projet cohérent depuis sa remontée en 2000, en améliorant ses infrastructures, en garantissant la continuité du staff, en investissant intelligemment sur de jeunes espoirs français et étrangers. Et ça payait, avant même le titre de 2011, avec 24 matches de Ligue des Champions et 42 de C3 ! Un client, quoi.
A Montpellier, rien de tout ça. Un public assez classique, chaud car méridional et jeune, mais pas plus qu'à Nice, dans un stade qui n'a rien d'exceptionnel. Deux petits matches européens disputés en 13 ans, à savoir le tour préliminaire de Ligue Europa perdu en août 2010 contre les terribles Hongrois de Gyor (0-1, 0-1, 3-4 tab). Une quatorzième place l'an dernier qui ne présageait en rien que la 5e de l'année précédente, pour la remontée du club, allait déboucher sur un tel succès cette saison. Et les internationaux ? Estrada (Chili), Belhanda (Maroc) et Utaka (Nigeria) sont les seuls à dépasser les 10 sélections pour leur pays. Et les Français ? Giroud devrait les atteindre relativement facilement, et Yanga Mbiwa, s'il confirme ce qu'on pense de lui, également. Mais pour l'instant, le premier est une promesse, le second un espoir, qui attends toujours sa première sélection.
Ceux qui tentent d'expliquer le succès de Montpellier cette année parlent de la continuité technique du club. Si René Girard n'est pourtant là que depuis 3 ans, depuis la remontée, ce qui n'est pas mal dans le football moderne mais qui n'a rien d'extraordinaire. Son centre de formation, peut-être le meilleur de France avec Rennes et Sochaux ? Ben justement, pourquoi Montpellier et pas les Bretons, qui ont des moyens plus conséquents, ou les Lionceaux, qui jouaient l'Europe en début de saison après leur belle 5e place l'année dernière ? Eux aussi construisent patiemment, changent rarement d'entraîneur, du moins quand ça gagne (Antonetti est là depuis 3 ans également), mais les deux sont encore loin d'un titre. Si on m'avait dit en début de saison qu'un de ces trois clubs allait créer une énorme surprise en remportant le titre grâce à des jeunes époustouflants et quelques grognards intelligents, je n'aurais pas parlé de Montpellier, sorry. J'aurais plus vu Rennes ou Sochaux, justement, même si le départ de Gillot pouvait faire craindre le pire pour les Lionceaux.
Alors, pourquoi Montpellier, plutôt qu'un autre ? Je ne sais pas, il n'y a pas de raisons objectives pour expliquer ça, sinon que seul le football français, décentralisé, régionaliste, ouvert à la performance de tous, est le seul à faire ça en Europe, voire dans le monde. C'est son charme, indéniable. C'est aussi sa faiblesse : le manque de régularité des gros à son sommet, et donc en Coupe d'Europe, lui coûte régulièrement des points UEFA. La période où Auxerre et Lens ont été champion est aussi celle de l'arrêt Bosman, qui a aussitôt vu le football français baisser. La grosse période lyonnaise a vu ses résultats s'améliorer, du moins en C1, puisque Lyon, grâce à son expérience et à l'argent accumulé dans la compétition, atteignait régulièrement les quarts de finale. Des résultats qui ont de nouveau chuté cette saison, maintenant que les champions de Ligue 1 différents se succèdent depuis quatre ans. Lille, cette année en Ligue des Champions ? Éliminé au premier tour, derrière l'Inter, le CSKA et Trabzonspor, malgré son expérience dans la compétition. Je ne doute pas qu'ils feront mieux l'année prochaine...
Ce titre, là encore, c'est surtout l'échec des gros. Du PSG, bien sûr, incapable de gagner à Nice, Auxerre, Nancy ou contre Bordeaux, malgré une volonté toujours renouvelée d'attaquer et de faire du jeu. Mais sa défense, pourtant renforcée cet hiver, a failli, plus que son attaque, contrairement à ce qu'on pourrait croire en lisant la presse depuis quatre mois. Mais aussi de Lyon, sans parler de Bordeaux ou Marseille... Seul Lille confirme ses performances de l'an passé. Et le LOSC semble carrément capable de passer le PSG, et même de chatouiller Montpellier. Mais les Héraultais seront champions, et ce sera mérité, nul doute à cela. Pourquoi ? Là vraiment, je sèche. Ils n'étaient pas programmés pour ça, du tout. Espérons qu'ils confirmeront, que ce ne soit pas le coup d'une année, juste comme ça, avant une 12e place l'année suivante et une descente dans les cinq ans... si c'est ça, je ne vois pas l'intérêt. La continuité, c'est ce qui manque au football français, sa versatilité, son défaut majeur, même s'il est profondément sympathique.
A plus tard !