lundi 25 juin 2012

Les meilleurs entre eux

Salut à tous,

Dans la rivière de haine médiatique et populaire qui accompagne désormais systématiquement chaque défaite des Bleus depuis 1998 - le triptyque habituel petits cons-trop payés-qu'ils dégagent tous, constructif et réfléchi, bien entendu - je vais essayer de parler de football, plutôt qu'analyser sociologiquement un truc qui reste quand même un sport, un jeu. Où la défaite, notamment contre un adversaire supérieur, reste un éventualité non seulement acceptable, honorable, mais surtout inévitable. Tout le monde perds, comme tout le monde meurt. Et peu importe la façon de le faire.

Trois matches, mais quels matches !

De football, il ne nous en reste d'ailleurs plus beaucoup à déguster, avant ce mois de juillet qui, pour la plupart des autres sports, est souvent synonyme d'activité, de grandes compétitions, de récompenses... mais qui pour nous ne signifie qu'une attente, de la prospection sur la valeur présumée des équipes suivant leur mercato, les départs, les arrivées... prédictions tellement aléatoires qu'elles seront presque toujours fausses, un ans plus tard. Mais ça occupe, pendant qu'on somnole devant une étape Limoges-Bordeaux du Tour de France ou devant une compétition de kayak aux JOs. Quand on est accro au football, on s'accroche à ce qu'on peut tandis que nos "idoles" se préparent en vue des prochaines échéances. La reprise de la Ligue 1 c'est le 10 août, déjà.

Trois matches, c'est tout ce qu'il nous reste avant la trêve, qui va nous frustrer de football pendant 5 semaines... à moins que ce soit une bouffée d'oxygène après 11 mois de football quasi ininterrompu, c'est selon la sensibilité de chacun. Trois matches, mais avec presque autant de football attendu dedans que durant trois journées de Ligue 1. Deux demi-finales et une finale d'Euros, si tout se passe bien, on va se régaler. Mais le football n'aime pas être prévisible, et marche parfois sur la tête.

Comment expliquer qu'il y ait eu deux buts lors des 90 minutes d'Espagne-France (13 tirs au total, dont 6 cadrés, 70 attaques) et aucun lors des 120 d'Italie-Angleterre (44 tirs dont 35 pour nos voisins du sud, 24 cadrés dont 20 pour l'Italie, et 90 attaques) ? Comme certains avaient envie, même après la bataille, de continuer à enfoncer les Bleus, ils ont fait la comparaison, mais on ne peut pas comparer deux matches : chaque équipe a son style, l'adversaire est différent et les scenarii, aussi. Si Johnson avait marqué d'entrée contre Buffon, comme l'Espagne a marqué sur sa première occasion, le match aurait pu être complètement différent. Le match d'hier fut plaisant, mais il fut loin d'atteindre le niveau d'un Angleterre-Suède, d'un Portugal-Pays-Bas ou même d'Allemagne-Grèce, plaisant mais déséquilibré. A partir de l'heure de jeu l'ennui s'installa, et on ne peut quand même considérer un 0-0 se terminant aux tirs aux buts comme un bon match. Le but d'un match de football est de fournir un vainqueur, certes, mais surtout des buts, c'est ça la finalité de ce sport. L'objectif était donc raté, hier.

Il n'empêche, Mario Balotelli, si critiqué pour son attitude mais aussi ses ratés, a quand même pris ses responsabilités et inscrit son penalty, face à son coéquipier de club, Joe Hart, le premier de la série en plus. Bad boy ou pas, sur ce plan là il a fait aussi bien que Henry et Trezeguet contre ces mêmes Italiens, en 1998. Ils avaient 20 ans et n'avaient pas tremblé, eux non plus.

Au passage, les prolongations, et même les tirs aux buts, durant les grands tournois, ce n'est plus une exception, c'est carrément devenu une règle : depuis 1980, plus de 35 % des matches à élimination directe dans les grands tournois ont eu droit à une prolongation, et 22 % à une séance de tirs aux buts. Il y a eu une pointe à 71,4 % lors de l'Euro 96 (5 prolongations en 7 matches, et 4 séances de tirs aux buts). En 2008 et en 2004 on était à près de 43 % de prolongations (3 à chaque fois, plus deux séances de tirs aux buts). D'ailleurs, on a beaucoup plus de prolongations en championnat d'Europe (44,2 %, 30,2 % de tab) qu'en Coupes du Monde (31,9 %, 19 % de tab). A noter que dans plus de 62 % des cas, les prolongations se terminent par des tirs aux buts. Pour l'instant les années 2010 sont relativement épargnées (25 %, 15 % de tirs aux buts), par rapport aux deux décennies précédentes (près de 38 % à chaque fois). Pourvu que ça dure ! Toutes les prolongations ne sont pas des France-Allemagne à Séville, en général on s'ennuie ferme.

Bref, avant ces trois derniers matches particulièrement indécis - le Portugal semble plus percutant offensivement que l'Espagne, puisqu'il a un buteur, lui, et a surtout deux jours de plus de récupération face à une Roja vieillissante, tandis que l'Allemagne, favori logique contre l'Italie, n'a jamais battu cette dernière dans une grande compétition... et les Italiens ne sont jamais aussi forts que lorsqu'on ne les attends pas - faisons un point statistique sur ce tournoi, qui est d'ors et déjà une réussite sur le plan du jeu, malgré quelques inévitables purges.

Le Real prends le pouvoir

Grâce au 0-0 d'hier, le premier du tournoi, on est retombé à 2,46 buts par match, soit un poil moins que lors des deux derniers Euros (2,48) et que la moyenne générale depuis 1960 (2,47). Comme prévu, et hormis l'Allemagne-Grèce (4-2), qui joue le rôle de l'arbre cachant la forêt, ces matches à élimination directe se révèlent très chiches en buts. Neuf buts en 4 matches, dont 6 lors du match précédent évoqué... ça n'annonce rien de bon pour les demi-finales. On pourrait être optimiste pour l'alléchant Espagne-Portugal mais l'Espagne nous a montré lors de cet Euro et la Coupe du Monde 2010 que gagner un match par le plus petit des écarts lui suffisait largement, et qu'elle avait bien compris que l'essentiel était d'assurer la victoire et de durer, donc de ne pas dépenser toutes ses forces en attaquant immodérément. Pas sûr donc que ce derby ibérique se révèle une avalanche de buts.

Chez les buteurs, on en est désormais à quatre en tête, avec le troisième but de Ronaldo. Ce dernière fait figure de favori pour le titre de meilleur buteur, même si Gomez, le seul des trois autres à encore être qualifié, peut lui voler la vedette. L'histoire nous montre que ce sont souvent des seconds couteaux, ou des représentants des seconds couteaux, qui sont sacrés meilleurs buteurs (Baros en 2004, Milosevic en 2000 avec Kluivert...). Gomez est une star, mais ce n'est pas Ronaldo. Surtout, hormis Villa en 2008, Larsen en 1992, Van Basten en 1988, Platini en 1984 et Allofs en 1980, sur les Euros à 8 équipes ou plus, ce n'est pas toujours le buteur du vainqueur qui est sacré. En tous cas pas sur les derniers Euros, à part le dernier.

Comme prévu, le niveau s'est élevé et les gros clubs se sont réveillés chez les buteurs. Un, surtout : le Real, grâce aux buts de Ronaldo, Khedira et Xabi Alonso (2), mais pas à ceux de Benzema ou Özil, a plus que doublé son total lors de ces quarts de finale (7), et dépassé Wolfsburg, qui ne compte plus de représentants en demi-finale (5). Contrairement au Bayern et à Manchester City, qui sont juste derrière (4). Le Milan (3) mais surtout Arsenal et Barcelone (2), eux, déçoivent, tout comme Chelsea ou Manchester United (2), le FC Porto, la Juve, Liverpool ou le PSG (1), unique représentant d'une Ligue 1 décimée, et qui aura été écartée des débats dans cet Euro, comme le précédent d'ailleurs (1 seul but, celui du Suédois de Rennes, Hansson, contre la Grèce...). Il ne reste plus que les deux Italiens du club parisien, Sirigu et Motta, pour faire briller le championnat de France... le premier aura du mal, mais le second aussi. C'est l'Angleterre qui domine toujours (18 buts) devant l'Allemagne (14) mais l'Espagne se rapproche (11), contrairement à l'Italie (6). La Grèce, elle (4), fait mieux que l’Écosse, la France ou le Portugal (1 chacun). Ça, ça fait mal aussi.

Chez les meilleurs passeurs, que des stars, voire des spécialistes du genre : Schweinsteiger, Özil, Gerrard, Silva, Benzema et Nani, tous à deux. Iniesta et Pirlo sont à une passe, et peuvent encore rejoindre ou dépasser les leaders...

A noter également que Ronaldo, avec 6 buts en trois Euros, peut sérieusement espérer rejoindre le deuxième meilleur buteur de l'histoire de la compétition, Shearer (7 en deux fois), voire même le meilleur, Platini (9 en une fois !). Lors de cet Euro... ou durant le prochain, en France, ce qui serait un joli symbole. Après tout il n'aura que 31 ans, et marquer lors de quatre Euros différents n'a encore jamais été réalisé. Pourquoi pas ?

Allez, à plus tard !

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