vendredi 1 juin 2012

Historique des préparations

Bonsoir à tous,

Les semaines précédant les grandes compétitions, du moins celles pour lesquelles la France est conviée - ce qui est toujours le cas depuis 1996 - nous réservent à chaque fois ces petites friandises que sont les matches amicaux. Friandises amères, bien entendu, même si l'emballage suggère le contraire.

Amical contre compétition

Il y a beau y avoir marqué match international dessus, ainsi que préparation pour l'Euro ou le Mondial, et Équipe de France, un match amical reste un match amical, c'est-à-dire l'inverse d'un match à enjeu. Forcément, il y a des essais, des changements, ce qui nuit à la continuité du jeu, et donc à sa qualité, sans parler de la démotivation, logique. Le fait que l'opinion et les médias les analyse pourtant sur l'aune de la compétition est donc un non-sens total, ce qui n'empêche pas le phénomène de se répéter à chaque fois. On sait que les joueurs sont surtout là pour prendre du temps de jeu, peaufiner des automatismes et si possible gagner de la confiance, avant même d'avoir l'obligation de gagner le dit match amical, on ne peut s'empêcher de juger chaque performance comme si elle était fatalement condamnée à se répéter en match officiel... alors que même en compétition, la vérité d'un jour peut être contredite par celle du lendemain, ce qui rend ainsi toute tentative d'analyse vouée à l'échec. Alors imaginez, d'un match amical à un match à enjeu, la différence qu'il peut y avoir...

Le problème, c'est que le sélectionneur, d'un côté, et l'opinion, de l'autre, ne regardent pas les mêmes choses dans un match amical. Le premier regarde la tactique, les duos, les automatismes, et surtout la forme des joueurs, quelque soit le résultat, qui est toujours aléatoire en football. L'autre juge avant tout ces derniers en fonction du résultat. La France a fait des progrès et bien travaillé dans un match ? Oui mais elle a perdu, donc ça va mal, on va se planter. Ainsi, le match contre l'Islande : tout ce que les médias ont retenu, c'est le score à la mi-temps (0-2) et le score final, serré (3-2). Pourtant, les Bleus ont dominé la première mi-temps, et se sont fait prendre sur deux des trois contres islandais, avant de remporter la victoire en deuxième mi-temps. Les médias ont donc proclamé que la défense était pourrie, alors qu'elle est précisément le seul secteur de jeu qui fonctionne depuis que Blanc a pris les rênes de l'équipe (0,55 buts par matches, troisième bilan d'un sélectionneur français, à peine moins que Jacquet, 0,51). A l'inverse, personne n'a soulevé le fait que malgré le statut amical du match, les Bleus sont allés chercher la victoire en fin de match, à l'image de Rami qui est monté pour marquer un but dans le jeu, alors que rien ne l'y obligeait... c'est plutôt un état d'esprit positif, mais cette analyse est complètement passée à l'as.

Pourtant, on ne peut pas nier que, souvent, les résultats des matches amicaux sont soit précurseurs de ceux qui suivront lors du tournoi qu'ils précèdent, soient les influenceront, c'est selon. Est-ce parce que les résultats amicaux sont bons que les officiels le sont aussi, ou est-ce parce que l'équipe est bonne qu'elle gagne les deux types de match ? Toujours est-il que ça colle souvent. Mais pas toujours.

L'influence de la préparation

Si on regarde depuis la guerre, la France a disputé 31 matches amicaux dans le mois qui précédait une compétition internationale, en ne comptant pas 1960, qui se joua selon une formule coupe, y compris avant l'Euro, qui n'était qu'une sorte de final four. Avec un bilan très positif : 19 succès, 8 nuls et seulement 4 défaites, soit 1,48 points par matches ! Et si on sépare les tournois "réussis" (c'est-à-dire où la France a passé la phase de poule) et les "ratés", on note une vraie différence. Quand la France s'apprête à passer les poules, elle recueille 1,67 points par marches, 13 succès sur 18 et une seule défaite, en 1982 contre le Pays de Galles (0-1). C'est d'ailleurs la seule année dans son histoire où elle a raté sa préparation avant un tournoi réussi (1 nul, 1 défaite), sur 9 autres pré réussites. En 2006 et en 1996, elle avait même remporté ses 3 matches...

En revanche, avant de rater un tournoi, ses stats baissent. Elle ne recueille que 1,23 points par matches, avec 6 succès, 4 nuls et 3 défaites ! Et elle n'a réussi que deux préparations (sur 6), en 2008 (2 succès, 1 nul) et en 1978 (2 succès). En 2010, le bilan fut équilibré (1 de chaque), même si la défaite fut concédée à la Chine (0-1), ainsi qu'en 2002 (1 succès, 1 défaite) et en 1954 (1 nul). En bref, pour résumer, pour réussir un tournoi, il vaut mieux réussir ses matches amicaux, et de préférence sans en perdre. Mais ce n'est pas non plus une assurance de qualification. En revanche, rater sa préparation, c'est presque s'assurer un fiasco...

A noter qu'en 1986, 1966 et 1958, la France ne disputa aucun match amical dans le mois précédent la compétition, avec à la clé deux demi-finales et un échec. Pour les deux plus anciens, on s'étonnera moins, sachant que les matches internationaux étaient beaucoup moins fréquent que depuis 30 ans. Pour 1986, en revanche... championne d'Europe en titre, la France disputa en mars un match amical contre l'Argentine, futur championne du monde (2-0 au Parc)... et puis rien avant le 1er juin, et le premier match contre le Canada, qui fut des plus poussifs (1-0), ceci expliquant peut-être cela...

Pour l'instant notre préparation est plutôt bonne, avec deux succès, avant un troisième match contre l'Estonie, mardi au Mans, que l'on serait inspiré de remporter. Parce qu'une défaite, qui rappellerait celle contre la Chine il y a 2 ans, ruinerait complètement les quelques espoirs nés par les deux premiers matches...

Allez, à plus tard !

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