Salut à tous,
Huit ans après, Laurent Blanc nous fait donc une Santini. A la différence que l'ancien technicien lyonnais, lui, avait annoncé son départ avant le début de l'Euro 2004, raison qu'allaient, entre autres, invoquer les médias pour expliquer l'"échec" de l’Équipe de France au Portugal. Oui parce qu'un quart de finale européen, après un premier tour à 7 points sur 9, et même si la défaite contre la Grèce faisait tâche, ce n'était pas non plus un échec total. En tous cas, même si le doute régnait depuis plusieurs mois sur l'avenir de Blanc, le fait que la France soit aller en quarts de finale aurait du valider la poursuite de sa mission à la tête des Bleus. Et surtout, ça n'a semble-t-il pas joué sur les performances de la France en Ukraine.
Prandelli fait mieux que Blanc
Laurent Blanc n'aura pas réussi ce que Cesare Prandelli a fait avec sa jeune sélection italienne. A savoir récupérer une équipe détruite, sportivement, moralement et surtout médiatiquement, et parvenir à la fois à la rajeunir et la reconstruire, tout en la rendant compétitive. Il n'empêche, il y a trois semaines, avant le début de l'Euro et après une défaite terrible à domicile contre la Russie en amical (0-3), on ne donnait pas cher de la Squadra Azzura, chargée comme une mule par la nouvelle affaire de corruption qui frappe le football professionnel italien. En tous cas, on en donnait presque moins cher qu'à la France après le large succès de cette dernière contre le terrible voisin de la Russie, l'Estonie (4-0).
Le sélectionneur italien a bénéficié de deux avantages par rapport à son jeune collègue. D'abord une expérience d'entraîneur nettement supérieure, puisque à 54 ans il est dans le métier depuis 18 ans maintenant, contre 5 seulement pour son cadet de 8 ans. Ça paraît mineur comme raison, mais pour diriger une sélection des meilleurs joueurs d'un pays, avec des caractères aussi divers et variés qu'un tel regroupement de caractères offre forcément - Cassano ou Balotelli n'ont rien à envier en ce qui concerne l'attitude à Nasri ou Ben Arfa -, il faut pouvoir se reposer sur autre chose qu'une belle carrière de joueur, une bonne image médiatique ou un titre de champion de France. Il faut de l'expérience. Prandelli, malgré six saisons passées à la Juve, n'a jamais été une star du football, et n'a remporté qu'une Série B en tant que technicien. Mais il a dirigé 378 matches de Série A et 44 matches européens. Blanc en est à 114 matches de Ligue 1 et 26 matches européens.
Après, les deux sélectionneurs ont peu ou prou engagé les mêmes chantiers, sportifs et moraux : changer le style de leur équipe, en cherchant à lui offrir un visage plus joueur et offensif, tout en écartant quelques brebis galeuses - mais pas toutes. Mais Prandelli a pu s'appuyer sur un deuxième avantage : la connaissance supérieure du football du public italien. Sa phase de qualification a été solide, sans être flamboyante, mais tout de même meilleure que celle des Bleus (8 succès, 2 nuls, 20 buts pour, 2 contre). Mais, contrairement à Blanc, qui lui a pu travailler sur un lit de rose pendant deux ans, même pendant l'affaire des quotas dont il ressortira étrangement blanchi, si j'ose dire, grâce à la mansuétude prévisible des médias, où l'essentiel des chroniqueurs sportifs sont des amis proches du sélectionneur, Prandelli a été tenu à l’œil dans sa tâche. Et il n'a pas été épargné au moment des mauvais matches de préparation, tandis que Blanc, lui, voyait ses joueurs en prendre plein la pêche tandis qu'il passait une nouvelle fois entre les gouttes. Il a fallut qu'il nous ponde une équipe complètement biscornue contre l'Espagne pour que quelques timides voix s'élèvent à propos de ses choix, enfin qualifiés d'"étranges"... Cette bulle médiatique et protectrice ne l'a pas aidé à mon avis. Jamais il n'a semblé devoir se remettre en question, conforté qu'il était par les avis laudateurs de la presse.
Un bilan honorable
Bref, passons au bilan du sélectionneur, qui n'est évidemment pas à jeter à la poubelle juste parce qu'il s'est mal terminé. L'étonnant est que le passage de l'ancien libero des Bleus aura débuté puis fini sur deux défaites, avec entre les deux 23 matches sans échec. Avec 1,44 points par match (à la victoire à deux points, toujours), Blanc termine avec le quatrième bilan des sélectionneurs depuis qu'il y en a qu'un, à savoir 1964. Jacques Santini (1,71), Aimé Jacquet (1,58) et Roger Lemerre ont fait mieux, mais Platini (1,38), Domenech (1,34), Hidalgo (1,31), Houiller (1,25) ou Michel (1,22) ont fait moins bien. Blanc est également quatrième au pourcentage de succès (59,3 %) derrière les mêmes, mais devance quand même Lemerre au pourcentage de défaites (14,81 %, loin derrière Jacquet, 5,66, et Santini, 7,14).
En revanche, on s'est bel et bien ennuyé pendant deux ans. Au niveau offensif, il signe un 1,48 buts par match qui le place à la 10e place, toujours très loin de Santini (2,46, qui a donc un bilan très nettement supérieur à la trace que son passage a laissé), Lemerre (2), Hidalgo (1,85), Jacquet (1,75) et même Houiller (1,67). Il fait mieux que Domenech (1,35) ou le pauvre Henri Michel (1,28), mais ce n'est pas forcément un titre de gloire. On ne pourra pourtant pas dire qu'il n'a pas bénéficié de joueurs majeurs pour augmenter les stats des Bleus, en très nette baisse depuis presque 10 ans, puisqu'il a gardé sa confiance en Ribéry ou Benzema, des titulaires indiscutables et brillants dans des clubs européens majeurs, réussissant rarement à les faire briller. En revanche, et logiquement, son équipe a brillé défensivement : 0,63 buts encaissé, moins bien que Santini (0,46) ou Jacquet (0,51) et à peine mieux que Domenech (0,68). Laurent Blanc se classe donc à l'entrée du podium des meilleurs sélectionneurs français, ce qui n'est pas déshonorant, loin de là. Et effectivement, il aurait été intéressant de le voir continuer jusqu'au Brésil.
En même temps, personne n'a cherché à le virer... tout ce qu'a voulu faire Le Graet, c'est diminuer un staff ridiculeusement pléthorique (22 personnes !). Quand on a déjà des adjoints et un chef de presse, à quoi sert vraiment Marino Faccioli, l'intendant des Bleus ? Et quand on a déjà un entraîneur des gardiens, à quoi sert Fabien Barthez, dont les piges à 7000 euros n'ont pas du arranger les comptes de la FFF ? Tout le monde veut que les Bleus se sentent bien et que leur sélectionneur soit bien épaulé, mais ça frisait presque l'excès d'emplois fictifs... et, selon moi, s'il avait vraiment tenu à continuer, il aurait fait l'effort de réduire la voilure. Manifestement, son envie de partir ne venait pas seulement d'un désaccord sur ce point.
Certains de mes amis, supporters bordelais, se plaisent à me rappeler qu'il n'en est pas à son premier lâchage, et qu'ils me l'avaient bien dit. Effectivement, à 46 ans, le statut d'ancien sélectionneur va être lourd à porter, mais ça ne l'empêchera pas d'aller entraîner en Angleterre ou ailleurs. Grand bien lui fasse, mais avec Bordeaux et les Bleus, ça fait deux équipes qui n'auront pas pu mener à bien un projet qui s'annonçait prometteur, à cause des ambitions personnelles de Laurent Blanc. Espérons qu'elle n'en pâtira pas. Après tout, l'Espagne a parfaitement su gérer le passage de témoin entre Luis Aragones et Vicente Del Bosque, tout comme l'Allemagne n'a pas souffert du changement entre Klinsmann et Löw. Blanc a fait progresser l’Équipe de France, à son successeur de continuer ce travail et d'apporter sa patte. Notamment en terme de management, qui fut à mon avis le point faible de Blanc, incapable de redresser Bordeaux quand les résultats de l'équipe ont chuté. Même chose pour la France durant cet Euro.
A demain pour la préparation de la finale !
Huit ans après, Laurent Blanc nous fait donc une Santini. A la différence que l'ancien technicien lyonnais, lui, avait annoncé son départ avant le début de l'Euro 2004, raison qu'allaient, entre autres, invoquer les médias pour expliquer l'"échec" de l’Équipe de France au Portugal. Oui parce qu'un quart de finale européen, après un premier tour à 7 points sur 9, et même si la défaite contre la Grèce faisait tâche, ce n'était pas non plus un échec total. En tous cas, même si le doute régnait depuis plusieurs mois sur l'avenir de Blanc, le fait que la France soit aller en quarts de finale aurait du valider la poursuite de sa mission à la tête des Bleus. Et surtout, ça n'a semble-t-il pas joué sur les performances de la France en Ukraine.
Prandelli fait mieux que Blanc
Laurent Blanc n'aura pas réussi ce que Cesare Prandelli a fait avec sa jeune sélection italienne. A savoir récupérer une équipe détruite, sportivement, moralement et surtout médiatiquement, et parvenir à la fois à la rajeunir et la reconstruire, tout en la rendant compétitive. Il n'empêche, il y a trois semaines, avant le début de l'Euro et après une défaite terrible à domicile contre la Russie en amical (0-3), on ne donnait pas cher de la Squadra Azzura, chargée comme une mule par la nouvelle affaire de corruption qui frappe le football professionnel italien. En tous cas, on en donnait presque moins cher qu'à la France après le large succès de cette dernière contre le terrible voisin de la Russie, l'Estonie (4-0).
Le sélectionneur italien a bénéficié de deux avantages par rapport à son jeune collègue. D'abord une expérience d'entraîneur nettement supérieure, puisque à 54 ans il est dans le métier depuis 18 ans maintenant, contre 5 seulement pour son cadet de 8 ans. Ça paraît mineur comme raison, mais pour diriger une sélection des meilleurs joueurs d'un pays, avec des caractères aussi divers et variés qu'un tel regroupement de caractères offre forcément - Cassano ou Balotelli n'ont rien à envier en ce qui concerne l'attitude à Nasri ou Ben Arfa -, il faut pouvoir se reposer sur autre chose qu'une belle carrière de joueur, une bonne image médiatique ou un titre de champion de France. Il faut de l'expérience. Prandelli, malgré six saisons passées à la Juve, n'a jamais été une star du football, et n'a remporté qu'une Série B en tant que technicien. Mais il a dirigé 378 matches de Série A et 44 matches européens. Blanc en est à 114 matches de Ligue 1 et 26 matches européens.
Après, les deux sélectionneurs ont peu ou prou engagé les mêmes chantiers, sportifs et moraux : changer le style de leur équipe, en cherchant à lui offrir un visage plus joueur et offensif, tout en écartant quelques brebis galeuses - mais pas toutes. Mais Prandelli a pu s'appuyer sur un deuxième avantage : la connaissance supérieure du football du public italien. Sa phase de qualification a été solide, sans être flamboyante, mais tout de même meilleure que celle des Bleus (8 succès, 2 nuls, 20 buts pour, 2 contre). Mais, contrairement à Blanc, qui lui a pu travailler sur un lit de rose pendant deux ans, même pendant l'affaire des quotas dont il ressortira étrangement blanchi, si j'ose dire, grâce à la mansuétude prévisible des médias, où l'essentiel des chroniqueurs sportifs sont des amis proches du sélectionneur, Prandelli a été tenu à l’œil dans sa tâche. Et il n'a pas été épargné au moment des mauvais matches de préparation, tandis que Blanc, lui, voyait ses joueurs en prendre plein la pêche tandis qu'il passait une nouvelle fois entre les gouttes. Il a fallut qu'il nous ponde une équipe complètement biscornue contre l'Espagne pour que quelques timides voix s'élèvent à propos de ses choix, enfin qualifiés d'"étranges"... Cette bulle médiatique et protectrice ne l'a pas aidé à mon avis. Jamais il n'a semblé devoir se remettre en question, conforté qu'il était par les avis laudateurs de la presse.
Un bilan honorable
Bref, passons au bilan du sélectionneur, qui n'est évidemment pas à jeter à la poubelle juste parce qu'il s'est mal terminé. L'étonnant est que le passage de l'ancien libero des Bleus aura débuté puis fini sur deux défaites, avec entre les deux 23 matches sans échec. Avec 1,44 points par match (à la victoire à deux points, toujours), Blanc termine avec le quatrième bilan des sélectionneurs depuis qu'il y en a qu'un, à savoir 1964. Jacques Santini (1,71), Aimé Jacquet (1,58) et Roger Lemerre ont fait mieux, mais Platini (1,38), Domenech (1,34), Hidalgo (1,31), Houiller (1,25) ou Michel (1,22) ont fait moins bien. Blanc est également quatrième au pourcentage de succès (59,3 %) derrière les mêmes, mais devance quand même Lemerre au pourcentage de défaites (14,81 %, loin derrière Jacquet, 5,66, et Santini, 7,14).
En revanche, on s'est bel et bien ennuyé pendant deux ans. Au niveau offensif, il signe un 1,48 buts par match qui le place à la 10e place, toujours très loin de Santini (2,46, qui a donc un bilan très nettement supérieur à la trace que son passage a laissé), Lemerre (2), Hidalgo (1,85), Jacquet (1,75) et même Houiller (1,67). Il fait mieux que Domenech (1,35) ou le pauvre Henri Michel (1,28), mais ce n'est pas forcément un titre de gloire. On ne pourra pourtant pas dire qu'il n'a pas bénéficié de joueurs majeurs pour augmenter les stats des Bleus, en très nette baisse depuis presque 10 ans, puisqu'il a gardé sa confiance en Ribéry ou Benzema, des titulaires indiscutables et brillants dans des clubs européens majeurs, réussissant rarement à les faire briller. En revanche, et logiquement, son équipe a brillé défensivement : 0,63 buts encaissé, moins bien que Santini (0,46) ou Jacquet (0,51) et à peine mieux que Domenech (0,68). Laurent Blanc se classe donc à l'entrée du podium des meilleurs sélectionneurs français, ce qui n'est pas déshonorant, loin de là. Et effectivement, il aurait été intéressant de le voir continuer jusqu'au Brésil.
En même temps, personne n'a cherché à le virer... tout ce qu'a voulu faire Le Graet, c'est diminuer un staff ridiculeusement pléthorique (22 personnes !). Quand on a déjà des adjoints et un chef de presse, à quoi sert vraiment Marino Faccioli, l'intendant des Bleus ? Et quand on a déjà un entraîneur des gardiens, à quoi sert Fabien Barthez, dont les piges à 7000 euros n'ont pas du arranger les comptes de la FFF ? Tout le monde veut que les Bleus se sentent bien et que leur sélectionneur soit bien épaulé, mais ça frisait presque l'excès d'emplois fictifs... et, selon moi, s'il avait vraiment tenu à continuer, il aurait fait l'effort de réduire la voilure. Manifestement, son envie de partir ne venait pas seulement d'un désaccord sur ce point.
Certains de mes amis, supporters bordelais, se plaisent à me rappeler qu'il n'en est pas à son premier lâchage, et qu'ils me l'avaient bien dit. Effectivement, à 46 ans, le statut d'ancien sélectionneur va être lourd à porter, mais ça ne l'empêchera pas d'aller entraîner en Angleterre ou ailleurs. Grand bien lui fasse, mais avec Bordeaux et les Bleus, ça fait deux équipes qui n'auront pas pu mener à bien un projet qui s'annonçait prometteur, à cause des ambitions personnelles de Laurent Blanc. Espérons qu'elle n'en pâtira pas. Après tout, l'Espagne a parfaitement su gérer le passage de témoin entre Luis Aragones et Vicente Del Bosque, tout comme l'Allemagne n'a pas souffert du changement entre Klinsmann et Löw. Blanc a fait progresser l’Équipe de France, à son successeur de continuer ce travail et d'apporter sa patte. Notamment en terme de management, qui fut à mon avis le point faible de Blanc, incapable de redresser Bordeaux quand les résultats de l'équipe ont chuté. Même chose pour la France durant cet Euro.
A demain pour la préparation de la finale !