Salut à tous,
De part mon travail, j'ai l'occasion de suivre d'un peu plus près que les autres - hormis la Ligue 1, évidemment - la Bundesliga. Un championnat d'Allemagne que j'ai vite adopté, malgré ma méconnaissance totale de la langue de Goethe. Même si, à force, j'ai appris à connaître les termes propres au football : Eigentor (contre son camp), Tor (but), Rechtsschuss (droit), Elfmeter (penalty)... Une compétition qui, surtout, est très peu suivie en France, peut-être parce qu'elle ressemble, par certains aspects, un peu trop à la Ligue 1. Voyons un peu pourquoi, en détail, et pourquoi j'apprécie ce championnat.
- D'abord, les points communs avec le championnat français : les Allemands ne réussissent pas beaucoup plus que nous en Coupe d'Europe, et ils ne nous devancent pas de beaucoup au classement UEFA, même si notre cinquième place est désormais directement menacée par les Pays-Bas, le Portugal et la Russie. Le Bayern Munich est l'arbre qui cache la forêt, et la demi-finale de Ligue des Champions de Schalke 04 l'an passé est plus à ranger à côté de la finale de Monaco en 2004, par exemple, qu'autre chose. Les autres, comme Dortmund cette année dans la compétition phare, ou Wolfsburg, auparavant, peinent franchement au niveau européen. Ensuite, le manque de têtes d'affiches. Même le Bayern ne semble plus vraiment en mesure d'attirer les tous meilleurs joueurs du monde, hormis quelques Allemands, bien entendus, à l'image des internationaux Neuer, Lahm, Schweinsteiger, Müller ou Gomez. L'excellente santé de l'équipe nationale allemande permet au grand club bavarois de faire ce que Lyon, Paris ou Marseille, aussi riches ou presque en internationaux locaux ne peuvent pas, en raison du creux générationnel subit actuellement par l'Equipe de France : s'appuyer sur les meilleurs joueurs du pays pour exister sur le plan européen. En même temps, la quasi intégralité des internationaux allemands évoluent au pays, contrairement à la France, même si cette tendance s'équilibre depuis 2006.
- L'Allemagne, qui, contrairement à nous en 1998, a parfaitement profité du Mondial organisé sur son sol en 2006, peut s'appuyer sur des infrastructures ultra modernes, notamment des stades sublimes, souvent neufs et qui feraient pâlir d'envie absolument tous les clubs français, quasiment tous les Italiens et pas mal d'Espagnols ou d'Anglais. Des enceintes conviviales, mais en même temps impressionnantes par leurs architectures fermées et leurs capacités d'accueils. La Bundesliga est aussi un championnat sain financièrement. Les pays du Golfe n'ont pas encore réussi à y percer, tout comme n'importe quel investisseur étranger, les clubs vivent de leurs revenus et rares sont ceux qui possèdent des dettes. Même le richissime Bayern dépense tous les ans l'argent qu'il gagne grâce à un stade ultra rentable, un merchandising qui devraient inspirer beaucoup de clubs français, très en retard sur ce plan, et bien sûr des résultats sportifs satisfaisants. C'est aussi en cela que le football allemand ressemble au notre, qui est certes endetté, mais très fortement en deçà des autres championnats majeurs (Angleterre, Italie, Espagne) : lorsque le fair-play financier souhaité par Platoche fonctionnera à plein - si ça arrive -, et que les clubs européens très fortement endettés seront sanctionnés, voire exploseront, ils seront ceux qui en profiteront. On a hâte de voir ça...
- Sur le plan du jeu, tout de même, et bien je ne vous surprendrais pas si je vous dis qu'on se régale de ce côté ci de la Forêt Noire. La Bundesliga est le championnat majeur le plus prolifique, et de loin, si on ne compte pas les Pays-Bas, même s'il est en baisse par rapport à ses standards habituels, avec "seulement" 2,81 buts par matches cette saison. Mais l'an passé par exemple, on a marqué en Allemagne 894 buts, soit quatre de plus qu'en France... avec 74 matches de moins ! Pourquoi une telle moisson, qui se répète année après année ? D'abord, la qualité des attaquants en Allemagne, et notamment ceux du cru. Comme en Angleterre ou en Italie, on ne chipote pas sur les attaquants quant à savoir s'ils savent défendre, s'ils sont de bons remiseurs ou s'ils sont altruistes ou pas, comme en France. Un seul critère est reconnu : l'efficacité devant le but. Et c'est ça qui a permit à l'Allemagne de remporter tant de trophées avec ses Völler, Klinsmann, Hrubesch, Gerd Müller, etc, tandis que la France se pâmait devant des attaquants romantiques mais inefficaces comme Rocheteau, Six ou Dugarry, quand de véritables buteurs comme Trezeguet ou Lacombe étaient relégués sur le banc ou mal exploités. Ensuite, il est rare qu'un attaquant qui brille en Allemagne ne réussisse pas ailleurs. Il suffit de regarder, par exemple, la réussite d'Edin Dzeko, ex Wolfsburg, à Manchester City.
Une question d'état d'esprit, aussi. Jadis en vogue en Allemagne, la défense à cinq a complètement disparu, même chez les clubs en difficulté, ce qui n'est pas le cas en France, où Arles-Avignon, et Nancy, et même Bordeaux cette année, ont tenté l'expérience, avec plus ou moins de bonheur. Surtout, le deuxième milieu défensif a tendance à disparaître, contrairement au meneur de jeu et au deuxième attaquants, quasi immuables. Le meilleur exemple est le Werder de Thomas Schaaf, qui, malgré des saisons moins réussies que d'autres, n'a jamais dérogé à son 4-4-2 en losange, ce qui lui permet d'aligner un meneur à l'ancienne et deux pointes, et à son public de très rarement s'ennuyer. Enfin, tout le monde attaque en Allemagne, et d'ici à ce qu'on voit là-bas un 0-0 célébré par des bonds de cabri par un entraîneur façon Pablo Correa...
- Et puis , y a la culture foot en Allemagne, mais là je pourrais dire la même chose de l'Espagne, de l'Italie et de l'Angleterre par rapport à la France. Les stades sont grands, et pourtant ils sont pleins, et ils sont très bruyants. Dans ces pays, il est difficile de passer pour un beauf ou un ringard si on affirme aimer le football, pas besoin de se cacher ou de changer de sujet : c'est populaire, mais c'est tendance quand même.
Bref, vive la Bundesliga ! Même si elle me fait me coucher très tard entre chaque dimanche...
A plus tard !
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