lundi 26 novembre 2012

Les buts étrangers en Europe


Salut à tous,

Comme vous le savez, j'apprécie particulièrement de découper le football en tranches grâce aux chiffres, le seul moyen totalement objectif, a priori, pour décortiquer quelque chose, et notamment un sport. Un chiffre n'a pas de club préféré, pas d'a priori, pas de fatigue oculaire, pas d'"impression visuelle"... le chiffre ne dit pas tout, mais il ne peut pas se tromper. C'est mathématique. Seul celui qui les manipule peut le faire.

Ce soir, je voudrais revenir sur la saison dernière, à travers un prisme qui, selon moi, en dis beaucoup sur le niveau, la culture et le visage de chacun des cinq grands championnats : le nombre et la nature des buts marqués par les étrangers dans leur compétition respective. Vous allez voir, c'est extrêmement parlant.

L'Afrique reine en France, ignorée en Italie

Parlons d'abord de la Ligue 1, qui se démarque par rapport à celui de ses voisins sur un point sur lequel je reviens souvent ici : l'importance des buts africains qui le caractérise, phénomène qui est complètement absent dans les quatre autres championnats. L'Afrique est
devancée par l'Europe en Allemagne et en Angleterre, et par l'Amérique du Sud et l'Europe dans les pays latins, l'Espagne et l'Italie. L'Amérique du Sud, deuxième en France, est troisième dans les pays anglo-saxons cités plus haut, et première chez les latins. Ceci présenté, on assiste déjà à la singularité de la Ligue 1 : l'an passé, il y avait 11 pays africains dans les 15 pays les plus représentés dans son classement des buteurs, contre 3 sur 17 en Allemagne, 4 sur 15 en Angleterre et en Espagne, et un seul dans les 23 premiers en Italie. En revanche, s'il n'y avait qu'un seul européen dans les 12 premiers en Ligue 1, il y en avait 11 sur 17 en Allemagne et 13 sur 20 en Angleterre. Il y avait également deux sud-américains dans les 20 premiers en France, 2 sur 19 en Allemagne, 1 sur 18 en Angleterre, contre 7 sur 12 en Espagne et 5 sur 7 en Italie !

Un petit crochet sur le taux de buts étrangers dans ces 5 pays : la France fermait la marche avec 47,8 %, derrière les deux latins, l'Espagne (50,6) et l'Italie (51,5), quand l'Allemagne (58,6) et l'Angleterre (64,9) voient une nette majorité de buteurs étrangers briller sur leurs pelouses. Difficile d'expliquer ce phénomène, une meilleure santé financière peut-être, mais c'est comme ça. En tous cas là encore, on note une fracture entre les meilleurs championnats du nord et ceux du sud, la France, malgré son originalité et ses racines latines, semblant plutôt emprunter le chemin de ceux du nord pour l'instant.

L'Argentine, évidemment

Si on additionne les buts étrangers de ces cinq grands championnats, l'Argentine l'emporte très largement : 363 buts, contre 199 pour le Brésil, son dauphin, qui devance les Pays-Bas (112) et... la France (103). Cette dernière réussit donc l'exploit d'être extrêmement bien classée alors qu'elle n'est logiquement pas représentée dans son propre championnat, comme l'Espagne, 11e avec 59 buts, l'Allemagne, 34e avec 23 buts, l'Italie, 38e avec 22 buts, et l'Angleterre, 70e avec... 4 buts, tous inscrits par le Lillois Joe Cole en Ligue 1 ! La France qui est 14e en Allemagne (13 buts), 7e en Angleterre (38), 4e en Espagne (38 également) et 9e en Italie (14). Dans le même temps, les Argentins sont 2e en France (45), comme cette saison d'ailleurs, seulement 45e en Allemagne avec 1 petit but, 2e en Angleterre (47) et largement première dans les deux championnats latins, avec 122 en Espagne (Messi oblige...) et... 148 en Italie ! La filiation entre l'Italie et l'Argentine, qui parle déjà dans les patronymes argentins, est très forte depuis un petit moment. Tout comme avec l'Uruguay.

Dans ce classement général, on notera que le Sénégal fait mieux contre le Portugal de
Ronaldo (90 contre 89 buts), les Lions étant très présents en France (28) mais aussi en Angleterre (33), alors que le Portugal ne brille quasiment qu'en Espagne (69). On note aussi les contre-performances de pays habituellement habitués à être pillés par les grands championnats, la Serbie (35), la République Tchèque (26), la Roumanie (21), la Bulgarie (16) ou la Russie qui, avec 10 petits buts, est coincée entre le Kenya (11) et la Slovénie (9). En revanche, belles performances de pays moins attendus comme l'Autriche, très présente en Allemagne évidemment (36 sur 41), le Japon, également brillante outre Rhin (24 sur 30), le Mexique (29) ou Israel (24), nouvelles cibles des recruteurs européens.

L'Allemagne européenne, l'Italie argentine

Allons par pays à présent. On a vu la Ligue 1, passons à l'Allemagne. Quatre pays européens monopolisent les quatre premières places (Pays-Bas, 51, Pologne, 38, Autriche, 36, Croatie, 35). Soit un recrutement très local, a priori. Les Européens avaient d'ailleurs marqué 330 des 513 buts européens, soit plus de 64 %, le plus gros taux des cinq championnats, devant l'Angleterre (62). La Bundesliga qui n'hésite pas à s'ouvrir pourtant au football asiatique, avec le Japon, 7e pays le plus représenté (24), la Corée du Sud (18e avec 10 buts) et l'Iran (3 buts). Si le Brésil est en difficulté à la 8e place (il est 21e en Angleterre, mais premier en France, 3e en Espagne et en Italie), l'Argentine, je l'ai dit, est quasi inexistante (1 but). En revanche, le Pérou de Pizarro, lui, est très bien placé (5e avec 28 buts), une autre tradition allemande.

Du côté anglais, là aussi les Européens sont très présents, mais doivent quand même laisser la 2e place à l'Argentine (47, comme les Pays-Bas) et au Nigeria, 5e (41). La surprise provient du vainqueur en Angleterre : l'Irlande (52 buts), qui est totalement absente des quatre autres championnats ! C'est d'ailleurs une autre caractéristique du football anglais, qui ne date d'ailleurs pas d'hier et qui a bien résisté à la folle mondialisation qui a frappé l'Angleterre, comme ses voisins : les quatre autres sujets du Royaume y marquent leurs seuls buts, à l'image de l'Irlande, donc, mais aussi l’Écosse (4e avec 46 buts), le Pays de Galles (5e avec 41) et l'Irlande du Nord (5). Ces quatre pays n'ont marqué qu'en Angleterre, un cas quasi unique, avec les 16 buts de l'Islande, également en Angleterre, ou les 22 buts gabonais et les 18 Burkinabé en Ligue 1 A noter également que les Italiens y signent leur meilleur total (13 sur 22), tout comme les Espagnols (35 sur 59) et même la France (38 sur 103, comme en Espagne). Signe que la Premier League est peut-être au-dessus des autres, c'est la seule où les ressortissants des quatre autres grands championnats y brillent, hormis l'Allemagne (3).

Passons à l'Espagne. Logiquement, les chiffres stratosphérique de Messi (50) et Ronaldo (46), uniques en Europe, influent sur le classement des pays, dominés par l'Argentine (122) et le Portugal (69). La France de Benzema y signe son meilleur classement (4e avec 38 buts), derrière le Brésil (55). Parmi les 5 pays sud-américains présents dans les 7 premiers, notons l'étonnante 6e place du Venezuela, qui marque autant que la Colombie de Falcao (26) ! Les Mexicains y sont également très présents (17 buts). Enfin, la Liga est le championnat où le moins de pays étrangers sont représentés : 30 l'an dernier, contre 38 en France, 39 en Angleterre, 52 en Allemagne et 53 en Angleterre. Les 531 buts étrangers marqués en Liga sont donc concentrés chez les trois premiers (246, soit 46,3 %, contre 31 en Ligue 1, 24,4 en Allemagne, 21 en Angleterre et... 49 en Italie).

La Serie A qui ressemble donc pas mal à la Liga, avec cependant une plus grande importance des buts argentins, on l'a vu (148), qui domine nettement son dauphin et voisin, l'Uruguay (50), et le Brésil (47). Un trio sud-américain, donc, qui ne laissait que 30 buts au quatrième, la Suède d'Ibrahimovic, qui brillait au Milan AC l'an dernier (28 buts). Le Chili (25 buts, 5e) et la Colombie (18 buts, 7e) complètent le quintet des 5 sud-américains dans les 7 premiers, comme en Espagne. Bon classement également du Monténégro (22 buts, 6e). Le niveau très très faible des buts africains choque un peu (19 buts, dont 11 pour le Ghana. On sait que les supporters racistes y ont une grande influence, notamment à la Lazio, ceci explique peut-être cela.

Voilà, j'espère vous avoir un peu éclairé ! Dites moi ce que vous en pensez !

A plus tard !

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