dimanche 10 juillet 2016

La finale des outsiders

Salut à tous,

Alors, ça fait du bien non, cette finale qui se présente à nous ce soir ? Ce n’est pas parce que je vous ai oublié ces derniers jours que je ne vais pas me fendre d'un article pour parler un peu de ce match excitant, et qui pourrait sacrer championne d'Europe la génération la plus improbable de l'histoire de l'équipe de France... et aussi du Portugal.

La défense en chantier


En effet, on a l'impression qu'on s'apprête à assister à une finale entre deux outsiders de la compétition. Alors certes, on parlait de la France comme d'un possible vainqueur, mais surtout par rapport à sa bonne Coupe du Monde 2014 et à ses résultats amicaux plutôt emballants cette année, et surtout parce qu'elle allait évoluer à domicile, ce qui n'est pas un avantage négligeable, même si aucun pays organisateur n'a remporté son Euro depuis... 1984. Depuis, la RFA en 88, la Suède en 92, l'Angleterre en 96, les Pays-Bas en 2000 et le Portugal en 2004 avaient tous atteint au moins le dernier carré, voire la finale pour les partenaires de Luis Figo et du jeune Ronaldo. Si ce n'est pas une garantie absolue de victoire, c'est en tous cas un beau marche pied pour réussir un bon tournoi. Surtout quand le calendrier est particulièrement favorable (un troisième de groupe en huitièmes, puis forcément un deuxième en quart, une semaine de repos avant les huitièmes puis les quarts...).

En revanche, on pouvait douter de sa capacité à priver l'Espagne, tenant du titre, ou l'Allemagne, championne du monde, d'un nouveau triomphe, en raison des nombreuses absences qui ont marqué les dernières semaines de sa préparation. En effet, en plus de s'être privée de son meilleur attaquant (Benzema), elle a du enregistrer les forfaits de Debuchy, Varane, Zouma et Mathieu, ainsi que de la suspension préventive - à tort, une injustice flagrante pour ce garçon qui ne méritait pas un tel sort au vu des services rendus - de Sakho. Et ça, ce n'était qu'en défense, puisqu'il manque également au milieu Lassana Diarra, qui avait mis tout le monde d'accord au poste de sentinelle... qui de toutes façons n'existe apparemment plus dans cette équipe, désormais organisée dans un 4-2-3-1 dont plus personne ne voulait entendre parler il y a seulement quelques jours.

Les Bleus sont donc partis avec un système défensif ravagé, après avoir finalement appelé en renforts Umtiti, qui était réserviste, et Rami, qui lui était en vacances, et qui a finalement entamé la compétition comme... titulaire, histoire de laisser Koscielny évoluer de son côté favori, le gauche. Et après des performances extrêmement inquiétantes sur le plan défensif, bizarrement rehaussées par une passe décisive contre l'Albanie (2-0) et une relance elle aussi décisive sur le deuxième but de Griezmann contre l'Irlande (2-1), il a du laisser sa place pour suspension en défense centrale. A qui ? A l'expérimenté Mangala, fort de ses 7 sélections, ses 30 matches de Ligue des Champions et ses 48 matches de Premier League, logiquement ? Ah non tiens, Deschamps fera finalement confiance à Umtiti, zéro sélections et 7 matches de C1 pour toute expérience internationale. Avec en plus le désavantage de faire changer Koscielny de côté. Côté pari risqué, ça se posait là.

Et pourtant, après un premier match marqué par une timidité extrême, et pas seulement dans les relances, dans les duels aussi, le futur Barcelonais, que j'imaginais mal détrôner Mascherano dans la défense de Luis Enrique, a plus qu'assuré face à l'Allemagne, il a impressionné. Intraitable dans les duels, il a surtout brillé par ses montés et la qualité de ses relances. Bref, ce total bizut du haut niveau a sorti un match exactement comme il le fallait, et même plus. Complètement improbable.

Du 4-3-3 au 4-2-3-1

D'une manière générale, la performance générale des Bleus est complètement illisible. Pendant trois ans et demi, à partir du fameux France-Ukraine de novembre 2013 (3-0), elle a évolué dans un système qui donnait satisfaction à tout le monde, du sélectionneur aux médias en passant par les joueurs, le 4-3-3. Face à l'Albanie, pour faire tourner et mettre Payet au cœur du jeu tout en faisant souffler Griezmann, Deschamps tente le 4-2-3-1 qui avait pourtant déjà échoué face à l'Albanie, un an plus tôt (0-1). Face au nouvel échec qui s'annonce, le sélectionneur repasse en 4-3-3 à la pause, la France joue mieux et fini par s'imposer (2-0). Oublié le 4-2-3-1 ? Que nenni. Face à l'Irlande, les Bleus piétinent face à une Irlande bien en place et qui mène à la pause (0-1). La Dèche repasse en 4-2-3-1 avec l'entrée de Coman, les Irlandais, qui ont eu trois jours de moins de récupération, se désagrègent défensivement, exactement comme ils l'avaient fait contre la Belgique en poule (0-3), et tout d'un coup tout le monde trouve le 4-2-3-1 génial. Allez comprendre.

Du coup, Deschamps change encore de système de départ en conservant le 4-2-3-1 de la fin du match face aux Verts, mais avec Sissoko à la place de Coman. Je ne sais pas qui a trouvé que Sissoko, avec sa technique de terrassier, ferait un bon ailier, mais apparemment il a convaincu tout le monde. En fait d'ailier, il s'agit surtout d'un second latéral qui sécurise le couloir de Sagna, qui n'était pourtant pas le plus poreux des deux... je ne sais pas si vous me suivez, même moi j'ai du mal. Rassurez vous, c'est là que les essais se terminent. Mais avouez tout de même que cette multitude changements ne respire pas la maturité tactique ni la sérénité. Mais c'est passé. A chaque fois de façon ric-rac, hormis contre l'Islande, mais il n'y a que le résultat qui compte, parait-il.

La chance tourne

C'est le point commun que la France partage avec son hôte de ce soir. Le Portugal, qui s'appuie peut-être sur sa plus faible génération sur le plan des individualités depuis 20 ans - suffit de revisionner ses matches des Euros 96, 2000 et 2004 pour s'en rendre compte -, qui s'est qualifié dans le groupe le moins difficile qui soit - Albanie, Danemark, Serbie, Arménie - et qui a franchit sa redoutable poule - Autriche, Hongrie, Islande - au prix de trois nuls et d'une troisième place miraculeuse, a bataillé ensuite pour éliminer des Croates pourtant favoris, après le pire match du tournoi sans doute (1-0 a.p.), puis une Pologne qui avait pourtant ouvert le score (1-1, 5-3 tab) et enfin des Gallois privés de leur passeur Ramsey (2-0). Un parcours du combattant qui forge un groupe, le rendant mentalement fort et presque invincible...

La Selecao qui a eu deux phases dans cet Euro. Durant les trois matches de sa poule, elle a largement dominé ses adversaires, frappant 69 fois face à l'Islande (1-1), l'Autriche (0-0 et un penalty raté par Ronaldo) et la Hongrie, qui a mené à trois reprises sur trois tirs lointains, dont deux déviés, tandis que le Portugal égalisait à chaque fois sur trois buts superbes, dont un doublé de sa star (3-3). Bref, au premier tour, le Portugal était maudit, mais il a bien appris sa leçon. A partir des huitièmes, il s'est refermé sur lui-même. Carvalho écarté en défense, au profit de Fonte puis Alves, avec la blessure de Pepe, Moutinho mis sur le banc au profit du plus obscur Adrien Silva, il ne domine plus outrageusement - et vainement - et attend patiemment la première erreur de son adversaire, avec succès à chaque fois. Bref un profil cynique, bien dans l'heure du temps, à l'époque des Mourinho et autre Simeone, et surtout qui a permit de faire tourner la chance dans le bon sens. Depuis, le Portugal n'impressionne plus personne mais se qualifie à chaque fois, en donnant l'impression que rien ne peut lui arriver.

Deux blocs soudés

Bref, deux équipes improbables, qui n'ont impressionné aucun observateur neutre, si l'on excepte la démonstration française face à l'Islande. Objectivement, hormis Griezmann et Ronaldo, et éventuellement Pogba ou Pepe, combien de joueurs de ces équipes pourraient se targuer d'être le meilleur d'Europe à son poste ? Il s'agit certes de collectifs soudés, à l'état d'esprit pour l'heure exemplaire, forgé dans la difficulté. Mais ce sont aussi deux équipes dont les défauts sautent aux yeux, la défense côté français, l'animation et l'efficacité offensive côté lusitanien, du moins jusque là (ne nous portons pas trop malheur non plus...). Deux équipes qui ont battu des équipes qui leur était indiscutablement supérieures sur le papier (l'Allemagne, qui a dominé la France tactiquement et techniquement, sans être aidée par la réussite ni les évènements, ou la Croatie pour le Portugal). Deux équipes qui ont signé des matches aux scenarii serrés et à la conclusion souvent tardive, dans un Euro il est vrai avare en scores larges.

Un match plus indécis qu'il n'y paraît. La certitude qui semble habiter à la fois les médias et l'opinion que la finale est gagnée d'avance me fait très peur, parce que c'est exactement ce qu'espèrent les Portugais : que leur hôte les sous-estime. Ronaldo, pour qui c'est peut-être la dernière chance de remporter un trophée avec son pays, ne vise rien d'autre que la victoire, et il a pris l'habitude de réaliser ses objectifs durant sa longue carrière. Cette équipe va se laisser dominer, et à mon avis il ne faudra pas beaucoup d'occasions à son buteur pour crucifier des Bleus trop confiants.

Espérons que cette jeune équipe, insouciante, un peu folle et si imprévisible, qui a eu la possession durant tout le tournoi avant de signer un match d'équipe de CFA 2 en Coupe de France face à un club pro, en demi-finale face à l'Allemagne, saura garder ses nerfs pour imposer son jeu et pourra compter, croisons les doigts, sur un nouveau grand match de sa nouvelle star, Antoine Griezmann. Ce serait le titre le plus improbable de notre histoire, encore une fois. Mais ça ne nous empêchera pas de le célébrer, s'il survient.

Allez les Bleus ! Et à lundi !


lundi 27 juin 2016

En route pour le quart !

Salut à tous !

Après un intermède suite au  match de la Suisse, que votre serviteur n'avait pas pu voir en entier et donc pas pu noter, revenons sur la performance des Bleus, hier après-midi face à des Irlandais accrocheurs mais limités, comme attendu. Des Verts qui avaient bénéficié de trois jours de récupération de moins, ce qui s'est senti à partir de l'heure de jeu. Les Bleus, étouffés et en manque de rythme (une semaine de repos, c'est pas un peu trop ?) on mis une mi temps et un changement tactique pour prendre la mesure d'Irlandais plus Italiens que Britanniques dans leur façon de gérer le temps... une victoire au final méritée, mais qui démontre que la France, dont tous les adversaires dans sa poule sont déjà rentrés chez eux, et qui n'a toujours pas rencontré un gros morceau, ne semble avoir de marge sur personne. Mais semble aussi posséder des joueurs capables également de battre n'importe qui.

Lloris (6) : Encore un match difficile à noter pour le gardien des Spurs, qui n'a pas été inactif, n'a rien pu faire sur le penalty de Brady, sur lequel il a été pris à contrepied - au passage, de nombreux penaltys sont manqués dans cet Euro, hormis contre nous... - mais qui a vécu la seconde mi-temps de loin. Étonnant de voir combien il est si mal protégé par une défense en grande difficulté, et combien il a si peu d'arrêts à effectuer finalement...

Sagna (6) : On pouvait avoir des craintes sachant qu'il n'a jamais brillé en Bleu et qu'il n'était sensé être que le remplaçant de Debuchy. Mais force est de constater que pour l'instant, Sagna réussit un Euro honnête. Lui ne fait pas d'erreur, il a plutôt bien tenu son couloir, et apporte son écot offensif, à l'image de son centre décisif pour Griezmann (58e), qui a soulagé tout le monde. Sa 5e passe décisive en Bleu, sa 2e de l'année, le troisième bilan pour un latéral droit français derrière Sagnol (12) et Thuram (7), et autant que Amoros, qui comptent tous plus de sélections que lui. Pas si mal pour quelqu'un qui n'apporte rien offensivement...

Rami (3) : Un des deux gros problèmes de la France en défense. Déjà peu rassurant depuis le début de la compétition, il a probablement sorti son plus mauvais match de la compétition. Le rappelé de la dernière heure est d'abord à l'origine de la faute de Pogba sur Long dans la surface, qui provoquera le penalty irlandais (2e), puis à l'origine du carton qui privera Kanté du quart de finale (27e). En deuxième mi-temps, ses lacunes tactiques ont encore failli coûter très cher à la son équipe, même si c'est une de ses relances qui provoque le deuxième but. Lui même suspendu pour le prochain match, sa place sera mis en balance si son remplaçant, probablement Mangala, réussit une bonne performance...

Koscielny (5) : Pas simple de devoir à la fois se coltiner des attaquants aussi accrocheurs que Long et Murphy, mais aussi de devoir couvrir et rattraper les erreurs de son partenaire dans l'axe... parfois bousculé, le Gunner a tenu bon et fait le job. Mais sa relance limitée rapporte peu à son équipe, qui peine à repartir de ses bases arrières.

Evra (4) : Aussi indispensable par son état d'esprit et son expérience qu'inquiétant par ses déficiences défensives et son inutilité offensive. Problème, pour être un leader écouté, il faut a priori être irréprochable sur le terrain, ce que le joueur de la Juve n'est clairement pas. Dommage que Deschamps n'ait pas profité du match de la Suisse pour essayer Digne... trop tard maintenant, il va falloir faire avec lui.

Kanté (5) : Son match le plus difficile de l'Euro. Peu aidé par ses partenaires qui n'évoluaient pas forcément à leur meilleure place, il a gratté beaucoup de ballons, comme à son habitude, mais a eu du mal à les bonifier dans la première relance, face au bloc irlandais. Suspendu pour le quart de finale, il manquera malgré tout clairement. Qui le remplacera, Cabaye poste pour poste ou Coman dans un 4-2-3-1 ? Voilà qui va occuper les médias pendant une semaine... et Deschamps aussi. Coman (7) qui a beaucoup apporté face à des adversaires certes fatigués, mais qu'il a su éreinter par ses dribbles et sa vitesse, sans pour autant se montrer décisif. L'ailier du Bayern a clairement dépassé Martial dans l'esprit du sélectionneur au poste de premier remplaçant offensif. Remplacé par Sissoko à la 93e.

Matuidi (6,5) : Étrangement placé côté droit, un poste inédit pour lui, pour faire place à Pogba, droitier qui apparemment ne peut pas évoluer à droite du milieu, le Parisien a logiquement eu du mal à se situer et n'a jamais pu se mettre dans le sens du jeu. Replacé à gauche après les citrons, il a pu beaucoup plus apporter, dans le pressing et la verticalité, à l'image de cette frappe à la 55e, qui a su secouer le cocotier. Toujours indispensable malgré les errements tactiques de Deschamps, qui lui demande à peu près tout et son contraire depuis le 10 juin.

Pogba (5) : Placé à son poste favori, axial gauche, comme à la Juve, il ne pouvait pas plus mal débuter son match avec cette faute idiote sur un Long pourtant pas forcément dangereux. Cette erreur de débutant plombe un match par ailleurs pas si raté que ça, loin de là. Sans doute désireux de se rattraper, il s'est montré très actif, puissant, il a créé des différences au milieu, mais n'a pas réussi à être décisif. Je veux bien qu'on ne l'aime pas, mais il faut aussi qu'on me dise qui montre autant de qualités au milieu dans ce groupe. Il lui manque juste de devenir décisif, comme Griezmann.

Griezmann (8) : Ce dernier ne réalise pas dans le jeu un Euro meilleur que Pogba, mais lui se montre décisif, et c'est ce qu'on retiendra au final. Baladé côté droit en première période, il s'était montré un peu plus actif que lors de ses premiers matches, sans réussir à briller. Replacé dans l'axe, face à une défense moins attentive, il a su faire la différence, bien servi par Sagna et Giroud. Ça fait longtemps qu'on n'a pas pu compter sur un joueur aussi décisif dans les grands matches, alors savourons, et prions pour que ça dure une ou deux semaines de plus.

Payet (5,5) : Il va pouvoir laisser la place de sauveur de la nation, qu'il occupait depuis quelques semaines, à l'attaquant de l'Atletico. Ca doit faire un moment qu'il n'avait pas traversé deux matches consécutifs sans être décisif, même s'il décale bien Sagna sur l'égalisation. Le Hammer s'est une nouvelle fois beaucoup montré mais il n'a pas toujours réussi à impulser le bon tempo à son équipe et à trouver ses attaquants dans de bonnes conditions. Ses adversaires le surveillent de plus en plus, ce qui est logique.

Giroud (5,5) : Comme d'habitude isolé dans cette équipe qui éprouve tant de difficulté dans le jeu, il a parfois manqué de promptitude et d'anticipation sur certaines situations, notamment en première mi-temps. Il n'a cette fois ci raté aucune occasion, vu qu'il n'en a pas eu à négocier. Malgré tout, son bilan est rehaussé par cette splendide remise de la tête en déséquilibre pour Griezmann sur le second but (61e), mais aussi par cette passe qui lance Griezmann, ce qui provoquera l'expulsion de Duffy (66e). Quand ils se trouvent, ce qui n'est pas aussi fréquent que ça, ces deux là peuvent faire mal. Remplacé à la 73e par Gignac (5), qui aurait pu profiter des largesses de la défense irlandaise en fin de match mais qui a tout mis à côté ou sur le poteau. Dommage.

Voilà, sur ce à plus tard !

jeudi 23 juin 2016

Place aux huitièmes !

Salut à tous,

Voilà le premier tour s'est terminé hier soir, en nous donnant enfin quelques émotions, du moins dans le groupe F, avec notamment la qualification surprise de l'Islande et le match fou - et riche en but, enfin ! - entre la Hongrie et le Portugal. Avant le début des huitièmes de finale, samedi, on va faire un petit bilan de ces 36 premiers matches. Il n'en reste plus que 15, déjà...

Un désert de buts

D'abord, revenons rapidement sur ce qui, selon moi, caractérise vraiment cette 15e édition de l'Euro : le nombre absolument lamentable de buts. On en est à 69 buts en 36, soit 1,92 par rencontre, un but toutes les 46 minutes environ. Moins d'un but par mi-temps ! Vous allez me dire que c'est ma marotte et que ça reste un détail, mais pas du tout : parmi les 14 anciennes éditions, seuls les Euros 1968 (1,4), 1980 (1,93) - les deux se déroulant en Italie, étrangement - et 1996 (2,06) s'étaient approchés de nos chiffres actuels (1,92). Mais le premier ne comportait que 4 matches, le deuxième, 14, et le troisième, 31, des diviseurs moins représentatifs. Là, on est déjà à 36 matches, et hormis hier à Lyon, donc, on n'a pas eu droit à un seul match échevelé entre deux équipes offensives, qui osent mettre un peu de côté l'obsession du bloc équipe et de la défense à outrance. Ça a sûrement choqué les adeptes d'Aimé Jacquet et de Mourinho, c'est peut-être logique que ce genre d'évènements se raréfient à l'approche des sommets, mais ça fait du bien quand même. Parce que le foot, ça reste les buts et non l'absence de buts, désolé. Personne ne va au stade en rêvant d'un duel tactique entre deux équipes bien en place.

Lors de ces troisièmes matches de poule, on a ainsi une nouvelle fois touché le fond, avec 22 buts (1,83), comme lors de la première journée. Hier soir, pour la conclusion du trépidant groupe E (10 buts en 6 matches, seul le groupe C, celui de l'Allemagne, fait pire, avec 7 buts), on a failli avoir droit à deux 0-0 pour conclure. Les 0-0 qui sont finalement assez nombreux (4, soit 11,1 %) mais qui sont devancés par les 1-1 (5), les 2-1 et les 2-0 (6) et surtout les 1-0, évidemment (10, soit 27,8 %). 69 % de matches à deux buts ou moins... on s'est régalé, avouez le. Résultat, la moitié des équipes engagées ont marqué moins de 3 buts, trois d'entre elles - toutes éliminées, dieu merci - n'ont marqué qu'une fois, et l'Ukraine, elle, n'y est jamais parvenu. Qualifiée de justesse lors des barrages, elle restera l'anonyme de cet Euro.

Les buts qui ont du mal à survenir avant la 30e minute (15,9 %), plutôt lors des quarts d'heure avant et après la pause (39,1 %) et évidemment en fin de match (28,9 %). Il vaut donc mieux être patient dans cet Euro...

Les Britanniques en force

Ils étaient déjà nombreux - 4, sur 5 au total - et les pays des iles Britanniques, dont certains étaient pourtant peu habitués à ce genre d'évènements, ont justifié leur présence en masse en se qualifiant toutes pour les huitièmes de finale. Au point que deux d'entre elles, qui disputent pourtant leur premier Euro, à savoir l'Irlande du Nord et le Pays de Galles, s'affronteront samedi au Parc des Princes pour une place en quart de finale ! Les Nord-Irlandais qui se qualifient d'extrême justesse, puisque ce sont les seuls des 16 qualifiés à passer ce tour avec 2 défaites au compteur... et les seuls, avec le Portugal, à n'avoir récolté que 3 points lors de ce premier tour. Merci au merveilleux et si lumineux système des 4 meilleurs 3es... vivement le prochain Euro.

Si ce passage à 24 équipes a permis, logiquement, d'ouvrir la porte à de nombreuses nouvelles nations, qui se sont d'ailleurs toutes bien comportées, si ce n'est au niveau du jeu, puisqu'elles ont quasiment toutes passé leur temps dans les 16 mètres à défendre en attente d'un contre, au moins au niveau des résultats, 3 des 4 bizuts ayant passé le cut (Irlande du Nord, Pays de Galles et Islande, seule l'Albanie restant à quai), il aura surtout permis aux grosses équipes d'éviter une élimination précoce. Le passage à six poules leur a évité de s'affronter prématurément, déjà, et la qualification de 16 équipes sur 24 leur a évité de trop suer pour passer au tour suivant, notamment le Portugal, troisième de sa poule derrière les terribles Hongrois et Islandais (!) et sans gagner le moindre match... du coup, tous les gros sont là.

Je dirais même plus : hormis ces mêmes lusitaniens, qui sont récompensés de leur "splendide" parcours en se retrouvant dans la partie de tableau la plus favorable, et de loin, avec pour seuls écueils leur prochain adversaire croate - la meilleure équipe de ce premier tour, selon moi, ce qui ne lui garantie rien - peut-être les Gallois de Bale en quart et éventuellement la Belgique, en demi-finale, tous les gros se retrouvent du m^me côté. La France, l'Espagne et l'Italie, qui elles se sont qualifiées avant même leur troisième match, se retrouve coincées ensemble dans le même tableau, en compagnie de l'Allemagne et de l'Angleterre... le charme des tableaux pré établis. On aura donc un finaliste surprise, face à un survivant, probablement un très gros mais qui aura du batailler pour arriver au Stade de France.

Le Real Madrid bien représenté, pas la Ligue 1

On l'a vu, on a peu de buts mais on a quand même des buteurs en forme, avec déjà deux joueurs à 3 buts - Bale et Morata - suivis de 7 joueurs à 2 buts - Lukaku, Perisic, Payet, Dzsudzsak, Ronaldo, Nani et Stancu. Par clubs, le champion d'Europe, dont la victoire en C1, aidée par un parcours clément et une victoire heureuse aux tirs aux buts, justifie pourtant pleinement son rang, puisque ses pensionnaires ont déjà inscrit 7 buts, sachant qu'il manque Benzema dans le lot. Suivent trois équipes à 3 buts, l'Inter Milan et... deux équipes turques, le Fenerbahce et Bursaspor, 11e de son championnat ! Le premier profite des deux buts du Portugais Nani, et l'autre de ceux du Hongrois Dzsudzsak et de celui du Tchèque Necid. La Toto Super Lig qui se comporte particulièrement bien, puisqu'elle se classe 4e des championnats les plus représentés, avec 9 buts, soit plus que l'Allemagne (6) et derrière l'Angleterre (17), l'Espagne (12) et l'Italie (10) !

Et le championnat de France me direz vous ? Rien, nada. Malgré 22 représentants - dont 5 gardiens -, soit le 8e contingent du lot, aucun d'entre eux n'a réussi à marquer. Ibrahimovic et Sigthorsson, malgré un temps de jeu conséquent, sont resté muets, tandis que Grosicki, Eder et surtout Batshuayi ont très peu joué... le seul joueur de Ligue 1 ayant brillé, finalement, c'est Subasic, le gardien croate, qui a stoppé le penalty de Ramos contre l'Espagne... malgré tout tout n'est pas perdu, ils sont encore 18 qualifiés pour les 8es, dont 5 gardiens, encore. A noter que dans le même temps, les championnats russes (3), suisses (2), écossais, hongrois, néerlandais, tchèques, suédois, et même chinois et qataris sont représentés dans le classement... il serait temps de rapidement réparer cette anomalie. Si c'en est bien une...

Bonne nouvelle, on a également deux passeurs à 2 unités, Hazard (Belgique) et Ramsey (Galles). L'Euro est pauvre en buts, mais le taux de buts sur passes décisives dans le jeu est très élevé (71,6 %), ce qui est un gage de qualité de jeu. Si on cumule buts et passes, Bale et Morata sont rejoints en tête des joueurs les plus décisifs par Payet, Perisic, Ronaldo (2+1) et Ramsey (1+2). Par équipe, la Croatie, l'Espagne (5+4) et le Pays de Galles (6+3) sont les équipes qui se comportent le mieux, devant la Belgique, la France et le Portugal (4+4).

Voilà, espérons que les matches à éliminations directes se montreront plus ébouriffants, mais ce n'est pas la tendance des derniers grands tournois (2,2 buts en 2014, 2,14 à l'Euro 2012...). En tous cas sur le papier ils sont alléchants. A plus tard !

jeudi 16 juin 2016

Et à la fin, Payet marque (2)

Salut à tous,

Deuxième match et deuxième victoire quasi miraculeuse pour les Bleus, qui ont encore du attendre les derniers instants pour l'emporter. Ils ont certes réussi là où, face à des oppositions du même style, ultra défensives, à la limite de la caricature, le Portugal ou l'Angleterre, par exemple, avaient échoué. Mais ils ne pourront pas toujours compter sur une erreur de marquage de l'adversaire en fin de match.

Deschamps, écoutant une nouvelle fois un peu trop les médias, avait étrangement changé un système qu'il était pourtant sensé avoir travaillé durant deux années de matches amicaux, et même avant, au bout de seulement un match moyen de son équipe, et ça a failli lui coûter cher. Comme quoi, le sélectionneur, déjà obligé d'improviser en défense suite aux nombreuses défections, semble y avoir pris goût. Son retour au 4-3-3, dès la mi temps, lui a sauvé la mise, mais il serait judicieux que face à des oppositions plus relevées, dès dimanche contre la Suisse par exemple, il limite un peu plus ses petits essais... la compétition, ça ne sert pas à ça.

Deuxième séance de notes de votre serviteur :

Lloris (5,5) : Le gardien des Spurs auraient pu prendre une semaine de vacances supplémentaire, tant il n'a rien eu à faire, ou presque, durant les deux premiers matches des Bleus. Aucun arrêt à effectuer hier soir pour l'ancien Niçois, sauvé par son poteau en début
de seconde mi-temps malgré tout. Son tournoi n'a pas encore commencé malgré une défense qui le protège moyennement, espérons qu'il garde le rythme pour la suite.

Sagna (5) : Guère secoué dans son couloir, ou Lenjani l'a laissé tranquille, le Citizen n'en a pas vraiment profité pour apporter le surnombre et aider Coman à se débarrasser de ses deux cerbères habituels. Pour lui aussi, on attend de voir - avec un peu de crainte, je l'avoue - que l'opposition se corse pour avoir un avis plus tranché.

Rami (5,5) : Encore un match où certaines de ses interventions et surtout ses relances folkloriques n'ont pas rassuré les suiveurs des Bleus pour la suite de la compétition. La menace de Sadiku était pourtant relative... au final il sauve son match - et sa note - grâce à ce centre venu d'ailleurs qui offre le but de la victoire à Griezmann, suite à un corner (1-0, 90e). Un centre comme jamais, peut-être, Sagna n'en a fait en 59 sélections...

Koscielny (5) : Peu embêté par Sadiku, l'ancien Merlu a fait le job, sans en faire trop, ou même plus. On peut lui reprocher de ne pas avoir su apporter le surnombre quand le milieu français piétinait en première période... et la relance reste son talon d'Achille.

Evra (4) : Contrairement à son collègue de l'aile droite, lui n'a pas attendu de croiser des clients dans son couloir pour sérieusement inquiéter son monde. Auteur d'une grosse faute sur Lila juste avant la pause, avec un pied à auteur du visage qui aurait pu lui valoir un rouge mais qui ne lui couta même pas un jaune (!), le Turinois a souffert, et toutes les occasions albanaises sont venues de son côté. Du mieux en deuxième, quand la menace adverse se fut éteinte, mais il partait de tellement loin...

Kanté (6) : Dans le 4-2-3-1 expérimental - et foiré - de Deschamps, il eut du mal à avoir son rendement habituel, mais gratta son écot de ballons, même s'il parut parfois isolé. Replacé en sentinelle après l'entrée de Pogba, le champion d'Angleterre fut encore plus actif, et se présenta même plusieurs fois aux avant postes pour tenter sa chance, en vain. Comme c'est parti, il va falloir du courage à ses concurrents pour lui prendre sa place. Quels concurrents, d'ailleurs ?

Matuidi (5) : Le Parisien parut encore plus perturbé par le changement tactique de son sélectionneur. Depuis combien d'années Matuidi avait-il évolué à deux en milieu défensif ? Déjà brimé tactiquement contre la Roumanie, il fut privé de ses percées habituelles pour rester bien sagement en place afin de protéger sa défense. Lorsque le milieu repassa à trois, on le vit tout de suite beaucoup plus actif, et failli offrir un but à Coman en déviant un ballon dans le surface. Imprécis, parfois brouillon, il demeure malgré tout indispensable par son état d'esprit et sa propension au dépassement de fonction. Tant qu'on le brime pas trop... le faire souffler face à la Suisse ne serait par contre pas une idée désastreuse.

Coman (5) : Le plus jeune des deux ailiers titularisé par Deschamps s'en est sorti un peu mieux que son compère de l'aile gauche, mais malgré toute sa vitesse, sa technique, ses roulettes et son talent, il ne peut pas faire de miracles. Régulièrement opposé à deux adversaires et guère aidé par Sagna, il fit quelques différences et failli même marquer juste après la pause, mais face à ce genre d'oppositions, son profil est pour moi inutile, tant il ne peut prendre de la vitesse. Son remplaçant, Griezmann (68), trouva lui la faille en fin de match (90e), après avoir été très discret encore une fois. Mais lui aussi, il demeure indispensable par son efficacité et sa dangerosité.

Payet (7,5) : Moins flamboyant que face à la Roumanie, parfois empêtré dans l'axe sur-bondé de l'Albanie, le meneur de jeu des Bleus était sensé avoir plus de choix avec ces trois attaquants qui l'entouraient avant la pause, mais ça ne s'est pas vu. Paradoxalement, c'est avec la sortie de l'un d'entre eux qu'on l'a vu plus libéré. En faux ailier, il a pu plus apporter grâce au soutien de Pogba et Matuidi. Au-dessus techniquement, il ne s'est pas montré décisif, si ce n'est son but anecdotique de la 96e minute. Mais lui aussi aura du mal à perdre sa place d'ici à la fin du tournoi...

Martial (4,5) : Les commentaires sont sévères avec le Mancunien depuis hier. Lui qui n'évoluait pas à son poste de prédilection, rappelons le, il faisait face au latéral droit titulaire de Naples, Hysaj, auteur d'un match énorme défensivement, soutenu qui plus est par Lila, latéral droit du PAS Giannina, en Grèce, et n'a guère été aidé par Evra sur le plan offensif. Il n'a donc jamais pu faire de différences, même si son entente avec Payet me parut intéressante par séquences. Remplacé dès la pause par Pogba (5), qu'on vit beaucoup, voulant manifestement se montrer, mais qui alterna le bon et le moins bon. Son jeu long reste un régal, mais il ne fait pas toujours les bons choix. A mon avis il se met trop de pression, ce qui le fait déjouer... Deschamps doit le conforter et l'inciter à jouer plus simple. On a vu malgré tout que l'Equipe de France joue mieux avec lui que sans, et qu'on n'a pas d'alternative véritable sur le banc, même si Cabaye et Schneiderlin n'ont toujours pas joué...

Giroud (4,5) : Comme face à la Roumanie, son jeu de tête avait manifestement besoin d'un petit réglage. Sauf que cette fois, il n'a pas pu faire faute sur le gardien pour marquer un but heureux et sauver son match, par ailleurs honorable sur le plan de la combativité. Mais il fut très difficilement trouvé par ses partenaires, et quand ce fut le cas, il mit tout à côté ou sur le poteau. Il n'aura pas toujours 5 occasions par matches pour marquer un but.

Voilà, à plus tard !

samedi 11 juin 2016

Et à la fin, Payet marque

Salut à tous !

Au lendemain de cette victoire des Bleus enfantée largement dans la douleur - logique pour une entrée en matière, pour une équipe relativement jeune - je vais me lancer à mon tour dans l'exercice si peu objectif de la notation des joueurs. Souhaitez moi bonne chance et soyez indulgents, merci...

Lloris (7) : Ou l'art de réussir à noter un gardien lorsqu'il n'a (quasiment) rien eu à faire. Hormis cet arrêt réflexe étonnant à bout portant face à son futur bourreau sur penalty, Stancu, dès la 4e minute - mais est-ce lui qui a sorti un grand arrêt ou est-ce l'attaquant de Gençlerbirligi qui s'est manqué ? - et ce penalty où il ne peut rien, le capitaine des Bleus n'a eu qu'à gérer quelques dégagements. Cet arrêt, qui a permit aux Français de ne pas partir d'entrée avec un lourd handicap, lui garanti malgré tout une bonne note.

Sagna (5,5) :
D'accord, ce n'est pas Dani Alves, même si on l'a parfois vu franchir la ligne médiane, au point de presque offrir un but à Griezmann en première mi-temps. Mais, même si les Roumains ont moins attaqué de son côté que de celui d'Evra, il a relativement bien
bouclé son couloir, et c'est, je crois, pourquoi Deschamps lui fait confiance. A voir maintenant face à une adversité plus relevée...

Rami (4,5) : Avec lui, on sait qu'il peut toujours se passer quelque chose, et ce n'est pas un compliment lorsqu'on parle d'un stoppeur. Malgré son expérience parmi de bons clubs des meilleurs championnats du monde (Valence, Milan, Séville...), malgré la Ligue Europa remportée cette saison, le Sévillan transpire la fébrilité et le potentiel comique de ses relances est indéniable. Du pur Rami, qui n'a pas fait d'erreur notable face à Florin Andone, le meilleur buteur de la... 2e division espagnole, mais qui, à mon avis, risque fort d'exploser en vol dès que le niveau s’élèvera. Comme en 2012.

Koscielny (5,5) : Le désormais patron défensif des Bleus, puisqu'Evra n'y parvient pas, a fait le job dans l'axe, coincé entre les lacunes tactiques de Rami et les courants d'air pris par son latéral gauche. Problème, comme lui non plus n'excelle pas dans l'art de la relance, même s'il ne se prend pas pour un autre et prends moins risque que son collègue, le ballon a eu du mal à repartir proprement. C'est là aussi que Varane manque cruellement...

Evra (3) : Le football nous réserve parfois des mystères insondables. Comment ce joueur, à 35 ans, a-t-il pu récemment prolonger avec un des meilleurs clubs du monde, la Juventus ? Comment a-t-il pu aligner plus de 10 ans dans les meilleurs clubs du monde depuis son arrivée à Manchester, en janvier 2006, avec de telles lacunes dans les duels, et un apport offensif aussi faible ? Quel est le point fort de ce joueur, hormis ses supposées qualités de leader de vestiaire ? Comme aucun autre latéral gauche n'a-t-il jamais pu le supplanter en sélection, avec un tel passif sportif et extra sportif ? En tous cas hier, Popa et Sapuranu se sont bien amusés dans son couloir, et il a concédé un penalty qui aurait pu avoir, déjà, de graves conséquences. Deschamps ne peut pas se satisfaire d'une telle performance qui déséquilibre à ce point son bloc...

Kanté (6,5) : Ce garçon, qui signait hier sa 5e sélection seulement, découvre le haut niveau depuis un an et devrait disputer son premier match de Coupe d'Europe au printemps prochain, avec Leicester ou un autre club. Un véritable rêve, qui s'est perpétué hier, avec une performance solide à un poste qu'il ne découvre pourtant que depuis deux matches. La sentinelle des Bleus a certes eu du mal, parfois, à se défaire du pressing constant des Roumains, mal épaulé par ses partenaires du milieu, mais que de ballons grattés ! Une valeur sûre, déjà.

Pogba (4,5) : Deschamps a manifestement demandé à ses deux pistons de plus défendre et donc moins attaquer pour mieux protéger sa défense si affaiblie par les absences, et ça s'est senti. Comme son partenaire parisien, il a semblé évoluer avec le frein à main. Il a parfois fallu le chercher sur le terrain pour savoir s'il était encore là, même si son jeu long, pour renverser le jeu, a souvent fait merveille et aéré un peu les débats. Dommage qu'on n'ait pas pu le voir plus sur le plan offensif, mais Zidane aussi avait été mauvais jusqu'en finale en 98...

Matuidi (5) : Même constat que son collègue turinois. Toujours aussi accrocheur, il s'est moins porté vers l'avant qu'à l'ordinaire, même s'il aurait pu marquer dès les premières minutes. Ce qui a sans doute privé ses attaquants, si isolés, de son soutien habituel. Son déchet technique lui a aussi, parfois fait perdre quelques ballons, mais il demeure indispensable dans l'état d'esprit, et on sait qu'il peut marquer à tout moment...

Griezmann (4) : Une nouvelle victime de la plaie actuelle des grands tournois, le syndrome "saison longue en Ligue des Champions". Comment peut-on espérer briller en juin quand on vient de signer 54 matches de haute lutte, entre le championnat d'Espagne et la C1, et qu'on n'a pas pu suivre la même préparation que ses partenaires à cause de la finale tardive de la Ligue des Champions ? Cette dernière vampirise les énergies des meilleurs joueurs de la planète, les performances moyennes de Messi et Ronaldo depuis 10 ans dans les grands tournois en est la meilleure preuve. Malgré sa performance fantomatique, le Madrilène aurait pu marquer deux fois avant la pause, avec un peu plus de réussite, et sûrement obtenir un 7 ou un 8. Comme quoi...

Payet (9) : Voilà un joueur qui n'a pas été embêté par les matches européens cette saison - 38 au total avec West Ham -, et ça se voit. Le seul à se dépêtrer avec une aisance folle du pressing constant des Roumains tout au long du match, à offrir des solutions à ses partenaires, à jouer verticalement. Quelle technique, quelle vista ! Où était ce Payet (29 ans) durant les 10 premières années de sa carrière ? Après ce but offert à Giroud (58e) et ce but splendide du gauche (89), l'ancien Marseillais se présente désormais comme une possible révélation de cet Euro. Dommage qu'il n'ait pas tenté plus souvent sa chance avant cet exploit, alors qu'il en a eu, selon moi, plusieurs fois l'opportunité. Il devient un habitué des buts tardifs et décisifs. Pourvu que ça dure !

Giroud (7) : Sans ce but, offert par Payet et aussi pas mal par le gardien roumain, nettement fautif sur sa sortie qui n'en était pas vraiment une, il aurait selon moi manqué son match. Peu trouvé dans le jeu, il a manqué deux têtes en première mi-temps qui auraient pu soulager son équipe plus tôt dans le match. Son abnégation est indéniable, il empile les buts depuis le printemps avec les Bleus, et son intérim de Benzema est pour l'instant parfaitement réussi, mais il ne pourra pas continuer à briller dans cet Euro sans un peu plus de soutien offensif, puisqu'il ne pourra jamais marquer tout seul. Espérons que la réussite ne le quitte pas !

Voilà, vivement la suite à présent ! A plus tard !

lundi 6 juin 2016

A l'heure de l'Euro

Salut à tous,

A quatre jours du début de l'Euro, et si on se lançait dans un petit briefing de ce qui nous attends en ce mois de juin lumineux et apaisé ?

Le nivellement par le bas

Tout d'abord, on peut constater que grâce à Michel Platini, qui a permit à quasiment un pays européen sur deux de se qualifier sur l'Euro (24 sur 54...), on va pouvoir savourer quelques belles affiches qui ne nous auraient, d'ordinaire, pas vraiment mobilisé pour les regarder à la base : Albanie-Roumanie, Slovaquie-Pays de Galles, Irlande du Nord-Pologne, Islande-Hongrie... des "affiches" entre troisièmes couteaux européens qui vont certes pouvoir prendre un peu d'expérience, mais dont la présence me fait sérieusement douter du niveau général de cet Euro. Le championnat d'Europe qu'on prétend souvent de meilleur niveau que la Coupe du Monde, à tort à mon avis, ben là c'est sûr, ça va vraiment être moins bien.

Ce genre d'affiches, d'ailleurs, vont plus souvent se répéter que ce qu'on pourrait appeler des "chocs" : à part Belgique-Italie dans le groupe E, je n'en vois aucun. Et encore, l'émergence de la Belgique est très récente, puisqu'elle n'avait plus participé à l'Euro depuis
qu'elle l'avait organisé avec les Pays-bas en 2000... en revanche, je me rappelle qu'on s'était un peu plus régalé en termes de gros matches au premier tour en 2012 : Allemagne, Portugal et Pays-Bas dans le groupe B, Espagne-Italie dans le C, Angleterre-France dans le D... ça avait une autre tronche. Merci Platoche, et bonne retraite.

Le pire, c'est que ce vaste élargissement va certes permettre à 4 pays de disputer leur 1er Euro (Galles, Irlande du Nord, Albanie et Islande), et même pour les deux derniers leur tout premier  tournoi, mais ça n'a même pas garanti à la compétition de pouvoir compter sur tous ses habitués, dont des anciens vainqueurs, les Pays-bas, le Danemark ou la Grèce, mais aussi la Serbie, l’Écosse, seule équipe des iles britanniques à ne pas avoir passé le cut... Bref, le résultat de cette réforme a certes grandement aidé Platini à se faire élire et réélire à la tête de l'UEFA grâce aux votes des petites pays, mais pas vraiment à nous promettre un mois de football de haute volée.

Et je ne vous parle pas de la conséquence directe de cet agrandissement de 16 à 24 : les 4 meilleurs troisièmes se qualifieront - ce qui permettra à des équipes ayant perdu deux fois de se qualifier avec un seul succès... - et seront versés en huitièmes selon une méthode complètement incompréhensible, quand avant les deux premiers se qualifiaient, point. Attention aux migraines, prévoyez de l'aspirine.

En même temps on risque fort de voire des buts, ce qui reste l'essentiel en football. Mais le nombre de buts ne mesure pas le niveau d'une compétition : le championnat européen le plus riche en buts est le Luxembourg (3,32), devant Malte (3,19).

La France faussement à l'abri

Commençons par le groupe A, celui de la France, et qui ne nous fait tellement pas rêver qu'il nous donne l'impression d'une formalité. Roumanie, Albanie, Suisse... ça ressemble à un groupe de qualifications - c'est le cas de toutes les poules - mais non, c'est bien une poule d'Euro. Il sera donc apparemment facile de battre à Saint-Denis la Roumanie, qui n'a encaissé que 2 buts en 10 matches éliminatoires, soit le meilleur chiffre tous groupes confondus. Alors certes, face aux terribles attaquants de l'Irlande du Nord, vainqueur du groupe, de la Hongrie, de la Finlande, des Iles Féroé et de la Grèce, bonne dernière (!), c'est une performance à relativiser, surtout qu'en trois matches préparatoires elle en a déjà encaissé 6 en 3 rencontres, dont 4 contre l'Ukraine (3-4). Mais vu qu' elle en marqué 9 dans le même temps... au final, cette équipe, menée par le jeune milieu offensif du Steaua Stanciu (23 ans, 5 sélections, 4 buts) ou l'ancien Nantais Keserü ne paie pas de mine mais les hommes de Deschamps auraient torts de se croire à l'abri.

Même chose pour l'Albanie, totalement bizut à ce niveau, et qui ne compte pour ainsi dire aucun joueur véritablement marquant. Son capitaine Lorik Cana, bientôt 33 ans, pourrait être celui là mais il sort d'une saison compliquée à Nantes. Attention tout de même à Armando Sadiku, auteur de 12 buts avec le FC Zürich et Vaduz en championnat de Suisse... plus sérieusement, les Bleus faisaient moins les malins il y a un an, lorsqu'ils concédaient une défaite assez honteuse à Elbasan (1-0), la seule de leur Histoire face à cet adversaire, qui les avait déjà tenu en échec à l'aller, en novembre 2014 à Rennes (1-1)... une chose est sure, il faudra faire mieux.

Enfin, notre plus sérieux adversaire, à priori, se nomme la Suisse. Un adversaire que nous avions certes éparpillé façon puzzle au dernier Mondial (5-2), un évènement qui se répète souvent puisque depuis juin 2004 et un premier duel déjà en notre faveur (3-1), les deux équipes se sont affrontées deux fois en Coupe du Monde (2006 et 2014) ainsi que lors des éliminatoires pour le Mondial allemand. Hormis ces deux succès déjà évoqués, les Helvètes nous ont souvent tenu en échec, deux fois lors de ces fameux éliminatoires, mais aussi en Allemagne, en 2006 (0-0). Alors certes, la Suisse ne nous a plus battu depuis un match amical en 1992 (2-1) mais elle s'est aisément qualifiée pour cet Euro, deuxième derrière une Angleterre impériale mais avec une nette avance sur la Slovénie et avec 24 buts inscrits en 10 matches, seuls les Polonais (33) et les Anglais (31) ont fait mieux. Alors attention à cette jeune équipe, emmenée par quelques talents comme Dzemaili, Xhaka, Shaqiri, Mehmedi ou Embolo...

Je ne dis pas que dans un système où vous avez deux chances sur 3 de vous qualifier la France est en danger, mais ne pas finir premier de cette poule pourrait lui poser des problèmes ensuite...

Les Gallois défient l'Angleterre

Le groupe B n'est certes pas d'un chic fo, mais paraît être un des plus relevés. L'Angleterre, meilleure équipe des éliminatoires avec un 10 sur 10 et 31 buts marqués pour seulement 3 encaissés, font figures de favoris. Alors oui, comme souvent depuis l'arrêt Bosman, rares sont ses éléments étant titulaires dans les meilleurs clubs du pays (Hart à City, Cahill à Cheslea, Carrick et Rooney à Manchester, Wilshere à Arsenal...), mais plutôt chez des "seconds couteaux" (Alli et Kane à Tottenham, Clyne, Lallana, Milner, Sturridge et Barkley à Liverpool, Vardy et Drinkwater à Leicester...). Mais sur le papier le talent est là, et le duel, samedi à Marseille avec la Russie, deuxième dans son groupe derrière l'Autriche mais devant la Suède) s'annonce être le seul écueil sur leur route pour les huitièmes. Les deux équipes qui ne se sont affrontées que deux fois, lors des éliminatoires de l'Euro 2008, avec à la clé une victoire chacun... mais les Russes peuvent compter sur une grosse génération qui brille souvent en Ligue des Champions, notamment Shatov et le buteur Dzyuba (27 ans, 1m94, 88 kilos), auteur de 30 buts cette saisons dont 6 en C1 et 7 en sélection. Un poète.

Derrière ce beau monde, deux outsiders à ne pas négliger. La Slovaquie n'est désormais plus le parent pauvre de l'ancienne Tchécoslovaquie, elle a prouvé, avec son 8e de finale lors du Mondial 2010, ainsi que lors des éliminatoires, où elle n'a terminé qu'à 5 points du leader espagnol et devant l'Ukraine, qu'elle était désormais plus que compétitive, au moins autant que les Tchèques. Son milieu offensif, Valdimir Weiss, a ainsi terminé deuxième passeur des éliminatoires, avec 6 unités. Peu de grands noms, si ce n'est Skrtel (Liverpool) mais un groupe solide. Enfin, que dire du Pays de Galles ? Qualifié directement derrière la Belgique et devant la Bosnie, il est une des grandes surprises du plateau. Hormis Gareth Bale, aucun joueur de renom, si ce n'est Ramsey (Arsenal) et Williams (Swansea)... composée de beaucoup de joueurs évoluant dans les divisions inférieures en Angleterre, l'équipe de Chris Coleman jouera son gros match - et pourquoi pas sa qualification - contre le grand ennemi anglais, le 16 à Lens. Le Pays de Galles n'a plus battu son voisin depuis 1984, et a concédé contre celui-ci 66 défaites pour 14 succès en 101 matches...

L'Allemagne grande favorite

Au sein du groupe C, derrière l'Allemagne championne du monde, qu'on imagine mal trébucher, on retrouve les deux co organisateurs du dernier Euro, la Pologne et l'Ukraine. Là encore, chez ces deux équipes, rien de génial mais du solide. Mais elles ne sont pas dénuées de talent : Lewandowski sera certes moins bien entouré qu'au Bayern, mais tous les espoirs de son pays reposeront sur lui qui a marqué 44 fois cette saison, dont 9 en C1, et qui a terminé en tête des buteurs lors des éliminatoires avec 13 buts en 10 matches ! La question est, est-ce que Grosicki, Wszolek ou Milik vont réussir à le mettre dans de bonnes conditions... chez les Ukrainiens, c'est un peu l'inverse. Particulièrement bien outillés sur les côtés, avec le duo Yarmolenko-Konoplyanka pour marquer mais aussi pour servir, les hommes de Fomenko le sont beaucoup moins en pointe, avec aucun joueur de calibre international. Troisième de son groupe de qualification derrière l'Espagne et la Slovaquie, elle a du s'arracher pour sortir la Slovénie lors des barrages (2-0, 1-1).

Pour l'Allemagne en revanche, même si l'absence de Marco Reus, comme au Brésil, posera un problème, le talent est partout. En défense (Neuer, Hummels, Boateng...), au milieu (Götze, Kroos, Özil...) et bien sûr en attaque, avec Müller ou Gomez. Alors oui, la Mannschaft n'a pas brillé depuis son sacre brésilien : qualification pas si aisée malgré la première place devant la Pologne, déjà, avec 2 défaites à la clé, en Pologne (2-0) et en Irlande (1-0), qui l'avait tenue en échec à l'aller (1-1) mais aussi une récente face à la Slovaquie, en amical (1-3). Pour se qualifier ça devrait le faire, ensuite...

Dernier membre du quatuor, l'Irlande du Nord risque fort de compter les points et d'arbitrer tout ça. Elle qui joue son premier Euro et qui n'avait plus disputé de grand tournoi depuis sa troisième et dernière Coupe du Monde, en 1986, l'Ulster ne compte, on peut le dire, sur aucun joueur connu dans son effectif, si ce n'est Jonny Evans (WBA) ou Steven Davis (Southampton). Une équipe évidemment riche en joueurs évoluant en Angleterre, dans différentes divisions, ou en Écosse, pour le buteur Josh Magennis (10 buts avec Kilmarnock). Alors oui, cette formation a terminé devant la Roumanie et la Hongrie en éliminatoires... mais c'est une des plus grosses cotes du tournoi. Et une garantie de belle ambiance dans les stades.

L'Espagne tient à son double titre

Comme l'Allemagne, la Roja, double tenante du titre, semble à l'abri de toute mésaventure dans le groupe D. Alors c'est vrai que la Croatie, la Turquie et la République Tchèque ne manquent pas de talent. Mais les premiers ne l'ont battue qu'une fois en 5 confrontations, la première, en 1994, même chose pour les Turcs dont l'unique succès face à l'Espagne remonte à 1954, quand les Tchèques, leur premier adversaire le 13 à Toulouse, n'ont encore jamais réussi cet exploit, en 4 duels... les hommes de Del Bosque qui restent certes sur un très gros échec au Brésil, mais qui n'ont pas tremblé en qualifications, avec 9 succès et un nul, et 3 buts encaissés, et comptent dans leurs rangs des éléments expérimentés (Casillas, Piqué, Ramos, Busquets, Fabregas, Iniesta, Silva...) mais aussi une nouvelle génération enthousiasmante, à l'image d'Isco, Koke, Morata ou Nolito, qui ont mis dehors le mythique Fernando Torres, buteur lors des deux dernières finales de l'Euro. Le seul point faible de cette équipe semble son gardien, si Casillas est conservé comme titulaire après sa saison médiocre avec Porto.

Les trois autres membres de ce groupe C semblent en revanche assez proches. La Croatie parait malgré tout au dessous, si l'on observe son effectif classieux : Subasic, Kovacic, Modric, Rakitic, Perisic, Kalinic, Mandzukic... de quoi pratiquer un football très chic. Seule la défense paraît en dessous chez cette équipe qui s'est qualifiée de justesse, derrière l'Italie et avec un petit point d'avance sur la Norvège. Les Turcs et les Tchèques, eux, se connaissent très bien, puisqu'ils figuraient dans le même groupe. Les seconds l'avaient emporté, devant l'Islande, tandis que la Turquie s'était qualifiée en tant que meilleur troisième grâce à un but in extremis de Selcuk Inan contre l'Islande (1-0). Lors de leurs deux confrontations, les deux équipes s'étaient toutes deux imposées à l'extérieur (1-2 en Turquie, 0-2 en République Tchèque un an plus tard). Les retrouvailles, le 21 à Lens, devraient être intéressantes. Les Slaves qui pourront compter sur un effectif expérimenté, voire vieillissant (Kadlec, Hubnik, Sivok, Plasil, Rosicky, Lafata...), malgré quelques belles promesses, notamment Krejci (23 ans), le passeur du Sparta Prague. Chez les Turcs, qui se sont privés de Erding, le plus grand talent se nomme Calhanoglu, le tireur de coup-francs de Leverkusen. Il faudra aussi surveiller l'ancien buteur de Galatasaray, désormais exilé en Chine, Burak Yilmaz, et aussi plusieurs joueurs de grande valeur comme Can (Liverpool).

Le duel belgo-italien

Si les derniers matches - peut-être - disputés par Zlatan Ibrahimovic sur le seul français, avec sa sélection de Suède, seront très certainement scrutés à la loupe, le sel du groupe E sera également dans le duel entre deux nations majeures du football européen, la Belgique et l'Italie. Certes, la Belgique, quart de finaliste du dernier mondial, ne s'était plus qualifiée sur le terrain pour un Euro depuis 1984, organisé en France également, et l'Italie est privée de plusieurs joueurs d'importance, notamment Verratti ou Montolivo, mais il s'agira tout de même d'un duel entre le 1er et le 7e pays européen au classement FIFA, qui restent sur deux victoires chacune lors de leurs quatre derniers affrontements. Finaliste de la dernière édition, l'Italie, qui reste également sur un échec au 1er tour au Brésil, est diminuée, et devra jouer un grand tournoi sans Pirlo pour la première fois depuis le Mondial 2002, mais c'est généralement dans cette position de relative faiblesse, quand on ne l'attend pas, qu'elle est la plus efficace. Et si elle manque encore d'un buteur implacable comme elle en a eu souvent dans sa riche histoire, la Squadra Azzura n'est pas pour autant démunie : El Shaarawy, Immobile, Pellé ou Zaza savent marquer des buts. Et Chiellini, Barzagli et Bonucci, devant Buffon (38 ans), savent particulièrement bien défendre.

Et que dire de la Belgique, riche d'une génération comme elle en a peut-être jamais connue ? Finaliste en 1980 en Italie contre la RFA (1-2), elle semble peut-être un peu lourde derrière, avec Alderweireld ou Vertonghen, et en l'absence de son capitaine, Kompany, mais son milieu et son attaque sont peut-être sans équivalents sur le plateau. Benteke, Lukaku ou Batshuayi, ce n'est pas mal pour choisir une pointe, qui se régalera peut-être des accélérations et des offrandes de Ferreira Carrasco, Hazard, Mertens, De Bruyne... sans parler de la présence physique de Fellaini et Witsel à la récupération et dans les deux surfaces ! Bref, si elle n'a pas brillé lors de ses matches amicaux, elle n'a pas tremblé dans son groupe de qualifications, qu'elle a remporté devant les Gallois et les Bosniens sans coups férir. Elle fait aujourd'hui partie des vrais favoris d'un tournoi qui se déroule à ses portes.

Ces deux équipes devront cependant se défaire de deux équipes piégeuses, et c'est peut-être ce qui fait de ce groupe le plus relevé, peut-être. La Suède d'Ibra bien sûr, le grand Zlatan semble seul dans cette équipe, qualifiée péniblement lors des barrages face au voisin danois (2-1, 2-2), après avoir terminé derrière l'Autriche et la Russie, mais c'est relativement trompeur : Guidetti, Larsson, Kujovic ou Ekdal sont moins connus que le désormais ex Parisien, mais il ne manquent pas de ballon. Quant aux Irlandais, troisièmes de leur groupe derrière l'Allemagne et la Pologne et devant l’Écosse, et également passés par les barrages contre la Bosnie (1-1, 2-0), elle ne compte elle aussi qu'une seule star, le vieillissant Robbie Keane (35 ans), toujours redoutable avec les Los Angeles Galaxy. Mais le latéral droit Coleman ou les ailiers McClean et McGeady seront à surveiller.

Le Portugal devra gérer l'Autriche-Hongrie

Encore une équipe dont le porte étendard semble éclipser le reste de son équipe. Le Portugal sans Ronaldo serait-il à cet Euro ? Et si oui, en serait-il un des favoris ? Très peu probable. Si Pepe, Moutinho ou Quaresma ne sont pas des inconnus, cette équipe, assez jeune, semble aussi en retrait sur le plan des individualités que prometteuse. Qualifiée devant l'Albanie, le Danemark et la Serbie, avec 7 succès et une défaite, la sélection lusitanienne s'est inclinée deux fois lors de ses duels avec la France (2-1, 1-0), et n'a marqué que 11 fois en 8 matches, dont 5 pour le buteur madrilène. Si ce dernier, comme souvent lors des grands tournois, ne brille pas et ne porte pas son équipe, elle aura du mal à exister. Même si l'opposition dans ce groupe F semble peu encline à lui barrer la route.

Que ce soit l'Autriche, la Hongrie ou l'Islande, aucune de ces 3 nations n'a jamais passé un 1er tour lors d'un Euro avec poules. Ce sera donc une première pour une ou deux de ces équipes... les deux premières, au passé commun riche et mouvementé, se sont très souvent affrontées, avec un net avantage pour les seconds, grâce à leur génération fabuleuse des années 50 (66 succès contre 40). Et l'Autriche n'a plus battu sa voisine depuis 1996, en trois matches. Elles ne se sont d'ailleurs plus rencontrées depuis 2006... la Mannschaft, aisément qualifiée devant la Russie et la Suède, qui peut compter sur de bonnes sélections de jeunes depuis plusieurs années, et quelques joueurs remarquables comme Alaba, Fuchs, champion d'Angleterre avec Leicester, Harnik, Arnautovic ou Janko. La Hongrie semble plus en retrait niveau individualités, elle qu'on n'a plus vu lors d'un Euro depuis 1972 et lors d'un Mondial depuis 30 ans. Dominée par l'Irlande du Nord et la Roumanie dans son groupe, elle a d'ailleurs du écarter la Norvège en la battant deux fois (1-0, 2-1) pour rejoindre la France. On a beau chercher dans son effectif, difficile de trouver un joueur notable pour porter son équipe plus haut, mais qui sait ?

Ce n'est cependant pas le cas de l'Islande, quatrième larron de ce groupe et évidemment bizut dans un grand tournoi. Dotée de la meilleure génération de son Histoire depuis plusieurs années maintenant, elle peut compter sur plusieurs joueurs évoluant notamment en Angleterre (Sigurdsson), en Suisse (Bjarnason), en France (Sigthorsson), en Allemagne (Finnbogason)... et pas forcément pour cirer le banc. Deuxième de son groupe derrière la République Tchèque et devant la Turquie et les Pays-bas, excusez du peu, la formation scandinave a notamment battu deux fois les Bataves (2-0, 1-0), troisièmes du dernier Mondial. Si on cherche une surprise possible dans cet Euro, mettons une petite pièce sur ces Islandais qui n'auront rien à perdre et tout à gagner.

Voilà, sur ce à plus tard !

lundi 30 mai 2016

Les chiffres de la Ligue 1

Salut à tous,

Désolé du retard mais je vais pouvoir m'atteler au bilan de cette saison de Ligue 1 palpitante... à peu près à tous les niveaux. Et qui, comme souvent, s'est conclue lors de la dernière journée, voire les dernières minutes, notamment pour le sauvetage in extremis de Toulouse et la qualification de Lille en Ligue Europa, aux dépends de Stéphanois finalement punis de leur manque d'ambition dans le jeu. Ils devront donc cravacher très tôt cet été pour rejoindre les poules européennes...

Paris explose les chiffres

D'abord, honneur au champion, désormais détenteur d'une bonne dizaine de records, rien que sur cette saison : le nombre de points (96), à domicile comme à l'extérieur (48), de victoires (30), notamment à l'extérieur (15), de buts encaissés (19), dont à l'extérieur (7), du plus grand écart avec le deuxième (31), de la plus grande différence de buts (+83), dont à l'extérieur encore (+36), la plus longue invincibilité (36), le champion le plus précoce (à 8
journées de la fin), la plus large victoire à l'extérieur de l'histoire (0-9 à Troyes)... le PSG qui échoue à 16 buts du record du nombre de buts détenus par son prédécesseur parisien dans l'élite, le Racing, en 59-60 (118 contre 102). C'est d'ailleurs la dernière fois qu'un club avait atteint la barre des 100 buts... C'est la quatrième marque de l'Histoire en France, derrière donc le Racing, mais aussi Reims la même année (109), et Lille en 1949 (102 mais en 34 matches)...

Le PSG, leader depuis la deuxième journée, signe donc son 6e titre de champion, le 4e d'affilée, ce qui le place à la 6e place derrière l'ASSE (10), Marseille (9), Nantes (8), Monaco et Lyon (7), et à égalité avec Reims et Bordeaux. Il compte dans ses rangs le meilleur buteur (Ibrahimovic, 38 buts), mais aussi les deux meilleurs passeurs dans le jeu (Di Maria, 16, et Ibra, 13). Il a mené au score durant 1659 minutes, soit plus de 43 minutes par matches, et n'a été mené que durant 151 minutes, soit pas tout à fait 4 par matches... il n'a d'ailleurs été mené d'entrée que 5 fois cette saison, pour 2 défaites et un nul. A titre indicatif, l'an passé il avait concédé le 1er but à 9 reprises (5 succès, 2 défaites) et avait été mené 9 minutes par rencontres. Des chiffres déjà énormes, et multipliés par deux cette saison...

Le symbole le plus cruel sans doute pour cette Ligue 1 étant que Paris termine avec le double de points que son meilleur ennemi, Marseille, 13e avec 48 points... là encore, c'est évidemment inédit.

Trente-et-un points derrière, Lyon finit in extremis deuxième, à égalité avec Monaco qui a pourtant occupé cette place quasiment toute la deuxième partie de saison, et qui comptait 10 points d'avance sur l'OL au soir de la 27e journée... un échec pour les Monégasques, même si ces derniers auraient terminé deuxièmes avec la victoire à 2 points. Ce qui aurait suffit au PSG, puisqu'avec ce barème il aurait réuni 66 points ! Lyon qui conserve donc sa 2e place mais avec 65 points seulement, soit 10 de moins que l'année dernière (!), le plus faible total depuis Marseille en 2006/07 (64), ce qui explique aussi l'écart avec le champion parisien. Monaco, encore troisième, fait aussi moins bien que l'an passé (65 contre 71), soit le plus mauvais total pour un troisième depuis... Lyon, en 2010/11 (64). Cela démontre un championnat extrêmement ramassé entre le 2e et le 19e (28 points), contrairement à l'an passé (45 points) ou l'année d'avant (51). D'ailleurs, depuis 10 ans, cet écart était en moyenne de 39,6 points avant cette saison...

Le PSG n'est pas le seul à avoir signé des records cette saison. Troyes, bon dernier et donc relégué, est le premier club à atteindre la trêve sans le moindre succès, et obtient le plus petit nombre de victoires de l'histoire (3), à égalité avec Reims 79, Lens 89, Nîmes 93 et Arles-Avignon 2011, sans parler de la pire défaite à domicile... les Aubois seront accompagnés par le Gazelec, au parcours plus qu'honorable compte tenu des moyens des Corses (37 points), et de Reims, qui retourne en Ligue 2 quatre ans après l'avoir quittée, et qui n'a pourtant été relégable que durant 4 journées, dont les 3 dernières... la faute aux Toulousains, qui ont figuré dans la zone rouge de la 12e à la... 37e journée, grâce à l'arrivée de Pascal Dupraz, avec qui ils ont pris 18 points lors des 10 dernières journées, soit presque la moitié de leur total final (40). Le jour de l'arrivée du technicien savoyard, le TFC comptait 10 points de retard sur les Rémois, et 6 sur le Gazelec, alors 18e. Une remontada tout simplement historique.

Niveaux buts inscrits, on a plutôt eu droit à une bonne année... pour la Ligue 1. Avec 2,53 buts par match, grâce surtout à une très bonne phase retour (2,69, contre seulement 2,36 à la trêve), on fait un peu mieux que l'an passé (2,49, soit 13 buts de plus), moins bien qu'en 2013 (2,54) mais il s'agit du 2e meilleur score depuis les 2,57 de la saison 1999/00, sachant que depuis 20 ans la moyenne est de 2,36... mais c'est aussi dans la tendance des quatre dernières saisons, qui tournaient à 2,5. Une saison avec seulement 34 0-0 (8,9 %), comme l'an passé, et 95 matches à 4 buts ou plus (25 %), contre 91 il y a un an, 8 journées à 30 buts ou plus (7 en 2014/15) et 5 sous les 20 buts (contre 4 l'année dernière), satisfaisante donc... mais qui reste nettement en deçà des championnats voisins, comme toujours. La Serie A nous devance de peu (2,58, soit 19 buts de plus), mais la Premier League (2,7), la Liga (2,74) et bien sûr la Bundesliga (2,83), en revanche, font nettement mieux.

L'Empereur Zlatan

Qui est le meilleur buteur déjà ? Difficile d'échapper au grand suédois cette saison, lui qui a signé une saison digne d'une autre époque. Le recordman de buts pour le PSG (156 buts en 4 ans, contre 109 en 5 saisons pour Pauleta) a battu le record parisien sur un exercice, détenu par Carlos Bianchi depuis 38 ans (37). Surtout, il ne lui a fallu que 31 matches, et 2552 minutes, pour inscrire ses 38 buts, soit un toutes les 67 minutes ! A noter que le recordman sur une saison, Josip Skoblar, auteur de 44 buts en 36 matches en 1970/71, tournait à un but toutes les 74 minutes... Aucun joueur n'avait atteint les 30 buts en Ligue 1 depuis... lui-même, pour sa première saison, en 2012/13 (30), et avant lui depuis Papin, en 1989/90 (30), qui était lui-même le premier depuis Bianchi à réaliser cette performance. Ce n'est donc que la 4e fois que ça arrive depuis 40 ans !

Meilleur buteur à domicile (22), à l'extérieur (16, devant Cavani, 10), meilleur ouvreur de scores (10, devant Germain, 9), dans le dernier 1/4 d'heure (9, devant Lacazette, 7), il a inscrit 27 buts du droit, 6 du gauche (seuls 4 joueurs font mieux que lui), 4 de la tête et... un de la poitrine, contre Nantes lors de la dernière journée (4-0). Tout cela lui permet donc de mettre son poursuivant, et prédécesseur au palmarès, Lacazette, à 17 unités (21), ce dernier ayant signé une très grosse phase retour (15, contre 23 pour le Suédois). Là encore, un tel écart est historique, le précédent record étant pour Papin en 1990 (+12). Il paraît que c'est parce que la Ligue 1 est facile, mais il est le seul à y parvenir donc il n'y a peut-être pas que ça...

L'année des révélations

Derrière le Parisien et le Lyonnais, Cavani signe son meilleur score dans sa carrière parisienne (19). En trois saisons contrastées, où l'Uruguayen a enchaîné les périodes euphoriques avec d'autres beaucoup plus compliquées, et souvent montré une faiblesse technique assez inquiétante, il n'a certes jamais retrouvé son efficacité napolitaine (104 buts en 3 saisons toutes compétitions confondues) mais avec 81 buts, tout de même, il est devenu le 6e buteur parisien de l'Histoire. Il devance un trio à 17 buts composé de deux joueurs plutôt attendus à ce niveau, Ben Yedder, qui signe donc sa 4e saison consécutive à 14 buts minimum et qui en a profité pour devenir le meilleur buteur toulousain de l'Histoire (63 buts), et Batshuayi, déjà auteur de 9 buts l'an passé en jouant remplaçant derrière Gignac, et qui a confirmé cette saison en doublant son score. Ils accompagnent un 3e larron plus inattendu, Ben Arfa, qui lui n'avait jamais dépassé les 6 buts en championnat depuis le début de sa carrière, sans parler du fait qu'il ne jouait pas vraiment attaquant. Belle performance du meneur niçois, qui aurait peut-être pu l'emmener à l'Euro...

Derrière ces 6 joueurs, on a pu voir émerger plusieurs joueurs qu'on n'avait encore jamais vu à pareille fête : Germain (Nice, 14), Moukandjo (Lorient, 13), Delort (Caen, 12) et bien sûr le phénomène Dembelé (Rennes, 12). Sur les 25 dernières années, on n'avait pas vu un jeune débuter aussi fort en Ligue 1 depuis Trezeguet en 1997/98 (18)... si d'autres joueurs ont amélioré leurs stats habituelles (Braithwaite, 11, Rodelin et Di Maria, 10, Lucas et Grosicki, 9...) d'autres sont restés dans leurs standards habituels (Waris, 11, Diabaté, 10, Roux, 9, Briand, 7) quand d'autres se sont révélés également (Boufal, 11, Ndoye, 9, Cornet et Ghezzal, 8). Enfin, si certains ont déçu (Rolan et Sio, 7, Sala, 6, Benzia, 5, Sigthorsson, 3), d'autres, en peu de temps, ont montré de réelles qualités en vue de la prochaine saison (Eder, 6, Beric, 3).

Les tireurs de penalties en souffrance

A noter que les milieux brillent toujours autant (37,32 %) et ont quasiment marqué autant du gauche que du droit (45 contre 43 %). Le nombre de buts d'internationaux français chute, malgré les performances de Lacazette et Ben Arfa (7,9 % contre 9,6 l'an passé). Mais Gignac et Payet sont partis et Fekir a été blessé... le nombre de buts sur coup-francs était déjà faible, il baisse encore (2,9 % contre 3,19), avec quatre joueurs seulement à 2 unités (S.Diallo, Larbi, Salibur et Lemar). Le spécialiste cette saison du penalty se nomme Fabinho (6), qui n'a raté aucune de ses tentatives. On tournait à 79 % de réussite l'an passé dans cet exercice, 73,3 l'année d'avant, cette saison on fait pire (70,9 %), même si les chiffres se sont amélioré après un début de saison cataclysmique (13 sur 26 lors des 9 premières journées). Cinq équipes (contre 7 l'an passé) ont réussi tous leurs tirs (Lorient, Nice, Lille, Troyes et Bastia) mais quatre obtiennent tout juste la moyenne et une n'y parvient pas (Rennes, 42,8 %). Monaco et Paris ont tourné à 75 %, il s'agit par ailleurs des deux équipes qui en ont obtenu le plus, avec Toulouse, qui en a raté la moitié. Bordeaux et Bastia n'en ont obtenu que deux. A noter que Ben Yedder en a raté 3 sur 5 (!), ce qui aurait pu couter cher à son club...

Félicitations également à Claudio Beauvue, dont le passage à Lyon ne fera pas date mais qui aura réussi à marquer 3 de ses 5 buts contre ses anciens clubs, 2  fois contre Troyes, son club formateur, et un contre Guingamp. Cela reste malgré tout un exercice rare (3 %, 2,97 l'an passé), même si Reims a réussi à encaisser 4 buts de ses anciens pensionnaires, Monaco et Nantes, 3. Chez les buteurs venus du banc, le Rennais Grosicki a fait la loi (6 sur 9 buts), devant 6 joueurs à 3 buts (Benrahma, Batshuayi, Camara, Lucas, Siebatcheu et Roux). C'est Rennes qui a eu le banc le plus efficace (10) devant ceux de Lyon et Paris (9), puis ceux de Reims et Sainté (8). Celui de Nantes, en revanche, a sommeillé (1), derrière ceux de Caen, Guingamp, Lille et Troyes (2).

Comme toujours, les gauchers sont nettement moins ambidextres que les droitiers. Il faut ainsi chercher les 4 buts de Ben Arfa pour trouver le premier gaucher au classement des buts du pied droit, à la 27e place, tandis que des droitiers, quant à eux, côtoient les meilleurs gauchers en tête de leur classement (Ben Yedder, 9, Ibrahimovic, 6, Batshuayi, 5, avec Ben Arfa, 13, Di Maria, 10, Ghezzal, 7...). De la tête, l'Angevin Ndoye domine les débats (5) devant 7 joueurs à 4 (Ibrahimovic, Diabaté, Rodelin, Camara, Germain, Cavani et Moukandjo). A la moyenne de buts par minute, derrière le monstre Ibra, Cavani n'est pas en reste (1 but toutes les 121 minutes), devant Lacazette (141), Diabaté, qui aurait sûrement eu une meilleure carrière sans toutes ses blessures (144), Waris (150) et Dembelé (161). A noter que Delort, porté aux nues dans les médias avec ses 12 buts, fait un peu moins bien que Lucas, pourtant raillé pour son inefficacité (261,5 contre 258,7)...

En vrac

Enfin, chez les passeurs dans le jeu, derrière les deux leaders parisiens, notons la présence du Monégasque Dirar, qui n'a pourtant pas crevé l'écran cette saison (9). Il devance Batshuayi, beaucoup plus collectif qu'on ne le décrit (8), Briand et Boudebouz, (7) et 8 joueurs à 6 passes, dont Matuidi, les Niçois Séri et Germain, ou le Nantais Thomasson. Ce dernier représente l'équipe qui a le plus marqué sur une passe dans le jeu (83,3 %), devant Guingamp (71,7) et le PSG (69,3), qui lui a cumulé 70 passes dans le jeu, soit plus que le nombre total de buts des 19 autres équipes... la moyenne générale se situant à 61,3 %. Les mauvais élèves dans ce classement se nomment Angers, spécialiste des coups de pied arrêtés (42,5), Reims (48,8) et l'ASSE (51,3). Monaco, de son côté, fait à peine mieux (53,7).

Lyon remporte pour sa part le classement dans le dernier quart d'heure, avec 10 points récupérés. Il avait fini deuxième avec 9 points de plus l'an passé, derrière Reims (10). Cette année, l'OL devance Rennes (+7) et Reims encore (+6), tandis que Toulouse parvient à se maintenir malgré 13 points égarés en fin de matches. Monaco en a perdu 7 et Lille 5. C'est Lyon qui a le plus marqué à partir de la 76e minute (25 sur 67 !) devant le PSG (20), qui lui n'en a encaissé que 4 mais qui a tout de même perdu 2 points. Le Gazelec n'a marqué que 4 fois en fin de match, tandis que Troyes et le TFC ont encaissé 17 buts. L'ESTAC qui n'a mené que durant 265 minutes, soit 7 par matches, et a été mené durant plus de 40 minutes par rencontre...

Le nombre de buts étrangers reste le même (53,18 % contre 53,8 l'an passé), hors csc. Derrière la toute puissante Afrique, qui augmente encore ses chiffres (243 contre 209), L'Europe, qui devançait déjà l'Amérique du Sud de peu ses trois dernières saisons (138/130 l'an passé, 137/118 en 2014 et 102/99 en 2013), a cette fois considérablement augmenté son avance (143/102). Il s'agit de son meilleur chiffre depuis les 144 de 2004, qu'elle doit aux 39 buts de la Suède de qui-vous-savez, ainsi qu'aux 29 buts du Portugal de Bernardo Silva (7) et Eder (6), notamment. En face, le Brésil, qui avait du céder sa sempiternelle première place l'an passé à son voisin argentin (39 contre 38), juste devant l'Uruguay (33), a cette fois réussi à dompter un Sénégal qui lui a longtemps fait la nique (44 contre 39). L'Argentine a vu son capital fondre de 10 unités (29), l'Uruguay de 7 (26).

Parmi les 5 "grands" championnats, si on compte les csc, la Ligue 1 possède le plus faible ratio de buts étrangers (51 %), avec l'Espagne, derrière l'Italie (54), l'Allemagne (59) et l'Angleterre (66 !). C'était à peu près les mêmes chiffres l'an passé (52 contre 55 pour l'Espagne, 56 pour l'Italie, 57 pour l'Allemagne et 65 pour l'Angleterre). Mais la répartition par continent est toute autre : il n'y a qu'en France ou l'Afrique domine les débats. L'Europe est très nettement en tête chez nos voisins anglais et Allemands, certes devant l'Afrique, elle est en tête de peu en Italie, devant l'Amérique du Sud, et dominée par cette dernière en Espagne. Dans tous ces pays, les joueurs français sont d'ailleurs très bien représentés (1ers en Espagne et en Angleterre, 2es en Italie, 3es en Allemagne !). Si on additionne les buts étrangers de ces 5 ligues, la France est deuxième (215) derrière l'Argentine (249) et devant le Brésil (213). Même si l'Espagne, 4e avec 209 buts, est un exemple inverse, comment s'étonner ensuite de la faiblesse de la Ligue 1 ?

Allez, je vous laisse digérer tout ça ! A plus tard !