vendredi 17 août 2012

Pas si inintéressant !


Salut à tous,

Comme promis, même avec un jour de retard, revenons sur ce premier match des Bleus en 2012-2013, et celui de Didier Deschamps, qui succède à son ami Laurent Blanc dans une indifférence quasi générale. Autant, lorsque ce dernier avait succédé à Raymond Domenech, on avait eu l'impression de l'arrivée d'un messie, du sauveur qui allait relever la France après six années terribles (juste marquées par une finale de Coupe du Monde et trois qualifications pour des grands tournois, mais peu importe), autant là on a le sentiment que les gens ont compris que ce n'était pas forcément le sélectionneur qui faisait la différence. Vous mettez Aimé Jacquet à la tête de l'Equipe de France des années 60, elle sera toujours aussi nulle. Vous mettez Domenech en 1998, il aurait aussi bien pu être champion du Monde. Du coup, après l'"échec" - qui n'en est pas un puisque, rappelons le, les Bleus ont rempli leur objectif - des Bleus à l'Euro, on se dit que quelque soit le gugusse qui prendra la relève, ça ne changera pas grand chose : sans grand joueur, on ne gagne rien. On a de très bons joueurs (Ribéry, Benzema, Cabaye, Lloris, Ménez...) mais pas encore de grands joueurs. C'est comme ça, il faut s'y faire. Ça ne veut pas dire que ça ne va pas changer... C'est même certain que ça reviendra.

On a également eu la confirmation très nette de l'inutilité quasi totale de ces matches amicaux du mois d'août. Du point de vue des spectateurs et des joueurs en tous cas. Alors que ces derniers ont, dans le meilleur des cas, un match de championnat dans les pattes, voire un ou deux matches de tour préliminaire de coupe d'Europe, ce qui exclue les joueurs étrangers (ils étaient quatre seulement au Havre), quel est l'intérêt de les faire disputer un match amical, même contre une bonne sélection et dans un stade tout neuf, en plein mois d'août entre deux journées de championnat ? Bon courage aux quatre Lillois qui ont joué avant-hier et qui remettent ça dès ce soir en championnat contre Nancy. Notamment à Mathieu Debuchy, qui s'est blessé... Rudi Garcia a du être ravi devant sa télé. Carlo Ancelotti aussi, lui qui a vu son capitaine Jallet jouer 70 minutes au lieu de 45, comme prévu. Mais le PSG ne joue "que" dimanche, lui...

Surtout, ces matches de reprise sont presque à coup sûr des bouses, que la France ne gagne presque jamais en plus. En 2011 : match nul entre la France et le Chili, à Montpellier (1-1). 2010 : le fameux match amical perdu en Norvège avec les remplaçants des remplaçants (2-1). 2009 : match de qualif pour la Coupe du Monde très difficilement gagné aux Féroés (0-1). Il faut remonter à 2008 pour retrouver la trace d'un match aoutien des Bleus intéressant, avec la victoire en Suède, sur un but de Benzema et un doublé de Govou (2-3)... une autre époque, déjà. Et c'était sous Domenech. Et on peut remonter avant pour retrouver d'autres matches de ce genre, dont le seul intérêt est de... non, en fait y a vraiment pas d'intérêt.

Oh si, allez, Deschamps a du trouver de l'intérêt quand même. Déjà, de prendre le pouls de ce groupe qui va devoir relever un challenge complètement hors de portée pour lui, à savoir devancer l'Espagne dans sa poule et ainsi éviter les barrages. Ou au moins faire un excellent parcours et se qualifier directement comme meilleur deuxième, comme la Suède, cette équipe que l'on devait battre facilement à l'Euro paraît-il, l'avait fait pour aller en Ukraine. Dans les deux cas, ça paraît vraiment compliqué, surtout qu'on a déjà vu que la Biélorussie n'était pas une équipe bidon, la Géorgie non plus, ni la Finlande d'ailleurs. Et cette fois, pas d'iles Féroés pour bien s'amuser pendant que les autres gros s'écharpent entre eux. On sera au mastic à chaque match, et il faudra se montrer autrement plus percutant et efficace que mercredi.

L'Uruguay nous a montré à quel point des blocs resserrés nous posaient problème depuis des années, et ça risque fort de se répéter lors des éliminatoires. Difficile d'imaginer la Finlande ou la Biélorussie se jeter à l'attaque au Stade de France, et on a vu à l'Euro à quel point l'Espagne défendait bien et se portait vite vers l'avant. Ce qui était intéressant dans ce match, c'était de voir des joueurs qu'on pressentait depuis un moment en Bleu et qu'on a enfin pu voir à l’œuvre. Et, hormis Mavuba, un peu, aucun d'entre eux n'a déçu. Jallet a arpenté son couloir et délivré quelques bons centres, Capoue a confirmé à la fois son impact physique et sa qualité de jeu vers l'avant, et Yanga-Mbiwa a montré, avec son collègue Mamadou Sakho, qui devait également montrer beaucoup, une connivence mais surtout une qualité de placement et d'intelligence de jeu au-dessus de la moyenne. Avec Koscielny, on peut commencer à enfin espérer en une charnière intéressante, après deux années incertaines avec Rami et Mexès, même si ce dernier n'a déçu que sur la fin. Mais il aurait été aussi intéressant de les voir à l'oeuvre face à Suarez et Cavani, plutôt que face à Abreu et aux restes d'un Forlan qui faisait peine à voir, lui qui culminait sur le toit du monde il y a seulement deux ans...

Deschamps a également ressuscité deux joueurs qui paraissaient définitivement tricards en Bleu, malgré des performances souvent intéressantes en Bleu : Mavuba et Briand. Le premier, malgré un match étonnamment timide, est le meilleur milieu défensif français depuis quelques années, quand le second, raillé pour son inaptitude à marquer des buts (14 l'an dernier, quand même, plus 8 passes décisives !), il est devenu indispensable à l'OL, et son activité et son abnégation pourraient servir beaucoup à l’Équipe de France à l'avenir. J'ai également noté l'excellent match de Franck Ribéry, qui a beaucoup provoqué à gauche, souvent avec réussite. Il a mis trois ans pour se défaire de son complexe en Bleu, mais ça parait loin derrière lui, et c'est tant mieux.

Devant en revanche, c'est toujours le désert. Même si ce n'était qu'un seul match de préparation, ceux - nombreux, un peu trop même - qui réclamaient à cor et à cri l'association entre Benzema et Giroud se sont peut-être rendu compte de l'inanité de cette tactique au haut niveau. Le 4-4-2, en championnat, ça passe, contre l'Uruguay, qui maîtrise le milieu avec ses 5 joueurs, c'est une aberration. On s'est retrouvé avec deux ailiers et deux pointes privés de ballons par l'absence d'un joueur offensif central. Si vous alignez deux milieux défensifs purs dans ce système, vous coupez vos joueurs offensifs du jeu. Ce qui a provoqué cette première mi-temps à se pendre, avec une seule vraie occasion, celle de Yanga-Mbiwa sur corner. C'est un constat simple mais qui a semble-t-il échappé à beaucoup de monde, devant l'urgence, semble-t-il, de voir enfin les deux idoles du peuple alignées côte à côte...

La deuxième période, avec un Capoue qui jouait plus vers l'avant, et surtout avec l'entrée de Gomis, tellement plus mobile et disponible que ces deux prédécesseurs, et celle de Martin, ce qui a permis à l'équipe d'évoluer en 4-2-3-1, a été nettement meilleure, vous l'aurez constaté. Toujours est-il que cette année encore, le meilleur buteur des Bleus n'est pas Benzema (2) mais Ribéry (3). le Madrilène avait déjà été devancé par Rémy l'année dernière, avec les mêmes scores. L'année n'est pas terminée... mais pour l'instant Benzema a la même moyenne de buts par match que Yannick Stopyra (0,3). Vous me direz que je fais une fixette sur Benzema et Giroud, mais c'est en réaction avec le délire collectif qui accompagne ces deux joueurs et leur présumée association fabuleuse, et le statut de star du Real du premier nommé. En deux saisons sous Blanc plus un avec Deschamps, il a joué 23 matches, dont 21 comme titulaire, et a marqué 7 fois, notamment un doublé contre l'Estonie, un but en Albanie et en Bosnie et un but contre le Luxembourg. Les deux seuls buts contre des gros, contre l'Angleterre et le Brésil, l'ont été en amical. Je suis le premier à vouloir qu'un tel joueur réussisse en Bleu, mais avouez qu'il ne m'aide pas beaucoup. Quant à Giroud, j'attends de le voir s'imposer à Arsenal - sans Van Persie, ça peut le faire, même si Podolski a de grosses qualités - et de jouer quelques matches européens avant de vraiment parler de phénomène...

On en saura plus lors du match - capital, comme les 7 qui suivront - en Finlande, en septembre. Déjà on pourra compter sur Ménez, qui aura purgé la pathétique et démagogique suspension qu'il a reçu pour, tenez-vous bien, avoir mal parlé à son capitaine. Parce que d'habitude, les joueurs se parlent toujours bien sur un terrain, ils se disent s'il vous plait et emploient l'imparfait du subjonctif. Vraiment, on marche sur la tête. Les Experts du hand ont le droit de démonter un plateau de télé parce qu'ils ont tout gagné. On voit donc bien où se situe le réel enjeu : gagner ou ne pas gagner, et ne pas bien se comporter ou pas. Zidane a eu le droit de se comporter comme une brute parce que c'était une idole. Arrêtons les de les juger pour les modèles qu'ils n'auraient jamais dû être et contentons nous de le faire sur la seule chose qui compte : le jeu, les résultats.

A plus tard !

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