mercredi 17 décembre 2014

Chapeau Titi !

Salut à tous,

Cette fin d'année 2014 est l'occasion de rendre hommage à un des cinq meilleurs joueurs français de tous les temps, j'ai nommé Thierry Henry, qui vient de prendre sa retraite, à 37 ans.

J'y vais un peu fort ? On a eu quatre joueurs sacré Ballons d'Or, et sa régularité au classement de ce dernier, à une époque où il n'avait pas encore été racheté et faussé par la FIFA, et donc qu'il avait encore un peu de valeur (quatrième en 2000, 2004 et 2005, sixième en 2002, deuxième en 2003, troisième en 2006, neuf fois classé au final...) lui confère quasiment un Ballon d'Or d'honneur, comme pour un joueur comme Maldini. Toujours classé, jamais vainqueur : il a toujours fait partie des meilleurs, mais n'a jamais été le meilleur sur une saison. Ça s'appelle la régularité au plus haut niveau, et c'est le plus dur à glaner en sport, comme ailleurs. Ceux qui l'ont devancé se nomment Figo, Zidane, Ronaldo (le vrai), Shevchenko, Ronaldinho... Le gros regret, c'est 2003 : être seulement devancé par Nedved, largement en plus (190 points contre 128)... onze ans après, ça fait mal. 2006 aussi : si la France avait gagné sa séance de tirs aux buts en finale du Mondial, Cannavaro et Buffon l'auraient-ils devancé ? La gloire ne tient à rien.

Confirmer les espoirs

Difficile d'imaginer que le gamin hirsute qui allait briller dès ses débuts avec Monaco, il y a un peu plus de 20 ans (premier match - et titularisation -  fin aout 1994 contre Nice grâce à Arsène Wenger, premier but contre Lens fin avril 1995, 8 matches et 3 buts pour sa première saison pro...) allait confirmer les attentes mises en lui à un moment où la France cherchait de nouveaux talents pour se remettre du cauchemar bulgare, et alors que Papin et Cantona étaient sur le point de passer le relais. Combien de mômes ultra talentueux ne se sont jamais remis de débuts en fanfare, de la surmédiatisation qui s'en est à chaque fois suivi, et qui n'ont jamais confirmé, gâchant des talents trop précoces ? Je pourrais vous en citer des dizaines. Lui n'a pas eu non plus en chemin linéaire. Mais ses rares échecs ont été vite oubliés et compensés par des retours encore plus impressionnants.

Lorsqu'il quitte Monaco six mois après la conquête du Mondial 98 pour la Juve, il semble monter dans une fusée qui doit l'emmener au sommet. Son seul échec en club (3 buts en 16 matches de Série A), où ses entraîneurs se nomment pourtant Marcello Lippi puis Carlo Ancelotti, qui le remplace en février, excusez du peu, qui l'oblige à répondre à l'appel de son mentor, Arsène Wenger, qui l'attire à Arsenal. Vous connaissez la suite.

Une pluie de records

En huit années à Londres, il devient le meilleur buteur de l'histoire du club (228 buts, soit 28,5 par saison...), quatre fois meilleur buteur du championnat, troisième meilleur buteur de Premier League depuis 1992... Collectivement, il ne remporte "que" deux titres (2002 et 2004), deux Community Shields, trois FA Cups et dispute la finale de la Ligue des Champions en 2006. Tournoi qu'il remportera trois ans plus tard avec Barcelone, contre Manchester United (2-0), et dont il est le meilleur buteur français de l'Histoire (51 buts).

Enfin à New York, il va s'éclater, moins marquer (35 buts en trois saisons quand même) mais toujours beaucoup passer (26 passes), lui qui n'aura jamais su se défaire de ses oripeaux d'ailier qui ont marqué son début de carrière. D'ailleurs, dans mon esprit, il a toujours plus été un "ailier fort", comme on les appelle au Basket, qu'un véritable avant-centre. Même recentré, il a toujours préféré, comme Zidane, évoluer légèrement à gauche, d'où il pouvait rentrer et armer ses fameuses frappes enroulées. Son jeu de tête était médiocre, et il ne marquait presque jamais des buts de renard dans la surface. C'était sa qualité, mais aussi son défaut : il n'avait pas le flair d'un renard des surfaces, comme souvent les joueurs de côté.

Il est également, vous le savez, le meilleur buteur des Bleus (51 buts), lui qui a été cinq fois leur meilleur scoreur annuel (2002, 2003 et de 2006 à 2008). Avec 123 sélections, seul Lilian Thuram (142) compte plus de capes que lui, et il a remporté un Euro et un Mondial, palmarès très rare en France. Bref, il figurerait certainement dans l'équipe type historique des Bleus, tout comme dans celle des années 2000 au niveau mondial.

Un cadre, pas un leader

Évidemment, les gens lui reprochaient ce qu'ils pouvaient lui reprocher, à savoir pas grand chose. Son manque de sourire après ses buts, la belle affaire, son boulard, maladie pourtant très répandue chez les sportifs (ou les artistes...) de haut niveau, et sa main contre l'Irlande en 2009, en barrages pour la Coupe du Monde 2010. Un geste qui avait permis aux Bleus d'aller en Afrique du Sud, ce qui était finalement tout sauf un cadeau. Bref un mauvais geste réflexe, qui aura presque plus marqué sa carrière, du moins en France, que tous les beaux gestes proférés en 917 matches officiels (411 buts)... Il pourra rétorquer, avec raison, qu'il a fait ça pour la France... pour son but de la main au Mexique, en 1986 contre l'Angleterre, quart de finale du Mondial s'il vous plait, Maradona est adulé en Argentine.

Et il y a eu ce Mondial 2010. A 32 ans, il a terminé la saison sur la gente avec Barcelone, qu'il va quitter pour Ney York avant même la fin de la compétition. Domenech ne veut pas l'emmener en Afrique du Sud, il insiste en lui disant qu'il s’assoirait volontiers sur le banc. Qui peut refuser un tel joker offensif ? Il n'entra en jeu que deux fois sur trois, n'influant en rien sur les matches contre l'Uruguay (0-0) et l'Afrique du Sud (1-2). Et il ne descendra pas du bus, mais qui l'a fait ? La Coupe du Monde de trop, lui qui en a gagné une et a marqué 6 fois en 17 matches dans la compétition. D'ailleurs, s'il a souvent été présent dans les grands tournois (28 matches, 6 participations), il y a moins brillé qu'en club (12 buts tout de même).

Mais il a toujours su se vendre, y compris auprès des médias qui l'ont toujours préféré à son ex partenaire en Espoirs et à Monaco, David Trezeguet. Pourtant, ce dernier a de nettement meilleurs stats que lui en sélection : 1 buts toutes les 121 minutes (contre 177 pour Henry) et 0,48 buts par match (0,41 pour Henry). Alors oui, Henry était plus complet, et il a aligné 24 passes décisives en Bleu (5 pour Trezegol). Mais Henry n'a marqué qu'un but après un quart de final dans un gros tournoi, celui en demi-finales de l'Euro 2000 contre le Portugal (2-1 a.p.). Le but vainqueur en finale, lui, fut l’œuvre de Trezeguet, et pas dégueu en plus si je me souviens bien... Pourtant, le meilleur buteur étranger de l'Histoire de la Juventus n'a été que 59 % du temps titulaire en Bleu, contre 86 % pour Henry...

Évidemment, ces deux joueurs auraient pu évoluer ensemble, dans un 4-4-2 en losange par exemple, même si ce système est relativement rare au haut niveau. Ils étaient complices sur le terrain lorsqu'ils ont gagné la Ligue 1 en 1997, l'année où ils remportent le tournoi de Toulon avec les Espoirs, après avoir gagné l'Euro des moins de 19 ans un an plus tôt contre l'Espagne... Mais il voulait être le seul en attaque, et comme souvent avec les grands buteurs, il ne supportait pas la concurrence. Demandez à Messi ou Ibra... En même temps difficile de rêver mieux comme joker offensif que Trezeguet...

Aujourd'hui les Bleus ne sont pas en manque de bon buteur international, avec Benzema, qui peut encore le rattraper s'il se presse un peu (25 buts)... mais le Madrilène ne joue pas non plus avec Zidane (qui a adressé à Henry non pas une mais deux passes décisives), Pirès, Djorkaeff... Henry est aussi tombé exactement à la bonne période, contrairement à Papin ou Cantona par exemple, qui ont fait le lien entre les générations Platini et Zidane. Ça ne fait pas tout, mais ça compte aussi, la chance, pour réussir au très haut niveau. Lui n'aura pas réussi à faire la transition avec une nouvelle grande génération, il n'aura pas su être un grand leader en Bleu comme d'autres avant lui, on l'a vu en 2008 et 2010. Mais il fut le buteur des années Zidane, et ça il fallait déjà le faire.

A plus tard !

vendredi 12 décembre 2014

Des poules fructueuses

Salut à tous,

Il est temps pour nous de faire un petit bilan de cette première phase de Ligue des Champions qui s'est achevée cette semaine.

Toujours les mêmes

D'abord, notons la bonne première phase des clubs français, qui réalisent un deux sur deux. La Ligue 1 n'avait plus eu deux représentants en huitièmes depuis 2011-12, à une époque pas si lointaine où c'était presque une formalité. Sauf que depuis, seul le PSG avait réussi à se qualifier, tandis que Montpellier et Lille, en 2012-13, puis Marseille, la saison passée, ne passaient pas le cut. En tous cas, grâce à cette bonne performance, le football français possède sur la décennie actuelle un meilleur taux de qualification (61,5 %) que sur toute son histoire en Ligue des Champions, depuis 1991 (58,8). Une paille, oui, mais une petite bonne nouvelle ne fait pas de mal de temps en temps. Mais nous restons quand même très loin depuis 2010 de l'Allemagne (88,2), l'Espagne (79), l'Italie (76,9) et l'Angleterre (75)... comme d'habitude, on est cinquième.

Les Allemands qui n'ont plus vu un de leur club éliminé en poules depuis trois ans... comme l'an passé ils signent un très impressionnant 4 sur 4, sachant qu'ils avaient également fait un 3 sur 3 en 2012-13, et que cette saison, hormis la France, aucun pays à plus d'un club n'a réalisé un sans faute. L'Espagne (Athletic Bilbao out) et l'Angleterre (Liverpool) ont fait 3 sur 4, et l'Italie (AS Rome) a fait un sur deux. Sans parler du Portugal, qui nous devance au classement UEFA depuis peu, et qui n'a qu'un qualifié sur trois (Porto, les deux clubs lisboètes restant à quai) et de la Russie, qui nous menace directement au même classement, et qui a fini avec deux éliminés sur deux (Zenith et CSKA Moscou). Deux autres bonnes nouvelles pour nos clubs... Chez les 11 pays représentés par un seul club, seuls l'Ukraine (Shakhtor) et la Suisse (FC Bâle) ont connu la réussite. C'est notamment le 4e échec sur 4 pour le Bélarus, le 6e sur 7 pour la Suède, le 22e sur 30 pour la Grèce, le 25e sur 34 pour les Pays-Bas, qui n'ont plus qualifié de clubs pour les huitièmes depuis 2006-07 (!), le 19e sur 25 pour la Turquie et le 19e sur... 20 pour la Belgique ! La nouvelle version de la C1 est décidément létale au possible pour les non représentants du fameux club des cinq "grands" championnats... Historiquement, seuls six pays tournent à plus de 50 % de réussite, les cinq cités plus haut plus la Pologne (1 sur 2, dans les années 90...)... Le Portugal tourne ainsi à 42,5 %, mais seulement 25 dans les années 2010...

Par club, Arsenal et le Real ont signé leur 12e qualification sur 12 depuis la mise en place de l'actuelle formule, en 2003, le Bayern et le Barça en sont eux à 11 sur 11, et le... Bayer Leverkusen à 4 sur 4 et Monaco à 3 sur 3. Chelsea en est désormais à 11 sur 12, tandis que le PSG, lui en est à 3 sur 4. Depuis l'instauration des poules en 1991, seul le Real (et une dizaine de clubs à une ou deux participations) a réalisé un 100 % (19 sur 19), le Bayern suivant avec 94,4 %, Chelsea à 92,3, Arsenal à 88,2 et le Barça à 85. Quand on parle d'une compétition d'habitués, on est dans le vrai.

Regardons par rapport à la saison passée. Onze clubs sur 16 (68,7 %) ont renouvelé leur ticket, dont les trois espagnols, les quatre allemands (!) et les trois Anglais, en plus du PSG ! On retrouve donc non seulement les mêmes pays en huitièmes, mais également les mêmes clubs... seul l'ambitieux club parisien parvient donc pour l'instant à se faire une petite place parmi ce qu'ont doit bien finir par appeler des sociétaires... sept clubs, soit près de la moitié, ont sont à leur troisième qualification d'affilée (Real, Bayern, Arsenal, Barcelone, PSG, Schalke et Dortmund) et quatre en sont à quatre (les quatre premiers nommés). Le taux de nouveauté en est donc réduit à sa portion congrue, et ce n'est pas fini.

Messi et Ronaldo seuls au monde

Pour l'instant la moyenne de buts est quasi la même que la saison passée (2,91 contre 2,9) mais elle baissera sûrement un peu avec les matches couperets, une tendance quasi immuable dans les grandes compétitions. Tout cela restant nettement au-dessus de la moyenne depuis 1991 (2,67), sachant qu'il faut remonter à 2009-10 pour trouver une moyenne annuelle inférieure (2,56). Les trois grands pays actuels (Allemagne, Espagne et Angleterre) tournent d'ailleurs à respectivement 1,91, 2,08 et 1,191 buts par matches cette saison, la France nettement moins (14 buts en 12 matches, merci Monaco)...

Chez les buteurs, on a assisté à l'inévitable dépassement de l'historique Raul, et ses 71 buts datant pour les derniers de 2010-11, par le duo Messi-Ronaldo, dont on savait qu'il porterait le futur record à des niveaux stratosphériques. L'Argentin (27 ans) a encore un peu de temps devant lui pour améliorer son score de 75 buts (pourquoi pas les 100 ?) tandis que son compère portugais, qui fêtera ses 30 ans dans moins de deux mois, en aura peut-être un peu moins. Mais les deux hommes, qui carburent à respectivement 9,1 et 8,6 buts sur les huit dernières saisons, ne sont à mon avis pas près de voir un jour leur score être menacé. Par Neymar peut-être ? Je ne vois pas d'autre jeune joueur actuel capable de dépasser les 80 buts en carrière dans la compétition. Mais il va devoir accélérer la cadence assez vite.

Cette saison, Messi a repris la main devant Ronaldo (8 buts contre 5), ce dernier ayant signé des chiffres hallucinants sur les deux dernières saisons (12 et surtout 17 buts l'an passé) quand l'Argentin gérait tant bien que mal son avance (deux fois huit buts). Tout cela faisant évidemment rêver les joueurs français, dont le meilleur représentant se nomme pour la quatrième année consécutive Benzema (5 buts), lui qui est le deuxième buteur tricolore de l'histoire de la compétition (41 buts) derrière Henry (50), qui est donc loin d'être à l'abri. Record pour un Français en C1 ? Trezeguet avec la Juve, en 2001-02 (8 buts). Encore un score que Benzema peut battre cette année, surtout avec ce Real Madrid... Toujours est-il que les joueurs français marquent encore très peu en C1 (5,5 % du total cette année, contre 7,7 depuis 1991). C'est un peu mieux que l'an passé (4,3) mais on ne passe plus les 6 % depuis trois ans, alors que ça n'était plus arrivé depuis 1999-00... sur les 14 buts marqués par les deux clubs français, un seul a été marqué par un français, Matuidi contre le Barça (3-2).

Mais les deux phénomènes du foot mondial sont pour l'instant devancés cette saison par Luiz Adriano, le buteur brésilien du Shakhtor qui a signé 8 de ses 9 buts lors de la double confrontation de son club contre le malheureux Bate Borisov... dont un historique quintuplé à l'aller (0-7), le deuxième seulement depuis 1991 après celui de Messi contre Leverkusen en mars 2012 (7-1). Une anomalie qui ne devrait pas perdurer... attention aux autres joueurs à cinq buts (Agüero, Cavani, Mandzukic, J.Martinez). Du beau monde. A noter les deux buts des anciens, Drogba et Ibrahimovic, qui en sont à 44 et 42 buts dans la compétition, tandis que Thomas Müller, déjà 24 buts (3 cette année) en C1 à 25 ans, est déjà bien placé.

Voilà, attendons maintenant de voir ce qui attends nos deux représentants en huitièmes... notons que Paris, qui signe un meilleur parcours (13 points) que Monaco (11) termine pourtant deuxième derrière un Barça qui a du s'employer sérieusement pour devancer les Parisiens, tandis que les Monégasques, qui n'étaient pas tête de série, profitent de l'absence d'un vrai gros dans son groupe et deux hold-up contre Leverkusen pour terminer premiers... les aléas des tirages au sort. Ca s'annonce vraiment très difficile désormais pour les double champions de France, qui vont forcément devoir sortir un exploit pour atteindre les quarts de finale pour la troisième fois consécutive...

A plus tard !

lundi 6 octobre 2014

Le PSG hors-sujet

Salut à tous,

Ça ne vous a pas échappé, si vous lisez ce post c'est que le foot vous intéresse, la Ligue 1 en particulier, donc vous avez remarqué qu'après neuf journées, soit quasiment un quart du championnat, le PSG n'est non seulement pas leader du championnat, comme prévu - mais il ne l'était pas non plus à la 18e journée de la saison 2012-13, qu'il allait pourtant remporter - mais il en est même très loin : sept points de retard, c'est un véritable gouffre, accentué artificiellement certes par la victoire à trois points - sans ce bonus idiot, l'écart serait de trois points - mais bien réel. En fait, le club parisien, pourtant troisième et invaincu, a autant de points de retard sur Marseille que d'avance sur les deux promus, Caen et Lens, 17e et 18e du championnat. Ca vous donne une idée du retard à rattraper... il va lui falloir récupérer un point à Marseille tous les quatre matches à peu près. Pas simple, vis à vis d'Olympiens qui jouent excellemment bien, qui ont de la réussite, à l'image de leur succès in extremis obtenu à Caen ce week-end (1-2), et qui, surtout, ne jouent pas de Coupe d'Europe.

Alors, qu'est-ce qui cloche chez le joujou de QSI ? Le retour tardif des Mondialistes est une excuse qui se tient, quand on sait combien les années qui suivent un grand tournoi sont compliquées à gérer pour les gros clubs en général. Thiago Silva et Lavezzi, qui étaient au Brésil, sont blessés, tandis queCabaye et Matuidi sont manifestement sur les rotules, malgré le match héroïque de ce dernier face au Barça. Les blessés : ça c'est une excuse, puisqu'elle concerne également Ibrahimovic et désormais Marquinhos, peut-être le meilleur Parisien depuis le début de la semaine. On a vu contre Monaco que Camara pouvait être une bonne roue de secours occasionnelle, mais pas pour faire de la route, et surtout pas quand le niveau de cette dernière devient difficile. Faire sans Thiago Silva et Ibrahimovic, c'est comme si tu privais le Real de Ramos et Ronaldo, ou le Barça de Mascherano et Messi. Sans les patrons défensifs et offensifs, sans des meneurs d'homme de cette trempe, ton équipe en prend forcément un coup, c'est évident.

Bien sûr, en Ligue 1 ça ne devrait pas se voir. Essayons de voir par les chiffres ce qui cloche cette saison au PSG.

Extinction des feux à l'heure de jeu

D'abord, un comble, une aberration : le PSG est la seule équipe de Ligue 1 avec Lille et Bastia à ne pas avoir marqué de but dans le dernier quart d'heure ! Rennes, Caen et Evian en ont déjà marqué 5, mais le PSG, aucun. Un quart d'heure où le PSG a déjà perdu quatre points, personne n'a fait pire, seul Montpellier faisant autant. Logique, d'ailleurs, puisque le club parisien n'a encore vu aucun de ses remplaçants marquer cette saison ! Seuls les Verts sont dans le même cas... quand on voit les joueurs présents régulièrement sur le banc, ça pose question. Le PSG, qui a autant ouvert le score que Marseille cette saison - sept fois, meilleur total de Ligue 1 - et qui n'a concédé le premier but qu'une seule fois, à Toulouse (1-1), ne l'a pourtant remporté que trois fois, soit 42,8 % du total. Dans ce domaine, là encore, seul Bastia fait pire (33,3 %).

L'an passé, les remplaçants du PSG avaient marqué 7 buts en sortant du banc, deuxième total de Ligue 1 derrière... l'ASSE (8). Paris avait récupéré 6 points dans le dernier quart d'heure, seul Monaco (10) avait fait mieux. Mais personne n'avait marqué autant que lui (21) ni si peu encaissé de buts (3, déjà 2 cette saison !). D'ailleurs, deux des trois meilleurs buteurs de Ligue 1 durant les 15 derniers minutes étaient Cavani et Ibrahimovic (6)... Le PSG avait ouvert le score 30 fois (sur 38), l'emportant 25 fois, soit 83,3 % des cas, cinquième chiffre de Ligue 1. Bref, on voit où se situe le problème : une attaque qui ne sait plus enfoncer le clou en fin de match, comme elle savait le faire depuis deux ans, et une défense qui est certes la troisième de Ligue 1 (6 buts) mais qui ne parvient pas à demeurer hermétique pour compenser les manques de l'attaque.

Le problème Cavani

Cette dernière pose vraiment question. Ibrahimovic a été phénoménal quand il a été là, sauf contre Lyon. Lucas a déjà ouvert trois fois le score - pour deux succès - et confirme ses progrès. Cavani aussi a marqué trois fois, mais pour lui c'est faible, surtout qu'il a quand même beaucoup joué là où il pense, ainsi que les médias, être le meilleur. L'Uruguayen, qui a tout de même marqué 29 fois depuis son arrivée, dont 25 l'an passé, est exaspérant de nullité dès qu'il rejoint l'axe. Il est à l'évidence tout sauf une pointe, il n'arrive pas à se démarquer, est mal placé sur les centres... alors que dès qu'il joue en faux ailier avec le grand suédois, il est tout de suite plus efficace, à défaut d'être consistant dans le jeu. Je me demande encore comment les médias peuvent sérieusement affirmer qu'il joue ailier dans cette équipe. Il joue autant ailier que Neymar à Barcelone, qui lui marque but sur but. Quand Ibrahimovic est sur le terrain, il ne cesse de dézonner et de revenir en retrait, exactement comme Messi à Barcelone, ce qui permet aux "ailiers" - en fait, deux buteurs - de venir plonger dans la surface pour profiter des espaces créés par l'absence de la star dans la surface. Vous trouvez que Cavani joue souvent ailier vous ? Regardez ses matches, et vous verrez. De toutes façons, les ailiers n'existent plus depuis belle lurette et la retraite de Pascal Vahirua...

Obnubilés par la C1

Le match exceptionnel sorti contre Barcelone pose donc la question : est-ce que le PSG n'est-il définitivement pas lancé dans un seul objectif, pourtant tellement aléatoire, la Ligue des Champions ? En recrutant moult joueurs qui, en temps ordinaire, n'auraient jamais imaginer un jour aller jouer à Guingamp ou Evian, pour qui la Ligue 1 n'aurait normalement jamais du être une option de carrière, le PSG ne s'est-il pas, à force de dominer le championnat et d'échouer à une cheveu deux fois aux portes du dernier carré de C1, coupé de sa base, en quelques sortes, de la Ligue 1 en d'autre termes ? Ce phénomène qui frappe d'ordinaire les clubs de Ligue 1 vise à vis des coupes nationales, frapperait-il un PSG dont les principaux joueurs ne rêvent que d'une chose depuis qu'ils se sont imposés dans d'immenses clubs étrangers, avant de rejoindre les bords de Seine, à savoir soulever la Coupe aux grandes oreilles ? Est-ce qu'il n'est pas impossible désormais pour eux de s'investir autant pour un match à Evian ou Rennes que pour affronter Barcelone ?

Vous me direz qu'ils n'avaient pas été fabuleux à Amsterdam, où le scenario avait été le même qu'en Ligue 1, à savoir une ouverture du score parisienne suivie d'une deuxième mi-temps difficile physiquement et une égalisation. C'est le danger qui va guetter le PSG lors de ses deux matches contre Nicosie, qui ont tout de matches terriblement piégeux : sous-estimer l'adversaire, comme il le fait en Ligue 1. Les deux éliminations au nombre de buts marqués à l'extérieur, contre Barcelone en 2013 puis Chelsea l'an dernier, ont été vécu, à juste titre, de façon tellement cruelle par ce groupe qu'il ne pense qu'a une chose : retourner en quarts et effacer ces échecs. Au risque d'oublier que pour parvenir à ce stade, il faut déjà se qualifier, et si possible en terminant premier de sa poule. Et aussi d'oublier qu'il faut déjà se qualifier pour la C1, en ne négligeant pas le championnat...

Je vous laisse, et n'hésitez pas à commenter !


mercredi 3 septembre 2014

Ou va la Ligue 1 ?

Salut à tous,

Maintenant que la Coupe du Monde est loin derrière nous, et que la nouvelle saison est entamée, j'aimerais vous donner mon point de vue sur le football français actuel.

Je trouve que concrètement, le bon parcours des Bleus au Brésil cache particulièrement bien une forêt qu'on aura vu plus luxuriante. Je reviendrais plus tard sur l'équipe nationale, qui ne m'a pas encore prouvé qu'elle avait réellement réintégré le gotha des meilleures nations européennes. A ce titre, le nouveau France-Espagne qui se profile - le quatrième en 27 mois, quel est l'intérêt ? - nous donnera de bonnes clés pour mesurer réellement son niveau actuel. Mais pour le reste, c'est extrêmement inquiétant.

Des Danois pour remplacer les stars

Étrangement, ce que je vais vous dire devrait nous inciter à l'optimisme, puisque depuis l'arrêt Bosman, les Bleus ont toujours eu leurs meilleurs résultats quand la représentation de la Ligue 1 dans ses rangs était faible. Mais aujourd'hui, c'est carrément le désert. Hormis les deux Parisiens Cabaye et Matuidi, et à un degré moindre le Lyonnais Lacazette, tous les autres évoluent à l'étranger. Pourquoi ? Parce qu'ils sont tous partis. Cette saison, en quatre journées, seulement trois internationaux français ont marqué : Gignac et Payet (Marseille) et Lacazette. Ces trois là ont marqué 8,4 % du total des buts en Ligue 1, contre 10,4 l'an passé, 10,3 l'année d'avant, 13,4 en 2011-12 et 14,5 en 2010-11. Vous me direz, c'est aussi parce que les internationaux du PSG n'ont pas encore vraiment repris après le Mondial, soit. Mais Benzema a déjà marqué avec le Real, tout comme Giroud à Arsenal. La réalité, c'est que des internationaux français en Ligue 1, il y en a quasiment plus, ou alors des anciens.

Un autre phénomène peut inquiéter, c'est la qualité des joueurs étrangers qui arrivent en Ligue 1. A une époque, le Brésil remportait presque sans forcer le classement des buteurs par pays, et avec une grosse marge. Ça n'a déjà pas été le cas l'an dernier, avec la victoire des Ivoiriens. Et cette année, combien de buts brésiliens en Ligue 1, sur un total de 98 ? Un seul, signé du Parisien Lucas. Est-ce que la Ligue 1 n'a plus les moyens de recruter des Brésiliens, qui d'ordinaire apportent toujours quelque chose ? Ou est-ce le signe de la baisse général du niveau du football brésilien, constaté avec fracas cet été au Mondial ? Je pencherais plutôt
pour la première solution. Certes, ils ont été remplacés par des Uruguayens, en plus des Argentins qui ont toujours été là. Mais la Ligue 1, sans le sou et sans solution pour compenser les sempiternels départs, s'est tournée vers des ligues assez peu affriolantes.

Premier pays au classement actuel, sans surprise, la Suède de Ibrahimovic, mais aussi de Toivonen. Deuxième pays européen, derrière les voisins du Rio de la Plata ? Le Danemark de Wass, Braithwaite et Kjaer. Aujourd'hui, la Ligue 1 recrute un peu plus européen, ce qui n'est pas plus mal, parce que là encore le football français de clubs a connu ses meilleurs résultats dans les années 90 alors que les buteurs européens étaient majoritaires. Mais il s'agissait d'Italiens (Simone, ravanelli...) ou d'Allemands (Klinsmann, Völler...). Viser les championnats scandinaves, c'est un aveu de faiblesse terrible, avec tout le respect que je dois à mes ancêtres vikings. Quels sont les autres pays européens représentés au classement des buteurs ? Turquie (Erding), Bulgarie (Berbatov)... Il y a bien des Italiens à Paris et Monaco, mais ils ne sont pas vraiment dédiés au marquage de buts. Pas d'Espagnols, pas d'Allemands (pourquoi Paris n'a pas mis les 50 millions de David Luiz sur un phénomène tel que Marco Reus ou Tony Kroos ?), pas d'Anglais, peu de Portugais...

Un niveau élevé d'amateurisme

Et que dire de la Ligue de Football ? Comment peut-elle accepter qu'un club gangréné par les dettes tel que le RC Lens intègre la Ligue 1, sur la seule promesse qu'elle va peut-être recevoir les 4 millions d'euros que son propriétaire azéri, ce qui n'a évidemment pas été le cas, alors qu'elle refuse l'accès à la Ligue 2 à Luzenac, qui a trouvé un stade aux normes, ou sur le point de l'être - ça reste l'enceinte du meilleur club de rugby français de l'histoire, habitué aux visites fortement alcoolisées de supporters britanniques toute l'année... -, et alors que l'AC Ajaccio, il y a une petite dizaine d'années, avait intégré la Ligue 1 avec un stade pas aux normes du tout, ce qui lui coûtait 25 % de son budget en amendes ? Qu'est-ce qui a changé ? Il faut avoir la carte pour rentrer ? Les bonnes chaussures ? La Ligue se couvre de ridicule et de honte avec cette affaire, passe pour un médiocre club de riches exclusifs. Pourquoi n'avoir pas laissé sa chance à Luzenac, et repêché Châteauroux avant même d'avoir les conclusions du CNOSF ? Sur ce coup, je me demande qui est le plus amateur des deux...

Et que dire du cas de Lens, encore, et de Caen, qui n'évoluent pas dans leur stade ? Dans quel pays cela arrive-t-il ? Pourquoi le Racing doit-il jouer son maintien cette saison dans un stade deux fois plus petit et situé à 70 kilomètres (122 par la route) pour cause de travaux à Bollaert, alors que Saint-Étienne, Marseille ou Toulouse, eux, n'ont eu aucun problème pour évoluer dans leurs propres enceintes durant les travaux de leurs stades ? Les grues ne sont pas munies de roues à Lens ? Les gravats sont stockés sur la pelouse ? Et Caen, qui doit évoluer en ce début de saison au Mans, située à 137 kilomètres (!) de Michel d'Ornano, pour cause de... Mondial équestre organisé dans la cité normande ? Non mais où a-t-on déjà vu ça ? Il n'y avait aucun autre endroit pour organiser cet évènement ? Je ne sais pas moi, un hippodrome par exemple ? N'importe quoi, sauf le seul stade professionnel manifestement disponible pour permettre à un des autres clubs promus de pouvoir jouer son maintien dans de bonnes conditions ! Et si un jour la Mairie de Marseille veut organiser le Mondial de pétanque au Vélodrome, ça se passe comment ? Sérieusement, comment peut-on tolérer un tel niveau d'amateurisme dans un des soit-disant cinq grands championnats d'Europe ?

Dans le top sept

Justement, parlons-en. Tout cela explique sans problème la sévère chute que notre football de club subit actuellement sur le plan européen. Il va être vite temps d'arrêter de compter la Ligue 1 dans la liste des "cinq grands championnats". Le cinquième grand championnat, c'est l'Italie, et le quatrième, c'est le Portugal. Et nous, on est sixième ? Ah non, la Russie vient de nous passer devant. Si on n'effectue pas une meilleure saison que les Russes, on perdra notre troisième place en C1, et un seul de nos représentants sera directement qualifié pour les phases de poule. Et vous savez quoi ? C'est complètement mérité. Si le classement FIFA est une escroquerie, le coefficient UEFA, lui, est clair et objectif : le nombre de points pris par un pays divisé par le nombre de clubs alignés. Limpide, et implacable.

Hormis le PSG, qui évolue sur une autre planète, aucun club français ne s'est qualifié pour les huitièmes de finale de la C1 depuis 2012, où Marseille et Lyon avaient quitté la compétition à ce niveau précisément, éliminés par l'Inter et... l'APOEL Nicosie, prochain adversaire du PSG en poules cette année. Depuis, combien de points ont pris Montpellier et Lille, l'année suivante, et Marseille, l'an passé ? Deux, trois et zéro, et une victoire acquise en 18 matches. Et après, on voudrait encore avoir trois représentants en C1 ? Mais sur quel argument sportif objectif ? On n'a clairement plus les moyens d'avoir un troisième club, qui de toutes façons, depuis deux saisons, ne passe plus les barrages, un autre signe que la marche est devenue clairement trop élevée pour les clubs français. Mais même le deuxième strapontin est franchement sujet à caution. Certes, Marseille avait eu un groupe ardu, mais quand même, zéro point ? Sérieusement ? Arsenal, Naples, Dortmund, c'est difficile, mais ce n'était pas non plus le Real, la Juve et le Bayern ! Il y avait de quoi prendre une poignée de points quand même, pour un des meilleurs clubs français, non ? C'était Marseille là, pas Valenciennes !

Les terreurs roumaines ou danoises

Le problème c'est qu'aujourd'hui, on l'a vu ces deux dernières années en Ligue Europa, on peut trembler contre la moitié des pays du continent. Les Verts affrontent l'an passé en barrages Esbjerg, qui venait de vendre son meilleur buteur Braithwaite au TFC ? Éliminé. Dans le même temps, Nice affronte l'Apollon Limassol, autre terreur du championnat chypriote ? Éliminé aussi. Bordeaux se retrouve dans sa poule avec le Maccabi Tel Aviv et l'Apoel Nicosie, encore eux. Bilan contre ces deux équipes, en plus des deux défaites contre Francfort, futur 13e de Bundesliga ? Un succès, trois défaites. Cette année, retour des Verts en barrages de la C3, on leur propose le bizut  et repêché Karabukspor, septième du dernier championnat turc. Bilan ? Une qualification arrachée aux forceps, aux tirs aux buts après une défaite à l'aller (1-0), et des démonstrations de joie quelque peu... indécentes,
compte-tenu de la performance très relative des hommes de Galtier face à un adversaire de cinquième zone. Et ce n'était qu'une qualif pour les poules ! Quant à l'élimination de Lyon, face aux terribles roumains d'Astra Giurgiu... comment dire... sans commentaires.

Voilà où en est le football de clubs en France, à trembler face aux Roumains, aux Danois, aux Chypriotes... et si le PSG se plantait cette année, et ne se qualifiait pas ? Ça peut arriver à tout le monde, c'est bien le cas de City depuis des années... qui va prendre la relève ? Si encore ces "accidents" restaient des accidents, c'est-à-dire rares, isolés... mais c'est devenu la règle depuis deux ans. La saison passée, les clubs français ont cumulé 14 succès européens, contre... 21 défaites. Avec 0,8 points par matches (à la victoire à deux points), c'est le pire bilan de la Ligue 1 depuis 1988-89. Dans les années 2010, on tournait à 0,97 points par matches, contre 1,13 dans les années 2000, pourtant pas vraiment un bon cru, et 1,24 dans les années 90, la meilleure décennie pour les Français, juste derrière les années 50, où il n'y avait que la C1 (1,25). Cette année, alors qu'on n'a disputé que des matches de barrage, on en est déjà à deux succès pour quatre défaites, et on s'apprête à envoyer Guingamp affronter la Fiorentina, Minsk et Salonique. Vous la sentez la catastrophe arriver ou pas ?

La Ligue 1 en Ligue 2

Dans ces conditions de décrépitude extrême, où des clubs comme Lyon sont contraints de faire jouer des joueurs qui ont à peine le niveau présumé de la Ligue 1 (Tolisso, Koné, Ghezzal...), où seul Marseille semble ne pas s'être vraiment affaibli malgré la perte d'un international en titre, Valbuena, comment s'étonner de notre chute sur le plan européen ? Valbuena, tient, comme ceux qui partent au Portugal (Aboubakar), par exemple... des destinations qui n'en étaient pas auparavant. Mais ces championnats sont devant nous à présent, et il va être temps d'arrêter de se pincer le nez quand il s'agit de parler de championnats performants sur le plan européen. Regardez l'effectif du Dinamo Moscou, et vous rigolerez moins. Que des internationaux russes (Zhirkov, Denisov, Kokorin, buteur au Mondial...), Kevin Kuranyi, un Brésilien, un international équatorien (Noboa) et maintenant un Français, sans parler de l'excellent ailier hongrois Dzsudzsak. Je peux vous dire que si ça ne fait pas autant rêver qu'un bon club espagnol ou Anglais, ça reste mieux que Marseille, aujourd'hui, désolé. C'est plus riche ? Mais Marseille et Rennes n'ont pas des milliardaires à leurs têtes depuis dix ans ?

Tout cela expliquant aisément le faible nombre de joueurs de Ligue 1 évoluant en Bleu aujourd'hui, et je dirais heureusement pour les Bleus. Mais là encore, l'honnête parcours de notre équipe au Brésil ne nous garantit pas pour autant un avenir proche radieux. D'abord, il va falloir se priver des rares joueurs de haut niveau qui ont pris leur retraite cet été. Si Nasri n'a, il est vrai, jamais vraiment pesé en Bleu, ce n'est pas le cas de Franck Ribéry, homme de base de la qualification pour ce Mondial, meilleur buteur ET passeur des Bleus en 2012 et 2013, et qui, je trouve, a manqué aux Bleus au Brésil. Il faut vraiment être de mauvaise foi pour considérer que Griezmann (0 but, 0 passe) a remplacé efficacement le Bavarois à ce poste de milieu gauche, quand ce n'était pas Benzema qui l'occupait. Le nouveau joueur de l'Atletico représente un des plus sérieux joueur d'avenir, mais en dehors de buts contre la Jamaïque et le Paraguay en amical, il n'a pas encore fait assez pour être considéré comme indispensable... enfin selon moi. Si en défense on a ce qu'il faut pour voir venir, je trouve qu'offensivement, malgré la démonstration contre la Suisse, on est un peu juste, notamment au niveau du nombre. Nos solutions de rechanges à Valbuena et Griezmann ? Lacazette, Rémy, Payet... pas vraiment des pointures mondiales à leur poste. Du moins, pas encore, pour le premier, qui sait. Ce que je veux dire, c'est qu'on est encore loin des tous meilleurs, je trouve. On en est pas loin, mais pas encore. Reste que c'est la seule satisfaction française actuelle, donc...

Reste à espérer de bons résultats en C1 de Paris et d'un Monaco qui n'a plus rien à voir avec la machine de l'an passé après les départs de Rodriguez et Falcao, et de Lille, Sainté et Guingamp en C3. On croise les doigts... et on en reparle en fin de saison. Ou nettement avant...

A plus tard !

samedi 5 juillet 2014

Pas encore prêts, les Bleus

Salut à tous,

Au terme de l'aventure française dans cette excellente Coupe du Monde, revenons un peu sur le parcours de cette Équipe de France toujours en reconstruction, et qui a fait mieux que réussir son objectif, à savoir parvenir en quart de finale, puisqu'elle a également séduit par instant la planète football. Et ça, même en 98 ou en 2006, on n'y était pas parvenu, seulement en 84 et en 2000.

Trop forte, l'Allemagne

Ce match face à une Allemagne tellement plus sûre de ses forces, tellement plus expérimentée - les joueurs allemands comptaient en moyenne au coup d'envoi 47,2 matches de Ligue des Champions et 64,4 sélections, contre 29,8 matches de LdC et 33,4 sélections pour les Bleus - et plus forte techniquement, plus habituée aussi - elle n'a plus ratée une demi-finale d'un grand tournoi depuis l'Euro 2004... - était, au fond, joué d'avance. Certes, on pourra reprocher à notre équipe de ne pas avoir su bousculer cette équipe, de ne pas avoir pu ou su emballer ce match avec notre jeunesse. Mais face à une Allemagne qui a frappé presque deux fois moins au but que nous, que pouvions nous lui opposer ? Oui, notre meilleur atout offensif, en l'absence de Franck Ribéry, a échoué devant le but, mais Karim Benzema a tout de même eu l'occasion ultime d'égaliser, sans réussite. Combien de tirs la Mannschaft a-t-elle cadré ? Six fois, contre 9 pour nous. On a eu la même possession (50 %), autant de passes réussies (376 à 378), plus de centres (24 à 14), plus de corners (5 à 3)... plus de ballons perdus aussi (86 à 79). mais autant de déchet dans les passes (74 % à 73). Alors, où peut-on dire qu'on a échoué, dans quel domaine ? L'efficacité. L'Allemagne a-t-elle fait un grand match ? Loin de là. Où pouvait-on lire que les Allemands avaient changé, qu'ils étaient moins froids et calculateurs qu'avant, au point d'étirer un palmarès vierge depuis 1996 ? Partout. Ça s'est joué sur un coup de pied arrêté, un duel gagné, une tête bien placée, point. L'expérience.

On pourra sortir toutes les raisons que l'on veut, que Benzema a perdu sa baguette magique, qu'on n'a pas sur percuter - et là, Ribéry a clairement manqué, au moins sur ce match - que notre charnière centrale a fait son âge cette fois - 22,5 ans de moyenne - que nos latéraux n'ont pas réussi à apporter leur écot habituel, que Matuidi a fait son nombre de matches cette saison - 66 matches, 4864 minutes - etc. Mais la réalité, c'est qu'il s'agit d'une équipe qui se construit encore, et qui évolue dans cette configuration - plutôt satisfaisante, à mon avis - depuis à peine six mois, et le retour contre l'Ukraine (3-0). Il y a deux ans, après l'élimination face à l'Espagne lors de l'Euro 2012, je parlais déjà, ici, d'une équipe en chantier, et de joueurs sur lesquels le successeur de Laurent Blanc, à qui je collais un costard justifié, allait pouvoir s'appuyer pour préparer la Coupe du Monde : Lloris, Debuchy, Cabaye, M'Vila, Koscielny, Clichy, Ribéry, Benzema, mais aussi Matuidi et Ménez, Martin, Valbuena, Giroud, Yanga Mbiwa... à quelques exceptions près, je n'étais pas loin quand même.

Un gros potentiel

Même chose cette année, en vue de l'Euro 2016, sur notre sol. Normalement, hormis peut-être Evra et éventuellement Valbuena, qui ira sur ses 32 ans, sans parler de Ribéry, toute l'équipe présente au Maracana hier devrait être sur le pont dans deux ans. Même chose pour les remplaçants, Ruffier, Koscielny, Mangala, Digne, Cabella, éventuellement Schneiderlin et même, qui sait, mon ami Giroud. Sissoko aussi, vu que Deschamps semble fan... Sans parler des absents, Grenier, Lacazette, Kondogbia... bref, il y a du potentiel dans cette équipe, et quand elle aura accumulé une quinzaine de sélections supplémentaire et autant de matches de Ligue des Champions, la plus relevée des compétitions au monde, elle pourra peut-être espérer concurrencer des équipes comme l'Allemagne. Une équipe ne se décrète pas dans des éditos laudateurs dans l’Équipe, ni dans des sondages aux questions dirigées. Elle se construit avec le temps, avec patience, après des échecs souvent douloureux. On avait une belle équipe, comme la Colombie, mais pas une grande équipe. Le haut niveau, ça demande plus que ça.

Un parcours pas si limpide

Comment a-t-on pu réussir à faire croire aux Français que leur jeune équipe pouvait décrocher le Graal cette année ? Parce que si le bilan des Bleus au Brésil est plus qu'honorable, surtout que personne ne se balade dans cette compétition, qui ne semble promise à personne à l'avance, il n'a pas non plus été d'une perfection absolue. Premier match contre le Honduras ? Une première mi-temps que tout le monde a oublié mais qui fut aussi insipide que celle contre le Nigeria, par exemple. Un match qui se débloqua sur un penalty - assorti d'un rouge - concédé par Wilson Palacios, qui avait bien failli faire expulser Paul Pogba quelques minutes plus tôt, et qui sera sa victime sur la faute dans la surface. A 1-0 et à 11 contre 10, les Français allaient corser l'addition sur un csc du gardien hondurien suite à un raté face au but de Benzema, puis sur un ballon mal repoussé par la défense qui échouait sur le même Benzema, qui concluait superbement. Un bon résultat, mais peut-être trompeur par rapport au contenu...

Le deuxième match des Bleus face à la Suisse fut celui qui emballa véritablement la machine médiatique, et pour cause : cette fois il s'agissait en face d'un des cadors actuels du football européen, qui allait démontrer face à l'Argentine en huitièmes qu'elle n'était pas cette passoire qui avait pris l'eau à Salvador contre les Bleus (5-2). Ce score était une véritable performance des Bleus, et leur match le plus abouti de la compétition, et de loin. Après, on peut aussi analyser les causes de cet effondrement, après 20 premières minutes qui annonçaient le même genre de match qui avaient opposé les deux sélections ces dernières années : fermé, tactique, et en général vierge de buts. La sortie de Von Bergen, suite à un duel et à un coup de tatane de Giroud dans la figure, a sans doute désorganisé les Helvètes, qui ont finalement encaissé un très joli but de la tête du même Giroud, qui aurait pourtant pu être expulsé juste avant. La suite ? les Suisses sont obligés de se découvrir, et c'est là que notre jeu rapide et notre bon pressing allait faire merveille. Un gros match de notre part, malgré tout.

Le Nigeria n'a pas eu de chance

Le troisième je l'ai vu de mes yeux vu, à Rio de Janeiro, au Maracana. Un rêve absolu, et un 0-0 qui, vu des tribunes, ne fut pas si triste qu'on l'a dit en France. Les Bleus, où la moitié de l'équipe avait été changée, encore une fois face à un adversaire réduit à dix, se sont créés de grosses occasions, notamment en deuxième mi-temps, mais ont manqué de précision. Un peu comme face à l'Allemagne, en somme... ce 0-0 aurait pu être un 2-0, et la presse aurait pu continuer de faire croire à la nation qu'un titre était possible... ce qu'elle a fait d'ailleurs. Le Nigeria, malgré le bon résultat (2-0), fut peut-être le match le plus difficile du tournoi pour les Bleus. Ils ont clairement perdu la première mi-temps face à des Africains rapides, puissants surtout, mais inefficaces, voire malchanceux, et peut-être même désavantagés par l'arbitrage sur plusieurs situations. En deuxième mi-temps Enyeama signait sa seule erreur du Mondial, permettant à Pogba de marquer contre le cours du jeu. Le csc de Yobo était anecdotique. Face à la sélection de Keshi, nous n'avions rien maîtrisé, et c'était finalement nous qui nous en sortions au métier, à l'expérience. Chacun son tour.

La France a donc certes signé un bon parcours, mais est loin d'avoir maîtrisé son sujet comme les commentaires dithyrambiques des médias semblaient le faire croire. D'ailleurs, l'analyse de ces derniers n'a jamais vraiment été technique ou tactique, mais... comportementale. Une fois de plus, la presse, dans son infinie nullité footballistique, s'est presque exclusivement focalisée sur le côté sympa des joueurs, leur présumée union sacrée, sur leur amitié, etc. Si les Bleus ont signé un bon Mondial c'était parce qu'ils étaient sympas et gentils, alors pourquoi ressortir les côtés négatifs, forcément anecdotiques ? Apparemment, il suffisait que les Bleus s'entendent bien et chouchoutent les médias et leurs supporters pour qu'ils puissent gagner la Coupe du Monde. Pourquoi n'avoir pas envoyé les Prêtres ou les petits chanteurs à la croix de bois dans ce cas ? Jamais les médias n'ont réussi à canaliser leur enthousiasme pour cette équipe de gentils elfes sympathiques, et ont fait croire l'impossible aux gens. Catastrophique ou absolument génial : voilà les deux mamelles de l'analyse des matches de l’Équipe de France depuis des décennies et l'explosion du nombre de médias. Pas de milieu, pas d'analyse pondérée, pas de relativisme : il faut du tranché, il faut un angle coco, de la polémique. Le refus du robinet d'eau tiède coûte énormément à la qualité de nos médias actuels.

Nous attends à présent deux ans de "matches amicaux", même si on fait tout de même partie d'un groupe de qualif... une énième lubie platinienne. Vivement l'Euro ! Et vivement la prochaine Coupe du Monde !

A plus tard !


mardi 10 juin 2014

Brésil, nous voilà !

Salut à tous !

Alors, J-3 hein ! Dans trois jours, nous tous, passionnés de football, sacrifieront sans vraiment de regrets une bonne partie de notre vie sociale - voire, pour certains, dont votre serviteur, une partie de leurs économies - pour suivre le plus grand spectacle qui puisse nous être donné de suivre : une Coupe du Monde. Quoi de plus mythique ? Mieux que les JOs, mieux que le Tour de France, Roland Garros... une Coupe du Monde. L'impression de vivre l'Histoire, la voir s'écrire sur nos télés, sous nos yeux. Les images sépias, vintages, plus ou moins de qualité, des Schiaffino, Fontaine, Pelé, Cruyff, Maradona, des images qu'il fallait, à l'époque, parfois attendre plusieurs heures avant de les voir, voire tout simplement avoir pu s'offrir le luxe d'un téléviseur... vont désormais se dérouler en direct live, sous nos yeux fatigués par le - relatif - décalage horaire, en qualité numérique, avec je ne sais combien de dizaines de caméras par match, dans des stades hélas de moins en moins personnalisés, de plus en plus identiques, ordinaires, et des stars, encore et toujours, qu'on espèrera au top de leurs formes. Ça, c'est à J-3.

Des surprises mais pas trop

Évidemment, il y aura des surprises, il y aura des déceptions, des défaillances plus ou moins graves, quelques fulgurances et autres exploits qui parviendront à s'extirper des toiles tissées par des techniciens toujours plus adeptes du bloc équipe et de la suppression des espaces superflus - heureusement, la rareté des matches internationaux par rapport à celui des clubs, marqué par la quotidienneté des entraînements et donc de l'importance des automatismes défensifs, pourra, qui sait, offrir un peu plus d'espaces incongrus que
d'ordinaire, et donc plus de débordements, de dribbles, d'exploits individuels ou collectifs. Bref, le football, honni par des croque-morts comme Mourinho mais que les amateurs de football aiment.

On espère que les stars seront présentes, tout en espérant que des outsiders parviendront à bouleverser les pronostics. Pas trop quand même : c'est bien gentil les surprises, mais les Coupes du Monde qui ont le moins marqué les esprits sont celles qui ont, en général, produit des derniers carrés, disons... originaux. Rappelons nous de la Turquie et de la Corée, en 2002, ou du Chili, de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie en 1962... désolé de le dire, mais les plus grands matches de l'Histoire de la Coupe du Monde, ce furent ceux qui opposèrent vraiment les meilleurs pays du moment entre elles : Brésil-Hongrie 1954, Angleterre-Allemagne 1966, Allemagne-Italie 1970, France-Brésil 1986, etc. La plus belle Coupe du Monde de l'Histoire ? 1970. Avec qui en demi ? Brésil, Italie, Allemagne, Uruguay. Que rêver de mieux ? Une surprise, ok, que des surprises, ça signifie surtout que les meilleurs joueurs du monde auront raté leur tournoi. Et ça, personne ne le souhaite, hormis leurs adversaires bien entendu...

Ronaldo et Messi, au rapport

Malheureusement, depuis l'avènement de la Ligue des Champions et surtout, depuis 15 ans, sa propension à épuiser ses participants par un nombre effarant de matches, les meilleurs joueurs du monde sont rarement au rendez-vous des grands tournois internationaux. Ronaldo a 29 ans cette année, et la seule fois qu'il a un peu brillé un été d'année paire, c'était à l'Euro 2012, et encore, avec un score, 3 buts en 5 matches, presque quelconque pour un buteur de sa trempe, auteur de 29 buts lors de ses deux dernières saisons de C1 ! Au total, le Portugais, qui évolue tout de même au sein d'une des meilleures sélections d'Europe, aura marqué 6 fois en 14 matches de championnat d'Europe, et 2 fois en 10 match de Coupe du Monde, soit 8 buts en 24 matches. Une misère.

Et Messi, que beaucoup, à raison sans doute, considèrent comme au moins l'égal d'un Maradona ? Un but en 8 matches de Coupe du Monde, dont aucun en 5 matches en 2010, au sortir d'une saison à 47 buts avec le Barça... pourtant, est-ce qu'on peut sérieusement discuter leurs statuts de meilleurs joueurs du monde ? Messi-Ronaldo, c'est Nadal-Federer - ou plus sûrement Nadal-Djokovic -, c'est Senna-Prost, c'est... deux numéros un, qui ont eu la malchance de tomber l'un sur l'autre au même moment. Rappelez-vous de l'époque où il fallait activer nos méninges pour trouver un Ballon d'Or passable, et le donner à Owen, Nedved, sans parler de Cannavaro... pourtant il y avait Zidane. Mais là, les deux ont tellement fait le trou avec la concurrence qu'on ne peut que les imaginer se régaler cet été au Brésil, voire se disputer le trophée en finale. Quel pied ce serait !

Et pourtant... il y a de bonnes chances qu'ils ne soient pas dans les mêmes dispositions. Ronaldo est en petite forme, n'a pas encore joué de match de préparation, et Messi, s'il a encore beaucoup marqué cette saison (41 buts en 46 matches avec le Barça, quand même), il a souffert de plusieurs blessures. Cela lui permettra-t-il d'être frais au Brésil ? Rien n'est moins sûr. La règle d'un grand tournoi, désormais, c'est souvent de révéler des joueurs méconnus, qui ont moins joué que les autres, qui n'étaient pas attendus et qui signeront des gros contrats par la suite. Euro 2012 : Iniesta meilleur joueur, soit. Iniesta, c'est l'anti héros parfait, le serviteur idéal, le joueur anti individualiste au possible. Le prototype du joueur d'équipe.

La Coupe du Monde 2010 ? Forlan, d'un Uruguay pourtant "seulement" quatrième. Preuve que si l'Espagne gagne tant depuis six ans, c'est parce que son collectif parfaitement huilé lui permet de pouvoir se passer d'un joueur essentiel, indispensable. Qui gagnerait un Ballon d'Or, par exemple. Performances de Messi et Ronaldo en Afrique du Sud ? Zéro et un but, contre la Corée du Nord (7-0 score final). Euro 2008 ? Xavi. Effectivement, il jouait beaucoup, mais encore une fois... pas un joueur qu'on voit forcément tout le temps. Il prend le ballon, il le donne. Très intelligemment, toujours proprement. Mais ce n'est pas une star. Pas de Ballon d'Or pour le Catalan... Jamais le Ballon d'Or en titre ne brille au grand tournoi qui suit son trophée. La dernière fois, je veux dire vraiment ? Baggio, Ballon d'Or 1993 et meilleur buteur du Mondial américain qui a suivi. Soit lorsque la Ligue des Champions a été créée, en gros. Il y a vingt ans.

Le Brésil vengera-t-il 1950 ?

Alors, que peut-on espérer de ce Mondial ? Quand on aime le football, on a envie que le Brésil soit beau, soit efficace, nous régale. Chez lui, il ne peut rêver meilleur contexte, même si la pression, folle là-bas, sera terrible à gérer. Au moins, en Afrique du Sud ou au Japon, elle était lointaine... Il y a un an, ceux qui ont regardé la Coupe des Confédérations ont pu constater que le Brésil avait une excellente équipe. Un gardien médiocre, soit, comme souvent d'ailleurs, mais une charnière solide, des latéraux toujours aussi dingues, un milieu extrêmement créatif, des ailiers fantastiques et un avant-centre qui s'appelle Fred. Qui fait sourire en France, mais pas au Brésil. Certes, il symbolise l'étrange pauvreté actuelle en
avant-centres de haut niveau de ce pays qui en a généré tant de merveilleux. C'est surtout quand on voit qui sera le remplaçant de Fred : Jô, ancien de City, est un grand échalas qu'on devine gaucher, et qui est d'une faiblesse folle. Six buts en championnat avec l'Atlético Mineiro en 2013... Sa force ? Il marque en Copa Libertadores. La belle affaire.

Mais Fred, c'est l'avant-centre idéal pour faire briller Hulk et surtout Neymar. Un gros travailleur, un excellent remiseur, et également un bon buteur (42 buts en 2011 et 2012 en championnat avec Fluminense, 9 buts en sélection l'année dernière). Ne rigolez pas trop vite sur Fred, c'est n'est pas Guivarc'h, ni Francis Perrin, son sosie officiel : il pourrait être une des surprises de ce tournoi.

Une France si jeune...

Et les Bleus ? Privés de Ribéry et sans doute d'un Toulalan au milieu - on oublie trop souvent à quel point ce garçon pourrait encore plus nous faire du bien au milieu s'il acceptait de revenir en sélection - , leur jeunesse peut faire peur. De l'insouciance ? Oui c'est vrai, ça pourrait être charmant sur certains matches, sur certaines séquences. Un Griezmann a montré sur ses quatre apparitions combien il pouvait apporter devant le but, par ses inspirations et sa qualité technique au-dessus de la moyenne. Mais les équipes qui vont loin dans une Coupe du Monde sont celles qui ont de l'expérience à revendre. Or nous, nous la comptons sur les doigts d'une main. Nous avons une belle jeunesse, mais pas encore une équipe qui aurait les épaules pour viser mieux que les quarts de finale, ce qui serait déjà très beau, même si ça ne nous est jamais arrivé, puisque lorsque la France est sorti d'une poule mondiale, elle a toujours atteint au moins le dernier carré...

On nous bassine avec ses nouvelles valeurs, son nouveau comportement... que de balivernes. C'est parce qu'elle serait nouvellement bien élevée que cette génération gagnerait ? D'abord, calmons nous un peu : pour l'instant, Deschamps prends moins de points par match depuis sa prise de fonction que Domenech. Et pas qu'un peu (1,23 contre 1,34). Et encore moins que Blanc (1,44). Alors certes, depuis la belle réaction au Belarus (2-4), elle n'a perdu qu'une fois, en Ukraine, marque des buts et en prends peu. J'espère de tout cœur qu'elle ira le plus loin possible, ce n'est pas négociable. Mais croire que ces joueurs gagnent parce qu'ils se comporteraient mieux - ça reste à prouver, rappelons qu'on disait la même chose avant l'Euro 2012 - , parce qu'ils n'ont soit-disant plus de casques sur les oreilles et parce qu'ils
chantent un peu plus la Marseillaise... ça prouve surtout à quel point les médias français sont ignares en football. Certaines nations, dont l'Espagne, n'ont pas de paroles à leur hymne, et dans toutes les équipes du monde les joueurs portent des casques sur les oreilles pour se concentrer. Même ceux qui gagnent, si si. Et tous touchent des primes. Tous. La France est sympathique parce qu'elle gagne en ce moment, point. Pas parce qu'ils ont l'air gentils et motivés. Seuls les résultats comptent, tout le reste c'est de la littérature de bas-étage.

On a perdu notre meilleur joueur, meilleur buteur et passeur depuis deux ans, et il est difficile d'imaginer que nous soyons meilleurs sans lui, même si on a des jeunes prometteurs. Mais toutes les générations doivent passer par des échecs. Celle de Deschamps a du vivre France-Bulgarie, celle de Platini avait eu l'Argentine en 78 et celle de Kopa, la Suisse en 54. Imaginer que parce que Griezmann est prometteur, Ribéry est remplacé, c'était penser qu'Oasis pouvait remplacer les Beatles sur la foi d'un premier bon album et des coupes de cheveux prometteuses. On a vu le résultat. Dénigrer le 8-0 contre la Jamaïque est aussi idiot que le glorifier. La Jamaïque n'a pas l'habitude de prendre des roustes, même contre les gros, et notamment la Suisse récemment (0-1). Certes elle a été mauvaise hier, mais si elle a pris autant de buts, c'est aussi parce que la France s'est montré persévérante, sérieuse et offensive. Elle aurait pu s'arrêter à 3-0... elle a continué. Ça prouve un état d'esprit SPORTIF très encourageant. Mais l'opposition au Mondial, y compris celle du Honduras, sera d'un autre calibre. Et là, sous les yeux du monde entier, il faudra gérer la pression et jouer simple, efficace. Ne pas se rater. Sinon, elle redeviendra impopulaire, c'est évident.

A très vite !

jeudi 22 mai 2014

Vingt sur vingt

Bonjour chers lecteurs !

Revenons sur cette saison de Ligue 1 qui vient de se terminer, en le faisant club par club, en descendant le classement final.

1er : Paris-SG : le désormais double champion de France a battu tous les records : plus grand nombre de points de l'Histoire, à trois ou à deux points (89 et 62), de victoires (27), plus grand pourcentage de succès depuis 1970 (71,1), meilleure attaque depuis 1971 (84), meilleur goal-average depuis 1960 (+63)... bref, une performance d'une autre époque, dans un championnat habitué à des débats plus âpres, plus serrés, y compris pour ses champions, qui s'y baladent rarement. Implacable à domicile (9 points de perdus, 51 buts pour, 7 contre), le PSG compte également dans ses rangs le premier joueur ayant signé deux fois au moins 25 buts depuis un autre Parisien, Carlos Bianchi (en 77 et 78, 37 et 37). Reste à savoir à présent si les méfaits du fair-play financier, d'une part, et de l'émergence d'un Monaco désormais européen, de l'autre, ne va pas faire vaciller son trône.

2e : Monaco : Si le PSG ne compte que neuf points d'avance sur son dauphin, c'est parce que ce dernier, promu, est le meilleur deuxième de l'Histoire. Avec son parcours et sa cadence, l'ASM aurait fait au moins aussi bien que 58 % des champions de France, et que 10 des 12 derniers ! Avec 80 points, elle fait moins que le PSG de l'an passé (83) et Montpellier en 2012 (82) mais mieux que Lille 2011 (76), Marseille 2010 (78), Lyon 2008 (78) et aussi bien que Bordeaux 2009... pas mal pour une équipe qui comptait parmi ses titulaires réguliers plusieurs joueurs qui évoluaient en Ligue 2 l'an passé (Subasic, Raggi, Kurzawa, Obbadi,
Rivière, Germain, sans parler de Ferreira Carrasco et Ocampos). Meilleure équipe du dernier quart d'heure, Monaco n'a jamais perdu après avoir ouvert le score, et peut donc être fier de son retour en Ligue 1. Dommage que Ranieri ne profite pas de cette réussite...

3e : Lille : Après les années Garcia, qui avait mis fin notamment aux années Halilhodzic et son football minimaliste mais efficace, en proposant du jeu, une attaque de qualité et un style séduisant, on a assisté, avec Girard, au retour du jeu réaliste et froid, avec toujours le même résultat en Ligue 1 : le succès. Qui attendait le LOSC cette saison, ce dernier ayant notamment perdu son meilleur joueur l'été dernier (Payet) après avoir raté l'Europe ? Et pourtant, Lille est là, qualifié pour le tour préliminaire de Ligue des Champions, et ce en signant la... 9e attaque (46 buts) et, logiquement, la 2e défense (26). S'appuyant sur une défense très performante, où Enyeama et la charnière Basa-Kjaer ont particulièrement brillé, un milieu accrocheur et une attaque où Kalou (16 buts, 5 passes) a tout fait, ou presque, et où Roux (9 buts, 5 passes) a patiné mais où Origi (5 buts) s'est révélé, Lille signe le troisième meilleure total de son histoire (71 points) et s'invite pour la 6e fois en C1 depuis 2001.

4e : Saint-Étienne : les Verts progressent d'années en années, lentement mais sûrement. 17e en 2010, 10e en 2011, 7e en 2012, 5e l'an passé... cette fois, l'exploit était tout prêt, puisqu'ils échouent à deux petits points (et une meilleure différence de buts) de Lille. Offrant souvent un spectacle de qualité, avec en défense un Bayal de retour au haut niveau et un Perrin impérial, mais aussi l'apport depuis janvier de l'excellent Trémoulinas, la saison énorme au milieu de Lemoine et la bonne saison en attaque de Erding, qui prouve à quel point il peut être un bon buteur quand il est en confiance (1 but toutes les 167 minutes, mieux que Gignac, Gomis, Aboubakar, Ben Yedder, Lacazette, Kalou...), l'ASSE signe la 3e attaque (56) et la 4e défense (34) et le 3e bilan retour (36 pts). Prochaine étape, le podium ?

5e : Lyon : Non qualifié pour la C1 pour la 2e fois en trois saisons, l'OL, qui signe son plus petit total de points (61) depuis 2000, voit pourtant les médias considérer que sa saison est réussie. Il est vrai que Lyon a encore du vendre des joueurs importants (Bastos, Lisandro, Lovren, Réveillère...), ne recrutant finalement qu'un joueur majeur, Bédimo, deuxième passeur du championnat (9), et s'appuyant encore plus qu'à l'accoutumée sur les jeunes. Avec des réussites diverses : Ferri ou Tolisso ont plutôt brillé, mais on a moins vu Fekir ou Benzia... si Lyon a pu s'appuyer sur un duo d'attaque très performant (Lacazette 15, Gomis, 14), il n'a pu que brièvement compter sur un Gourcuff qui a pu pourtant montrer, quand il jouait, qu'il restait un joueur d'exception. Au final l'OL se garantie un été à disputer des tours préliminaires improbables en C3. Bon courage !

6e : Marseille : Premier non-européen pour un petit point, pour la première fois depuis 2007, Marseille était pourtant le seul club du haut de tableau, en dehors bien sûr du duo de tête, à s'être renforcé, notamment sur le plan offensif (Thauvin, Payet, Khalifa...). Dauphin du PSG l'an passé, il est pourtant celui termine dernier du six majeur... paradoxe de la Ligue 1, où les investissements couteux ne garantissent pas toujours le succès. Marseille, comme Paris il y a une quinzaine d'années avec la génération Luccin, Dalmat ou Anelka, a misé sur de jeunes loups talentueux mais inexpérimenté (Thauvin, Imbula, Mendy), et l'a payé très cher, à tous les niveaux. Évidemment, changer d'entraîneur n'a rien changé. Six fois défait dans un Vélodrome terriblement hostile, Marseille s'est montré plus consistant à l'extérieur (4 défaites, 6 succès), en plus de l'excellente saison de Gignac (16 buts). Comme quoi, il y avait le potentiel. L'année prochaine, sans Coupe d'Europe, peut être morose comme elle peut être celle de la renaissance.

7e : Bordeaux : Étrange saison de Bordeaux, qui a semblé accabler ses supporters par la pauvreté de son jeu mais qui n'a cessé de naviguer non loin de l'Europe. Septième, c'est d'ailleurs la place que le club girondin semble s'être octroyé, puisqu'il y a terminé l'an passé et en 2011. Pourtant, Bordeaux ne peux pas avoir honte de ses chiffres, lui qui est loin de rouler sur l'or : 6e attaque (49), il a pu compter sur un excellent Diabaté (12 buts, un toutes les 140 minutes), sur un Jussiê renaissant (9 buts !) et un Sertic influent au milieu. On est très loin du Bordeaux 2009, c'est souvent ennuyeux et très inconstant, mais avec cet effectif moyen les Girondins ne sont pas loin des places d'honneur. Une des surprises en 2015 ? Possible.

8e : Lorient : Figurant dans le haut du tableau malgré un bilan négatif (13 succès, 15 défaites), Lorient a pourtant réussi une nouvelle saison miracle, se maintenant sans aucun problème au sein d'une élite où il fait toujours figure d'anomalie financière et structurelle, même si c'est désormais un visage familier de Ligue 1 (10 saisons depuis 1998). Huitième, comme l'an passé, Lorient a encore joué son rôle de révélateur de buteur. Après avoir révélé Gameiro et réveillé Aliadière, moins présent cette saison (8 buts), Gourcuff, pour sa dernière saison, a littéralement transcendé Aboubakar (16), qui n'avait jamais dépassé les 6 buts avec Valenciennes... Notons la révélation Guerreiro, en latéral gauche offensif, le réveil de Coutadeur et la confirmation Jouffre. Espérons que le prochain entraîneur soit aussi inspiré que son illustre prédécesseur...

9e : Toulouse : Éternel résident du ventre mou (8e en 2011 et 2012, 10e l'an passé), malgré un potentiel qu'on devine intéressant, le TFC, seule équipe avec Ajaccio a évoluer à trois derrière - voire à cinq - a tenté de jouer plus que d'habitude, sans que ça change quoique ce soit, si ce n'est qu'il a encaissé plus de buts que d'habitude (14e défense avec 53 buts) et s'est montré médiocre à domicile (17e bilan avec 24 points). C'est d'ailleurs la seule équipe à avoir pris plus de points à l'extérieur (25). Pourtant, Ben Yedder a encore amélioré son score de buts (16), bien aidé par Braithwaite, parfait adjoint en attaque (7 buts, 7 passes), et Aurier a confirmé qu'il était probablement déjà un des meilleurs latéraux d'Europe, et pas seulement grâce à ses stats offensives (6 buts, 6 passes). Mais si, niveau recrues, Spajic a convaincu en défense, c'est moins le cas de Trejo, voire d'Aguilar et Chantôme. Il va falloir encore attendre avant de voir le TFC s'incruster en Europe.

10e : Bastia : c'est peut-être l'équipe dont on a le moins entendu parler cette saison. Pourtant il y a figurait trois internationaux français (Landreau, Squillaci, Cissé) et d'autres joueurs de qualité (Romaric, Krasic...). Le premier s'est imposé, notamment en défense, le second s'est vite éteint après de bons débuts. Le Sporting a été fidèle à lui-même : 5e à domicile et 17e à l'extérieur, avec une attaque finalement moyenne (42) et une défense gruyère (58). Mais Bastia n'a jamais été en danger, et a pu compter sur les buts de Bruno (8) et Raspentino (5), plutôt que sur ceux de Cissé (3) ou les passes d'un Boudebouz moyen. Le successeur de Hantz trouvera un club bien ancré en Ligue 1.

11e : Reims : Longtemps aux portes de l'Europe, le Stade a plongé en 2014. 8e à deux points du 4e à la trêve, l'ex promu termine 11e à 21 points de l'ASSE... en raison d'une phase retour désastreuse (17e bilan avec 19 points, 5 succès pour 10 défaites). Meilleur buteur du club l'an passé (9), Courtet n'a pas marqué une fois. Dommage, parce que cette saison rémoise s'annonçait séduisante, avec un Krychowiak encore convainquant et un Oniangue qui a parfaitement dépassé sa fonction de milieu défensif (10 buts). La perte d'Hubert Fournier, en partance pour son club formateur, Lyon, sera difficile à encaisser. Il faudra que Reims se montre plus régulier à l'avenir.

12e : Rennes : Paradoxale saison pour les Bretons, qui font aussi bien que l'an passé (46 points), qui ont atteint la finale de la Coupe de France, un an après celle de la Coupe de la Ligue, et qui signent le 8e parcours des matches retours grâce à un mercato hivernal réussi (Toivonen, Ntep) mais qui ont semblé nager toute la saison dans la crise. Il faut dire que le maintien n'a été assuré que quelques journées avant la fin, qu'on attendait plus sur le plan du jeu de la part du meilleur entraîneur de la Liga 2012-13, Philippe Montanier, et que la nouvelle défaite contre Guingamp au Stade de France a fait très mal. Pourtant l'effectif rennais est séduisant, et si Montanier parvient à appliquer ses idées, et si Ntep confirme son talent, Rennes peut signer une grande saison l'an prochain.

13e : Nantes : Comme Reims, le FCN semblait parti pour naviguer dans les eaux du haut du tableau avant de fléchir sérieusement après la trêve (15e). Un parcours typique pour un promu, mais qui a quand même permit aux Canaris, dotés pourtant d'un effectif peu renforcé l'été dernier, et qui ne le sera pas cet été à cause des sanctions suite à l'affaire Bangoura, de se maintenir sans trembler. Seul Vizcarrondo s'est ajouté, avec bonheur, en défense centrale, bien aidé par un excellent Djilobodji. En attaque, Gakpe a signé une grosse fin de saison et termine deuxième buteur du club (8 buts) derrière un Djordjevic qu'on n'a pas vu après la trêve (10 buts, 2 en 2014) et qui quitte le club fâché. Entre l'affaire du match contre Bastia perdu sur tapis vert et l'interdiction de recrutement, Nantes n'a pas vécu un retour apaisé. Mais réussi quand même.

14e : Evian-T-G : Le succès final à Sochaux (0-3) a non seulement sauvé le club savoyard de la relégation, il lui a aussi permit de signer in extremis son meilleur classement depuis début novembre... 17e sans interruption entre mi janvier et fin mars et jusqu'à l'avant-dernière journée, l'ETG, 16e l'an passé, a encore une fois énormément souffert pour garantir son maintien, avec succès. Il est pourtant le seul club à avoir battu le PSG (2-0) et Monaco (1-0) au Parc des Sports d'Annecy... ce qui l'a sans doute sauvé. La grande saison
de Wass (9 buts) et de Bérigaud (10) y a également contribué, ces deux joueurs étant partant cet été... A noter que Evian, lui aussi, a réussi sa phase retour (10e, mieux que Bordeaux...), pas seulement Sochaux...

15e : Montpellier : Le titre de 2012 semble si loin. Il reste pourtant quelques champions dans l'effectif héraultais (Jourdren, Hilton, Stambouli, Cabella, Camara, Montano...) mais ça s'est rarement vu cette saison. Seul Cabella s'est montré plus fort que jamais (14 buts), s'approchant ainsi sérieusement des Bleus. Mais les 18 nuls signés sont rédhibitoires dans un championnat à la victoire à trois points. Quand Jean Fernandez a été viré, le club était 17e. Courbis, son successeur, a certes sauvé le club mais n'a pas vraiment transcendé cette équipe parfois sans réaction et inquiétante défensivement (53 buts), même si elle termine 9e des matches retours. Les départs de Cabella et Stambouli ne seront également pas simples à combler.

16e : Guingamp : Le vainqueur de la Coupe de France est également le troisième promu à se maintenir, une rareté. Cinquième en novembre, le club breton a lui aussi plongé après la trêve, et termine même relégable sur les matches retours (18e). 19e attaque (34) mais 6e défense (42), l'En Avant n'a pas forcément fait le spectacle cette saison, mais en avait-il les moyens ? Surtout sur une pelouse indigne du monde professionnel. Sa défense, notamment sa charnière Kerbrat-Sorbon, a fait le boulot, tout comme Sankharé et Mathis au milieu. En attaque, Yatabaré, après une première expérience médiocre à Boulogne, s'est enfin imposé en Ligue 1 (11 buts), bien aidé par un Beauvue aérien (5 buts dont 4 de la tête). Comme pour tout promu, la deuxième saison s'annonce difficile, surtout si Gourvennec s'en va...

17e : Nice : C'est peu dire qu'on n'attendait pas les Aiglons aussi bas, après leur 4e place de l'an passé et la livraison de leur nouveau stade. Sauvés de deux petits points, Nice, pire attaque de Ligue 1 (30, 7 de moins qu'Ajaccio !) a vu la baudruche Cvitanich se dégonfler complètement (8 buts, 1 en 2014) et les jeunes Bosetti (5) et Maupay (2) ont eu du mal à le suppléer. Malgré les bonnes saisons en défense d'Ospina, Bodmer et Kolodziejczak, l'animation offensive a été désastreuse, elle qui avait tant séduit la saison dernière. Mais Eysseric, Bauthéac et consort ont vraiment déçu. Puel, qui a fait jouer ses deux fils cette saison (Grégoire et Paulin) a vraiment du travail.

18e : Sochaux : Premier relégué, et peut-être le plus cruel. Le FCSM, 66 saisons de Ligue 1 au compteur, ne comptait que 11 points à la trêve. Il en compte 40 cinq mois plus tard, mais cette phase retour phénoménale (7e, 8 succès, 6 défaites) n'a pas suffit. Les recrues hivernales, Sunzu, Marange ou Ayew, ont apporté mais la montagne était vraiment trop haute. Pourtant, Sochaux avait les moyens de le faire face à Evian, après avoir tenu en échec le PSG (1-1) et s'être imposé à Reims (0-1) et Rennes (1-2) pour s'offrir cette finale inespérée. Mais les Savoyards ont été plus forts mentalement. Tant d'efforts vains... difficile à encaisser. On espère maintenant voir Sochaux remonter très vite.

19e : Valenciennes : Le club nordiste a également cru que l'expérience d'Ariel Jacobs, arrivé cet hiver, et les buts de Waris (9) allaient lui permettre de créer l'exploit et de se maintenir. Mais les sept défaites consécutives qui ont conclu cette saison ont scellé le sort du VAFC, de retour en Ligue 2 après huit saisons consécutives dans l'élite... un match a fait très mal, face à Ajaccio (2-3), alors que les Nordistes menaient 2-1 à quelques minutes de la fin et qu'ils s'apprêtaient à sortir de la zone rouge. Ils ne s'en sont jamais remis. 18e attaque (37), mais surtout 19e défense (65), VA a montré trop de faiblesses cette saison, entre inexpérience et insuffisances techniques. Hormis Waris, seuls le milieu Doumbia et le défenseur Masuaku ont montré quelques qualités. Espérons que Valenciennes se remette vite de cette saison ratée.

20e : AC Ajaccio : Il fallait bien que ça arrive. Maintenu sur le fil tous les ans, le club corse a cette fois bel et bien plongé. Pire dernier de la décennie à la trêve (9 points), l'ACA, débarrassé cet hiver de son entraîneur, Ravanelli, et de quelques poids morts peu concernés, notamment Mutu, a fait un peu mieux en 2014 (14), mais pas beaucoup mieux. Malgré les 8 buts du jeune Junior Tallo, prêté par Rome, l'ACA signe la pire défense du championnat (72 !), malgré ses cinq défenseurs régulièrement alignés. Qui se souvient encore du match nul obtenu au Parc des Princes (1-1) lors de la deuxième journée, grâce à un but stratosphérique de Pedretti ? Christian Bracconi a fait ce qu'il a pu mais Ajaccio prépare déjà la saison prochaine depuis six mois. En Ligue 2.

Je vous laisse, à plus tard !

vendredi 16 mai 2014

Une liste sans relief

Salut à tous,

Si vous le voulez bien, analysons un peu cette 19e liste éditée par un sélectionneur (ou un comité de sélection, avant les années 70), depuis 1954. Vingt-trois noms, 22 jusqu'à l'Euro 2000, 20 pour l'Euro à cette époque... je crois que le chiffre 23 restera, il est parfait, chaque poste est doublé, et celui des gardiens, triplé. On ne sait jamais.

Une liste gentillette

Justement, commençons par les gardiens, et sur ce point là, espérons qu'Hugo Lloris ne connaisse aucun pépin d'ici le mois de juillet. Parce que si la France doit s'appuyer sur un Mandanda cataclysmique cette saison, et qui aurait du depuis un moment être devancé par le Stéphanois Ruffier, incroyablement relégué en "réserve", voire un Landreau qui est plus là en tant que médiateur de vestiaire que comme véritable alternative à ce poste pourtant capital de gardien, on peut déjà faire une croix sur une performance des Bleus durant ce Mondial.

C'est le reproche que je ferais à cette liste un peu trop consensuelle à mon goût : on a le sentiment que le critère sportif est plus considéré comme un arbitre de dernier recours, une variable d'ajustement, que comme une véritable condition pour y figurer. Je m'explique : préférer prendre Landreau parce qu'il est un parfait relais de Deschamps dans le vestiaire, presque son double, plutôt qu'un Ruffier qui rassurerait pourtant beaucoup de monde, y compris sa défense, de part le fait qu'il est extrêmement fiable, contrairement aux deux remplaçants de Lloris, qui sont connus pour leurs boulettes quasi mensuelles. Le Stéphanois est un monstre de compétition, et ne fait jamais d'erreur, tout simplement. Même Lloris, qui reste un phénomène, ne peut se targuer de ne jamais craquer à l'occasion. Mais Ruffier n'a pas la carte. Il jouerait à Marseille, la cause serait entendue. L'effet de loupe accompagnant perpétuellement le club phocéen a encore frappé.

Et pas que pour Mandanda, pour Valbuena aussi. En temps normal, dans une liste normale, que ferait un milieu offensif auteur de 3 buts et 6 passes décisives en championnat, dont quatre dans le jeu, dans la liste d'un grand pays de football ? C'est le problème : on n'est pas un grand pays de football. Un bon pays de football, oui, mais pas un grand, sinon Valbuena ne serait même pas dans la liste des réservistes. Certes, le contenu de ses matches en sélection a été bon récemment, sans être extraordinaire (cinq buts en quatre ans, dont trois depuis un an et demi, cinq passes décisives cette saison). Mais en Ligue des Champions, il n'a pas existé, ni dans ses stats (0 action décisive) ni dans le contenu. Et le fait qu'aucun bon club européen ne se soit jamais intéressé à son profil, même depuis qu'il est international, depuis 2010, est forcément parlant. Si la France est championne du monde, ou même demi-finaliste, avec un meneur de jeu aussi peu côté et aussi terne, ce sera forcément parce que les grandes nations auront déçu. Sinon, ce serait une anomalie.

L'anomalie Nasri

Pourtant, on a des solutions. Pas autant que l'Allemagne ou l'Argentine, mais offensivement on a des joueurs. Sans même parler de Cabella, pourtant extrêmement performant (14 buts, 5 passes avec Montpellier) mais dont l'inexpérience internationale est rédhibitoire à ce niveau, ce qui est d'ailleurs le cas de Griezmann, qui lui est sélectionné, on avait Nasri, vous le voyiez arriver. Nasri dont on pourrait dire qu'il est l'exact opposé de Valbuena, dans le sens où il est performant en club (7 buts, 8 passes), mais qu'il est indigent en sélection. C'est vrai, il l'a souvent été, un peu trop pour un joueur de ce niveau. Mais lui est consistant en Ligue des Champions (1 but, 4 passes) et surtout, dire qu'il n'a jamais été intéressant en Bleu est faux. Rappelons que c'est lui qui qualifie les Bleus pour l'Euro 2012 en inscrivant un penalty capital contre la Bosnie, puis qui égalise contre l'Angleterre durant l'Euro, d'une belle frappe de 20 mètres (1-1). C'est également lui qui donne l'avantage à la France en Biélorussie, lors d'un match capital encore une fois pour les Bleus pour la qualif du présent Mondial (2-4). Alors oui, il s'est planté en Ukraine, mais était-il le seul ?

Apparemment son comportement n'est pas bon. C'est drôle parce qu'à son époque marseillaise, les médias le présentaient comme le gendre idéal, l'exemple parfait du gamin issu de l'immigration et des quartiers difficiles mais qui a la tête sur les épaules et un mental impeccable. Suffit qu'il ait pris la place d'Henry dans le bus et hop, une réputation foutue en l'air. Étrangement, il semble payer Knysna, alors qu'il n'était pas présent en Afrique du Sud. Mais dans l'imaginaire des gens, Knysna est le symbole du problème de l'intégration dans ce pays, alors que justement les leaders de la révolte sud-africaine, hormis Evra, n'ont pas d'origines étrangères : Ribéry, Toulalan, Abidal, sans parler d'Anelka, qui était déjà parti... mais forcément Nasri devait en être, c'est un gars des cités et cette rébellion était un truc de racailles, alors allez hop, mélangeons tout... à noter que Benzema non plus n'était pas à Knysna. D'ailleurs il n'y avait aucun Maghrebin... sacré Raymond.

D'après les détracteurs de Nasri, qui sont majoritaires à la rédaction de l'Equipe, ce qui explique à quel point son éviction n'a soulevé que peu de commentaires dans leur torchon, le problème se serait plutôt déroulé à l'Euro 2012. Ce qui n'a pas empêché Deschamps de le prendre ensuite, on l'a vu, et parfois même avec bonheur. Le problème, au fond, c'est qu'il a sale caractère. Un peu comme tous les grands joueurs en fait. Ribéry aussi a un sale caractère, Platini en avait un, Cruyff était une teigne, Beckenbauer était un con... c'est souvent ça les grands joueurs, ils ont forcément un égo surdimensionné, c'est logique. Je ne dirais pas que Nasri vaut tous ces joueurs... s'il avait été plus performant en Bleu, je pense que ses problèmes de comportement (terme à la mode dès qu'il s'agit de parler de foot et que je déteste, comme si seuls, parmi les gens aisés, les footeux devaient être irréprochables sur le comportement, et pas les acteurs, les chanteurs... ) passeraient au second plan.Il n'a surtout jamais fait de cadeaux aux journalistes, et ça ces derniers n'hésitent jamais à le faire payer.

Qui à sa place ?

Mais je crois que cet argument passerait si on avait des solutions de rechange. Que va-t-on présenter au Mondial comme alternative à Nasri ? Valbuena ? Griezmann ? Rémy ? Soyons sérieux. On n'a aucun joueur de ce calibre en magasin. Si on était l'Argentine, et qu'on avait le choix entre Higuain et Tévez, l'exclusion d'un de ces deux joueurs s'expliquerait. Mais là, on n'a pas vraiment le choix. Enfin, normalement. Du coup, Deschamps choisit de se priver d'un joueur majeur de l'un des deux meilleurs championnats du monde uniquement pour faire plaisir aux donneurs de leçons morales qui sont tellement légions en France aujourd'hui. C'est plus une liste des 23, c'est une convocation aux Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Dehors les caractères forts, bienvenus les moutons qui sauront sans problème se satisfaire d'une place de remplaçant. A noter que Prandelli, le sélectionneur italien qui a lui aussi mis les questions comportementales au-dessus de tout, prend quand même Balotelli, qui traîne pourtant une liste de conneries longue comme le bras, et qui a un état d'esprit déplorable. Mais Balotelli est un grand joueur, et Prandelli a su le gérer. Peut-être que Deschamps devrait essayer de gérer les joueurs au sale caractère, au lieu de les expurger de ses listes, au risque de faire de son équipe un groupe vraiment moyen. Et en se débarrassant ainsi opportunément de futurs problèmes relationnels, qui sont pourtant fréquents dans n'importe quel groupe de sportifs de haut-niveau.

On a une équipe type correcte, encore que je l'imagine mal mettre à mal de grandes sélections comme l'Espagne ou l'Allemagne, sans parler du Brésil. Mais le banc des remplaçants fait vraiment peur à voir. Evra est inquiétant ? Son remplaçant, Digne, l'est également au PSG. Varane et Sakho sont jeunes ? Koscielny a concédé un nombre incalculable de penalties cette saison, et Mangala a fini troisième du championnat du Portugal. Le point fort des Bleus est au milieu, avec Pogba, Matuidi et Cabaye. Qui peut-on aligner en cas de coup dur ? Mavuba, Grenier, Sissoko... sans commentaire. Enfin, on a vu qu'en attaque les solutions font peur à voir, y compris Giroud pour Benzema. Malgré de bons résultats récents, on n'a pas un réservoir de grands joueurs énorme, loin de là, surtout quand on en vire certains parce qu'ils sont pas gentils. Au final, on a une liste très moyenne, avec des joueurs sélectionnés quasiment par défaut. Grenier ? Il n'a pas mis un pied devant l'autre depuis la trêve. Sissoko est une escroquerie, surtout quand Deschamps l'aligne sur le côté... non vraiment, il faut espérer que les blessures ne s'accumuleront pas. Et qu'elles frapperont plutôt nos adversaires...

A plus tard !