mardi 19 novembre 2013

Battre l'Ukraine, mode d'emploi

Salut à tous,

Après ce match aller qui a mal tourné pour des Bleus pourtant plus présents dans le combat et l'envie que les médias veulent bien nous faire croire, mais qui ont craqué sur deux erreurs de défense et quelques détails, quelles sont leurs chances aujourd'hui, à quelques heures d'un match retour qui décidera de beaucoup de choses, que ce soit sportivement ou médiatiquement ? Si l'on s'en tient aux statistiques, aucunes : jamais une équipe menée de deux buts dans un barrage européen n'a réussi à remonter cet écart. Ça tombe bien, avant le traquenard de Kiev, jamais l'Ukraine n'avait battu la France... comme quoi, les trucs arrivent, parfois.

Des défenseurs qui doivent défendre

Quelles sont les solutions qui se présentent à elles, qui ne possède toujours pas de certitudes à une demi douzaine de postes ni sur le plan tactique ? La clé de tout, ce ne sera pas l'envie - qui était déjà là vendredi, et qui sera là ce soir, sinon on ne comprends plus rien - mais l'efficacité, et pas seulement dans les deux surfaces de réparation, même si c'est là que la France a failli vendredi, notamment dans la sienne. On savait que la charnière Koscielny-Abidal ne présentait pas toutes les garanties, on en a eu confirmation : le Gunner, qui n'est pas un défenseur né, a toujours du mal dès que le haut niveau se présente, et n'en est pas à son premier penalty provoqué, tandis qu'Abidal n'était déjà pas ce qui se faisait de mieux dans l'axe avant ses deux ans d'absence pour maladie, alors maintenant... sans parler de son âge. Même chose pour Debuchy, qui présente les lacunes classiques de l'ancien milieu
reconverti latéral, même si ça date maintenant : formidable centreur, il peine dans les duels, comme Evra. C'est le syndrome Van der Wiel, qui brille plus depuis que Paris a le ballon et qu'il peut quasiment évoluer ailier, tandis que Motta et les défenseurs font le boulot dans son dos. Debuchy et Evra n'ont pas cette chance, ils ont beaucoup plus de boulot défensif, surtout à l'extérieur, et ça se voit.

Si Sakho remplace Abidal et Varane, Koscielny, on peut penser que la France y gagnera dans le combat, au moins, même si on peut avoir des doutes sur le physique du Madrilène. On ne pourra pas suspecter Sakho de rechigner à la tâche défensive, il est en pleine forme avec Liverpool, et ça pourrait permettre à Evra de monter plus sereinement, et ainsi offrir plus de soutien à Ribéry, qui en a manqué à Kiev, puisque Evra devait s'occuper de Yarmolenko. Une chose est sûre, Deschamps va devoir se faire violence et prendre des risques, mais pas trop, sachant que les Ukrainiens n'attendront qu'une seule chose, comme à l'aller après l'ouverture du score : des espaces en contre, et on a vu qu'ils savaient y faire. Pas besoin de marquer très vite, du moment qu'on marque : si on en mets deux dans le premier quart d'heure, les Ukrainiens auront tout le temps pour mettre le but qui nous obligera à en mettre deux de plus... ce qu'il faut, c'est ne pas confondre audace avec témérité. Ne pas se jeter comme des dingues, à la fois tactiquement - ce qui offrirait des contres, donc - mais aussi dans l'engagement : il ne faudrait pas qu'on se retrouve prématurément à dix parce qu'un de nos joueurs aurait confondu le ballon avec la cheville d'un adversaire. Ne pas écouter la démagogie de Dugarry, qui souhaite voir des Bleus se jeter à la gorge des Ukrainiens : c'est une pratique interdite dans à peu près tous les sports, même de combat.

Un milieu qui se projette

Au milieu, la France n'a pas failli à Kiev, même si elle a semblé bousculée par l'engagement parfois excessif des hommes de Fomenko. On a compris pourquoi ces derniers prenaient tant de cartons... en cela, on nous a changé l'Ukraine romantique de Blokhine ou Shevchenko... Peut-être faudrait-il aligner trois milieux axiaux, comme le PSG, sans véritable meneur, avec Cabaye à la place de Nasri devant Pogba et Matuidi, de façon à ce que ces trois là puissent se projeter un peu plus, comme ils le font en club. A seulement deux défensifs, Pogba et Matuidi ne peuvent se permettre de prendre trop de risques sans que l'autre ne se retrouve isolé. Avec un joueur supplémentaire, Pogba et Matuidi, qui jouent relayeurs en club, ainsi que Cabaye, pourraient porter le surnombre dans la surface, ou au moins à ses abords, par la qualité de leurs frappes de balle. Après tout, c'est ce que font tous les milieux modernes : ils défendent, ils relancent, et ils marquent aussi, ils se projettent dans la surface. Comment voulez vous qu'un avant-centre, aussi doué soit-il, puisse s'en sortir seul dans une surface si personne vient le soutenir en phase offensive ?

Enfin, l'attaque. Ribéry a été parfaitement pris par deux, voire trois joueurs, vendredi. Il doit faire mieux, par exemple en se recentrant ou en permutant avec son partenaire évoluant à droite, mais il doit aussi avoir plus de soutien, de la part d'Evra, de Matuidi, de l'éventuel meneur, que sais-je. Le mouvement offensif ne doit pas être brouillon, mais il ne doit pas non plus être figé. A Paris, Cavani est ailier droit pour la forme, il ne cesse de revenir dans l'axe, tandis que Zlatan recule pour distribuer. A Barcelone, Messi joue-t-il vraiment
attaquant de pointe ? Bien sûr que non, il doit faire face au jeu pour briller, donc il part de loin, tandis que ses deux ailiers, Pedro, Sanchez ou Neymar, offrent des solutions dans l'axe ou étirent la défense en restant sur le côté. Ce qu'il faut, c'est semer la panique dans la lourde défense ukrainienne. Centrer ? Inutile, ils sont immenses et de toutes façons on ne sait pas centrer, malgré Debuchy. Il faut jouer au sol, redoubler de passes, écarter cette défense pour ensuite repasser par l'axe. Et être efficace devant le but.

Rater un Mondial, ça arrive

Ce qui pose problème, sur le plan mental, c'est que les Ukrainiens sont invaincus depuis 12 matches, et prennent très peu de buts. Hormis leurs deux ailiers ils manquent de génie, mais Zozulia, devant, a démontré qu'il ne fallait pas dénigrer sa vivacité. Et Edmar n'est pas un Brésilien de naissance par hasard. Bref, qualifier, comme l'Equipe ce matin, d'"humiliation" cette défaite de l'aller est définitivement la preuve que peu de gens s'y connaissent vraiment en football dans ce pays, y compris dans les rangs de ceux qui pensent tout savoir, à savoir les journalistes. Perdre contre la Chine, comme en 2010 avant le Mondial (0-1), oui c'est une humiliation, en Ukraine sur un coup de dé, non. Il s'agit des barrages, épreuve où normalement toutes les équipes se tiennent et ont brillé dans leurs qualifications, sinon elles ne seraient pas là. L'Ukraine qui a fourni à peu près tous ses grands joueurs à l'URSS, et qui possède des clubs qui, eux, gagnent des Coupes d'Europe. Croire que la France est suffisamment un pays de football pour regarder tous les autres de haut, hormis les très grands, c'est oublier les longues périodes de disette qui ont fait le lien entre les générations Kopa, Platini et Zidane.

Il faudra avoir la chance qu'on n'a pas eu vendredi, mais ça implique qu'on en ait pas et qu'on se fasse sortir. Rater une Coupe du Monde, c'est terrible, certains joueurs de l’Équipe de France n'ont même jamais vécu ça. Mais ça fait partie du jeu, de l'Histoire des Bleus, ça arrive. Et, même si je sais que je parle dans le vide, ça ne servira à rien de dresser un procès à ces joueurs qui n'auront eu qu'un tort : d'être tombé dans le groupe de l'Espagne, et de ne pas être une génération immense. Rien à voir avec les casques sur les oreilles, le manque de sourire, les coupes de cheveux moches ou leurs origines ethniques ou sociales. Ils ne sont pas mieux payés, plus méchants ou pédants ou détestables que ceux de 98, simplement ils gagnaient, eux. C'est le seul critère sur lequel ils doivent être jugés, tout en se disant que la défaite fait partie du jeu.

Allez je vous laisse, et allez les Bleus !

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