vendredi 11 mars 2016

Paris a changé de triangle

Salut à tous !

Au surlendemain de la belle victoire parisienne à Stamford Bridge, qui lui garantit de disputer un quatrième quart de finale d'affilée en C1, un record pour un club français, revenons un peu sur ce match qui a confirmé que désormais, Paris boxait dans une nouvelle catégorie, même si ça ne lui garantit en aucune manière un chemin aisé pour la suite dans la compétition.

Un milieu en souffrance

Cette rencontre porte un sérieux paradoxe qui rend très difficile à analyser la performance des triples champions de France. Depuis bientôt quatre ans, les arrivées de Thiago Motta et Verratti et de l'explosion de Matuidi, avec Ancelotti puis surtout Blanc sur le banc, tout le monde a enregistré depuis longtemps la cause de la très grosse domination des Parisiens lorsqu'ils s'imposent : un milieu de terrain souverain. Certes, il y a les coups d'éclat réguliers d'Ibrahimovic, l'efficacité irrégulière, elle, de Cavani ou les coups de génie éparses de Pastore, mais ce qui porte les Parisiens depuis que ce fameux triangle a été instauré, ce qui étouffe et fait courir sans fin leurs adversaires, c'est ce fameux milieu de terrain. Subtil mélange d'expérience internationale de haut niveau, alliée à une technique fine, une roublardise hors du commun et un sens tactique aiguisé (Motta), un mélange
parfait de Pirlo, pour la technique inégalable, et de Gattuso, pour le côté chien sur le terrain (Verratti) et un "self made man" infatigable, à l'état d'esprit irréprochable, un gratteur de ballon et déclencheur de pressing comme il y en a peu, qui a su progresser de façon spectaculaire, notamment au contact d'Ancelotti, mais aussi de ses partenaires, pour devenir un des tous meilleurs "box to box" de la planète (Matuidi), ce triangle inversé, quand il est en forme, ne laisse que peu de chances à l'adversaire, depuis 2012, de s'organiser, élaborer son jeu, respirer, etc.

Mais à Londres ce mercredi, Paris s'est imposé en patron, tout en perdant clairement la bataille du milieu. Hiddink, en vieux roublard du football mondial qui en a vu d'autres - il remportait une Coupe des Champions en 1988 avec le PSV Eindhoven, à 42 ans, alors que Laurent Blanc était à 6 mois de débuter en Équipe de France... comme joueur - connaissait, comme les autres techniciens qui affrontent actuellement le club parisien, que le point fort du PSG version Qatari était son milieu de terrain, mais que ce dernier était loin d'être royal en ce moment si on lui appliquait un traitement de choc à cet endroit précis, à savoir un harcèlement total, un pressing tout terrain. Ça fait un moment que Blanc, aidé par la vingtaine de points qu'il compte d'avance en championnat sur Monaco, fait tourner son effectif, et n'hésite pas à régulièrement titulariser au milieu des joueurs comme Rabiot, Stambouli, Pastore, voire même Nkunku le week-end dernier contre Montpellier. Si le premier nommé peut se montrer convaincant par séquences, sans jamais pouvoir faire oublier Verratti sur le plan technique - qui pourrait ? - les deux suivants ne sont clairement pas au niveau pour rendre l'entrejeu parisien aussi souverain que d'ordinaire. Stambouli a surtout fréquenté le banc à Tottenham l'an passé et est plus un défenseur avancé qu'un véritable premier relanceur, et Nkunku est un sérieux espoir de la formation parisienne, mais il n'a que 18 ans. Quant à Pastore, qui aurait pour moi sa place dans le onze de départ parisien, en attaque à la place de Lucas, ses blessures ont rendu sa saison quasi blanche, et ses perspectives de titularisation dans les grands matches, problématiques.

Rabiot, titulaire bis, Motta en déclin

Ce turn over, mais aussi la blessure de Verratti depuis le début de l'année ont offert à Rabiot une exposition quasi inespérée, au point que le joueur formé au club compte, toutes compétitions confondues, plus de matches (32 matches, dont 19 en Ligue 1) que son concurrent italien (26/17). Même chose pour le temps de jeu : 2289 minutes pour le jeune parisien, dont 1260 en championnat, contre 1695 et 1031, soit l'équivalent de 11,5 matches entiers, pour le natif de Pescara ! Officiellement, Rabiot fait donc partie de l'équipe type du PSG cette saison... dans les faits il semble encore très loin de l'Italien, quoiqu'en pense sa génitrice, mais ça montre combien Laurent Blanc compte sur lui pour l'avenir et même le présent. Son gros match à Madrid, malgré la défaite (1-0), alors qu'il avait remplacé Verratti après un quart d'heure de jeu, mais aussi son plus gros impact offensif (4 buts désormais cette saison) placent Rabiot comme une alternative plus que valable à un des deux relayeurs du milieu.

Mercredi, le milieu parisien était bancal. Verratti, toujours blessé au pubis, probablement jusqu'aux quarts de finale d'ailleurs, manquait à l'appel, Matuidi, touché à la cuisse contre Montpellier, ne devait sa présence à Londres qu'à un miracle et au travail remarquable des kinés parisiens, et Motta n'est plus ce qu'il était ces dernières années. Jamais, depuis qu'il est arrivé à Paris, et malgré deux premières saisons très compliquées par les blessures, le joueur formé au Barça n'avait semblé aussi sensible au pressing adverse, voire même perfectible techniquement, un comble, que depuis quelques mois. Sans Verratti, son cadet de dix ans, pour le protéger par son abattage au milieu et sa sureté technique, l'international italien ressemble à une proie facile pour ses opposants du milieu de terrain, tant que ces derniers ne le lâchent pas dès qu'il touche le ballon. Avec un Matuidi sur une jambe, et que j'ai rarement vu faire autant de fautes dans un match en raison d'un retard certain au contact de l'adversaire, et un Rabiot certes talentueux mais perfectible dans la relance, notamment en première mi-temps, Motta s'est littéralement retrouvé livré à lui même, ce qui a provoqué plusieurs pertes de balles dommageables plein axe, dont une, certes suite à une passe trop forte et imprécise de Rabiot, a conduit à l'égalisation de Chelsea, signée Diego Costa (1-1, 27e).

Le Brésilien de naissance s'est heureusement rattrapé en deuxième mi-temps, notamment par sa passe exceptionnelle pour Di Maria sur le but de Zlatan (1-2, 67e). Un coup de génie qui rappelle à quel point il n'a pas encore tout perdu, quand le pressing adverse se relâche un peu... Mais si Motta confirme sa méforme, comment ne pas imaginer dans le futur un nouveau triangle, avec Verratti placé plus bas, et Matuidi associé à Rabiot ou Pastore en relayeurs ? C'est encore trop tôt pour le dire, et se priver de l'expérience de Motta est un pari risqué, mais n'insultons pas l'avenir en imaginant cette perspective impossible... et difficile d'imaginer le PSG ne pas chercher à remplacer ce dernier numériquement (Pjanic ? Busquets ?) si ce dernier devait partir... Rabiot va devoir encore cravacher pour convaincre complètement.

Une défense solide

Bref, sans Verratti pour colmater et fluidifier le milieu, sans un Matuidi en forme pour remporter les duels et porter le ballon vers l'avant, et avec un Motta moins souverain, le PSG, face à des cadors de la contre attaque et de la passe laser comme Fabregas et Willian, a logiquement souffert, notamment à partir du but londonien jusqu'à son deuxième but, qui a éteint tout suspense. Pourra-t-il s'en sortir face à un adversaire plus consistant encore ? Et comment s'en est-il sorti mercredi, privé de son principal point fort ? Surtout que sur le but de Costa, un autre de ses points forts, Thiago Silva, très solide par ailleurs, s'est troué dans son duel avec le buteur espagnol, qui s'est joué de lui comme d'un débutant. Alors sur quoi pouvait se reposer le groupe de Laurent Blanc ?

Certes, Trapp a fait le job, même s'il a mal repoussé un tir de Costa juste avant la pause, sur lequel il est sauvé devant Pedro par un retour opportuniste de Marquinhos, toujours présent quand il s'agit de sauver le PSG. Mais il s'est montré solide sur le peu d'arrêt qu'il a eu à effectuer, notamment cette double intervention face à Willian et Pedro, deux minutes avant le but d'Ibrahimovic (65e). Que Sirigu n'ait pas été capable des mêmes gestes à sa place reste sérieusement à prouver - il en avait fait quelques uns il y a exactement un an au même endroit - mais Trapp, dans ces matches là où il ne peut pas se déconcentrer et sortir de son match à cause du manque d'activité sur sa cage, comme en Ligue 1 tous les week-end, ce qui a conduit à la demi douzaine de boulettes qu'il a commis depuis le début de la saison, et hormis à Madrid où il provoque le but de Nacho, se montre pour l'instant impeccable. Les prochaines échéances européennes nous en diront plus sur sa capacité à se montrer solide dans ces matches cruciaux.

Les latéraux parisiens, quant à eux, ont eu un apport limité sur le plan offensif. Maxwell, logiquement, est un peu plus monté que Marquinhos, mais sans vraiment apporter un écot décisif sur ce plan. En revanche, défensivement, malgré une glissade en début de deuxième mi-temps, il est toujours irréprochable, malgré son âge et une probable retraite cet été. Quant à Marquinhos, il est un Thuram tout à fait potable, c'est-à-dire un axial pur qui fait le job côté droit, sans avoir le bagage technique pour apporter offensivement ce que pourrait apporter un véritable latéral droit, comme Van der Wiel, trop friable défensivement malheureusement, et surtout Aurier, mais avec lui le couloir est bouclé, et ce n'est pas un hasard si les Londoniens ont systématiquement cherché à passer dans l'axe. Mais s'ils ont su bien couvrir les errances de leur milieu de terrain, ce n'est pas sur eux que le PSG a véritablement pu compter pour remporter ce match sur le plan offensif.

Di Maria change tout

Non, pour une fois, le point fort du PSG ça n'a été ni sa défense centrale - David Luiz s'est montré solide, sans plus - ni ses latéraux, et évidemment pas son milieu, on l'a vu. S'il a pu faire la différence, c'est surtout grâce à son trio offensif, sublimé par un Di Maria qui a été recruté pour faire la différence dans les grands matches européens, et qui s'est montré à la hauteur de cette double confrontation face au champion d'Angleterre - avec la même équipe que mercredi soir, hormis Terry -, vainqueur de la C1 en 2012. Passeur décisif à l'aller pour le but de la victoire signé Cavani, l'Argentin s'est montré décisif sur les deux buts parisiens, d'abord par sa passe délicieuse pour Ibrahimovic, sur le but d'un Rabiot parfait dans le dépassement de fonction offensif, seul petit défaut d'un Verratti qui n'a pas encore marqué cette saison (0-1, 16e), ensuite sur ce centre parfait pour Ibra, après une mise en orbite impeccable de Motta, en une touche, sur le deuxième but parisien. Deux buts quasi identiques, joués à 200 à l'heure, qui ont percé la défense londonienne comme si c'était écrit d'avance, sur deux actions placées qui plus est. Pas de contre attaque à la Ancelotti, non : des recherches d'espace intelligentes, exploitées par une maîtrise technique parfaite. La défense londonienne, prise dans son dos, n'y pouvait rien.

Di Maria qui a su également soulager son milieu par son recentrage, comme Lucas, et le dézonnage d'Ibra. C'est ainsi qu'il a eu la vista pour décaler Ibrahimovic sur le but de Rabiot, et comme il avait su trouver Cavani pour son but à l'aller. Ca fait d'ailleurs plusieurs années que le PSG joue sans véritables ailiers, plutôt avec des attaquants de soutien qui repiquent dans l'axe dès que Zlatan dézonne, à la manière de la MSN du Barça. C'est sans doute à ce poste de faux ailier, vrai meneur, derrière les attaquants, que Di Maria risque de réussir sa première saison parisienne, si c'est le cas. On en saura plus au tour suivant... mais l'Argentin est sans doute le facteur qui a manqué au PSG l'an passé contre Chelsea pour faire la différence plus tôt...

Lucas, quant à lui, a démontré qu'il avait peut-être enfin réussi à prendre la place de Cavani en attaque. Parce qu'il est meilleur techniquement, ce qui n'est pas difficile vu les carences de l'Uruguayen dans ce domaine, qu'il progresse plus vite que ses détracteurs ne semblent le noter, et que c'est plus son poste que celui de l'ex buteur napolitain. Décalé à gauche, ses recentrages font des dégâts terribles dans les défenses quand il arrive à prendre de la vitesse, ce qui reste le plus difficile à ce niveau. Mais comme à l'aller, ou une de ses accélérations avait provoqué le coup-franc victorieux d'Ibrahimovic, et comme lors d'autres belles perfs parisiennes à l'extérieur, comme à Valence il y a quelques années (1-2), le Brésilien a encore montré qu'il pouvait faire de sacrées différences dans ce types de matches, notamment en déplacement. Reste à confirmer, ce qui a toujours été un problème pour lui.

Ibrahimovic reste le boss

De son côté, Ibrahimovic, buteur et passeur, son tarif habituel en Ligue 1 - rappelons qu'il est le meilleur buteur ET le meilleur passeur dans le jeu du championnat (23+10) - a su exporter ses talents au niveau européen. Si un passionné de football est passé à côté de l'info comme quoi il n'avait jamais marqué un but décisif lors d'un match retour en Coupe d'Europe, c'est qu'il ne lit jamais l’Équipe, vu que cette information figure tous les jours dans l'unique quotidien sportif français, ainsi que tous les soirs dans les débats de sa chaîne de télévision, sans parler des autres talk shows sportifs... les journalistes français, privés de ce si bon client qu'est Zlatan parce qu'il ne veut plus leur parler, lui font payer au quotidien cette anomalie qu fait de lui un des rares joueurs de ce calibre à n'avoir pas gagné la C1, malgré sa présence depuis 15 ans dans les effectifs des meilleurs clubs de la planète. Alors que Ryan Bertrand, vainqueur anecdotique de la Ligue des Champions avec Chelsea en 2012, et que tout le monde a oublié hormis sa famille et les supporters de Southampton, son club actuel, prouve surtout que c'est parfois une affaire d'opportunité, et qu'il n'y a pas que des joueurs d'exception qui gagnent ce trophée... et inversement. Ronaldo, le Brésilien, ne l'a pas gagné non plus, et ça ne fait pas de lui un joueur quelconque.

Rappelons que le Suédois a inscrit la bagatelle de 46 buts en C1, ce qui fait de lui le 8e buteur de l'histoire de la C1 moderne, à égalité avec Benzema, dont neuf lors des phases finales de la compétition, qui comptent par définition moins de matches. Alors oui sa moyenne baisse un peu, mais ce n'est pas illogique vu que le niveau s'élève forcément. Dire qu'il n'a jamais été décisif lors d'un match à élimination européen, alors qu'il a signé un doublé à Arsenal avec Barcelone en 2010 (2-2), ou un doublé à Leverkusen avec le PSG il y a deux ans (0-4), c'est de la malhonnêteté intellectuelle, nourrie par la rancune des médias français envers lui. C'est aussi oublier qu'il n'est pas le seul dans cette équipe, Cavani ou Lavezzi non plus n'ont jamais su porter le PSG au-dessus des quarts de finale depuis trois ans... pas plus que sa défense, défaillante contre le Barça l'an passé. Mais bizarrement on ne lit pas tous les jours dans l'Equipe que Thiago Silva est un monstre... "en Ligue 1".

Bref, il s'est montré largement à la hauteur ce mercredi, prouvant une nouvelle fois que son physique de déménageur - 1m95, 95 kgs - était doublé d'une technique exceptionnelle, notamment sur le but de Rabiot. Alors oui, le PSG a eu un passé avant le Qatar, et avant Zlatan. Mais des joueurs tels que lui, le PSG, et même le football français, n'en a peut-être jamais vu d'aussi fort sur son sol. Il y a eu de futurs grands joueurs qui ont joué en Ligue 1, mais ils ont souvent explosé une fois parti, comme Drogba par exemple. Mais qui ont su apporter le meilleur de leur talent à un club français au top de leur carrière, ça a été très rare. Alors goutons notre plaisir de pouvoir profiter de Zlatan et Di Maria tant qu'ils sont encore là...

A plus tard, au tour suivant !

mardi 16 février 2016

Saving private Aurier

Salut à tous,

Ça fait plus de 25 ans maintenant que je suis le foot de façon très régulière, voire intense, par le prisme notamment des statistiques. J'ai toujours été intéressé aussi par le fait de découvrir de jeunes joueurs, en essayant de leur prédire un grand avenir qu'ils ne traduisent malheureusement pas toujours complètement. Mais il arrive, parfois, que les faits me donnent raison. Honnêtement, quand un gamin devient titulaire à 17 ans au sein d'un club de Ligue 1, la marge d'erreur se réduit sérieusement, en général.

Trois gamins prometteurs

Depuis une dizaine d'années, je suis plusieurs joueurs depuis le début de leurs carrières, et notamment trois spécifiques. Leur point commun ? Ils ont tous les trois commencé très jeune (17-18 ans, et même moins) à fréquenter le monde professionnel, sont aujourd'hui internationaux pour leur pays et ont tous les trois fréquenté le PSG, mais ça c'est un hasard total, vu que lorsque je les ai "découvert", ils évoluaient en province, et à des années lumières de pouvoir un jour évoluer dans la Capitale.

Y en a deux que j'ai découvert lors de la même saison, il y a dix ans maintenant. Mevlut Erding était un jeune attaquant franco turc de 18 ans lorsque je l'ai vu faire sa première

apparition à 5 minutes de la fin d'une improbable panouille footballistique, Ajaccio-Sochaux, en novembre 2005, lors d'un de mes premiers lives à Sport24, et inscrire son premier but lors des arrêts de jeu, celui de la victoire (0-1). J'ai suivi son évolution, pas très rapide au début, au sein du club doubiste, avant son explosion puis son transfert en 2009 au PSG, où il signera une excellente première saison (15 buts) avant que ça se gâte pour lui. Depuis, que ce soit à Rennes, à Sainté, Hanovre ou maintenant Guingamp, il semble avoir perdu la confiance qui faisait de lui un excellent buteur de Ligue 1. Sur lui j'ai eu du nez, mais comme pour beaucoup de joueurs ayant rejoint le PSG d'avant le Qatar, le passage dans la capitale, la pression médiatique, etc, l'ont plus desservi qu'autre chose. Mais il a encore le temps de bien finir, il n'a que 28 ans.

La même année, à Troyes, débutait et s'imposait aisément un des piliers actuels du club parisien, à seulement 18 ans, Blaise Matuidi. Vous le savez, Blaise est un de mes chouchous. C'est un de ces joueurs qui ne sort pas d'un centre de formation prestigieux, même si celui de Troyes n'est pas non plus si nul que ça, et qui a su emprunter un chemin sage et régulier pour arriver au sommet : grand club européen, équipe nationale... qui aurait pu imaginer ça pour lui il y a quelques années ? A l'époque, Matuidi, qui n'avait joué que trois matches la saison précédente alors que son club évoluait en Ligue 2, s'était vite imposé au milieu du terrain du promu champenois, aux côtés de grognards comme Tourenne, Nivet et autres Amzine, grâce à des qualités de gratteur de ballon tout simplement hors du commun. Celui qu'on surnommera à Saint-Etienne "la pieuvre", en raison de l'élasticité de ses jambes qui lui permettaient de récupérer des ballons là ou personne ne semblait pouvoir le faire, ne possédait pas encore les qualités de percussion offensive qu'il a acquises ensuite au PSG, sous l'égide de Carlo Ancelotti. Mais s'il a disputé 31 matches cette année là en Ligue 1, dont 30 comme titulaire, et à seulement 18 ans, c'est parce qu'il était déjà un phénomène à son poste. Mais il ne brûlera pas les étapes comme beaucoup de jeunes le font depuis l'arrêt Bosman. Il n'ira dans le Forez qu'en 2007, puis à Paris, avec un statut de jeune international (3 sélections), qu'en 2011, juste avant la prise en main des Qataris. C'est d'ailleurs ce qui fait de lui un joueur à part : il s'agit du dernier représentant de l'effectif non formé au club à n'avoir pas été recruté par le Qatar. Mais il est indéboulonnable.

Un autre l'était devenu cette saison à Paris, après n'avoir lui non plus cédé aux nombreuses sirènes qui accompagnent sa carrière depuis une demi douzaine d'années, en ayant lui aussi emprunté un chemin stable. Mais qui voit aujourd'hui sa trajectoire peut-être brisée pour une énorme connerie. Vous me voyez venir, il s'agit de Serge Aurier. Un garçon que, comme ses deux compères, je suis depuis ses tous débuts, à Lens. Lui il fait encore plus fort question précocité puisque lorsqu'il a disputé son premier match, le 22 décembre 2009 au Stade Bollaert contre le Saint-Étienne de... Blaise Matuidi, il était à deux jours de fêter ses 17 ans. Et j'étais devant le match ce jour là, encore une fois chargé que j'étais de le commenter en ligne. Et j'ai été estomaqué par ce latéral droit puissant, culotté, costaud. Il n'a disputé que 7 matches cette saison là dans le club artésien, avant de s'y imposer dès la saison suivante comme un titulaire indiscutable, aux côté d'un autre phénomène de 17 ans formé à la Gaillette, Raphaël Varane, même si la descente sera au bout. Il entame la saison suivant en Ligue 2 avant de rejoindre Toulouse lors du mercato hivernal. Là-bas, il explose.

Aurier, l'ambivalent

Voyez-vous, les latéraux de haut niveau sont une denrée rares, parce qu'il s'agit d'un poste extrêmement ambivalent. Il faut à la fois réunir des qualités défensives, mais aussi offensives très spécifiques. Il y a des latéraux qui sont avant tout bons défensivement mais qui n'apportent pas grand chose devant, et vous avez l'inverse, des latéraux redoutables devant mais friables derrière, comme les Bréisliens, souvent. Le plus dur étant de trouver le latéral qui réunit les deux. C'est la cas de l'international ivoirien, né en Côte D'Ivoire avant de rejoindre la France à 11 ans mais qui, s'il avait choisit de jouer pour la France, comme il aurait pu le faire, aurait réglé le problème de savoir si on doit jouer avec Jallet, Sagna ou Debuchy à l'Euro... puis pour la prochaine décennie sans doute...

C'est d'ailleurs pour cette alchimie technico-tactique extrêmement difficile à trouver que nombre de latéraux modernes sont soit des centraux décentrés - le plus célèbre d'entre eux étant Lilian Thuram, titulaire dans l'axe en club mais latéral en sélection - , et qui apportent donc avant tout sur le plan défensif, soit des ailiers ayant reculé à un moment de leur carrière, et qui, pour leur part, apportent plus offensivement que défensivement, logiquement. En Ligue 1 vous avez une tripotée d'exemples dans ce cas, Tabanou, Pied, Bessat... au PSG, aujourd'hui, avec l'exclusion d'Aurier, Blanc a le choix entre Marquinhos (premier profil) et Van der Wiel (deuxième profil), même si le Néerlandais n'a jamais joué au milieu, et est un véritable spécialiste du poste. Blanc n'a plus les deux en un seul joueur, et si c'est gérable en Ligue 1, ce sera plus compliqué en Ligue des Champions.

Le choix de Blanc

A Toulouse, Aurier est devenu tellement fort qu'il évoluait même dans l'axe, tout en demeurant le meilleur joueur de son équipe avec Ben Yedder, au point, lors de sa dernière saison, d'aligner six buts et autant de passes décisives, ce qui faisait de lui le meilleur défenseur de Ligue 1 et le 18e joueur décisif du championnat. C'est lors de cette saison que je l'ai vu évoluer en vrai, et de très près, lors d'un Toulouse-PSG très intense (2-4). J'étais dans une latérale, dans les premiers rangs, et durant toute une mi-temps, à seulement quelques mètres de moi, je l'ai vu littéralement dévorer Maxwell dans son couloir, excusez du peu. Il lui a tout fait. Il l'a fait souffrir comme rarement un joueur avait du faire souffrir un des meilleurs latéraux gauches de la planète. C'était il y a pile deux ans, et à l'époque, alors que Blanc hésitait entre Jallet et Van der Wiel à droite, aucun d'entre eux ne prenant vraiment le dessus sur l'autre, je ne rêvais que d'une chose : que le PSG mise sur ce joueur incroyable, qui avait le potentiel pour devenir la référence mondiale à son poste.

Et Blanc allait le faire. Malgré les doutes de sa direction, qui ne rêve que de stars confirmées et de paillettes, le Cévenol, qui avait aussi du remarquer la performance d'Aurier ce jour là, va insister pour le faire venir à Paris, malgré le fair-play financier, qui allait obliger le club parisien à chercher un prêt avec option d'achat... la première année du défenseur ivoirien n'allait pourtant pas donner raison au technicien parisien, dans un premier temps. Approximatif, timide, il va rater sa première saison parisienne, et les gens vont vite lui préférer Marquinhos, pourtant vraiment pas un spécialiste du poste, pour suppléer Van der Wiel dans le couloir droit. Mais le gain de la CAN avec son pays, il y a un an, et une préparation estivale exceptionnel durant laquelle il va tout emporter, vont régler la question.

Oui, il s'agit bien du probable meilleur latéral droit du futur, et peut-être même actuel. La façon dont il occupe son couloir, le défend comme personne, l'anime avec une telle énergie, une telle conviction... la manière avec laquelle il avait dévoré Ronaldo à l'automne dernier, une de ses nombreuses victimes désormais... Dites moi qui aujourd'hui est meilleur que lui en Europe ? Sur qui le PSG va devoir miser pour le remplacer si, comme beaucoup le réclament et le subodorent, ils se séparent d'Aurier suite à sa vidéo infamante de samedi dernier ? Dani Alves, Lahm, Lischsteiner ? Pas vraiment des perdreaux de l'année... non, il n'y a personne meilleur que lui aujourd'hui à son poste. S'il devait partir, sur le plan sportif au moins, ce serait une énorme perte. Et à mon avis on le verra dès ce soir.

Une bombe sociale

Alors oui, il n'y a pas que le terrain. Sa place dans le vestiaire est désormais fortement compromise, sans parler de la confiance manifestement perdue d'un entraîneur qui avait pourtant pris des risques pour le faire venir. S'il veut restaurer sa place à Paris, il va devoir déployer des trésors de diplomatie, d'humilité et d'intelligence dont on ne le soupçonne pas vraiment depuis que la France entière l'a vu à l’œuvre dans cette vidéo pitoyable, qui donne le hoquet à chaque fois qu'on la voit. Homophobie ordinaire, bêtise, vulgarité... je suis tombé d'un mur très haut dimanche matin, en découvrant la vidéo puis l'"affaire".

C'est une vidéo privée, en tous cas filmée dans un cadre privée, même s'il est diffusée en ligne. Sûrement que nombre de ses congénères de son âge, et pas seulement dans le foot d'ailleurs, s'expriment de cette manière quand ils sont entre eux pour parler de collègues et de gens qu'ils côtoient... qui n'a pas critiqué son patron lors d'un diner, et dans un langag parfois fleuri ? Mais pour autant, comment peut-il imaginer qu'une telle vidéo, diffusée sur un réseau social, pourrait passer inaperçue ? Lui qui est un habitué de ce genre de médias, lui qui avait été suspendu trois matches par l'UEFA l'an passé, ce qui lui avait fait manquer les matches du printemps contre Chelsea et le Barça, après avoir insulté l'arbitre de PSG-Chelsea sur un autre réseau social, comment a-t-il pu être aussi stupide ? C'est difficilement concevable.

Les dégâts sont effroyables sur le plan médiatique, et peut-être même sur le plan sportif, on en saura plus dès ce soir quant à savoir si le vestiaire parisien, aussi expérimenté soit-il, aura pu digérer en si peu de temps une telle bombe. Ce sont des professionnels, mais ce ne sont pas des robots, ce sont des hommes, et l'affaire ne pouvait pas tomber plus mal. Paris joue sa saison ce soir, tout simplement. S'il se plante contre Chelsea, il pourra toujours terminer invaincu en championnat avec 100 points et les deux coupes dans la poche, il aura raté sa saison, ce n'est pas compliqué. Et tout ça à cause d'une affaire lamentable, pathétique.

Le sauver

Malgré tout ça, le PSG doit essayer de sauver le soldat Aurier. Pas parce que c'est un actif financier, comme j'ai pu l'entendre ici ou là. Ils vont perdre 20 millions dans la revente de Lavezzi, il s'annoncent prêts à en mettre 100 sur Ronaldo, qui vient de fêter ses 31 ans, et ils seraient chafouins de perdre les 30 qu'ils aurait pu ramasser sur la revente d'Aurier ? Fair-play financier ou pas, faut pas déconner. S'ils voulaient le virer, ils le feraient. Non, il faut le sauver parce que sportivement c'est un phénomène, irremplaçable, parce que mentalement et moralement, c'est un guerrier, quelqu'un sur qui on peut compter, et parce que c'est un jeune joueur de 23 ans, qui a fait une énorme connerie mais qui doit pouvoir être sauvé, qu'on ne doit pas détruire en un claquement de doigt, sur une décision prise sur le coup de l'émotion.

Le licencier, ce serait détruire sa carrière, au moins une partie. Si c'est pour le retrouver dans quelques années dépressif dans un club russe de seconde zone, à courir le cachet aux Emirats ou en Chine, alors allons-y, virons le, mettons le en prison comme le réclame Guy Roux. On ne parle pas là d'un joueur confirmé et très expérimenté qui ferait perdre une finale de Coupe du Monde à son pays en infligeant un coup de boule là, non. On parle d'un jeune joueur qui a dérapé, mais qui peut encore être sauvé. Qui doit l'être, absolument. Et si on ne peut pas, et bien... tant pis pour lui. Mais il faut lui laisser une dernière chance. Ce n'est pas possible qu'un talent pareil soit sacrifié sur l'autel de la tendance actuelle à la réaction, la sévérité, la tolérance zéro, notamment envers les footeux, surtout quand ils viennent de banlieue et qu'ils ne possèdent pas un langage de salon parisien.

Si Paris bat Chelsea dans un tel contexte, ce sera une sacrée perf, la preuve que ce groupe possède vraiment un mental hors du commun. Parce que le sport, ce ne sont pas que des muscles qui s'affrontent, ce sont surtout des cerveaux. Et ceux du PSG ne peuvent pas ne pas être perturbés.

A plus tard.

mardi 22 décembre 2015

Bilan de la Ligue 1 à la trêve

Salut à tous !

Comme tous les ans, nous nous retrouvons pour un bilan de demi saison de la Ligue 1. Et dieu sait que cette année, il y a des choses à dire, et pas des banales.

Paris seul au monde

D'abord, ce fameux record, que Laurent Blanc essaie de banaliser tout en s'en étant servi pour motiver ses joueurs lors du dernier match de l'année à Caen, remporté (0-3). 51 points pris après 19 journées, ça interpelle quelque peu. Lyon, au fait de sa gloire, en 2006-07, juste avant que sa domination ne s'étiole quelque peu, en avait remporté 50, mais il avait subit une défaite, à Rennes (1-0), en plus de ses deux nuls, avant de "s'écrouler", terminant champion mais quatrième des matches retours avec seulement 31 unités. L'OL
avait également marqué 39 fois (48 pour Paris) et encaissé 11 buts (contre 9). C'était à l'époque un record qu'on imaginait difficile à égaler, sauf par lui-même, dans un championnat aussi serré et difficile.

Neuf ans plus tard, c'est donc chose faite. 16 victoires, 3 nuls et un rythme qui permettrait au PSG d'atteindre un score de 102 points difficile à concevoir, vu que le maximum autorisé est de 114... ça sous-entend que le club parisien, lors de ces matches allers, a perdu un peu plus d'un point en moyenne tous les dix matches ! Il a également remporté près de la moitié de ses rencontres (9) par au moins trois buts d'écart, contre seulement cinq sur l'ensemble de la saison dernière ! Des chiffres effarants, surtout quand on mesure l'écart qui sépare les Parisiens du reste de la meute... Il y a un an, Lyon était deuxième derrière... Marseille, avec 39 points, et devant le PSG, crédité de 38 points. Il y a deux ans, Monaco talonnait le PSG avec 41 points. Cette saison, l'ASM, avec 32 points, est le plus mauvais deuxième à la trêve depuis... le Paris-SG, dauphin du futur champion lillois fin 2010, avec 31 points, à égalité avec Rennes et Lyon. En revanche, un tel écart après 19 journées (19 points), c'est du jamais vu, il efface des tablettes les 15 points d'avance de Lyon sur Lens fin 2006, encore. En revanche, il échoue à un but de la meilleure différence de buts à la trêve, propriété d'un autre club parisien, le Racing, en 1959-60 (+40). Un goal average qui se répercute sur celui des autres : aucune autre équipe ne dépasse +9 (Nice), alors que trois équipes, les trois relégables, dépassent les -10 et une atteint -25 (Troyes), Caen est quatrième avec -1 et les Verts sixièmes avec 0, et seulement 7 équipes ont un bilan de buts positif, contre 10 avec un bilan négatif. N'en jetez plus !

Pour Troyes, la relégation parait inévitable : seule équipe de l'histoire à atteindre la trêve sans victoire, l'ESTAC compte 13 points de retard sur le maintien. Personne n'a pu rattraper un tel retard en Ligue 1. Avec 10 buts marqués, les Aubois, également pire défense de Ligue 1 (35), échouent à une longueur du record à mi championnat qui est de 9 (Lille en 1993 et Metz en 2010)...

Évidemment, cette domination sans partage offre au PSG une pléthore de premières places dans divers classements : meilleure attaque (48), à domicile (27) comme à l'extérieur (21), meilleure défense (9), à l'extérieur (3 en 11 matches !) mais pas à domicile (6), puisque Angers (4) et Lille (5) le devancent. Le PSG, malgré seulement 8 rencontres disputées au Parc des Princes, est la meilleure équipe chez elle (22 points), devant Saint-Étienne (20 points en 10 matches) et Bastia et Bordeaux (18/10). Il l'est encore plus à l'extérieur, avec 29 points en 11 matches, devant Monaco (19/10), Rennes (17/10) et Nice et Angers (16/10 et 9). Lors des matches retours, le PSG recevra donc 11 fois sur 19...

Zlatan toujours là

Autre secteur ou Paris domine, ce sont les classements individuels. Avec 15 buts, Zlatan Ibrahimovic, après l'intermède Lacazette la saison passée qui l'avait longtemps vu blessé, a repris la main sur le classement des buteurs, nettement devant le duo Moukandjo (Lorient)-Batshuayi (Marseille), auteurs de 11 réalisations. Son compère Cavani est quatrième avec 10 buts, ce qui lui garantit déjà une huitième saison d'affilée avec au moins 10 buts au compteur en championnat. Avec ce total, le Suédois (34 ans) égale son score à la trêve en 2013-14, qui l'avait finalement vu marquer 26 fois, mais reste derrière la performance de sa première saison (18, 30 au final). Cependant, rapporté à son temps de jeu, il signe pour l'instant sa meilleure saison, puisqu'il réussit à marquer toutes les 75 minutes en moyenne, contre environ 100 (99, puis 106 et 105) lors de ses trois premières années parisiennes ! De son côté, il s'agit de sa 10e saison d'affilée avec au moins... 14 buts inscrits en championnat. Par ailleurs, il confirme que malgré sa taille (1m95), il se sert avant tout de ses pieds, et surtout du droit : ce dernier a frappé 14 fois sur 15, dont 5 penalties et un seul en dehors de la surface, pour un but de la tête, et aucun du gauche. Seulement deux d'entre eux ont servi à ouvrir le score, trois ont été inscrits dans le dernier quart d'heure, et six ont été marqués à l'extérieur, meilleur total.

Derrière ce quatuor, la concurrence tire la langue. Les premiers poursuivants, les deux niçois Germain et Ben Arfa, sont à trois longueurs (7), devant six joueurs, les révélations Delort (Caen), Larbi (Gazelec), et Ninga (Montpellier), les habitués Lacazette, en net retrait par rapport à l'an passé, et Braithwaite (Toulouse), le Danois n'étant plus qu'à une longueur de son record toulousain (7) et à trois de son total en carrière, et enfin la "surprise" Di Maria (PSG), qui a déjà égalé son record de buts en une saison, signé deux fois avec le Real Madrid, en 2011 et 2013... l'Argentin, meilleur passeur du championnat dans le jeu (7, devant Ibrahimovic, 6, et Dirar, 5) est d'ordinaire plus doué pour servir que pour recevoir.

Les buts des -21 ont légèrement baissé (14 % contre 15,8 l'an passé) mais restent toujours largement devant ceux des plus de 31 (9,6), pourtant emmenés par le meilleur buteur du championnat. Mais derrière Ibra, quatre joueurs comptent seulement trois buts, Danic (Bastia), Plasil (Bordeaux), Féret (Caen) et Camara (Montpellier)... seuls 17 joueurs de plus 31 ans ont marqué en Ligue 1, contre 37 de moins de 21 ! Ces derniers sont menés par le Lillois Benzia (4), et 7 joueurs à 3 buts, dont Crivelli, N'Koudou, Siebatcheu... attention aux petits nouveaux Romain (Bastia), Ounas (Bordeaux), Koziello (Nice) ou Dembelé (Rennes), tous buteurs deux fois, et qui promettent beaucoup. On en reparle dans quelques années...

Autre signe de la baisse de niveau et d'expérience de la Ligue 1, le nombre de buts de joueurs ayant joué en Bleu au moins une fois (7,5 %, contre 9,6 l'an passé). Heureusement que Ben Arfa, Cabella ou Diarra sont revenus en Ligue 1 pour gonfler ce chiffre... toujours aussi peu de coup-francs inscrits (13, soit 2,9 %...), un chiffre également en baisse (3,2 en 2014-15). Celui des "revanchards", ces joueurs qui marquent contre leurs anciens clubs, est lui légèrement en hausse (3,2 contre 2,97). La palme à Beauvue (OL) et Sio (Rennes), qui l'ont fait deux fois, et à Bastia, Monaco, Nantes et Reims, qui ont subit également deux fois les foudres d'anciens de leurs ouailles... Côté remplaçants, le meilleur d'entre eux est le Rennais Grosicki (4) devant l'éternel Souleymane Camara, qui côtoie Lucas (PSG) et Siebatcheu (Reims), qui comptent trois buts. C'est le PSG qui compte là encore le meilleur banc (8) devant Reims et Rennes (5). Trois équipes n'ont pas encore vu leurs remplaçants marquer, Angers, Guingamp et Nantes, 3 des 6 plus mauvaises attaques de Ligue 1. Enfin, le meilleur "gaucher" est Di Maria (6) devant Alessandrini (Marseille) et Ben Arfa, 5, et Fekir et... Cavani, 4. Côté buts de la tête, c'est logiquement l'angevin Ndoye qui mène (4), en compagnie de Moukandjo, devant un spécialiste, Privat (Guingamp, 19 buts de la tête sur 31 en Ligue 1) et Germain, qui fait honneur à son père Bruno, illustre buteur à répétition de la tête il y a une vingtaine d'années...

L'Europe confirme son renouveau

Si le nombre de buts étrangers a légèrement baissé (49,77 % contre 53,8 l'an passé), les rapports de force demeurent les mêmes, du moins à propos des continents. Derrière la surpuissante Afrique, toujours intouchable (106 sur 217 buts étrangers), l'Europe confirme son léger redressement, aperçu l'an passé et reste devant l'Amérique du Sud (64 contre 45), avec même un écart plus grand, puisque la saison dernière elle n'avait devancé cette dernière que de 8 petites unités (138 contre 130)... la renaissance de Zlatan, plus les buts belges, portugais, danois ou polonais ont permit cette avance, tandis que la baisse de régime du Brésil, en tête, certes, mais à égalité avec le Cameroun (18), et de l'Argentine (14) ont confirmé que les footballeurs sud-américains sont de moins en moins nombreux en Ligue 1. Neuf des 14 buts argentins ont été marqués par des Parisiens, ainsi que 10 des 12 buts uruguayens... seuls les Brésiliens sont un peu plus répartis (5 buts du PSG sur 18).

Chez les passeurs, derrière Di Maria, Ibra et Dirar, on trouve quelques belles surprises avec le jeune bordelais Crivelli, accompagné du soit-disant individualiste Batshuayi et du Niçois Séri (4). Au classement combiné buts+passes, Ibrahimovic est évidemment en tête (15+6), devant le buteur marseillais (11+4), Moukandjo (11+2) et Di Maria (6+7) et enfin Cavani (10+2). Au pourcentage par équipe, c'est Nantes, plus mauvaise attaque (14) du championnat derrière Troyes (10) qui mène, avec 84,6 % de buts marqués sur passe décisive dans le jeu, devant ses voisins de l'ouest Rennes (79,2) et Guingamp (76,5). Lyon (56,5) et Paris (56,2) sont très loin, mais devant Troyes (40), le dernier, qui suit Angers (47), spécialiste des coups de pied arrêtés.

Dans un championnat où on ne gagne plus que 38,9 % de ses matches à domicile (47,6 l'an passé), contre 29,4 % de succès à l'extérieur, où une seule équipe n'a pas encore perdu chez elle, vous savez qui, et où la moitié des équipes n'ont pas gagné plus de trois fois dans leur stade, il n'est pas étonnant de constater l'importance des buts inscrits à l'extérieur (44,10 % !). Une moyenne de buts assez nettement en baisse par rapport à l'an passé (2,36 contre 2,49). On a ainsi déjà eu droit à cinq journées sous les 20 buts, dont les deux premières, la dernière, ainsi que la 16e, qui est descendu à 13 unités (!), contre seulement deux cas à la même époque il y a un an, et seulement quatre sur toute la saison ! Encore une fois, ce ne sont pas vraiment les 0-0 qui font la différence, puisque la hausse de ces derniers est très relative (9,47 % contre 8,94 l'an passé). Ni même les 1-0, en légère baisse cette saison (20 % contre 21,3). Mais les 2-1 étaient nettement plus nombreux (15,5 % contre 13,7), tout comme les 3-1 (7,1 contre 4,21), par exemple. D'une manière générale, la Ligue 1, qui aime à se compter, sans raison valable, dans les "cinq grands championnats", reste à la traîne de ses voisins dans ce domaine : on tourne à 2,54 en Italie, 2,56 en Espagne, 2,66 en Angleterre, et 2,82 en Allemagne. Ça fait rêver, mais on a l'habitude.

Divers chiffres...

Enfin, notons que le PSG a ouvert le score 15 fois, l'emportant à 14 reprises dans ce contexte, seul Caen, qui l'a emporté lors de ses 9 ouvertures du score, faisant mieux. La deuxième équipe ayant le plus ouvert le score est... Toulouse, qui a pourtant réussi l'exploit de ne s'imposer que deux fois... seul Troyes, qui a marqué deux fois le premier sans l'emporter, fait pire. Paris a concédé trois fois le premier but, avec deux succès et un nul au final. Huit équipes ne se sont jamais imposées après l'ouverture du score adverse, dont les Verts, Lyon ou Marseille. Logique, dans un championnat où on ne l'emporte que dans 10,5 % des cas après avoir pris le premier but... en revanche quand on ouvre le score on l'emporte dans plus de 65 % des cas ! Par ailleurs, Lyon est la meilleure équipe du dernier quart d'heure avec 5 points récupérés, devant Caen et Guingamp (3), quand Toulouse ferme la marche avec 11 points égarés, qui lui permettraient de fréquenter la 7e place s'ils étaient toujours là... malgré deux points perdus en fin de match (contre Bordeaux, 2-2), c'est Paris qui a malgré tout marqué le plus dans le dernier quart d'heure (12), devant Lyon (9) et Lorient et Bordeaux (8). Le LOSC, lui, n'a jamais craqué en fin de match (0 but) mais n'a marqué que 3 fois... seuls le Gazelec et Toulouse font pire (1).

Lors de cette première partie de saison, le leader incontesté a mené durant 892 minutes, soit presque 47 minutes par matches. Personne ne fait évidemment mieux, y compris Nice, son dauphin dans ce domaine (33,8), tandis que Troyes ferme la marche avec 63 minutes en tête... le PSG qui n'a été mené que durant 49 minutes, contre 232 à Angers et 280 à Monaco. A noter les "performances" de Marseille, 14e de ce classement avec 467 minutes (24,6) et surtout Lyon, 18e avec 520 minutes (27,4), soit presque un tiers du temps ! Seuls le Gazelec (525) et Troyes (728) font pire...

Revenons enfin sur une stat qui a défrayé la chronique cette saison : les penalties ratés. Après cette 19e journée où les 2 penalties tirés ont été stoppés, on tourne à 62,5 % de réussite. Un chiffre rachitique, à comparer aux deux précédentes saisons, l'an passé (79 %) et 2014 (73,3), qui n'étaient déjà pas fameuses. Si cinq équipes ont réussi toutes leurs tentatives (mais une seule en a tiré plus d'un, Lorient, 5), trois les ont toutes ratés, Bordeaux (1), Guingamp (2) et surtout Rennes (4 !). Les Bretons qui n'avaient déjà pas brillé l'an passé (1 sur 3) ni même il y a deux ans (2 sur 4)... au bout d'un moment, ce n'est plus un hasard.

Je vous laisse digérer tout ça ! A plus tard !

vendredi 20 novembre 2015

Le bilan des Bleus 2015

Salut à tous !

Je sais que la mode ces derniers jours, suite aux terribles évènements de Paris de vendredi dernier, c'est de dire que les résultats de foot sont pas très importants, et c'est vrai que c'est dérisoire. Mais le dérisoire nous est souvent indispensable. Parlons un peu de foot, histoire de parler d'autre chose.

Une saison courte et mitigée

Ce mardi s'est donc terminée, dans une étrange mais réjouissante ambiance de fraternité entre deux vieux ennemis historiques que sont la France et l'Angleterre, la saison 2015 des Bleus. Leur saison la plus "courte" en terme de matches joués (10) depuis 1997 (8). C'est vrai que c'est une habitude de jouer moins de matches durant les années impaires, dépourvues de tournois estivaux auxquels notre sélection est abonnée sans discontinuer depuis le ratage de France-Bulgarie en 1993. Mais ils en ont quand même moins fait qu'en 2013 (12), 2011 (13), etc.

Une saison ramassée, donc, mais également dépourvue de matches nuls, pour la première fois depuis 2003. Sauf qu'il y a 12 ans, la bande de Thierry Henry, 11 fois buteur à l'époque, et un an seulement après le désastre asiatique, avait gagné 13 fois pour une seule défaite...
cette année, le bilan est nettement moins bon, alors que la France a signé sa meilleure série de victoires sous la magistrature Deschamps (5). Avec 6 succès pour 4 défaites, les Bleus obtiennent une moyenne très... moyenne, puisque depuis 1904 ils en sont à 1,1675 points par matches... mais sur les 25 dernières années, où là la moyenne est de 1,44, il s'agit malgré tout de sa 5e plus mauvaise moyenne. Ça confirme surtout à quel point les matches amicaux ne réussissent pas à Didier Deschamps : sur les 28 matches amicaux qu'il a dirigé, il n'a rapporté que 1,25 points, contre 1,4 sur ses 15 matches de compétitions. Vivement que la compétition commence, donc...

Didier Deschamps qui, à la moyenne de points par matches (victoire à deux points, of course), dans la galerie des sélectionneurs depuis 1964, figure toujours en milieu de tableau, à la huitième place, juste derrière Michel Hidalgo (1,307 contre 1,302) et nettement devant Gérard Houiller (1,25). Il est évidemment loin du leader sans doute éternel, Jacques Santini (1,71...), mais aussi Aimé Jacquet (1,58), son prédécesseur Laurent Blanc (1,44), et même le prédécesseur de ce dernier, le si haïs Raymond Domenech (1,34). Blanc a pourtant du travailler dans les mêmes conditions, même si lui n'a pas eu à tenter de motiver ses joueurs pour des matches amicaux, et sans l'aide d'une génération Varane-Pogba-Griezmann si prometteuse. Et Domenech, on se le rappelle même si personne ne lui donne ce crédit, a du assumer une des tâches les plus difficiles possibles, c'est-à-dire gérer la fin de la génération Thuram-Zidane, rien que ça. Mais étrangement, Deschamps passe entre les gouttes médiatiques. Espérons que le retour des matches à enjeu révèlent réellement le niveau de son équipe.

Une défense qui inquiète, Giroud prend la relève

Questions buts marqués, la France a certes fait beaucoup moins bien que l'excellente saison passée (2,27), mais, avec 1,7 buts par match, reste dans les eaux hautes de la moyenne sur les dix saisons précédentes (1,53). Elle n'a d'ailleurs terminé que deux matches sans marquer, en Albanie et en Angleterre. Question buts encaissés, en revanche, c'est la douche froide : avec 1,2 buts par matches, elle fait presque deux fois moins bien que depuis 2005 (0,69) ! L'an passé, la France n'avait encaissé que 7 buts en 15 matches (0,47)... elle n'a signé que 4 "clean sheets", et encaissé trois buts contre le Brésil et quatre contre son voisin belge... la faute notamment à des ailes défensives pas encore sécurisées, et une charnière souvent changée à cause des blessures, puisque Raphaël Varane, qui a joué les dix matches, a été associé à Koscielny (5 fois), Sakho (3) et Mangala (2). Pour l'instant, aucun ne semble indispensable.

Question buteurs, Olivier Giroud (4 buts) réussit l'exploit de terminer meilleur buteur des Bleus... malgré son statut de remplaçant de Karim Benzema, qui lui n'a pas confirmé son excellente année 2014 (7 buts), en marquant 2 buts seulement... mais en 4 matches, contre 10 pour son concurrent londonien (5 titularisations). Au final, ce dernier l'emporte légèrement au temps (1 but toutes les 118 minutes pour Giroud, 136 pour Benzema). Matuidi et Valbuena ont également marqué deux fois, Varane, Cabaye, Payet, Lacazette, Griezmann, Fekir et Gignac, une fois. Chez les passeurs, Anthony Martial, s'il n'a pas encore réussi à marquer en Bleu, réussit une entrée spectaculaire en Équipe de France puisqu'il remporte haut la main le titre de meilleur passeur grâce à ses trois offrandes, la première pour Benzema contre l'Arménie (4-0), et les deux autres pour Giroud, face au Danemark (1-2) et l'Allemagne (2-0). Et ce en seulement six sélections, dont trois titularisations...

Au nombre de matches, trois joueurs ont disputé les 10 rencontres françaises en 2015, Giroud, Griezmann et Varane, mais seul ce dernier les a débutées ET disputées dans leur intégralité. Le Gunner, pour sa part, a été 5 fois remplaçant, et le Madrilène, deux fois. Derrière, Matuidi et Sagna sont à 9 matches, Schneiderlin et Valbuena à 8, Lloris et Sissoko à 7... Deschamps a fait débuter 5 joueurs en Bleu, Martial se taillant la part du lion (6), devant Fekir (5), Coman, Ntep et Zouma (2). L'an passé, avec 5 matches de plus, il en avait fait débuter autant, Griezmann (14) en tête. Notons quand même les incroyables retours de Lassana Diarra, cinq ans après son dernier match en Bleu, de Hatem Ben Arfa, qui lui a attendu un peu plus de trois ans, et enfin d'André-Pierre Gignac, qui lui avait quasiment signé la fin de sa carrière internationale en allant signer dans le méconnu et sous-coté championnat mexicain durant l'été... faire du neuf avec du vieux, c'est de l'expérience en plus, et ça ne peut pas faire de mal à cette équipe encore en devenir, et pour qui l'Euro risque d'arriver un peu trop tôt.

Lyon, et la Premier League

Par ailleurs, la nette domination des clubs étrangers représentés en Bleu se poursuit, ce qui ne doit pas plaire à Frédéric Thiriez, qui avait pour objectif il y a quelques années de placer 50 % de joueurs de Ligue 1 en Équipe de France. Ce qui était d'ailleurs le cas au début de la décennie d'ailleurs, en 2010 (51 %), 2011 (52) et 2012 (54). Mais dès la saison suivante, les chiffres de la Ligue 1 ont nettement chuté (33 %), une tendance qui s'est confirmée depuis deux ans (30 % en 2014 et 2015). Mauvais signe pour le championnat de France, certes, mais très bon pour notre sélection qui, rappelons le, a gagné une Coupe du Monde une année ou seulement 31,3 % de ses joueurs évoluaient en France, un chiffre qui n'a cessé de baisser jusqu'à frôler les 20 % en 2001 et 2002, avant de remonter aux alentours de 50 % à la fin de la dernière décennie... tandis que ses résultats baissaient furieusement. L'expérience que nos joueurs acquièrent à l'étranger, dans des championnats de bien meilleur niveau et où la pression est toute autre, est indispensable à la qualité de notre sélection, il faut s'y faire : la Ligue 1 est en deuxième division européenne. Par pays, la Premier League est largement en tête (65), devant l'Espagne (25). Depuis l'arrêt Bosman, en 1995, 30,5 % des joueurs sélectionnés évoluaient en Angleterre, contre 39 pour la Ligue 1...

Et pourtant, c'est bien un club français qui l'emporte, Lyon (18). Le dauphin du PSG, qui lui a vu sa fréquentation en Bleu nettement baisser (10 contre 33 en 2014, meilleur total), après les départs de Cabaye et Digne, Kurzawa disparaissant des listes, et se résumer à la seule présence de Blaise Matuidi, a ainsi vu quasiment tous ses titulaires français fréquenter Clairefontaine en 2015 : Valbuena (8, dont 4 pour Lyon), Fekir et Lacazette (5), Jallet (3) et même Gonalons (1). Suivent six clubs étrangers, l’inoxydable Arsenal (16), le Real (14), Manchester United (12), juste devant son voisin citizen (11), et enfin l'Atletico et la Juve, accompagnés par le PSG, donc (10). Marseille, pour sa part, est à 9. A noter les premiers sélectionnés pour le Crystal Palace de Cabaye (5), le retour du Nice de Ben Arfa en Bleu, 5 ans après la sélection de Loïc Rémy, et les débuts étranges dans ce classement du premier club non européen de l'Histoire de l’Équipe de France, les Mexicains des Tigres UANL, représentés par Gignac.

2015 a également vu la série des Bleus contre les Anglais (4 succès deux nuls), entamée en 1999 avec le fameux doublé d'Anelka à Wembley (0-2), se terminer dans le même lieu... ou presque. Plus grave, ils ont subit leur première défaite contre l'Albanie (1-0), après 4 succès et un nul. En revanche, ils on mis fin à la série de 5 matches sans succès contre l'Espagne (1-0), après un nul et quatre défaites. Par ailleurs, ils n'ont plus perdu contre le Portugal depuis 1975, soit dix succès consécutifs...

Vivement l'Euro à présent. Souhaitons qu'il se déroule dans des conditions parfaites, sportivement et surtout sécuritairement. Et si on pouvait le gagner, ça ferait une belle cerise sur le gâteau.

A plus tard !

lundi 1 juin 2015

Le bilan chiffré de la Ligue 1

Salut à tous,

Allez, alors que la saison vient de se terminer avant un interminable tunnel de deux mois, avant de remettre tous les compteurs à zéro, il est temps d'effectuer un bilan détaillé et chiffré de la Ligue 1 2014-15.

Paris en approche au palmarès

Le PSG remporte donc son cinquième titre de champion de France, son troisième d'affilée. Le club parisien est certes encore en retard sur les meilleurs - Saint-Étienne, 10 titres, Marseille, 9, Nantes, 8... - mais son histoire est évidemment beaucoup plus récentes que celle de ses glorieux prédécesseurs. Depuis 1974, date de sa montée au sein de l'élite - qu'il n'a plus quitté depuis, personne n'est plus ancien en Ligue 1 - le Paris-SG n'est pourtant devancé, en terme de titres de champion, que par Lyon et son septennat victorieux, lors de la dernière décennie. Dans le même temps, Nantes, Monaco, Bordeaux et Marseille font aussi
bien que les Parisiens, qui n'ont donc pas à rougir de leur jeune mais déjà très fourni palmarès, par ailleurs riche de 9 Coupes de France - le recordman marseillais en est à 10 - et 5 Coupes de la Ligue, record de la compétition... personne ne fait aussi bien depuis 41 ans.

Avec 83 points et autant de buts inscrits, le PSG fait un peu moins bien que l'an passé, lors duquel il avait battu le record de points pris, que ce soit à 3 points ou rapporté à deux, sachant que seuls les Verts de 1970, qui évoluaient dans un championnat à 18 clubs, les devançaient à la moyenne de points (1,65 points contre 1,63). Il avait également battu le record du nombre de victoires (27, 24 cette saison), même s'il avait été battu par trois équipes au pourcentage de succès (71 %). Enfin, les 84 buts inscrits étaient le meilleur chiffre depuis Marseille, en 1971 (94), et personne n'avait signé une meilleure différence de buts (+ 61) depuis Reims 1960 (+ 63). Bref, des chiffres assez difficiles à battre, même si 89 points est un score régulièrement dépassé en Liga, par exemple, ou cette saison le Barça (94) et le Real (92) font mieux... Mais le PSG, avec ses 83 points, comme lors de son premier titre de la décennie, reste au-dessus de la moyenne des dix derniers champions de Ligue 1 (81,1).

Son titre, le PSG l'a construit en 2015, où il a pris 45 points, soit six de mieux que Monaco (8 buts encaissés seulement en 2015), 9 de plus que Lyon et 17 de plus que Marseille, qui était pourtant champion d'automne (41) avec 2 points d'avance sur Lyon et 3 sur Paris. Le PSG a notamment beaucoup plus marqué après la trêve (51) qu'avant (32 !), gagné plus de matches (14 contre 10) mais aussi encaissé plus de buts (23 contre 13)... à son rythme des matches retours sur toute la saison (2,37 contre 2 lors des matches allers), le club entraîné par Laurent Blanc aurait été le premier à atteindre les 90 points en Ligue 1.

Une défense gruyère

Le PSG qui a pourtant perdu autant de matches que la saison dernière (3), il faut donc chercher vers les matches nuls pour expliquer le nombre de points en baisse. Trois matches nuls en plus, six points en moins, ça colle. Mais pourquoi plus de nuls, sachant que le PSG en a réalisé plus (11) que la moyenne générale, qui est d'ailleurs exceptionnellement basse cette saison (8,8, 10,8 l'an passé) ? Le chiffre qui fait tâche pour le champion c'est cette défense (36 buts encaissé, quatrième bilan, à 10 unités de Monaco) qui lui a couté, notamment en première partie de saison, de perdre de nombreux points après avoir ouvert le score (73 % de succès, 83,3 l'an passé, Marseille est à 86,3 et la moyenne générale à 72,5). Paris est, avec Monaco, l'équipe qui a le plus ouvert le score (26) mais pas celle qui l'a le plus emporté dans ce cas (Monaco, 20, contre 19 pour Paris). Le PSG, qui a encaissé 13 buts de
plus que l'an passé, a réalisé 13 "clean sheet" cette saison, contre 19 l'an passé ! C'est pourtant dans ce secteur que le club parisien avait le plus recruté l'été dernier, et pas pour des clopinettes...

Dans les attaques, Marseille suit le PSG à 7 unités (76), devant Lyon (72) et les surprenants Caennais (54), qui devancent Monaco et les Verts (51). Nantes, plus mauvaise attaque du championnat, égale le pire score de son histoire (29) qui datait de 2006/07, date de sa première descente en Ligue 2... les deux promus relégués, Lens et Metz, font mieux que les Canaris (32 et 31). Niveau défenses, Saint-Étienne suit Monaco à 4 longueurs (30), devant son voisin Lyonnais (33), le PSG (36) et Montpellier (39), Marseille et ses 42 buts, comme Rennes, et Lille, pointant à la 7e place. En revanche, la pire défense, Reims (66), ne descend pas, ce qui est très rare, pas plus que la 19e, Toulouse (64). Les trois de devant, en revanche, Metz et Lens (61) et l'ETG (62), eux, n'y coupent pas.

Malgré tout, le PSG est demeuré la seule équipe invaincue à domicile, une première depuis Bordeaux en 2008/09, et avec 49 points sur ses terres, réalise le meilleur bilan d'une équipe chez elle depuis Montpellier en 2011/12 (50). Il devance Lyon (45) et le trio ASSE, Marseille et Bordeaux (41). C'est Lens et ses 19 points qui ferment la marche à "domicile", puisqu'ils ont l'excuse d'avoir évolué toute la saison à Amiens. Les Parisiens sont cependant battus à l'extérieur par Monaco (38 pts contre 34), l'ASM ayant pris plus de points en déplacement qu'en recevant (33), seule équipe dans ce cas. Lyon est troisième (30), devant Marseille et les Verts (28). A l'extérieur, le bonnet d'âne est pour Metz (8 points, seulement 5 buts marqués).

Deuxième du championnat, Lyon peut mesurer son exceptionnelle performance par un chiffre : 31. C'est le nombre de buts marqués par ses joueurs de moins de 21 ans cette saison (Fekir, Njie, Tolisso...). Seul Monaco (Martial, Silva, Carrasco...) a suivit la cadence (27), Lille suivant loin derrière (18) devant Marseille (14). Le PSG, meilleur club des plus de 31 ans (23), n'en est qu'à 6 chez les jeunes, dont 4 pour Rabiot et 2 pour Marquinhos.

L'avènement de Lacazette

Chez les buteurs justement, on a assisté à un putch d'Alexandre Lacazette, qui glane là son premier titre avec ses 27 buts, dont 24 du droit. A 24 ans - il les a fêté après la clôture du championnat, le 28 mai -, le premier Lyonnais à être sacré meilleur buteur depuis Karim Benzema en 2008 est aussi le plus jeune depuis André-Pierre Gignac, sacré à 23 ans avec Toulouse en 2009. Après les deux saisons de domination d'Ibrahimovic, il s'agit du premier français à l'emporter depuis Olivier Giroud, co meilleur buteur avec Montpellier en 2012 avec le Parisien Nenê (21 buts). Meilleur buteur à l'extérieur (13), Lacazette, qui bat le record d'un attaquant lyonnais, établit en 1969 par André Guy (25), est enfin le premier buteur "formé au club" depuis Benzema, toujours en 2008, preuve de l'immense qualité de la
formation lyonnaise depuis un moment.

Le buteur rhodanien, qui a évidemment établit son record personnel après ses 15 buts de l'an passé, devance le Marseillais Gignac (21) qui, en neuf saisons au sein de l'élite, ne parvient à atteindre la vingtaine que pour la deuxième fois, après son titre toulousain de 2009, mais qui dépasse la douzaine pour la troisième fois d'affilée avec son club de cœur. Il faut noter que si on retirait les penalties du total des joueurs - il en a mis deux, contre 8 pour Lacazette et Ibrahimovic - il serait à égalité avec le Lyonnais. Le Suédois du PSG qui doit donc céder son double titre, avant tout en raison de ses absences, pour blessure ou autre : il compte 9 matches et 937 minutes de jeu de moins que son jeune adversaire, avec qui il partage d'ailleurs la même moyenne de buts par minutes (un but toutes les 105 minutes). Chez les buteurs à au moins 1000 minutes jouées, personne ne fait mieux, le Stéphanois Gradel (129) devançant ensuite Diabaté (Bordeaux, 134,4), Cavani (146,1) et Gignac (147).

Les révélations Gradel, Beauvue et Batshuayi

A noter la belle perf des surprenants Gradel, meilleur buteur en 2015 (13), et Beauvue (Guingamp), 17 buts chacun, ainsi que Rolan (Bordeaux, 15). Duhamel, qui a d'abord joué pour Caen (6 buts) puis Evian (4) s'est donc montré plus efficace face au but que pour son choix de carrière, ce qui est pas mal pour une première saison dans l'élite, à 30 ans. Il faut également saluer le fameux quintuplé du Niçois Carlos Eduardo sur la pelouse de Guingamp, fin octobre (2-7). Ce jour là, le joueur prêté par Porto a inscrit la moitié de son total final...

Gignac et Gradel qui remportent le titre de meilleurs "ouvreurs de score", avec 9 unités chacun, devant Lacazette (8) et Beauvue (7). Lucas est le premier Parisien (6), devant Cavani et Ibra (5). A noter que Lens et Metz ont ouvert 6 fois le score chacun... de son côté, Jordan Ayew est le meilleur "revanchard" de la saison, avec ses 3 buts marqués contre son ancien club, Marseille. Suivant Mandanne, Gignac, Bodmer et Rabiot, pour son doublé contre Toulouse, à qui il avait été prêté il y a deux ans... le TFC qui a concentré le plus de buts d'anciens joueurs (5), devant Marseille et Rennes (3). Lyon et le PSG sont à 1, ainsi que Monaco ou l'ASSE.

Le Marseillais Batshuayi, lui, est le meilleur remplaçant de la saison (6 buts sur 9 sorti du banc) devant Moukandjo (Reims, 4). Ces deux clubs remportent logiquement la mise (14 et 12) devant Caen et Monaco (9). Le PSG n'a eut que 5 buts venus du banc, et Lyon, 4. Mauvaise note à Guingamp (1)... le meilleur gaucher est Fekir (10), devant Silva (Monaco) et Mounier (Montpellier, 8), et le meilleur buteur de la tête est Gignac (7), qui devance le
spécialiste Beauvue (6) et le meilleur défenseur buteur de Ligue 1 (6 buts), le Rémois Mandi (5). Enfin, en 2015, Gradel, auteur de 13 de ses 17 buts après les fêtes, et une CAN dont il fut vainqueur avec la Côte D'Ivoire (!), devance le trio Beauvue, Cavani et Ibrahimovic, 11 buts chacun. Suivent Rolan et Lacazette (10), qui a donc faiblit après la trêve.

Les Argentins en tête

Déjà vainqueur en 2013 après plus d'une décennie de domination brésilienne, l'Argentine, grâce à une grosse dernière journée (4 buts), s'adjuge un nouveau titre de pays le plus représenté au classement des buteurs de Ligue 1, elle qui est déjà le pays le plus prolifique dans l'histoire du championnat de France (2331 buts), devant le Brésil, 1506). Ce dernier est également le deuxième cette saison, à une petite unité des Gauchos (39 contre 38). Le troisième est l'Uruguay (33), mais pourtant l'Amérique du Sud n'est, comme l'an passé, que troisième avec 130 buts, derrière l'implacable Afrique (209) et l'Europe, qui confirme son renouveau (138). Les étrangers qui ont un peu moins marqué cette saison (53,8 contre 55,5 en 2013-14). A noter cette année les premiers but en Ligue 1 du Mozambique (Mexer, 4), ainsi que du Bélarus (Krivets) et Madagascar (Nomenjanahary, 1).

Avec ses 5 passes décisives dans le jeu, Lacazette est le joueur le plus décisif cette saison (27+5) devant Ibrahimovic (19+6) et Gignac (21+2). Les meilleurs passeurs qui succèdent à Zlatan (14 l'an passé) sont son coéquipier Pastore et le Marseillais Payet (11 chacun). Ils devancent Hamouma (ASSE, 8) et Njie (Lyon) et Pléa (Nice, 7). Étrangement, c'est Toulouse qui signe le meilleur pourcentage de buts marqués sur une passe décisive dans le jeu (69 %) devant Lyon (68,1) et Bordeaux (67,4). Paris est à 61,2 et Marseille 18e, à 50,7, sachant que Nantes, bon dernier, est à 38,5 et que la moyenne générale est de 58,2. Nantes n'a signé que 10 passes décisives, dont 2 pour Gakpé et Bammou...

En bref

Pour finir, on l'a déjà évoqué tout à l'heure, en Ligue 1 quand vous ouvrez le score, vous avez 72,5 % de chances de l'emporter, et 81,15 % de chances de ne pas perdre, puisque seulement 11,85 % des équipes ayant concédé l'ouverture du score ont réussi à l'emporter. Dans ce domaine, le champion l'a fait 5 fois (sur 9), Lyon 3 fois sur 11 et Bordeaux 4 fois sur 16. Huit équipes ne l'ont fait qu'une seule fois, dont Evian (22 buts encaissés d'entrée), Toulouse (23) et Lens (24), tandis que Monaco est la seule équipe à n'avoir jamais gagné dans ces conditions (8) ! Les Verts et Metz, eux, n'ont jamais perdu après avoir ouvert le score, mais les premiers nommés, qui l'ont fait 23 fois, ont plus de mérites que les Lorrains (6)... le PSG s'est fait surprendre une fois, à Bastia (4-2), en 26 ouvertures de score. A noter que Nice a perdu 5 fois (sur 14) dans ces conditions, record de la saison.

Par ailleurs, Reims est élue meilleure équipe dans le dernier quart d'heure, avec 10 points de récupérés, devant Lyon (9) et Caen (7). Marseille et Monaco en ont glané 2, et le PSG perdu 2, sachant que la palme revient à Montpellier et Lorient (-6). Au nombre de buts, c'est Lyon (22) qui l'emporte, devant Caen et Marseille (17), sachant que Nantes et Lille n'en ont mis que 5, tandis que ces mêmes Nantais et Saint-Étienne n'en ont encaissé que 5, contre 17 pour Metz. C'est également Lacazette le meilleur dans le dernier quart d'heure (10) devant Beauvue (7).

Le PSG qui, grâce à une fin de saison où il a souvent ouvert le score rapidement tout en le conservant, est l'équipe qui a le plus longtemps mené au score, avec près de 43 minutes par matches, devant Marseille (32,3) et Monaco (31,08). Les Parisiens qui n'ont été mené que durant 9 minutes par matches, contre 10,9 pour Monaco encore, et 13,2 pour l'ASSE.

Allez, derniers chiffres : comme d'habitude, les 1-0 ont été le score le plus fréquent (21,3 %), en nette augmentation (18,1 l'an passé). Ils devancent les 2-1 (15,5) et les 2-0 (13,7). L'an passé, ces deux derniers scores avaient été à égalité (15,5), juste derrière les 1-0. Le 0-0, lui, a légèrement progressé (8,9 contre 8,2). Mais les scores à 5 buts ou plus (12,9) ont largement augmenté (8,9 l'an passé). Ce qui explique d'ailleurs la légère hausse du nombre de buts (2,49 contre 2,45), sachant que cette saison on a atteint ou dépassé 7 fois les 30 buts - dont six fois en 2015 - contre 3 en 2013-14. Mais on reste éternellement à la traîne de la Premier League (2,57), de la Liga (2,66), de la Serie A (2,69) et bien sûr de la Bundesliga, pourtant en nette régression (2,75). Il y a des traditions auxquelles on ne touche pas.

Je vous laisse, à plus tard !

jeudi 12 mars 2015

Un match de légende

Salut à tous,

Alors vous avez passé une bonne soirée hier ? Moi non perso. Enfin pas avant cette tête hallucinante de puissance et de précision de David Luiz en lucarne, à la 86e minute. Voire même celle toute en finesse de Thiago Silva, à la 114e. Jusque là, ce match avait été une souffrance totale, une véritable plaie ouverte. Un long médicament très amer. Mais la guérison fut euphorique.

Chelsea domine l'entame

D'abord il y a eu cet entame, où les Blues parvenaient sans trop de peine, hormis lors de cette première minute durant laquelle Verratti trouvait quasiment Cavani seul dans les six mètres avant l'intervention de Terry, à contenir une équipe parisienne étouffée par le pressing londonien. Chelsea, comme à l'aller, tripotait bien le ballon, Hazard trouvait plus d'espaces face à Marquinhos que face à Van der Wiel à l'aller, mais au final ne se créait aucune occasion. Même si tout le monde affirme que cette équipe a trouvé son avant-centre avec Diego Costa - on reviendra plus tard sur cet individu qui ferait passer Luis Suarez pour
l'Abbé Pierre - et on parle souvent de l'absence d'Ibra dans les gros matches européens - deux buts contre le Barça avec Paris - mais l'Hispano-Brésilien a été tellement maladroit qu'il a presque fait passer Cavani pour un pianiste. Il a été dévoré par ses ex compatriotes de l'axe parisien et a donc souvent du dézonner à gauche pour pouvoir respirer un peu...

Après une demi-heure de domination stérile, tandis que Paris peinait à ressortir le ballon, je me faisais beaucoup de soucis : ça ne ressemblait en rien au match homérique que le club de la Capitale était sensé lancer pour espérer réaliser l'exploit d'une victoire ou d'un nul à buts à Stamford Bridge, cette citadelle si imperméable d'ordinaire. Et c'est durant cet instant de doute que le destin allait à la fois détruire quasiment tout espoir chez les supporters parisiens et transformer cette équipe en commando insubmersible. Pourtant, ce tacle de Zlatan Ibrahimovic était certes viril - on était en Angleterre oui ou zut ? - et spectaculaire, mais aussi effectué les pieds collés au sol, retenus même par le Suédois, qui ne cherchait évidemment pas à faire mal à Oscar, qui gambadait gaiement sur la pelouse - à défaut de bien jouer au football - vingt secondes plus tard, le temps que l'inopportun M. Kuipers ne l'expulse. Difficile de ne pas imaginer que cet arbitre pourtant extrêmement expérimenté n'a pas été influencé par les propos de la veille de José Mourinho sur la pseudo violence parisienne à l'aller (20 fautes de chaque côté pourtant) ni par les cris d'horreurs des joueurs en Bleu. Bref un fait de jeu qui allait changer la phase du match. En bien pour Paris, finalement, même si c'est vraiment passé de justesse, du moins dans le scenario.

Meilleur à dix qu'à onze

A partir de l'expulsion de son leader d'attaque, qu'on ne voyait pas trop mais qui est quand même précieux pour conserver le ballon le temps que le bloc remonte, Paris allait avoir la possession, 51-49. A 10 contre 11. A Stamford Bridge. Alors oui, c'était le PSG qui devait faire le jeu pour marquer et espérer passer ce tour, mais quand même... et pourtant il allait bel et bien dominer cette équipe de Chelsea finalement consternante dans le jeu durant cette double confrontation. Combien de fois Sirigu a du s'employer en 210 minutes face au probable futur champion d'Angleterre ? Face au co meilleur buteur (Costa, 17) et au meilleur passeur (Fabregas, 15 !) de Premier League ? Quasi jamais. Hormis sur le coup-franc de Willian et un tir excentré de Ramires, le gardien italien n'a pu se mesurer au colosse belge qui opérait dans les cages adverses, et pour cause : il n'a rien eu à faire. Sur les trois buts anglais, au total, il ne pouvait rien faire.

Le paradoxe c'est que jusqu'à l'expulsion d'Ibra, Verratti et Pastore était surveillés comme le lait sur le feu par le milieu londonien. Mourinho n'est pas fou, et en maître de la destruction de jeu qu'il est, il a bien vu que le véritable maître à jouer du PSG cette saison, c'est bien Verratti. Et le préposé à la déstabilisation de défenses, surtout en l'absence de Lucas, c'était Pastore. Il lui suffisait donc de neutraliser ces deux éléments, et l'attaque parisienne serait privée de ballons, malgré les efforts isolés de Matuidi. Et ça a marché pendant 30 minutes, et il n'y avait pas de raisons que ça ne dure pas. C'est finalement durant cette demi-heure que Fabregas a vraiment été utile durant ces deux matches un tiers : à contrarier l'axe Verratti-Pastore. Ensuite, l'Espagnol a disparu de la circulation.

Cahill éteint tout espoir

Chelsea, à 11 contre 10, s'est-il relâché ? Ça ne ressemble tellement pas à une équipe anglaise, encore moins quand elle est dirigée par Mourinho. Et pourtant, Paris a su trouver des espaces qu'il ne trouvait pas vraiment jusque là. Verratti et Pastore se sont enfin réveillés, et on pu par exemple créer cette occasion incroyable pour Cavani, à l'heure de jeu. Fidèle à lui-même cette saison, l'Uruguayen a douté et mal choisi : un attaquant sur de ses pieds et de son talent aurait enroulé autour de Courtois, vu qu'il avait eu le temps de se mettre sur son pied droit. Mais il a préféré utiliser ce dernier pour crocheter le Belge et ainsi s'excentrer exagérément. Ensuite, c'est son premier pied gauche - il en a deux je crois - qui a fait le reste, avec ce tir pas assez précis détourné par le poteau et qui filait devant le but vide, où un Zlatan encore présent aurait pu terminer le boulot, peut-être. A 10 contre 11, Paris venait de se créer la plus grosse occasion du match, mais venait de la gâcher, comme souvent cette saison. Et Cavani était impliqué, comme souvent.

Paris dominait par séquences, subissait par d'autres mais se montrait toujours plus menaçant que son adversaire, qui allait pourtant, comme à l'aller faire la différence sur quasiment sa seule occasion - si on peut appeler ça une occasion. Passeur décisif à l'aller d'une talonnade aérienne improbable, Gary Cahill profitait cette fois d'une volée complètement foirée de Diego Costa suite au corner obtenu suite à l'occasion de Ramires pour fusiller Sirigu d'une volée sublime et surpuissante. On est alors à la 81e minute, l'espoir, déjà mince, est désormais plus qu'infime, et on se dit alors que dix minutes plus tôt, le même Costa aurait du être expulsé par l'arbitre pour un attentat de boucher sur Thiago Silva, par derrière. Mais il n'avait obtenu qu'un jaune surréaliste. Alors oui y avait sûrement une faute de Cavani sur Costa en première mi-temps dans la surface, après le rouge de Zlatan, mais là on pouvait vraiment se dire que rien, mais vraiment rien, n'allait être épargné à cette courageuse équipe parisienne...

David Luiz, le surhomme

Et pourtant. Chelsea, qui avait bénéficié d'un but inscrit par un joueur né en région parisienne et supporter déclaré du PSG, Demba Ba, pour passer l'année dernière, allait cette fois se faire crucifier par... un de ses ex joueurs. Combien de fois est-ce arrivé à Mourinho ? Et combien de fois Chelsea s'est-il fait surprendre en C1 cette saison sur coup de pied arrêté ? Jamais jusqu'à hier soir. Mais là, sur cet amour de corner délivré par un Lavezzi qui venait de remplacer un Verratti déjà averti et nerveux, David Luiz, à la lutte avec Ivanovic, un des
meilleurs joueurs de tête de la planète et buteur à l'aller de cette façon, allait placer un des plus puissants coup de tête que j'ai jamais vu, en pleine lucarne d'un Courtois enfin humain, puisque impuissant sur ce coup de fusil. On jouait la 86e minute et une prolongation inespérée, presqu'une victoire compte-tenu du contexte, se présentait à l'horizon.

Encore une fois, à 10 contre 11, une prolongation est tout sauf un cadeau, surtout quand vous venez de jouer une heure en infériorité numérique et que votre entraîneur, Laurent Blanc, tarde à effectuer son troisième changement, qui surviendra à la... 118e minute (Pastore/Van der Wiel), lorsqu'il fallut conserver la qualification. Parce que oui, malgré le contexte négatif, l'extrême fatigue et ce penalty encore une fois généreux, puisque Thiago Silva, dans ce duel avec Zouma, ne touche quasiment pas le ballon, même s'il tend bizarrement le bras vers ce dernier, et transformé tranquillement par Hazard alors que beaucoup, dans sa situation, auraient allumé pour assurer le coup, Paris a encore su changer son destin, littéralement.

Prolongation dantesque

Pourtant, ils étaient cuits, durant la première prolongation du moins. Les Parisiens n'arrivaient plus à toucher le ballon, les Anglais le faisaient tourner et se créaient des situations, à défaut d'occasions. Ils reprenaient l'avantage, et ne semblaient cette fois plus capables de le perdre. Un deuxième but du PSG alors que ce dernier cherchait son souffle, subissant l'absence de Verratti pour ressortir proprement le ballon et les approximations de Lavezzi et Cavani devant, pour le conserver quand ils y parvenaient. Bref, comme dans un mauvais film, tout était contre le héros. Mais il allait s'en sortir quand même, miraculeusement, incroyablement.

Qui n'a pas réveillé son voisin hier soir, si celui-ci ne regardait pas le match évidemment, au moment où la parabole créée par cette tête somptueuse, sereine, chirurgicale, de Thiago Silva, lobait l'immense Thibault Courtois et qualifiait ces 10 incroyables bonshommes ? Qui n'est pas devenu fou à ce moment là ? Est-ce qu'un autre sport peut générer chez nous de telles émotions, un tel scenario ? Un match comme ça, c'est comme une pièce de Shakespeare, un épisode de Breaking Bad, une chanson de Gainsbourg. Un être tortueux, indécis, sublime de qualité et d'intelligence, et un dénouement souvent indétectable jusque là. Un match qu'on enregistrait du temps des magnétoscopes et qu'on gardait quelque part dans un carton ou sur étagère, pour le regarder les soirs pluvieux de ruptures. Une cassette vite usée jusqu'à la corde, mais qu'on chérissait quand même.

Ce n'était qu'un huitième de finale, on aurait aimé qu'ils fassent la même chose l'an passé à l'étage supérieur, histoire de voir les demi-finales. Mais il fallait peut-être cette élimination en 2014 pour générer cet esprit de revanche et ce refus de mourir chez ces mêmes joueurs, un an plus tard.

Un seul joueur a été heureux les deux fois, c'est David Luiz, qualifié l'an passé avec les Blues et cette année avec Paris. Même s'il a des manques tactiques, même si ce n'est pas le marqueur individuel le plus rigoureux qui soit, on l'a vu le week-end dernier contre Lens et lors du dernier Mondial, c'est ce qu'on appelle un gagneur. Un joueur dont l'âme de battant participe à compenser tout ces défauts qui font qu'au fond ce n'est pas vraiment un défenseur. Mais quel battant ! Quel joueur !

A plus tard !